Même si, pour le grand public, le shôjo peut sembler défini par le style kawaï1 et la romance, le mignon et le rose, il est loin de se limiter à cela. S’adressant à un jeune public féminin (shôjo signifie littéralement « petit » et « femme », autrement dit : fille, jeune fille), le shôjo manga explore une multiplicité de genres qui vont de la romance au fantastique en passant par l’horreur ou le sport, autant de courants également traités dans le shônen ou le seinen manga2. Forgé par des femmes mangakas3 dans les années 70 et malgré les lettres de noblesse qu’il a acquises depuis, le shôjo reste le parent pauvre du manga, tant au Japon qu’en France, cantonné dans l’ombre écrasante du shônen (en termes de vente et de production) et porteur d’une image dévalorisée, image liée avant tout à la dépréciation sociale du féminin. Notre réflexion autour du shôjo manga se développera selon deux axes : l’un éditorial et l’autre sociologique. Dans un premier temps, nous essaierons de cerner ce courant en donnant quelques clés éditoriales et historiques et en nous demandant si la segmentation sexuée du marché du manga favorise les clichés de genre. Puis, une seconde partie se concentrera sur la thématique majeure du shôjo en France, la romance, souvent considérée comme stéréotypée dans ses clichés narratifs comme dans les figures féminines présentées. Nous essaierons de voir, à travers le survol d’une quarantaine de séries4, si cette perception du shôjo repose sur des jugements hâtifs ou fondés.

La traversée des genres

Clés éditoriales

Le marché segmenté du manga
Avant d’être publiés sous la forme que nous leur connaissons en France, à savoir le livre de poche (tankobon), la plupart des mangas paraissent au Japon dans des revues, sous la forme de feuilletons à suivre dans des magazines (mangashi) produits par de grands éditeurs. Ces revues à fort tirage développent une politique de lectorat ciblée par tranches d’âges et par sexe (puis éventuellement par catégories socioprofessionnelles). Cette segmentation est le fruit d’une histoire éditoriale déjà ancienne : dès le début du XXe siècle, la presse enfantine, récréative et éducative avait fragmenté par sexe le marché, probablement en correspondance avec la non-mixité de l’école. Aujourd’hui, cette division peut être interprétée suivant une logique de rationalisation du marché : toute catégorie sociale est désormais envisagée comme une cible délimitée. En France, quelques-unes de ces catégories ont été conservées : le kodomo qui s’adresse aux plus jeunes, le shôjo destiné aux jeunes filles, le shônen qui concerne les jeunes garçons, et le seinen qui s’adresse aux adultes. Il en existe bien d’autres au Japon mais moins connues en France, hors du cercle des mangaphiles (le josei, le shônen ai, le shôjo aï…).
Cette segmentation du public par tranches d’âges et par sexe, qui se décline ensuite par centres d’intérêt, de genres ou de thèmes,...

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