L’histoire de l’administration pour comprendre l’Éducation nationale

Lors de la recension relative au phénomène bureaucratique de Michel Crozier5, je rappelais que l’Éducation nationale est une administration d’État, tout à la fois décentralisée avec l’intervention des collectivités locales, mais aussi déconcentrée avec le rôle important de transmission et de direction locale des Recteurs et des Directeurs Départementaux de l’Éducation nationale sur le plan de la hiérarchie administrative et des Inspecteurs de l’Éducation nationale, des Inspecteurs Pédagogiques Régionaux et des Inspecteurs Généraux de l’Éducation nationale en ce qui concerne la hiérarchie pédagogique. Ceci explique le lien avec le livre Histoire de l’administration de 1750 à nos jours6, paru durant une année capitale et agitée, 1968 à une époque où l’État et la centralisation des services de l’État étaient violemment contestés au sein même de ses structures. Michel Crozier expliquait comment la bureaucratie7 perdurait alors que le Club Jean Moulin8, 9, 10, 11 à travers des ouvrages de référence, posait la question des rapports inégaux entre l’État et ses citoyens12 ainsi qu’entre un Paris tout puissant et des provinces13 sans réels pouvoirs de décision.
En 580 pages d’une écriture très dense, Pierre Legendre balaie plus de deux siècles d’histoire de la France et de son administration à travers les guerres civiles et étrangères, les révolutions, la monarchie, les deux empires, le régime de Vichy et les cinq républiques qui se sont succédées dans notre pays. Le livre est divisé en trois parties qui s’articulent en titres ou chapitres.
L’introduction interroge tout à la fois l’histoire du droit et la science administrative. Affecté par leurs divergences passées, Pierre Legendre souhaite les rapprocher, puis les conjuguer ensemble de façon à établir une histoire de l’administration française sur le long terme. Dès lors, l’auteur cite dix-huit fois dans cet ouvrage Alexis de Tocqueville, haut fonctionnaire et observateur attentif de l’État et de son administration au XIXe siècle14, qui a démontré la continuité de l’administration française de l’ancien régime monarchique jusqu’à nos jours, Républiques, Empires et monarchie constitutionnelle. Pierre Legendre, souhaitant échapper tant aux limites de l’histoire du droit qu’à celles de la science administrative, établit dans son introduction un protocole historique et théorique intriquant de nombreuses disciplines universitaires.

Genèse

Cette première partie traite de la spécificité du mode national d’organisation à travers le temps et l’espace.

L’œuvre du temps

Le premier chapitre part du constat que le processus d’évolution de l’administration française sur le long terme reste celui d’un accroissement continu. Selon notre auteur qui reprend la thèse d’Alexis de Tocqueville, il n’y a point de rupture entre l’administration de l’ancien régime et celles qui lui succèdent depuis 1789. Deux questions essentielles apparaissent alors : Quel doit être le rôle de l’État ? Et sur quelle forme d’administration peut-il s’appuyer ?
L’auteur retrace la trajectoire historique de l’administration de 1750 à 1950. Il se refuse à entériner le mythe d’une scission nette apparue durant la Révolution française. Au contraire, il reprend l’histoire de France pour montrer les liens entre le passé national et l’évolution administrative en intégrant les facteurs économiques, sociaux et politiques. La France ayant accumulé un grand retard technologique et économique durant la Révolution industrielle a eu besoin d’une administration
de plus en plus puissante pour rattraper ce retard face à une Grande-Bretagne, puis à une Allemagne bien plus avancées dans ces deux domaines. L’État, en France, a utilisé deux moyens pour parvenir à ses fins : une économie performante et une technologie de pointe. Il a assuré la coexistence de différents types d’entreprises au sein de l’économie nationale protégeant le marché intérieur par un vigoureux protectionnisme via une police douanière puissante, un interventionnisme constant et le développement d’un secteur public bien souvent prépondérant.
Ce même secteur public a aidé le pays à combler son retard technologique. L’administration représente la permanence alors que le monde politique est plutôt en position instable. L’administration normalise le changement, car les Français croient à la puissance transformatrice des lois. Cette réflexion sonne particulièrement juste en ce qui concerne l’Éducation nationale qui ne cesse d’inspirer nos ministres, ces derniers voulant laisser une trace dans le marbre de la loi. D’ailleurs, le Conseil Constitutionnel et le Sénat s’interrogeaient récemment sur cette inflation législative qui rend la loi complexe et instable15. L’État est producteur d’une sociabilité traduisant tout à la fois les concepts d’égalitarisme et de liberté. Mais cet État s’appuie sur une administration centralisée puissante capable de réduire la concurrence des pouvoirs. Les chutes des divers régimes depuis deux siècles et demi s’expliquent par cette demande d’un État puissant et le refus des Français d’un pouvoir personnel. Pourtant la centralisation n’est pas l’apanage de Louis XIV ou de Napoléon, mais la résultante de la longue histoire du pouvoir central parisien et de son administration depuis le Moyen-Âge. Cet état de fait crée des blocages, car l’innovation au sein du système administratif reste perçue comme « un mal à éliminer », alors que cette même administration souhaite faire évoluer le pays. Le Plan devint l’outil privilégié permettant aux politiques et à l’administration d’impulser la modernisation. Cette évolution s’est effectuée après des nombreuses confrontations idéologiques entre libéraux et centralisateurs, entre libéraux et marxistes. Avant le second conflit mondial, la montée du corporatisme de droite porté par Maurras et celle d’une solution par le socialisme marxiste se neutralisèrent au sein du système administratif. Par la suite, la Seconde Guerre mondiale a favorisé l’émergence de conceptions technocratiques qui considèrent le passé et les traditions comme des éléments néfastes freinant toute évolution nécessaire16.

La maîtrise de l’espace national

Cette maîtrise est une donnée fondamentale autour de laquelle les hommes politiques et les administrations ont tenté avec la Révolution française de répondre scientifiquement. C’est ainsi que sont nés les départements et les communes. Aujourd’hui encore, en dépit de la volonté de décentraliser et de réduire les dépenses, le pouvoir recule devant la suppression du département tant ce dernier a acquis une forte légitimité auprès des Français comme le reconnaissait, en 2013, Marylise Lebranchu, Ministre de la réforme d’État, et de la décentralisation17.

Morphologie : Les tâches de l’Administration

La deuxième partie permet à Pierre Legendre de distinguer deux grandes périodes, l’État paternel et l’État-Providence avec le premier conflit mondial comme césure. Cinq points consacrés au rôle de l’État émergent.

La guerre et la paix

La défense nationale et la diplomatie occupent la première place des tâches de l’administration française. Il faut dire que notre pays a été engagé et reste engagé dans de nombreux conflits. L’administration maintient la tranquillité publique et « l’ordre social » qui s’entend comme un équilibre. Il sera ici question de la police et de la Justice en tant qu’organisations. Enfin, l’évolution du social passe de la bienfaisance à la création de la Sécurité sociale.

La religion

Bien évidemment, cette section est importante car elle évoque les concordats de 1516 et de 1801 qui consacrent une religion d’État, le catholicisme. Durant le XIXe siècle, les républicains préparèrent la séparation de l’Église et de l’État. Les lois dites de séparation votées entre 1905 et 1907 imposèrent l’avènement d’un État laïc se fondant sur une idée essentielle « la religion est une affaire privée ».

La distribution des lumières

Cette troisième section nous intéresse tout particulièrement, puisqu’il y est question de l’Instruction publique. L’État est investi d’un magistère et d’une mission, morale. Selon Renan « L’État met la main sur l’âme ». En fait depuis Napoléon, l’État remplace l’Église et agit en chef d’école autoritaire. La France est le seul pays développé dont l’État possède le monopole de l’enseignement, imposant ses méthodes à l’enseignement public et à l’enseignement privé sous contrat, soit l’immense majorité des établissements scolaires. Selon l’auteur, cette structure monopolistique rend illusoire les essais de libéralisation interne car la logique centralisatrice génère l’uniformité. Pierre Legendre considère les enseignants tel un clergé laïc reprenant de la sorte la formule de Péguy : « les hussards noirs de la République18 ». Le système d’enseignement se veut égalitaire, mais comme le remarque l’auteur, le savoir technique est méprisé et tenu à la marge du système. Pierre Legendre remarque que la concurrence scolaire entre l’enseignement public et l’enseignement privé sous contrat (catholique) a souvent paralysé l’évolution du système scolaire et que la loi Debré de 1959, si elle autorise la prise en charge financière des enseignants de l’école catholique par l’État, permet à ce dernier un contrôle accru de cet enseignement par ses services. L’enseignement est organisé pour transmettre les valeurs reconnues de la société française. Un point doit être mis en exergue, selon l’auteur, jusqu’en 1968, l’enseignement supérieur, lors des concours de cooptation et l’enseignement secondaire par la culture demandée lors du Capes et de l’agrégation auraient été réservés aux jeunes issus de classes aisées. Pierre Bourdieu, vingt et un ans plus tard qualifie les enseignants de « petits blancs » de la culture19 : confrontation d’idées et de constats divergents, mais très intéressants.

L’État-Providence

L’État-providence montre pourquoi, depuis 1919, l’État a évolué et comment la mythologie contemporaine l’a investi d’une capacité illimitée à répondre aux désirs individuels, à distribuer à chacun selon ses besoins et à apporter le bonheur pour tous.

Mass-médias

Enfin, Pierre Legendre aborde le problème de l’introduction des mass-médias dans la société française et parle de technique d’acculturation à propos de la révolution audio-visuelle.

L’unité du système

La troisième et dernière partie, très courte, en forme de conclusion, permet à P. Legendre d’expliquer comment l’administration française est la fille d’une histoire compliquée, mais aussi l’héritière culturelle de la Révolution française. L’administration est soumise à la loi et l’applique dans un pays où les individus ont mis leur confiance dans les lois. Cependant, l’inflation législative paralyse le système et pose des problèmes d’interprétation qui engendrent la défiance. Finalement l’idéal de 1789 et les droits de l’homme et du citoyen résistent aux assauts du temps, des guerres et des idéologies. Toutefois, l’administration française est une organisation bureaucratique influencée par l’apport fondamental de la monarchie : l’absolutisme d’une Administration monarchique.
Je termine cette recension par un retour au Club des citoyens qui prévoyait, dès 1964, une France des 12 régions. Un demi-siècle plus tard, cette prédiction se réalise. Cependant, Pierre Legendre qui appelait une réforme de l’État et de son administration, parle aujourd’hui de « Fantômes de l’État en France »20 car l’État introduit le management qui tend à l’amoindrissement, voire à la suppression du pouvoir étatique. Effectivement, l’idéologie managériale et son vocabulaire s’étendent remarquablement au sein de l’Éducation nationale, ne serait-ce que sur le plan de la gestion des établissements scolaires et de leur personnel21.

S’approprier des savoirs

Toute l’épaisseur anthropologique des textes, des documents, des savoirs est trop souvent donnée comme telle et se limite ainsi malheureusement à illustrer un propos magistral. C’est pour cela qu’au fil des pages et des activités, le collectif se propose de partager des démarches concrètes qui ont été vécues dans des classes ; il s’agit de pratiques pour mener les élèves à la réussite en axant la réflexion sur une double transformation : celle du rapport au savoir (ce qui construit l’être humain quand il apprend) et celle du rapport à savoir (qui spécifie les processus de construction de l’humain en recherche de compréhension, de soi, de ce qui l’entoure). Pour cela, transmettre des textes, des œuvres et des savoirs qui ont pour objet de rendre la connaissance du passé vivante, contemporaine et créatrice d’action est indéniable ; il s’agit de conceptualiser, d’explorer, d’analyser et de rencontrer des univers culturels pour se construire une culture commune.
C’est un ouvrage riche de documents de toutes sortes (historiques, philosophiques, politiques, littéraires) qui devrait permettre à tous de s’emparer des démarches pour les faire vivre sur le terrain…

« Tous capables ! Le pari philosophique de l’éducabilité du petit d’homme »

« Tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser », tel est désormais le principe d’éducation qui fait loi. À l’heure de la réussite pour tous, promouvoir l’égalité des chances revient à substituer le mérite aux privilèges hérités de naissance. Grâce à l’éducation, tout un chacun peut accéder aux plus hautes fonctions et responsabilités ; cette idée revient à confier à l’école la charge de les révéler. Égaliser les chances, c’est mieux les détecter là où elles se trouvent, repérer les talents, les aptitudes et essayer de lever les obstacles à leur épanouissement. Cependant, il faut se méfier de ne pas développer l’inégalité des destinées en se basant sur le fait que les « perdants » seraient ceux qui n’auraient justement pas « saisi leur chance » ! Il faut viser la promotion de tous, en s’efforçant de former essentiellement l’homme et le citoyen avant de penser aux futurs agents économiques.
Cela signifie donc avoir une autre vision de l’humain, moins héritier de capacités natives qu’en perpétuel développement, un potentiel en jachère qu’il convient de cultiver. Toutefois, il ne faut pas nier l’existence des différences entre individus (produits d’une histoire à la fois personnelle et sociale) : tous capables, oui mais de quoi ? Dès les années 80 avec les travaux d’Albert Jacquard, l’arrivée des neurosciences permet de dénoncer les raisonnements qui soutiennent des thèses innéistes et fatalistes. En 2009, alors que resurgissent les discours sur les « talents » et « aptitudes », sur l’apologie du mérite individuel et de l’excellent, le GFEN coordonne un nouvel ouvrage Pour en finir avec les dons, le mérite et le hasard. Désormais, il est bien établi qu’un environnement enrichi facilite non seulement les apprentissages, mais développe aussi les interconnexions synaptiques du système nerveux central.
Les apprentissages transforment biologiquement le cerveau, la plasticité cérébrale est désormais attestée ; ce concept des neurosciences finit par invalider la théorie des dons et associe désormais le développement de l’individu aux expériences et aux interactions avec son environnement. Les effets incontestables des pratiques pédagogiques sur les apprentissages sont liés aux attentes fortes à l’égard des élèves.
Quels seuils les élèves qui ne sont pas dans la connivence culturelle doivent-ils franchir pour accéder aux concepts, aux oeuvres culturelles et aux outils intellectuels ? Quel sens les élèves donnent-ils à leur présence à l’école et à ce qu’ils apprennent ? Quelle posture adopter, quelle visée et quels moyens pensent-ils adéquats pour apprendre ? Si de belles réussites sont possibles pour des élèves en éducation prioritaire, dont tout laissait présager du contraire, c’est que cela est potentiellement possible pour tous. Mais quelle pédagogie mettre en place pour activer ces réussites ? Quelle politique éducative d’ensemble développer ?

Inviter les élèves à explorer, de façon plus transversale, leur rapport au savoir

Nous devons donner, d’une part du sens au savoir, et revoir leur façon de penser l’apprentissage d’autre part. Bien souvent, surtout pour les élèves fragiles, le sens des savoirs est étroitement lié aux exigences scolaires. Ils ne sont alors mémorisés, travaillés que pour « les contrôles ». L’apprentissage est souvent réduit au « faire », au détriment des réels buts et enjeux de l’activité. Alors que pour les élèves en réussite, les savoirs sont investis, perçus comme des clés de compréhension du réel, du monde, outils d’une maîtrise accrue de l’environnement élargissant les pouvoirs d’action.
La différenciation consiste trop souvent à simplifier, segmenter, au risque d’affadir l’enjeu des tâches. Sauf à être dans la démagogie et le renoncement, ce n’est pas en simplifiant à l’excès que l’on aide les élèves à apprendre et à progresser, mais bien à travers des situations ayant une certaine épaisseur culturelle et conceptuelle permettant de rejouer ces épreuves du passé, traduites dans des situations adaptées à l’âge des élèves, à travers des activités complexes et ambitieuses. Ainsi comme le soutient Catherine Tauveron, « plus nous croyons les enfants limités, plus nous les mettons en incapacité de pouvoir dépasser leurs limites ».

Se poser la question : qu’est-ce qui fait sens pour les élèves ?

Savoir ce qui fait écho à leurs préoccupations, ce qui les aide à se construire, à gagner en maîtrise, ce qui participe à leur développement intellectuel et personnel est bien évidemment primordial :

  • les situations défis, occasions de se mettre à l’épreuve ;
  • les énigmes qui stimulent la curiosité et donc l’envie d’apprendre ;
  • l’approche anthropologique.

Chaque victoire sur soi en appelle d’autres

Pour amener les élèves à se penser capables, il est nécessaire de créer un contexte favorable pour qu’ils acceptent de « jouer le jeu », de se risquer. L’amorce de l’activité est donc indéniablement un moment-clé : savoir quel est l’enjeu de ce que l’on propose, clarifier l’entendu de la consigne, poser le cadre (visée, modalités de travail, durée…) ; cela sécurise aussi l’espace d’apprentissage. La confiance en soi se fortifie dans les épreuves surmontées, dans le sentiment réitéré de victoires sur l’impossible. Il faut des activités qui font sans cesse le va-et-vient de l’individu au collectif, pour sortir les textes de leur aspect stylistique, grammatical, linguistique, pour leur redonner du sens social, historique… L’objectif étant de donner envie de retourner à la lecture des textes… Il s’agit de revisiter quelques mouvements de pensée au fil de nombreux textes, de différentes époques, de l’antiquité à nos jours, pour tenter d’élucider et d’enrichir les choix philosophiques et politiques, de nourrir les choix des citoyens.

Ce recueil de pratiques devrait permettre à chacun(e) de s’emparer de démarches pour les faire (re)vivre dans de nouvelles et personnelles situations d’apprentissages. On y trouvera l’exploration de contenus aussi divers que passionnants : pourquoi et comment lire Rimbaud, Fanon ou Mahmoud Darwich aujourd’hui ; comprendre notre histoire, où l’on reparle de croisade ; questionner à nouveau l’esclavage, la traite négrière, le colonialisme, l’immigration, le racisme : écrire à partir de l’œuvre de Bachelard ; explorer l’histoire des idées occidentales ; entrer dans l’aventure humaine des arts plastiques par le portrait ou le cubisme ; étudier et lire autrement l’Affaire Dreyfus, un discours de Pétain, une lettre de Guy Môquet, le Code Noir de 1685…
En guise de conclusion, je citerai cette phrase de Pascal Diard qui traduit parfaitement toute la démarche proposée dans l’ensemble des activités décrites dans le livre : « Et si transmettre, c’était mettre du sens pour (se) transformer ? ».

L’union fait la force

Le 23 mars 2016, une lettre ouverte1 concernant la situation des professeurs documentalistes était adressée à Mme Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation nationale. Ce texte, à l’initiative de l’APDEN2, était co-signé par l’ANDEP, InterCDI, les formateurs en Documentation des ESPÉ et le collectif Où est le prof-doc ? Depuis, nous avons vu fleurir de nombreuses initiatives invitant à diverses actions de mobilisation ; ces derniers mois, nous avons ainsi vu apparaitre : 

  • À l’initiative de l’ADBEN Nantes3, l’opération « Prof doc en colère» avec l’édition de 1000 cartes postales destinées à être envoyées au président François Hollande.

  • Le Guide de survie à la réforme : spécial profs-docs4, une initiative du collectif Où est le prof doc ? Dans le contexte de la réforme, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver : entre ce qu’on entend, ce qu’on a le droit de demander ou de refuser, ce qu’on nous demande… on s’y perd ! Un guide pratique sous forme de questions-réponses, rappelant nos droits et les enjeux qui nous concernent. Un guide qui insiste sur notre statut d’enseignant et qui exige que nous soyons reconnu(es) pour ce que nous sommes !
  • L’organisation d’une semaine d’actions au mois de mai : « Professeur documentaliste, c’est un métier ! ». Une mobilisation à l’initiative du SNES-FSU pour faire entendre nos revendications et en finir avec les interprétations diverses de décrets, circulaires et autres textes officiels… Mobilisons-nous !
  • Les courriers personnels sur les groupes sociaux comme « Tu sais que tu es professeur documentaliste quand… » à destination de politiques afin de leur préciser, voire de les informer, des différences de traitement et des difficultés que nous rencontrons. Peut-être finiront-ils par entendre et comprendre ? 
  • La lettre ouverte à la Ministre par les professeurs documentalistes de Seine-Saint-Denis dans laquelle ils insistent sur « la négation de notre expertise disciplinaire » ; sur « les situations de négociations locales systématiques [qui] nous plongent dans une profonde inquiétude quant à l’exercice et la définition de notre fonction […] ». Un courrier qui souligne la colère  de la profession et qui alerte notre hiérarchie et les différents acteurs de la communauté éducative de cette situation. Une lettre qui nous interpelle et nous invite à aller signer la pétition qui l’accompagne.
  • La circulation sur les listes et les réseaux sociaux de l’article de Sandrine Leturcq « L’avenir des professeur(e)s documentalistes serait-il dans leur rétroviseur ? » dans InterCDI no 260.

Et pour finir que diriez-vous d’une lecture de la circulaire de rentrée qui continue encore et toujours à favoriser les interprétations… En effet, si on s’attarde sur le texte, malgré l’invitation à « mettre en œuvre l’EMI en collaboration étroite avec le professeur documentaliste », on ne peut que regretter, une fois de plus, le vocabulaire employé par la suite : le professeur documentaliste « apporte son expertise », « ses compétences ». Cette nouvelle circulaire continue donc à nous placer du côté de l’organisation et non de l’enseignement. La mobilisation reste de rigueur, ce n’est pas gagné ! Nous avons des droits, nous sommes enseignants, exigeons d’être reconnu(e)s et cité(e)s pour ce que nous sommes ! En espérant que la récolte soit à la hauteur de l’énergie dépensée et que toutes ces initiatives aboutissent…

Bonnes vacances à tous et à toutes. Il nous faudra de l’énergie à la rentrée !