La traversée des genres
Clés éditoriales
Le marché segmenté du manga
Avant d’être publiés sous la forme que nous leur connaissons en France, à savoir le livre de poche (tankobon), la plupart des mangas paraissent au Japon dans des revues, sous la forme de feuilletons à suivre dans des magazines (mangashi) produits par de grands éditeurs. Ces revues à fort tirage développent une politique de lectorat ciblée par tranches d’âges et par sexe (puis éventuellement par catégories socioprofessionnelles). Cette segmentation est le fruit d’une histoire éditoriale déjà ancienne : dès le début du XXe siècle, la presse enfantine, récréative et éducative avait fragmenté par sexe le marché, probablement en correspondance avec la non-mixité de l’école. Aujourd’hui, cette division peut être interprétée suivant une logique de rationalisation du marché : toute catégorie sociale est désormais envisagée comme une cible délimitée. En France, quelques-unes de ces catégories ont été conservées : le kodomo qui s’adresse aux plus jeunes, le shôjo destiné aux jeunes filles, le shônen qui concerne les jeunes garçons, et le seinen qui s’adresse aux adultes. Il en existe bien d’autres au Japon mais moins connues en France, hors du cercle des mangaphiles (le josei, le shônen ai, le shôjo aï…).
Cette segmentation du public par tranches d’âges et par sexe, qui se décline ensuite par centres d’intérêt, de genres ou de thèmes,...
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