« Malheur est bon à qui sait attendre »… Pas si sûr!

1986-2017 : 31 ans après, le 30 mars 2017, paraissait au BOEN n° 13 une réactualisation de la circulaire de missions des professeurs documentalistes. Très attendue par chacun d’entre nous, impatient d’une véritable reconnaissance professionnelle et en particulier pédagogique, cette nouvelle circulaire, objet de maintes tentatives de réécriture, est-elle à la hauteur de nos attentes et des enjeux ?
Force est de constater que cette circulaire réactualisée, publiée dans la précipitation, certainement due au contexte politique de l’élection présidentielle, ne répond, au mieux, qu’en partie aux multiples préoccupations de la profession. Commençons néanmoins par en souligner les points positifs :
● La réaffirmation du rôle enseignant du professeur documentaliste dès l’intitulé et l’introduction. On remarquera qu’entre 1986 et 2017, nous sommes passés de bibliothécaires-documentalistes à professeurs documentalistes : enfin une légitimation claire de notre identité professionnelle depuis la création du CAPES.
« Ils forment tous les élèves à l’information documentation et contribuent à leur formation en matière d’éducation aux médias et à l’information. » Cette nouvelle circulaire confirme ainsi de réelles avancées en matière de consolidation de la mission d’enseignement du professeur documentaliste, de son expertise dans le champ des sciences de l’information et de la communication. En effet, le texte précise que « le professeur documentaliste peut intervenir seul auprès des élèves dans des formations, des activités pédagogiques et d’enseignement, mais également de médiation documentaire, ainsi que dans le cadre de co-enseignements, notamment pour les apprentissages prenant en compte l’éducation aux médias et à l’information ».
● Le renforcement et l’actualisation de nos missions : « le développement de la société d’information et l’évolution des pratiques sociales en matière de communication ainsi que l’essor du numérique imposent de renforcer et d’actualiser la mission du professeur documentaliste. » Enfin !
● Le décompte d’heures apparaît explicitement en précisant la référence à la circulaire n°2015-057 du 29 avril 2015.
● La définition de nos contenus d’enseignement est également abordée. Dès les premières phrases du texte, on peut lire : « [les professeurs documentalistes] forment tous les élèves à l’information documentation et contribuent à leur formation en matière d’EMI ». C’est une première ! L’information documentation est finalement citée (reconnue) comme domaine d’enseignement dont l’expertise relève du professeur documentaliste !
● Le statut de gestionnaire responsable de la politique documentaire, organisateur des ressources et « responsable du CDI » de l’établissement.
● Le statut de passeur culturel : « le professeur documentaliste contribue à l’éducation culturelle, sociale et citoyenne de l’élève. […] Il participe au parcours citoyen et au parcours d’éducation artistique et culturelle au sein de l’établissement ».
● La référence à une progression nécessaire des apprentissages de la classe de 6e à la classe de Terminale dans les cursus général, technologique et professionnel.

Notons toutefois qu’il demeure des formulations malheureuses et des points sensibles qui laissent (encore et toujours) libre cours à d’éventuelles interprétations propres à chaque établissement. Des bémols pour le moins fâcheux qui ne faciliteront certainement pas la mise en œuvre sur le terrain :
● Certes le décompte d’heures apparaît explicitement, mais la question de ce qui relève ou non des heures d’enseignement n’a pas été clarifiée.
● Un vocabulaire oscillant entre une pseudo toute-puissance du professeur documentaliste “maître d’œuvre”, et une dépendance au bon vouloir du chef d’établissement laissant libre cours à maintes interprétations. « Maître d’œuvre », « contribuer », « activités pédagogiques », « bon fonctionnement du CDI », « pense l’articulation », « médiateur », « membres à part entière », « prend en compte », « favorise », « ils partagent », « ont également des missions spécifiques », « peut exercer des heures d’enseignement » : l’utilisation de ces termes laisse malheureusement encore une trop grande marge interprétative qu’il aurait été souhaitable d’éviter. Que signifie vraiment le « bon fonctionnement du CDI » ? Qui décidera ? Encore et toujours, nous dépendrons de l’image que se font les chefs d’établissement de notre rôle, de notre métier et du lieu dont nous avons la responsabilité… D’autant qu’à plusieurs reprises, il est clairement cité « sous l’autorité du chef d’établissement », « soumis à la validation du conseil d’administration »… Allons donc ! Avec quels moyens ? Certes les tâches relatives à la gestion du centre de documentation et d’information ne sont pas oubliées, mais il n’est aucunement fait référence aux moyens éventuels nécessaires à la mise en œuvre de ces missions et tâches « multiples », dont cette veille informationnelle pour l’ensemble de l’équipe éducative !
● Un aspect peu appuyé, celui du rôle d’incitation à la lecture-plaisir que les professeurs documentalistes n’ont eu de cesse d’endosser, en faisant ainsi, par exemple, entrer la littérature jeunesse à l’école.
● Une absence de cadre pédagogique réel qui semble de nature à engager des dérives prévisibles dans les établissements…
Que dire de plus sinon que, alors qu’elle aurait dû éclaircir et lever les interprétations possibles qui nuisent à notre métier, cette circulaire laisse persister un manque de précisions auquel nous devrons faire face sur le terrain…
Finalement, cette circulaire est-elle un véritable point d’appui pour rencontrer notre chef d’établissement ? Il est permis d’en douter, tant elle semble aller dans le sens d’une plus grande autonomie des établissements, faisant de notre fonction, de notre « contrat de travail », le fruit de négociations auprès du chef d’établissement, mais également des délégués de parents d’élèves ou de collègues professeurs, par exemple, siégeant au Conseil d’Administration.
…Toutefois cette circulaire a le bénéfice de conforter clairement notre mission de formation et d’enseignement, et laisse toujours cette liberté de manœuvre dont nous pouvons profiter et qui, selon moi, fait une des grandes forces de notre métier.
Bon été à tous !

Le document: communication et mémoire

Plutôt que de considérer le document comme support d’information, selon une conception d’usage en documentation, les auteurs proposent une entrée fonctionnaliste, afin de refonder une théorie du document. C’est alors un travail passionnant qui nous permet d’envisager la notion de document sous des angles nouveaux, vers des réflexions importantes à mener ensuite en matière de didactique, vers une pédagogie du document qui demande à être révisée régulièrement, en engageant la réflexion logique sur d’autres notions majeures du domaine.
Cette approche fonctionnaliste conçoit le document avant tout comme « un outil de mémoire et de communication », amenant à questionner la fiabilité du document, la situation de consultation, ou encore les biais de communication. Le compte rendu développé ici reprend le fil de la démonstration, à travers les cinq chapitres de l’ouvrage, en proposant quelques éléments complémentaires d’un point de vue pédagogique de professeur documentaliste.

La connaissance ou mémoire documentaire

Les auteurs commencent par questionner les notions de connaissance humaine et de mémoire humaine, en revenant ainsi sur ce qu’est une connaissance, un savoir, et sur ce qu’est la mémoire, le souvenir. Cela permet ainsi de préciser que la mémoire humaine a une capacité illimitée, mais que des obstacles entravent l’accès aux connaissances (mémoire sémantique) et aux souvenirs (mémoire épisodique). Un souci de mise en relation, de comparaison avec la bibliothèque est particulièrement intéressant, tant il permet de mesurer la complexité de la mémoire humaine, en matière d’indexation et d’accès. L’approche de la notion de savoir permet de revenir sur son caractère collectif et institué, et notamment sur la capacité humaine à apprendre. Ainsi les auteurs insistent sur le danger de penser que l’accès aux documents sans apprentissages permet d’accéder au savoir avec un tel souci, fréquent aujourd’hui, de mettre en valeur l’accès aux ressources en minimisant le rôle d’apprentissages dont on ne ressent pas le bénéfice de manière rapide et concrète, du fait notamment des mécanismes de mémorisation et d’utilisation. Les auteurs rappellent que « les autodidactes sont très probablement aussi rares aujourd’hui qu’ils l’étaient hier ». Les documents ne peuvent selon eux qu’être des outils au service des apprentissages, sans les remplacer.
La mémoire humaine souffre de différentes faiblesses, avec des vertus associées à ces faiblesses. Avant d’engager une étude de la mémoire documentaire, les auteurs abordent les « arts de la mémoire », développés notamment par Cicéron avec sa méthode des images et des lieux, par Quintilien, avec sa méthode de réduction (notamment celle, bien connue, des 3QOCP). On observera que ces techniques de mémorisation perdent de leur importance lorsque la culture de l’écrit se développe à la fin du Moyen Âge.
Le document est alors amené à pallier les faiblesses de la mémoire humaine. Mais cette suppléance peut être considérée comme un danger, vers une diminution de notre mémoire, dès Socrate… puis chez Nicholas Carr au sujet d’Internet, mais sans aucune étude scientifique sur le sujet, finalement, précisent les auteurs. C’est davantage une complémentarité entre ces deux mémoires qu’il faut retenir. Pour certains, notamment dans le domaine informatique, les documents peuvent être amenés à imiter la mémoire humaine, d’abord selon l’idée d’une souplesse de liens entre items, comme dans le cerveau humain, puis sans oublier les exigences louables de l’organisation et de l’indexation documentaire pour trouver ou retrouver ce que l’on cherche.

L’expertise du doc: En matière didactique, à partir d’approches nouvelles, ce travail permet d’avancer, de relire et deréviser parfois nos connaissances au sujet de certaines notions, et au sujet de la logique relationnelle entre ces notions. C’est l’occasion de relire et corriger certains articles du Wikinotions Info-Doc1, par exemple, en affinant le vocabulaire, dans le souci de formulation pour les élèves. Au terme d’une première lecture, l’ouvrage aura permis d’apporter des modifications pour les notions suivantes : besoin d’information, pertinence, silence documentaire, évaluation de l’information. C’est par exemple en précisant les caractéristiques du besoin d’information décrits par André Tricot, sous forme d’un complément de définition dans l’article associé à la notion, à côté des travaux d’Yves-François Le Coadic (1998).

La pertinence ou relation documentaire

La logique de comparaison entre humain et document engage la réflexion sur la pertinence, en tant que relation entre un humain, qui présente un déficit de connaissance, et un autre être humain, ou encore entre un humain et un ou plusieurs documents. Le déficit de connaissance, conscientisé, peut amener l’expression d’un besoin d’information, permettant ensuite l’opération de recherche documentaire. André Tricot décrit sept caractéristiques du besoin d’information en matière de temporalité (immédiat ou différé), de précision (précis ou flou), de destinataire (pour soi ou pour autrui), d’antériorité (connu a priori ou a posteriori), d’enjeu (de savoir ou de ne pas ignorer), de nombre de personnes concernées (individuel ou collectif), de degré (de l’ignorance totale à la simple vérification). Dans certains cas, ainsi, par exemple quand le besoin est particulièrement flou, quand il se fait pour autrui, ou encore a posteriori, la notion ou l’activité de veille informationnelle apparaît clairement comme un moyen de répondre au besoin d’information.

L’expertise du doc: Au niveau didactique et pédagogique, l’ouvrage permet de mieux cerner comment apporter les connaissances relatives au besoin d’information, ainsi en relativisant la nécessité de méthodes strictes, guidées, pour envisager des redéfinitions du besoin d’information, idée qui bien sûr n’est pas nouvelle, à partir d’une conscientisation travaillée avec les élèves, sur une notion particulièrement complexe, qui peut exiger beaucoup de temps (si bien qu’elle est parfois laissée de côté pour un besoin d’information défini par autrui, ne découlant plus alors d’un déficit conscientisé d’information).
La différence initiale de connaissances et de compétences, chez les élèves, en information-documentation, montre à quel point il peut être difficile de proposer une recherche documentaire en partant de zéro, même avec une méthode proposée de 3QOCP, même en construisant des groupes d’élèves hétérogènes qui finalement desservent les élèves en difficulté.
Les considérations relatives à la recherche collaborative d’information, dans ce chapitre, peuvent amener d’ailleurs à considérer qu’il n’est pas forcément pertinent pédagogiquement de conduire des activités de recherche en groupes, avec de jeunes élèves, sauf peut-être à ce que la répartition des rôles et tâches soit clairement établie. On peut poser la question d’une progression de la recherche individuelle à la recherche collaborative au fur et à mesure de la scolarité.
Avec Vikidia ou Wikipédia, on peut trouver une option, parmi d’autres, pour dépasser certaines difficultés, voire adapter le niveau d’exigence aux différents élèves, avec, si le temps est donné, un nivellement par le haut. Ainsi, à travers une séquence de découverte active des encyclopédies collaboratives, on peut proposer aux élèves, autour d’un thème spécifique, de lire les articles qui se rapportent à ce thème, puis de les corriger, non seulement en matière d’orthographe et de grammaire, mais aussi en vérifiant l’information, ce qui peut être une manière d’aborder la notion de besoin d’information. C’est ensuite l’ajoût des informations, avec alors un niveau différent de définition du besoin d’information, qui peut évoluer selon la navigation effectuée sur le sujet de l’article. La création d’articles peut être une dernière étape, cette fois-ci finalement en partant de zéro, ou plutôt du déficit de connaissance observé sur l’encyclopédie choisie2.

La notion de pertinence est particulièrement difficile à définir. Le jugement de pertinence, en tout cas, est influencé en particulier par la forme du document, par le jugement de fiabilité ou de quantité. Se pose aussi la question du biais de confirmation, qui nous ferait choisir un document confirmant notre point de vue plutôt qu’un autre. C’est une évaluation qui évolue, la pertinence d’un document pouvant évoluer dans un temps court du fait de la découverte d’un autre document ou d’une redéfinition du besoin d’information. Mais ce sont aussi des confusions possibles, associées en particulier à la question de la pertinence des résultats proposés par un moteur de recherche, avec d’autres éléments qui intègrent le Page Rank, la popularité des pages web. De même, l’évolution de l’informatique pose la question du développement d’une indexation automatisée en remplacement d’une indexation humaine.

L’expertise du doc: Au sujet de la confusion possible entre pertinence et popularité dans les résultats de recherche d’un moteur, on peut envisager de trouver les moyens pédagogiques pour décortiquer cela avec les élèves, à travers une simulation de moteur, par exemple. L’outil WebFinder, développé en 2016 afin justement de permettre une compréhension du fonctionnement du moteur de recherche en visualisant à la fois interface publique et base de données, a été mis à jour en 2017 avec le souci de mieux expliciter les notions de pertinence, de popularité et de notoriété3.
Au niveau pédagogique, on peut questionner le niveau de lecture requis avec les élèves, afin notamment qu’ils mesurent la pertinence d’une page web à la mesure de ce facteur de compréhension. On peut travailler en comparaison avec le livre, à ce sujet, en présentant, par exemple dans le niveau de 5e, une thèse sur le Moyen Âge, l’ouvrage issu de l’exposition à la Cité des sciences Quoi de neuf au Moyen Âge, un manuel scolaire, un livre documentaire édité pour le collège, etc. On peut aussi proposer une comparaison entre périodiques, entre une revue de recherche et Arkéo junior, par exemple. Sur Internet, ce sera comparer Wikipédia avec Vikidia, ou encore une page de la collection « classes » sur le site de la Bibliothèque nationale de France avec une page personnelle, etc.

Du côté de l’auteur, la pertinence passe par l’attention donnée pour choisir le titre du document, mais aussi, grâce à des algorithmes notamment, par la connaissance des usagers dans le but de leur donner des contenus pertinents, de prévoir ainsi ce dont ils ont besoin. Cela passe aussi par le souci ou la volonté d’être compris.

L’information ou quantité documentaire

Le troisième chapitre est consacré à la notion polysémique d’information, d’abord considérée sous deux dimensions subjectives : la nouveauté et le coût, avec une relation complexe entre l’être humain et l’information lors de la recherche documentaire.
Des éléments de difficulté, en quantité, sont ensuite estimés. La richesse documentaire, avec un nombre de résultats pertinents comme non pertinents qui augmente en proportion à mesure que le nombre de documents augmente, avec des difficultés accrues de choix et de traitement. D’une part c’est une différence entre chacun devant l’information nouvelle, avec une capacité d’apprendre d’autant plus importante qu’on a déjà des connaissances, d’autre part c’est l’importance du bruit documentaire, forme de parasitage informationnel, qui pourrait être surtout problématique quand la construction du lien entre sujet, besoin d’information et pertinence est encore balbutiante, notamment chez les enfants. Le dernier élément est la couverture documentaire, qui pose la question du caractère complet ou du caractère exhaustif de l’ensemble documentaire consulté.

La confiance épistémique ou qualité documentaire

Après la quantité, c’est à la qualité de l’information que s’intéressent les auteurs. Pour ce qui concerne l’évaluation de l’information, les auteurs relèvent ainsi deux ensembles de critères, d’abord en ce qui concerne l’identité du document et sa facilité d’accès, puis tout ce qui relève de la valeur de vérité de l’information, sur quoi ils insistent dans ce chapitre. Les questions de crédibilité, de confiance et d’autorité sont centrales, aussi complexes à définir soient-elles. Plusieurs modèles existent pour décrire les modalités de jugement de la crédibilité, selon différents critères ordonnés, d’abord l’apparence du site web, puis sa structuration et enfin le contenu lui-même. La validation sociale, via les appréciations données sous différentes formes sur les réseaux sociaux numériques, peut aussi intégrer l’évaluation par l’internaute. La question d’une confiance épistémique s’ajoute et complète les considérations sur l’évaluation subjective de crédibilité. De même, l’évaluation d’autorité donne un crédit supérieur à l’information, notamment à partir d’une influence des institutions, dans une dimension sociale, mais aussi selon le support, avec une certaine autorité du livre, selon le genre, avec une certaine autorité de l’encyclopédie.

L’expertise du doc: Cela rejoint notamment une difficulté accrue avec le Web de connaître les responsabilités sur une information. L’effort de recherche de ces responsabilités lors d’une recherche documentaire des élèves est à développer en activité, non seulement pour que ce soit une exigence individuelle lors de la recherche, mais aussi pour favoriser les moyens de telles recherches (du « Qui sommes-nous ? » à l’enquête approfondie via d’autres sites web que celui qui est effectivement consulté).

À partir de notions particulièrement étudiées par Gilles Sahut dans sa thèse de doctorat4, l’encyclopédie Wikipédia, objet principal de sa recherche, est ici regardée de près vis-à-vis de la confiance qu’on lui apporte en comparaison d’autres (ainsi une Britannica mieux considérée car assise de longue date), et aussi pour la résolution de paradoxes, quand une grande partie de la population porte confiance à Wikipédia, mais avec un intérêt moindre de la part des jeunes, du fait notamment d’une réputation négative chez les enseignants. Dans l’encyclopédie elle-même, une évolution a été de développer l’exigence d’une citation de sources externes pour donner davantage de crédibilité aux contenus. Pour autant, si ces éléments sont regardés par les étudiants, Gilles Sahut observe qu’ils ne sont pas pris en compte par les lycéens, encore moins par les collégiens, soit par absence d’enseignement sur ce sujet, soit par absence de familiarité ou d’expérience avec Wikipédia. Par ailleurs, la méfiance envers Wikipédia est plus grande chez les étudiants que chez les plus jeunes.
La confiance est en somme un sujet complexe et l’évaluation de l’information un objet d’inégalités importantes, comme on observe que ce sont bien ceux qui ont le plus de connaissances préalables sur un sujet qui sont le plus à même de mesurer la pertinence et la fiabilité des sources auxquelles ils sont confrontés lors de leur recherche.

L’expertise du doc: Pour les apprentissages, lorsque des sujets de recherche sont associés aux développements de savoirs info-documentaires, il faut bien sûr faire attention à ce que l’éventualité d’un choix libre par les élèves ne soit pas l’occasion de les perdre dans une tâche trop complexe. Il est sans doute plus judicieux de donner des sujets aux élèves en connaissance de leurs acquis dans la discipline travaillée. Ces observations renvoient par ailleurs à la difficulté de recherches documentaires dirigées par des enseignants sans collaboration du professeur documentaliste, sans sensibilisation souvent à cette difficulté, avec alors la confirmation logique d’une constante désagréable (d’autant plus si la recherche est donnée à faire hors cours, sans aucun accompagnement pédagogique).

Lors de la recherche et de la sélection, nous sommes amenés à nous accommoder de certaines sources qui ne sont pas optimales, avec un recours plus fréquent par exemple à Wikipédia ou YouTube, ou à Google, plutôt qu’un accès à des ressources considérées de premier abord comme complexes. On se limite ainsi beaucoup, globalement, lors d’une recherche, pour des raisons pragmatiques. D’autres raccourcis sont associés à des schémas heuristiques, liés aux aspects esthétiques de la source, à la réputation de la source (construite par les enseignants, les institutions, les réseaux sociaux…), ou encore aux biais de confirmation. Réalité et rationalité peuvent donc s’opposer dans ce domaine.

Le format de présentation ou manière documentaire

Le dernier chapitre porte sur la présentation, sur la « manière documentaire ». Après un travail de définition de la mise en forme, « traces visuelles d’actes de communication particuliers, dont l’objet est le contenu du document lui-même », les auteurs présentent quelques résultats de synthèse : le contraste visuel aide le lecteur, la structuration d’un document facilite sa compréhension globale, et la mise en forme permet ou non, enfin, la navigation aisée entre pages, entre documents en ligne. La mise en forme peut être intentionnellement malveillante, ainsi quand il s’agit de minorer la visibilité typographique de clauses d’un contrat, d’une inscription ou de rendre complexe la lecture de CGU…
Par ailleurs la maîtrise de la mise en forme est loin d’être innée, si bien que les bonnes intentions d’auteurs ne trouvent pas toujours les moyens de leur application. Leur compréhension dépend aussi du lecteur et de sa réceptivité. Le multimédia, le couplage du texte et de l’image, a un effet bénéfique sur la compréhension, sur les apprentissages, avec un bénéfice accru par l’intégration de texte dans l’image, toujours à condition que l’image soit pertinente, et surtout pour ceux qui ont peu de connaissance sur le domaine étudié. Le principe de modalité, par choix d’informations auditives ou visuelles, est développé pour préciser une meilleure compréhension quand les deux canaux sont utilisés, là encore jusqu’à un certain point, comme l’auditif ne peut être efficace sur des informations longues et complexes.
Cet ouvrage nous permet d’actualiser nos connaissances avec un propos limpide. C’est un livre à acquérir en établissement, ressource professionnelle essentielle de formation. Tant nous sommes régulièrement amenés à développer de nouvelles séquences pédagogiques qui font appel à ces notions, cette lecture apparaît comme un moyen de maintenir une exigence scientifique à nos connaissances, avec un nouveau point de vue scientifique sur ces notions, avec une approche originale. Elle permet aussi d’envisager autrement nos apprentissages pour les élèves, en considérant mieux les liens entre notions, selon les avancées scientifiques qui y sont relatives.
En associant depuis plusieurs années déjà une lecture théorique exigeante de l’information-documentation et une étude synthétique en psychologie cognitive, souvent en regard des capacités cognitives évolutives des enfants, André Tricot, ici avec deux « jeunes » chercheurs, nous permet de mieux comprendre certains mécanismes à l’œuvre dans nos apprentissages. À nous d’en tirer le meilleur parti.

Barthes auscultant ou imaginant le Japon

Nous aurions pu évoquer Mythologies1, livre phare et emblématique de Roland Barthes où, à partir d’exemples précis, comme la DS de Citroën ou l’arrivée du média télévisé dans les foyers, le philosophe et sémiologue (re)présente les nouveaux mythes de la modernité triomphante. Ou sa première œuvre, Le Degré zéro de l’écriture2, dans laquelle l’auteur s’attache à définir le concept d’écriture ainsi que ses implications quant à ses différences en fonction de la destination des écrits (roman, politique, etc.)3. Mais nous avons préféré aborder L’Empire des signes4. Un spécialiste du signe, observateur attentif de la pensée, ne pouvait rester à l’écart du pays des signes : le Japon. Roland Barthes s’y est ainsi rendu à six reprises et a publié en 1970 ce bel ouvrage de 151 pages richement illustré par ses propres photographies et documents.
Le livre est fort logiquement dédié à Maurice Pinguet ; cet ancien de l’École normale supérieure, agrégé de lettres classiques et chercheur au CNRS, devint le Directeur de l’Institut franco-japonais de Tokyo de 1963 à 1968. Les dates sont importantes, puisqu’elles recoupent celles des visites et voyages de Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Roland Barthes au Japon, où il enseignait la littérature française. Il publia un ouvrage relatif à La Mort volontaire au Japon5. Ce sujet a aussi inspiré Marguerite Yourcenar avec son livre consacré au suicide de l’écrivain nationaliste Yokio Mishima qui se suicida traditionnellement le 24 novembre 1970, par seppuku, improprement dénommé hara-kiri en France6.
Divisé en 26 scènes différentes ayant parfois peu de rapport entre elles, cet ouvrage ne se lit pas comme une construction ordonnancée, ni comme un roman ou un livre documentaire. Il donne à voir le ressenti de l’auteur face aux scènes ordinaires de la vie japonaise. Roland Barthes utilise ce que Marshall McLuhan appelle la méthode mosaïque, où une série d’observations et de réflexions sans liens apparents donnent à la fin de la lecture une vision d’ensemble, comme lorsque l’on s’éloigne en regardant un tableau impressionniste7. Nous ne pouvons pas les résumer dans leur ensemble et mettrons en exergue quelques-unes d’entre elles, les autres seront à découvrir au cours de vos lectures.

Le Japon, cet irrésistible inconnu

Le livre commence par une interpellation ; Roland Barthes tient à préciser qu’il ne décrit pas un pays, le Japon, ni ses habitants. En fait, il reprend la réflexion de Pierre Loti écrite en 1887 à la suite de son séjour à Nagasaki où, parlant de son roman Madame Chrysanthème8, il dit : « C’est le journal d’un été de ma vie, auquel je n’ai rien changé, pas même les dates, je trouve que, quand on “arrange” les choses, on les “dérange” toujours beaucoup. Bien que le rôle le plus long soit en apparence à madame Chrysanthème, il est bien certain que les trois principaux personnages sont Moi, le Japon et l’Effet que ce pays m’a produit. »
Le Japon a impressionné Roland Barthes par la création d’un univers symbolique « inouï », complètement séparé de celui de l’Occident. Selon l’auteur, une forme d’incompréhension s’explique par le narcissisme des Occidentaux, lesquels cherchent plutôt à acclimater la méconnaissance de l’Asie et du Japon par des livres et des revues comme la Revue Asiatique, ou encore plus par les transports aériens rapides (il cite Air France). C’est-à-dire que la technique occidentale triomphante amène le voyageur européen au Japon dans des conditions exceptionnelles de rapidité et de confort, mais le fait d’être déposé dans ce pays ne permet pour autant pas de disposer des clefs permettant de pénétrer les arcanes et les ressorts philosophiques de sa pensée profonde.
Barthes apprécie finalement le fait de ne pas parler la langue japonaise ; cependant, il fait preuve dans cet écrit d’une certaine connaissance des usages de cette langue qui privilégie chez ses locuteurs l’impression plus que le constat, et établit une différenciation de ses verbes selon qu’ils se rapportent à des êtres vivants, humains, animaux, ou des choses inanimées. Ce qui l’a plus encore marqué, c’est que les personnages imaginés ou fictifs sont frappés par la marque de l’inanimé alors que les romanciers occidentaux font l’impossible pour donner vie à leurs créatures romanesques.

Une philosophie culinaire

Aujourd’hui, la cuisine rapide a mis en concurrence le hamburger, la pizza, le kebab et… le sushi. Toutefois, la philosophie culinaire japonaise se rapproche vraiment de l’art gastronomique français, en ce sens que tous deux véhiculent un art de vivre et de partager. Sinon, tous les éléments constitutifs, toutes les constructions les distinguent l’un de l’autre. Barthes décrit ainsi un plateau-repas sombre avec une multitude d’objets variés, bols, tasses, petites assiettes disposés avec art et remplis d’aliments coupés délicatement et finement, dont les diverses couleurs complémentaires rappellent un tableau peint par Piero della Francesca.
Le plateau sombre est un bento, plateau ou boîte permettant de transporter un repas rapide. Si les aliments sont découpés en petites lamelles si finement présentées, loin des grands plats de la cuisine française, les goûts sont également différents, et la façon de consommer aussi. Par exemple, en France, nous avons des rituels de passages des plats et des boissons. Le Japonais a le choix entre ses divers aliments et boissons disposés ensemble sur le bento. L’auteur insiste sur les différences entre le riz qui se présente en grains détachables et le pain de nos contrées. Le jeu des baguettes lors des repas a marqué le philosophe qui voit un instrument qui, certes porte la nourriture à la bouche, mais désigne auparavant ces mêmes aliments. Près de vingt pages sont consacrées à l’art culinaire japonais et asiatique.

La ville

Roland Barthes oppose ensuite les villes d’Occident où les centres sont pleins, actifs, commerçants, et le centre de Tokyo, interdit, où la résidence de l’empereur entourée de douves et de jardins reste inaccessible. Le paradoxe soulevé par l’auteur sonne juste, ce centre est vide, parce que le lieu protégé où réside la famille impériale est vide de pouvoir depuis la défaite du Japon en 1945 et l’adoption d’une Constitution où le monarque n’a plus de véritable pouvoir institutionnel.
Roland Barthes compare la ville à un idéogramme et se penche aussi sur un autre aspect, fort déroutant pour un Français habitué à voir les rues, les avenues et les boulevards de ses villes soigneusement numérotés avec des plaques indiquant le nom de la voie et les numéros apparents sur les entrées de chaque habitations Au Japon, il n’en est pas de même, et le système de numérotation nous semble franchement illogique, fondé sur la date de construction de l’habitation ; ainsi le numéro 4 de la rue peut côtoyer le numéro 18. Lorsqu’un Japonais invite un étranger, cette invitation est systématiquement accompagnée d’un plan explicatif ; d’ailleurs Barthes a inséré dans ses illustrations trois de ces documents dessinés à la main. Effectivement, l’auteur a raison, loin de l’abstraction chiffrée des voies d’Occident, le Japon visualise par des signes tangibles et inattendus, plans et précisions graphiques, les lieux de la rencontre.

Écriture et politesse

Le maître des signes a été interpellé par l’écriture japonaise. D’abord, les Japonais n’écrivent pas comme les Européens. Comme les Chinois, les Coréens et les Vietnamiens, ils peignent des idéogrammes avec un pinceau. Le Japonais utilise plusieurs écritures différentes, le kanji (véritable écriture idéographique), l’hiragana, le katakana et, la dernière née, le romaji. Le katakana et l’hiragana sont des écritures syllabaires issues des caractères chinois, le katakana servant à noter les éléments grammaticaux et l’hiragana, les mots d’origine étrangère9. Le romaji n’est que la transformation d’un mot japonais en écriture alphabétique latine. Roland Barthes poursuit sur l’écriture à travers l’étude de la papeterie japonaise. L’écriture japonaise issue de la peinture ne tolère pas l’effacement ou l’erreur. La gomme n’existe pas. C’est un élément qui interpelle l’auteur. Au Japon, en Chine et dans la sphère culturelle du Sud-Est asiatique, le palimpseste n’existe pas, on ne peut effacer un texte pour réutiliser son support. Dès lors, l’objet secret n’existe pas comme en Occident où, sous un texte, les outils modernes permettent de déceler et décrypter un autre texte qui avait été effacé ou recouvert. C’est ainsi que des textes perdus d’Archimède ont été redécouverts sous des prières écrites aux Moyen-Âge10.
Un autre aspect de la vie japonaise inspire notre auteur : les courbettes échangées qui sont la marque de la politesse, et qui nous renvoient à l’impolitesse brusque pour ne pas dire brutale des Occidentaux. Cette discourtoisie est parée des vertus de la franchise. Or au Japon, la courbette est un signe très codifié, selon Barthes. Ce n’est pas une religion, même si ces courbes font penser à la prosternation ; l’auteur n’y voit nul élément sacré, il affirme même que la religion a été remplacée par la politesse.
J’abandonne le théâtre des marionnettes japonaises si différent du nôtre, où le manipulateur s’efface derrière un écran, ainsi que l’importance de la tenue, du corps, des signes de la paupière ou de la violence du Zengakuren, ce syndicat étudiant qui utilisait la violence comme mode d’une communication codée.

Le jardin japonais

Cet endroit si particulièrement minéral où le râteau trace des lignes parallèles sur un sable clair parsemé de pierres11. Ces lignes sont pour Roland Barthes les signes d’une écriture. Il illustre ce jardin d’une photographie sur laquelle est écrit :
Jardin Zen,
« Nulle fleur, nul pas ;
Où est l’homme ?
Dans le transport des rochers,
Dans la trace du râteau,
Dans le travail de l’écriture. »
Car selon Roland Barthes, le Japon et ses habitants vivent dans un monde de signes tout à la fois permanents et passagers, rigides et fluides, difficilement compréhensibles pour un esprit occidental formé par la structuration de la pensée grecque qui s’est transmise jusqu’à nous à travers nos langues et notre culture.

Cet ouvrage est bien plus profond et complexe que son apparente simplicité ne le laisse penser. Il permet de comprendre pourquoi tant de nos grands penseurs, tant de nos hommes politiques et tant de nos artistes sont fascinés par ce pays, de même que tant d’enfants et d’adolescents français qui le découvrent à travers ses arts martiaux. L’attirance des Japonais pour la France reste tout aussi incompréhensible, et pourtant, combien d’étudiants venant du pays du Soleil levant passent par nos amphithéâtres ? Combien de Français décident de vivre au Japon et d’y faire souche, de même pour les Japonais s’installant et se mariant en France ? D’ailleurs, ce n’est pas évident ; je pense ici à l’expérience vécue par Amélie Nothomb (même si elle est de nationalité belge) au Japon qu’elle a immortalisée dans deux romans : Stupeurs et tremblements12, prolongé par un film d’Alain Corneau, et Ni d’Ève ni d’Adam13 qui raconte son amour malheureux avec le fils d’un grand bijoutier japonais.

Des enfants dans la Nuit

Genèse d’un projet pédagogique sur la Shoah

Nathan Lewkowicz était un jeune garçon caché avec ses sœurs dans le Centre de la France entre 1942 et 1944. Il avait entre 11 et 13 ans. Lors d’une entrevue pendant l’été 2014, il me demanda si j’envisageais un nouveau projet sur l’enseignement de la Shoah pour pouvoir m’accompagner en Pologne et se recueillir à Auschwitz, plus de 70 ans après avoir vu son père et sa mère partir entre deux gendarmes de Soissons. Ils ont été déportés dans ce camp pour ne jamais revenir. Nathan n’avait jamais pu se rendre à Auschwitz pour découvrir cette terre de misère que foulèrent ses parents avant de disparaître, et accomplir ainsi un deuil inachevé. À plus de 80 ans, il se sentait prêt à affronter ce parcours.
Viviane avait 15 mois lors de l’arrestation de ses parents au 31 rue Molière, ce 20 juillet 1942. Comme un miracle, non sans conséquences, elle vit arriver à Paris en avril 1945 chez ses parents adoptifs et sauveurs, sa maman et son papa. Dans le regard de cette petite fille alors âgée de 4 ans, elle vit débarquer des « étrangers » revenus du fin fond de l’enfer. Viviane s’était déjà rendue dans ce camp il y a quelques années. Elle en garda un très mauvais souvenir, seule et perdue dans cette immensité silencieuse où tant de cris et de souffrances déchiraient jadis cette Nuit interminable. Pour transmettre son histoire à des élèves, elle s’était sentie prête à revenir sur cette terre de souffrance insondable.
À la rentrée 2014, une trentaine d’élèves m’a également sollicité pour reconduire un projet « itinéraire de Mémoire ». Pour répondre à cette attente, et en accord avec Nathan Lewkowicz et Viviane Harif, j’engageai des ateliers de recherche et de découverte au CDI sur l’histoire de la Shoah à travers le destin de ces enfants et de leurs proches, victimes des déflagrations d’un racisme génocidaire poussé à une échelle industrielle. Ce projet pédagogique inclut des rencontres, des visites sur des lieux de Mémoire et des enseignements au CDI à partir d’archives originales numérisées que j’ai récoltées depuis 2011 dans la ville, le département, auprès des familles concernées, aux Archives nationales, au Centre de Documentation Juive Contemporaine, en Allemagne, au Musée d’État d’Auschwitz en Pologne, au Yad Vashem de Jérusalem,… ; tout cela en dehors de leur temps de cours.
Cette patiente démarche les prépara à se rendre au camp d’Auschwitz-Birkenau en février 2016 en compagnie de Viviane et Nathan et de restituer, avec leurs mots et leurs ressentis, cette expérience pédagogique, historique et humaine dans l’ouvrage que nous avons intitulé Des enfants dans la Nuit : Viviane et Nathan2, et autopublié.
Dans un premier temps, fort de mon expérience après cinq déplacements à Auschwitz avec des élèves entre 2003 et 2013, j’entrepris à nouveau pour mes 35 lycéens volontaires de dresser un calendrier sur deux années scolaires et de définir des objectifs pédagogiques à partir de leurs motivations et de leurs questionnements exprimés. Je suis ainsi passé dans toutes les classes de 2de et 1re pour exposer le projet et recueillir les motivations et questionnements des élèves.

Objectifs pédagogiques

● Sensibiliser les élèves sur l’histoire de la Shoah en général et sur la persécution de familles juives de Soissons en particulier.
● Décrypter le fil des événements à travers des documents d’archives et des témoignages rassemblés par nos soins sur la persécution et la déportation des Juifs de Soissons.
● Appréhender la mécanique de déshumanisation et de destruction des Juifs dans les camps d’extermination.
● Acquérir des compétences disciplinaires en Histoire (mettre les élèves en situation pour les confronter au travail de l’historien) et des compétences documentaires (savoir analyser et interpréter des sources, archives, témoignages écrits et oraux).
● Visiter des lieux où se sont perpétrés à Soissons, au camp d’internement de Drancy, au camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-
Birkenau, les drames des Juifs de la ville.
● Rencontrer des témoins persécutés entre 1940 et 1945.
● Rédiger un livre documentaire illustré qui restituera l’histoire de deux enfants juifs de Soissons et de leur famille traquée par les autorités allemandes et françaises, collaboratrices.

Calendrier et progression pédagogique : années scolaires 2014-15 / 2015-16

Janvier / février 2015
– Origine et Histoire du peuple Juif.
– Histoire des politiques antijuives : de la diaspora au IIe siècle à l’antisémitisme racial européen des XIX et XXe siècles.
Mars / mai 2015
– Adolf Hitler, le nazisme et la Shoah.

Ateliers de recherche au CDI

Septembre 2015 / janvier 2016

À travers les archives récoltées sur l’histoire de Nathan Lewkowicz et de Viviane Harif (née Bich), découverte et enseignement sur l’itinéraire de ces familles juives d’origine polonaise et russe, arrivées en France dans les années 20 (complétés par la réalisation d’une frise chronologique et synoptique en ligne) :
– Les raisons de cette migration.
– Les Juifs en France et à Soissons entre les deux guerres mondiales.
– La politique et les mesures du gouvernement de Vichy et de l’occupant à l’encontre des Juifs de France.
– L’arrestation, la déportation, l’extermination.
– Le sort de Nathan, de Viviane et des enfants cachés.
– L’après-guerre : entre silence et Mémoire.

Ateliers d’écriture

Février / mai 2016
– Rédaction et publication du livre sur l’histoire de Nathan Lewkowicz et de Viviane Bich.

 

Rencontres et déplacements

Dimanche 26 avril 2015
-Commémoration de la Journée du Souvenir des Déportés à l’église Saint-Pierre à Soissons. Rédaction et lecture d’un discours sur l’histoire des déportés juifs de Soissons à la demande de la Mairie. Réalisation d’un panneau avec les portraits des Juifs déportés de Soissons3.
Vendredi 18 décembre 2015
– Rencontre et témoignage au CDI de Nathan Lewkowicz.
Du 8 au 12 février 2016
Déplacement à Cracovie et visite des camps d’Auschwitz-Birkenau (9 février 2016) en compagnie de Nathan Lewkowicz et Viviane Harif, née Bich.
C’est le temps du souvenir et du recueillement. Nous nous regroupons près des fondations de ce qui fut en 1942 une chambre à gaz provisoire appelée bunker II ou « maison blanche ». Derrière quatre pierres tombales noires s’étend devant nous une clairière où furent incinérés dans de grandes fosses par les Sonderkommandos sous les ordres des SS des milliers de corps de Juifs venus de toute l’Europe occupée. Entourés par mes 35 élèves volontaires se donnant la main comme pour former un rempart contre l’oubli, Nathan Lewkowicz, 85 ans, et Viviane Bich, 75 ans, fils et fille de déportés juifs de Soissons se retrouvent au bout de ce camp immense où furent assassinés leurs proches et plus d’un million d’innocents.
Nous rendons hommage aux Juifs du Soissonnais déportés et aux membres de la famille Lewkowicz restés en Pologne, exterminés à Treblinka et Sobibor afin qu’à la lecture de leur nom chaque participant y dépose une bougie du souvenir près de ces anciennes fosses crématoires.
Dans cette prairie où la nature a repris ses droits, repose l’âme de la maman de Nathan, celle des grands-parents maternels de Viviane, des Juifs du Soissonnais et de tant d’autres innocents acheminés dans cette partie du camp de Birkenau (été 42-printemps 43, puis printemps-été 44), parce qu’ils étaient nés Juifs… Au milieu du silence, de la rouille des barbelés et des ruines des crématoires, des enfants de Soissons d’hier et d’aujourd’hui se sont réunis pour la première fois au bord de ce trou noir de l’Humanité. Cette commémoration est si forte en émotion à travers les mots de Viviane et Nathan que beaucoup d’entre nous ne peuvent retenir leurs larmes.
Les deux enfants d’hier prennent, ébranlés, la parole : « Je profite de ce moment très solennel pour vous dire quelques mots sur ma rencontre avec Stéphane, votre professeur. Cette rencontre est la chance d’une vie, et je le remercie de tout mon cœur de m’avoir guidée, avec votre aide, vous ses élèves, à travers un parcours si douloureux. D’abord celui de mes parents, de “traques en traques, de découvertes en découvertes ” jusqu’aux limites des possibles dans ses recherches, jusqu’à ce voyage qui en est l’aboutissement et la concrétisation. Comme vous le savez mes parents sont revenus de cet enfer, mais les cendres de mes grands-parents Rebecca et Moïse sont ici, nous les foulons peut-être aux pieds, et je leur rends ici un ultime hommage. » Viviane Harif.
1er juillet 2016
Réception de clôture du projet pédagogique Des enfants dans la Nuit : Viviane & Nathan.
Ce 1er juillet 2016, c’était avec beaucoup d’impatience que les élèves attendaient cette rencontre, depuis la Pologne en février dernier, pour retrouver Viviane et Nathan, et recevoir de leurs mains un exemplaire du livre que nous avons rédigé ensemble, autopublication qui relate notre itinéraire de Mémoire sur la Shoah à travers l’histoire de ces deux enfants juifs de Soissons, cachés pendant l’occupation nazie, fille et fils de déportés à Auschwitz-Birkenau-Monowitz.
À quatre jours de leurs résultats du baccalauréat, ils pouvaient mettre entre parenthèse leur angoisse et venir, accompagnés de leurs parents ou amis, pour partager un temps de convivialité. La réception que j’organisai était une manière de rendre hommage à leur belle implication dans ce projet sur la Shoah, de partager ensemble les innombrables souvenirs qui ont émaillé ces deux années scolaires riches en émotions.
Depuis mon arrivée dans ce lycée à Soissons en 2007 et les quatre projets menés sur ce sujet de la Mémoire à vocation citoyenne (2009, 2011, 2013, 2016) en partageant un verre de l’amitié, c’est toujours avec un pincement au cœur que je dis au revoir à mes élèves volontaires. Tous vont partir dans les différentes voies des études supérieures et construire leurs vies de femmes et d’hommes en devenir avec – comme d’anciens élèves aves lesquels je suis resté en contact me le disent – dans un coin de leur tête, les leçons retenues de ces projets.


Entouré de Viviane et Nathan, je rappelai pendant une petite demi-heure à l’auditoire les grandes étapes de ce projet, illustrées par un diaporama4. Ils prirent ensuite la parole pour témoigner de cette expérience unique pour eux : voir des élèves s’intéresser et s’impliquer dans la découverte de leur histoire pour mieux comprendre, à l’échelle d’une famille, les déflagrations irréversibles de la Shoah. Et découvrir pour la première fois, entourés de jeunes, les camps d’Auschwitz et Birkenau, plus de 70 ans après la déportation de leurs parents.
Au nom de leurs camarades, Solène et Damien ont exprimé sans filet leur ressenti sur cette aventure pédagogique et humaine. Ils ont parlé avec la sincérité du cœur. Une page se tourne, le souvenir demeure.

motivations et questionnements des élèves

« Je souhaiterais participer à ce projet pour de nombreuses raisons : tout d’abord, visiter le camp d’Auschwitz est, je pense, une expérience à faire dans sa vie. Pour que le souvenir se perpétue, ne pas oublier ce qu’il s’est passé. J’ai conscience que ce projet et ce voyage risquent d’être forts en émotion. Mais au moins je pourrai dire : “j’y suis allé” ». Antoine Brin
« Je me pose de nombreuses questions sur les nazis et la Shoah. Des lectures comme celle d’Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor, La Réparation de Colombe Schneck, Après la rafle de Joseph Weismann, ou des films et des séries comme Elle s’appelait Sarah, La Rafle, Un village français m’ont marquée et m’invitent à faire des recherches et à participer à ce projet. » Marine Cavillon
« Ce projet me permettrait d’en apprendre davantage sur la déportation des Juifs, notamment à Soissons. Nathan et Viviane sont parmi les rares personnes aujourd’hui à pouvoir en témoigner. Les rencontrer pourrait être très enrichissant et ils ont certainement des souvenirs à partager avec nous. J’ai conscience que ce projet est une chance, qu’il est unique et sera inoubliable. C’est pour cela que je souhaiterais vraiment en faire partie. » Louise Cohen
« Mon grand-père maternel est né en 1925. Son frère aîné, soldat, est mort le 2 février 1945 à la frontière allemande. Depuis que je suis petite, j’entends beaucoup parler de ce grand-oncle et, du coup, je me suis fortement intéressée à cette période dramatique de notre Histoire. Depuis 1945, le monde entier a été ému et plus encore avec la découverte des camps. Je souhaite voir, réaliser et comprendre. » Charlotte Ferté
« Ce projet me tient à cœur. J’ai des origines polonaises du côté paternel et il s’agit de l’une des raisons pour lesquelles je veux y participer. De plus, je trouve les histoires de Nathan et Viviane extraordinaires. J’aimerais en découvrir plus sur l’histoire de la Pologne et celle de mes origines. » Élodie Letupe
« Ce projet sera une expérience inoubliable. Je m’intéresse beaucoup à cette période, ma grand-mère me racontait avec beaucoup de tristesse cette période d’enfer où ils ne mangeaient quasiment plus rien. Mon arrière-grand-mère a caché des Juifs. Je crois d’ailleurs qu’elle a écrit un journal intime. Du côté de la famille de mon père, il y a eu des déportés car ils étaient Juifs mais je ne connais pas trop l’histoire. Je voudrais vraiment participer à ce projet. Toute ma famille, dont mon frère qui est parti avec vous en 2012-2013, dit que c’est une chance exceptionnelle de faire un pareil voyage .» Bérénice Molcard

Leurs questionnements sur la Shoah :
Pourquoi Hitler haïssait-il les Juifs ? Pourquoi les Allemands l’ont-ils suivi ?
Combien de Juifs ont été tués pendant la Shoah ? Pourquoi les Juifs et pas un autre peuple ? Comment les Nazis ont-ils pu autant exterminer de Juifs, de Tsiganes et d’handicapés ?
Que se passait-il quand les déportés arrivaient dans les camps ?
Comment se déroulaient les trajets entre les ghettos et les camps ? Comment fonctionnait le camp d’Auschwitz ? Qui a eu l’idée des chambres à gaz ?
Pourquoi personne n’a réagi ? Peut-on imaginer une telle chose ?
Comment des Juifs ont-ils réussi à se cacher ? Combien ont pu s’échapper des camps ?
Que s’est-il vraiment passé lors des rafles à Soissons ?
Comment font les survivants pour ne pas vivre dans la haine ? Peut-on revivre normalement après avoir vécu de telles horreurs ?

Le CDI a-t-il trouvé son double numérique ?

Nous écrivions dans un précédent article d’InterCDI en 2014 : « Le CDI existe toujours en tant que lieu physique mais tend à se dématérialiser, devenant un espace accessible sur Internet et proposant de nouvelles ressources qui s’ajoutent aux “anciennes” (les documents imprimés) »3, portant notre réflexion première sur la dualité de cet espace. Nous avions déjà posé à ce moment-là les bases de notre réflexion : « Après les multiples sites web, blogs, netvibes créés par les professeurs documentalistes dans un but communicationnel indéniable mais extrêmement chronophage, l’apparition d’e-sidoc, portail “clé en main”, est rapidement devenue l’outil indispensable parce qu’il répond le mieux aux besoins actuels »4.
Mais nous n’avions pas encore approfondi cette question. Aujourd’hui qu’en est-il de ce produit ? Répond-il à ses promesses de « solution documentaire » ? Pouvons-nous envisager le portail e-sidoc comme le reflet du CDI réel ? Précisons que nous ne cherchons pas à faire de la publicité pour cet outil, nous essayons essentiellement d’exposer ce qu’il apporte de plus à nos pratiques professionnelles.

Diffusion et professionnel de l’information

Rappelons ici l’importance de cette notion de diffusion chez le professeur documentaliste, le propre du métier. « Le professeur documentaliste gère un fonds documentaire dont il maîtrise l’organisation et l’accès. C’est la première ressource qu’il diffuse, tout d’abord physiquement en guidant les usagers dans l’espace documentaire mais aussi, de plus en plus virtuellement, en signalant les ressources à travers les portails documentaires »5. La mise à disposition et l’utilisation du système mis en place sont des points primordiaux, car à quoi bon créer un catalogue pour qu’il ne soit jamais consulté ! Penser la documentation c’est aussi penser sa communication. « Le métier de documentaliste repose sur l’information, matériau de base, et s’exerce pleinement dans la mise en relation de l’utilisateur et de l’information »6. Selon le protocole d’inspection, il est noté que « mettre à disposition des ressources et organiser la diffusion de l’information utile au sein de l’établissement »7 est un point important des missions des professeurs documentalistes. La communication est essentielle ; « participer à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un dispositif de communication interne et externe à l’établissement »8. Créer un portail en ligne et le tenir à jour répond aussi à cette mission.

Identité numérique du CDI

Ce portail représente aussi une identité numérique pour le CDI, un lien technologique entre une entité réelle (le CDI), et des entités virtuelles (ses représentations numériques). Cette identité dépend de ce que l’internaute, ici le professeur documentaliste, choisit de publier et de partager, laissant ainsi des traces de son passage sur Internet. Le CDI, en tant que lieu physique, est en pleine crise d’identité, à l’image des bibliothèques. Nous cherchons à le rénover, à le dépoussiérer, et e-sidoc permet une certaine modernisation en lui offrant une place sur Internet, « hors les murs ». Le CDI a toujours été vu comme la vitrine de l’établissement et il lui faut désormais sa propre vitrine. Cette présence numérique est incontournable pour l’espace comme pour le travail de son gestionnaire. Ce portail est centré sur l’usager et propose au CDI une entrée dans le monde numérique.

Promesse de facilité

La multiplication des tâches qui incombent aux professeurs documentalistes depuis l’apparition du numérique demande aussi plus de temps pour les réaliser et une mise à jour professionnelle constante. La notion de facilité dégagée par son appellation est prégnante. Le « e- » de e-sidoc correspond bien sûr à « électronique » comme le « e » de « e-mail » employé pour « courrier électronique ». « Sidoc » est une abréviation pour « système d’information documentaire ». Mais ce que nous retenons ici c’est surtout le terme sous-entendu « easy », facile en anglais. D’ailleurs, dès l’apparition du portail, nous étions souvent tentés d’écrire « easydoc », et c’est comme cela que l’écrivent les usagers la plupart du temps. Il inspire ainsi la facilité et ne demande aucun effort particulier et aucune connaissance précise en informatique; mais Il faut tout de même apprendre à le « dompter ».
Cet outil s’annonce simple d’utilisation : il permet de trouver rapidement et simplement des informations ; mais il est aussi simple d’accès : tous les portails ont un url presque identique calqué sur le numéro RNE (Répertoire National des établissements) de l’établissement suivi la mention «.esidoc.fr » (ex : http://0830833e.esidoc.fr). Chacun peut donc facilement consulter l’e-sidoc d’un établissement voisin ou lointain. Il se présente ainsi comme un point d’entrée unique au catalogue du CDI et aux activités, simplifiant l’accès à des ressources diversifiées. Il est en effet aisément paramétrable, mais il faut tout de même en comprendre quelques subtilités. Son objectif est d’optimiser le système d’information documentaire d’un CDI, d’en faciliter la communication sans donner trop de fil à retordre au professionnel tout en diminuant l’aspect chronophage.

Qu’est-ce qu’un portail documentaire ?

Le CDI a souvent emprunté certaines de ses démarches au monde des bibliothèques ; elles ont ainsi été les premières à proposer des portails. Un portail documentaire est un site internet offrant une porte d’entrée unique sur toutes les ressources et tous les services proposés par une institution pour ses usagers. Il « peut se définir comme l’organisation d’un ensemble de ressources regroupées autour d’un thème pour un public spécifique. Il comporte des fonctionnalités de recherche et de communication, il fournit de l’information »9. Un portail comprend souvent un accès :
– à un moteur de recherche dans la base de données regroupant la documentation physique et numérique de l’établissement en question ;
– aux ressources pédagogiques, y compris aux abonnements numériques spécifiques (à l’accès réservé) ;
– à l’information spécifique de l’organisation en question (horaires, activités, nouveautés…).
Et tout cela grâce à une interface unique. Un autre avantage non négligeable : « il regroupe l’information collective, mais aussi l’information ciblée, car on peut y entrer par catégorie d’usagers (ici élève, parent, enseignant) et par type d’information recherchée »10. Il devient ainsi un point d’accès privilégié par les utilisateurs d’un établissement précis. D’ailleurs le mot « portail » caractérise une grande porte d’entrée d’une habitation particulière qui, avec Internet, a pris un sens imagé désignant une porte d’entrée sur le réseau offrant un large éventail de ressources et de services dans un domaine précis et pour une communauté spécifique.

Un portail documentaire au CDI, pour quoi faire ?

Pour offrir aux usagers une recherche sur toutes les ressources imprimées ou numériques d’un établissement et des contenus riches et dynamiques (actualités, veille, carrousels des nouveautés), pour participer à son accompagnement, etc., proposer un portail est devenu indispensable. Son défi est de capter l’attention des usagers, qu’ils soient professeurs, élèves ou même parents avec une offre de services en ligne attrayante et un avantage direct : informer à distance les usagers sur les activités du CDI. « Le catalogue n’est plus comme auparavant la seule ressource mise en ligne, il s’accompagne maintenant de tout un environnement documentaire que l’on appelle “portail documentaire”, très souvent élaboré à partir de CMS, Content Management System, logiciels collaboratifs permettant la gestion de contenus organisés et hiérarchisés »11.
Ainsi e-sidoc propose de réunir :
– la base de données du CDI (livres imprimés, articles, dvd, sites internet référencés…) ;
– les ressources numériques auxquelles le CDI est abonné (Universalis, lesite.tv…), de plus en plus de ressources sont proposées au fil des mises à jour ;
– des informations sur le CDI (horaires, fonctionnement, activités…) ;
– des ressources gratuites repérées par le professeur documentaliste ;
– une veille documentaire ;
– des travaux d’élèves ;
– une interface compte lecteur : l’usager peut réserver en ligne, partager des ressources, intégrer des avis de lecture, voir ses prêts et ses retards (cette option peut ne pas être choisie).
« L’usager trouve ainsi en un même lieu “virtuel” de nombreuses ressources pouvant répondre à ses demandes »12.

Avant E-sidoc

Comment les professionnels opéraient-ils avant de se voir proposer un tel outil ? Les professeurs documentalistes ont expérimenté différents outils numériques proposés pour la mise en valeur de leur CDI, sentant bien qu’il était devenu indispensable d’exister aussi sur le web et de développer cette identité numérique. Blog, Netvibes, Pearltrees, site sous Spip ou Joomla etc. ont été expérimentés par la plupart, créant ainsi une multitude de liens disséminés mettant l’usager dans la nécessité de connaître l’existence de ces outils mais aussi des différents liens qui y mènent. Quant à la base de données issue de BCDI, elle était accessible grâce au module BCDIweb, peu attrayant pour les élèves mais unique possibilité de consulter la base en dehors de l’établissement. Choisir un seul de ces outils n’était pas suffisant, il fallait les combiner pour être performant. La seule option réellement acceptable était la création d’un blog, voire d’un site, ce dernier nécessitant une bonne connaissance de l’informatique pour parvenir à un résultat satisfaisant, et y insérer des liens vers ces outils dont BCDIweb. Certaines académies proposaient même des stages pour la mise en place d’un site pour le CDI. Cette diversité a rapidement mené un éparpillement des informations disponibles, créant des accès multiples, mais aussi une nécessité de veiller à les mettre tous régulièrement à jour afin d’être cohérent.

Depuis E-sidoc

Depuis quelques années, grâce à ce portail tout peut être, ou presque, réuni en un seul point d’entrée, la solution idéale étant de le coupler à un ENT permettant une authentification unique pour l’accès aux ressources en ligne avec un accès privilégié : une seule authentification, un seul outil. Il représente aussi l’avantage d’informer à distance les usagers du CDI, et ce n’importe quand. Ils peuvent préparer leur recherche s’il s’agit de documents imprimés, effectuer leurs recherches grâce aux ressources proposées et aux sites internet référencés (grâce aux mémodocnets ou ceux repérés par le professeur documentaliste). Les professeurs documentalistes peuvent même se contenter de laisser sur le site de l’établissement uniquement le lien pour accéder à leur e-sidoc. Il devient inutile de continuer à renseigner et mettre à jour des informations sur le site de l’établissement sous peine de doublon. Il est simple à mettre en place, est livré « prêt à l’emploi », le lien avec BCDI se fait sans notre intervention lorsque nous modifions la base. De plus, il évolue depuis sa création en fonction des avancées d’Internet et des nouveaux outils numériques proposés, mais aussi par rapport aux nouvelles attentes des professionnels.

Éditorialisation

E-sidoc se présente comme le reflet des demandes et besoins propres à chaque établissement. Il est paramétrable en ce sens et peut être transformé en fonction des besoins de la communauté scolaire. L’éditorialisation est l’ensemble des pratiques d’organisation et de structuration de contenus sur le web pour mettre à disposition des ressources. Constituer un projet éditorial pour e-sidoc est primordial. La confection d’un portail démarre toujours par une réflexion sur ses finalités à partir de deux points importants : pour qui (public ciblé) et comment (structuration). Il s’agit ici de proposer des contenus adaptés au public concerné, de les rendre accessibles partout et tout le temps (mobilité) et de les actualiser régulièrement. Il faut aussi attirer son public grâce à un design original. Il présente plusieurs profils se combinant : le premier concerne l’institution même avec des informations pratiques (horaires, règlement, personnel…) ; le deuxième concerne la médiation avec les actualités du CDI, les nouvelles acquisitions, les expositions, le catalogue ; le troisième concerne la communauté scolaire avec la présentation de travaux d’élèves, clubs…
    
Architecture d’e-sidoc
Il faut ainsi penser cette composition en termes d’architecture, d’organisation des différents éléments qui le composent afin d’optimiser la conception de l’ensemble pour un usage particulier dans un contexte donné. Dans le cas de l’e-sidoc pris en exemple ici, nous sommes partis du public visé. Il est optimisé essentiellement pour les élèves et les enseignants sous la forme de cinq onglets : « Rechercher/S’informer/CDI, mode d’emploi/Projets et travaux d’élèves/Du côté des profs ». Nous avons réservé un onglet à destination des enseignants de l’établissement, c’est un parti pris en fonction de la demande. Cette ossature pourra être différente selon le type d’établissement et le public concerné. Chaque rubrique a sa propre page d’accueil que nous pouvons aussi personnaliser avec des photos, textes et carrousels directement liés au thème de la rubrique. Le choix des titres des rubriques et sous-rubriques nous appartient. Le module de recherche « dans la base du CDI » est présent uniquement sur la page d’accueil, mais nous pouvons aisément le faire figurer ailleurs aussi. Certaines sous-rubriques sont préremplies, mais il est possible de faire figurer ou non les liens proposés en les désactivant.

Page d’accueil
Soigner l’architecture d’e-sidoc est primordial, mais nous devons aussi penser à l’aspect esthétique, surtout en ce qui concerne la page d’accueil : c’est la porte d’entrée sur l’ensemble de l’outil, la vitrine qui invite les usagers à aller plus loin ; c’est l’image du CDI. Cette page reste assez statique, mais il est possible d’y intégrer un descriptif personnalisé et des photos de l’espace physique, par exemple. Lors de la dernière mise à jour, des images de fond supplémentaires ont été proposées pour personnaliser le portail, mais elles restent au final très impersonnelles. Pour un bon compromis, il serait souhaitable de pouvoir ajouter ses propres photos du CDI ou de l’établissement. Pour l’instant ce n’est pas possible, peut-être est-ce un problème de droits.
Les carrousels au centre de l’écran informent les usagers des nouveautés du CDI. Il est dès lors essentiel de créer dans le CDI un espace « nouveautés » en lien direct avec ces documents qui défilent pour installer une correspondance entre les deux espaces, physique et numérique. Nous pouvons gérer ces carrousels via des équations de recherche effectuées par l’administrateur. À droite de l’écran, peuvent aussi figurer dans des blocs « nos dernières actualités », « nouveautés », et mettre en avant les « coups de cœur ». Le fonds physique de fictions du CDI peut ainsi être mis en valeur.

Avantages

Le premier, indéniable, est que nous n’avons pas besoin d’être des « geeks » pour proposer un portail qui tienne la route. Avec un peu plus de connaissances, nous pouvons apporter une valeur ajoutée dans l’esthétique ou la façon de mettre à disposition certaines informations.
Rien à faire pour la mise à jour de la transmission des données de la base documentaire BCDI, elle se fait seule grâce à un connecteur qui transfère les nouvelles données vers e-sidoc lors de modifications sur la base principale du CDI.
Nous pouvons y déposer  des photos, des liens vers des vidéos et du son. S’il faut maîtriser un peu plus l’outil informatique, ces possibilités restent malgré tout intéressantes à exploiter.
Il est accessible partout et tout le temps. Il est d’ailleurs proposé en version mobile pour tablette ou smartphone avec uniquement le module de recherche. Cette option permet d’envisager le BYOD (Bring your own device), en français « apportez votre équipement personnel de communication », c’est-à-dire utiliser dans le monde scolaire son matériel personnel. Nous savons que c’est un sujet sensible dans nos établissements et qu’il n’est pas souvent autorisé, mais « cette version web mobile permet de faire une recherche documentaire où que l’on se trouve : en mobilité à l’extérieur de l’établissement, mais aussi à l’intérieur de l’établissement dans un cadre pédagogique »13.
La personnalisation du portail s’améliore au gré des mises à jour. Le caractère attractif ne peut plus être ignoré par rapport à un BCDIweb qui reste très austère malgré quelques améliorations. C’est une belle vitrine moderne pour le CDI et un bon outil de valorisation des travaux du professeur documentaliste.
C’est un outil facilitateur dans le domaine pédagogique au niveau de la recherche.

Inconvénients

Le premier inconvénient est le prix ! Il implique forcément l’abonnement à BCDI, très onéreux, calculé sur le type d’établissement et le nombre d’élèves et les tarifs augmentent régulièrement. Si en plus nous prenons les abonnements aux mémofiches, mémodocnet et mémoelectre, la note s’allonge. Il implique une dépense exorbitante pour certains établissements mal dotés ne bénéficiant pas d’aide de la région ou du département en ce sens. Certains préfèrent d’ailleurs la solution PMB pour ces raisons.
Il reste également encore un peu trop rigide dans sa structure : il ne permet pas d’intégrer des photos plus personnelles, et garde pour tous les établissements une structure trop commune.

Remplit-il sa mission de « solution documentaire » et de « double numérique » du CDI ?

Il est sans discussion un des outils qu’attendaient les professeurs documentalistes. Il n’y a qu’à juger le nombre de portails ouverts lorsqu’on consulte les « cartes des portails e-sidoc activés » : en France (7457), dans les Dom-Tom (317) ou même à l’étranger (179)14. Rares sont ceux qui utilisent encore un site internet lorsqu’ils proposent un portail e-sidoc, sauf si ce site correspond à un usage pédagogique très déterminé. Dans ce cas, le référencement dans le portail e-sidoc de ce site est un gage de consultation ultérieure. Même si nous attendons encore des améliorations, il représente un outil élaboré qui peut par exemple facilement être pris en main à l’arrivée sur un poste d’un nouveau professeur documentaliste. Il est une vraie plus-value pour le CDI, mais il faudra utiliser la médiation pour que le personnel ou les élèves puissent connaître son existence et ses possibilités. Son attractivité, sa convivialité, sa simplicité de mise en place le rendent d’autant plus attirant, même si le prix fait de plus en plus réfléchir. Il crée un sentiment d’instantanéité pour l’usager qui acquiert une impression d’autonomie face à la navigation et à la simplicité de l’interface de recherche. Nous pouvons donc ici affirmer qu’il s’agit bien d’un portail documentaire rejoignant ceux des bibliothèques, mais orienté vers un usage scolaire qui permet de créer quelques liens avec l’espace physique du CDI. « Grâce à Internet, l’espace de ressources proposé par le CDI dépasse le lieu où elles étaient traditionnellement archivées : une réalité augmentée en quelque sorte »15. Il a bien évolué depuis sa première version et nous espérons qu’il évoluera encore.

 

Veille numérique 2017 – N°2

Fiabilité de l’information

Facebook lutte contre les Fakes news
Accusé de favoriser la propagation de fausses informations, voire d’influencer le résultat d’échéances primordiales, telles les élections présidentielles aux États-Unis ou en France, Facebook a décidé de prendre le taureau par les cornes en s’associant à neuf organismes ainsi qu’à des médias du monde entier (Le Monde, notamment) pour lutter contre la désinformation des internautes et restaurer la confiance entre eux et les médias. Voilà pourquoi, depuis avril 2017,
vous pouvez consulter dans différents médias une page complète dédiée à la traque des fausses informations, 10 conseils qui s’apparentent très fortement à la fameuse fiche utilisée par tous les professeurs documentalistes pour évaluer la fiabilité des sites internet. Facebook aurait dû s’adresser aux profs docs !

Fact-checking chez Google
Après avoir fait couler beaucoup d’encre numérique pendant et après la campagne présidentielle aux USA, le géant du web a développé une nouvelle fonction, le fact-checking, pour lutter contre les fausses informations. Aux États-Unis, la vérification des sites est réalisée par des partenaires, tels Snopes ou PolitiFact. En pratique, certains résultats porteront une mention (à côté du lien) précisant le degré de fiabilité de l’information : faux, vrai pour l’essentiel… Ce dispositif
est déployé progressivement dans le monde entier.

Technologie et objets connectés

La broche calepin connectée
Vous pourrez désormais enregistrer vocalement sur une broche ou un pendentif vos pense-bêtes, puis les transférer via Bluetooth sur une application de votre smartphone au format texte. Noter ses pensées par une simple pression, sans sortir son téléphone mobile, deviendra un jeu d’enfant. Ce projet Senstone du Kickstarter sera disponible en ligne dès juillet 2017.

Traducteur en temps réel
Actuellement, les traducteurs utilisent l’analyse statistique d’un grand volume de groupe de mots déjà traduits puis l’appliquent à une phrase en tenant compte
de la syntaxe. Pourtant, l’avenir serait dans la traduction neuronale, dont le fonctionnement se basera sur l’intelligence artificielle. Ainsi, le traducteur s’améliorera sans cesse. Cette technologie est d’ores et déjà expérimentée par Google avec son traducteur Anglais – Chinois, ainsi que par Microsoft pour
son application « translator » lors des réunions. Si cette innovation tient ses promesses, on pourra bientôt utiliser un « transcoder » pour communiquer dans une langue étrangère !

Bluetooth V5
La 5e génération du Bluetooth multiplie par deux la vitesse de transfert (2 Mbits/sec.) par rapport à la version actuelle et a une portée quatre fois plus grande (400 m). Le matériel informatique compatible avec cette version est disponible depuis le printemps 2017.

« Ardoise magique » E-Ink
Une start-up norvégienne a créé une dalle pour prise de notes qui procure, en principe, la même sensation que l’écriture papier. Cette tablette à encre électronique, reMarkable, envoie les notes écrites ou illustrées, via le Wifi, sur un ordinateur ou le cloud. Elle sera en vente courant été 2017.

Le Wifi à Très Grande Vitesse
Se connecter au web à plus de 300 km/h sur quasiment toutes les lignes de TGV sera possible d’ici fin 2017. Néanmoins, selon que vous serez puissant (première classe) ou misérable (deuxième classe), le volume de données sera plus ou moins limité. Par conséquent, pour le streaming vidéo ou le téléchargement en deuxième classe, passez votre chemin !

Gita l’assistant valise/cartable
Piaggio a conçu un robot en forme de roue qui se déplace de façon autonome en restant près de vous en permanence. Ce cylindre de 66 cm peut transporter au maximum 20 kg et atteindre la vitesse maximale de 35 km/h. Fort utile pour remplacer les valises ou tout simplement se rendre dans un établissement scolaire, il sera commercialisé dès 2018.

Droit et données personnelles

ARDITO et le droit d’auteur
Ardito est une initiative franco-italienne, cofinancée par l’Union européenne dans le programme Horizon 2020, qui vise à faciliter l’usage de contenus  numériques artistiques tout en respectant le droit d’auteur. Comment et dans quel but ? En automatisant la transmission de l’information concernant les droits d’usage, afin que l’utilisateur y accède très simplement (sous forme de Pop-up) et que les ayants droit soient rémunérés.

Trump annule la protection des données personnelles des consommateurs
Sous l’impulsion de Trump, les fournisseurs d’accès peuvent désormais vendre les données personnelles de leurs clients, en toute légalité et sans aucune autorisation préalable explicite. De plus, l’organisme américain qui régule les télécommunications (FFC) se voit totalement interdire toute mesure visant à limiter la revente des données personnelles ou encore à les protéger. Les associations de défense des droits des consommateurs dénoncent les conséquences dramatiques d’une telle décision sur la vie des internautes, notamment en raison de possibles discriminations liées à la diffusion de certaines informations extrêmement sensibles (religion, santé, etc.) .

Lecture numérique

Lecture sur Youboox
L’application de lecture en ligne et de création d’une bibliothèque gratuite a connu une mise à jour importante en février 2017. Dorénavant, lorsque vous êtes fatigué ou occupé par une autre activité, la lecture auditive peut être actionnée grâce à l’icône « haut-parleur » dans le menu lecture. Autre nouveauté : partager ses lectures avec d’autres lecteurs qui possèdent l’application de lecture en streaming.

025 BET
Bien connue dans tous les CDI de France, Annie Bethery, auteure du célèbre Abrégé de la classification décimale de Dewey de couleur rouge, édité en 1980, est décédée le 8 avril 2017. La dernière édition, tout de noir, était parue en 2013 sous le titre de : Guide de la classification décimale de Dewey dont vous pouvez relire l’analyse proposée par José Francés dans InterCDI n°245. À quand la version numérique ?

Langues et numérique 2017
Suite au succès de l’édition 2016, le ministère de la culture et le secrétariat d’État chargé du numérique et de l’innovation lancent l’appel à projet langues
et numérique 2017. Une subvention est allouée à condition de respecter les critères suivants :
– Technologique, recherche, industrie de technologie ;
– Langues française et régionales ;
– Thématique (web sémantique, web de données, technologies du langage, ressources linguistiques).

La librairie Microsoft
Après avoir abandonné sa bibliothèque numérique en 2008, Microsoft lance sa librairie numérique directement intégrée dans une mise à jour de Windows 10 au printemps 2017. Cet Ebookstore est accessible sur les systèmes d’exploitation PC et tablette avec la possibilité de lire sur le lecteur du navigateur Edge.

Lecture des enfants
Selon une étude menée par des chercheurs australiens, et contrairement à une idée fort répandue, les nouvelles générations plébiscitent toujours
la lecture papier. De même, il serait illusoire de penser que les supports numériques constituent un bon moyen de développer le goût de lire car les tablettes, smartphones et autres objets numériques favorisent la dispersion et sont, en toute logique, perçus comme des jeux par les enfants. Chacun le sait, pour lire,
il faut être concentré : toujours rien de mieux que le papier pour se plonger dans la lecture.

Éducation

Numérique et nouvelle circulaire de missions
Sans surprise la nouvelle circulaire de missions du 28 mars 2017 met l’accent dès l’introduction sur le rôle essentiel du professeur documentaliste dans le choix, la mise à disposition et la gestion des ressources numériques tout en insistant sur leur nécessaire complémentarité avec les ressources physiques. L’enseignement lié au numérique se traduisant dans l’ensemble de la circulaire par la participation à l’EMI, le développement de l’esprit critique et la prise en compte par le professeur documentaliste des évolutions sociétales. Vous pouvez lire l’édito de ce numéro, consacré à cette nouvelle circulaire… À suivre.

Le plan numérique pour l’éducation : Opération de communication en mars 2017
La ministre de l’Éducation Nationale se félicite de l’avancement du plan numérique : un déploiement dans 1668 collèges et 1817 écoles depuis la rentrée 2016, une formation en présentiel sur trois jours pour les enseignants de collège, des ressources et des services numériques gratuits, l’attribution d’un équipement  informatique à près de 200 000 élèves.

Italc Version 3.0.3
La dernière version du logiciel de gestion de classe sur poste informatique est sortie le 20 janvier 2017 avec son lot d’améliorations : affichage de l’écran de l’ordinateur de l’élève dans l’application principale même lorsqu’il est verrouillé, correction des problèmes de fiabilité des connexions aux postes élèves, mise à jour des traductions en français, entre autres.

Les ressources numériques de Myriaé
À disposition des enseignants et des parents, ce nouveau portail de recherche et de présentation des ressources numériques pour l’école est proposé par le ministère de l’Éducation nationale et le Réseau Canopé. Une barre de recherche comprenant le niveau/cycle et la discipline/enseignement permet d’affiner
la recherche. Cet outil mériterait d’être amélioré à tout point de vue.

En mars sur le portail E-sidoc
Une nouvelle rubrique modulable : « bibliothèque numérique », sous-divisée en : Bibliothèques de conférences en ligne, Bibliothèques de livres numériques, Bibliothèques numériques, Bibliothèques numériques pour enfants ou personnes non-voyantes, Répertoires de bibliothèques numériques. Amélioration de l’interface de gestion des avis : possibilité d’éditer les fichiers des avis, par exemple.

École 42
Après Paris, le patron de Free ouvre une deuxième école d’apprentissage du langage informatique à Lyon. Les étudiants, avec ou sans bac, pourront s’inscrire gratuitement pour la rentrée de septembre 2017. Cet établissement d’enseignement supérieur d’informatique privé, non reconnu par l’État français, propose une pédagogie de projet pour former les futurs développeurs informatiques.

Les réseaux sociaux

BD sur Instagram
Arte et l’agence digitale Bigger Than Fiction développent un projet de bande dessinée numérique sur le réseau Instagram qui diffusera un épisode chaque jour du 29 juin au 27 août 2017. En relation avec la période, il s’agira de raconter les péripéties d’un jeune couple séparé pour l’été. La bande dessinée est présentée comme très moderne dans ses thématiques, on peut en douter quand on lit les exemples de scénarios ultra-conventionnels et stéréotypés évoqués (« pour l’une ce sera faire un voyage lointain et pour l’autre draguer une inconnue »). Disponible en version allemande.

Facebook jobs
Déployé pour le moment uniquement au Canada et aux USA, le tout nouveau service « offres d’emplois » pour les entreprises du réseau social Facebook permet de contacter les candidats directement via la messagerie instantanée. Si cette nouvelle fonctionnalité connaît le succès, elle sera étendue à d’autres pays, dont la France. La question qui se pose désormais est : que deviendra la page Facebook de Pôle emploi ?

Discuter avec un Youtubeur
Youtube offre désormais la possibilité de communiquer via une application de messagerie instantanée. Les internautes pourront chatter avec des Youtubeurs grâce à un bouton de partage. Déploiement mondial prévu pour l’année 2017.

Sécurité informatique

Stabilisation de l’espace numérique ?
À l’initiative de la France, l’ONU tente d’instaurer la paix et la sécurité dans la société numérique internationale, soit appliquer le droit international dans le cyberespace afin de limiter le cyberespionnage et les cyberattaques. Une des pistes étudiées consisterait à rendre responsables les pays sur lesquels s’appuient les pirates, via des proxies, pour attaquer d’autres pays. Deux axes supplémentaires sont examinés : le contrôle des outils numériques « à double usage », i.e. ceux qui peuvent à la fois être utilisés positivement et négativement, et le « hack back », procédé (très contesté) qui consiste pour les entreprise à contre-attaquer les pirates.

ACYMA vous protège
Le ministère de l’intérieur et l’Anssi (Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information) ont mis en place un site internet pour lutter contre la malveillance sur le web : Actions contre la cyber malveillance. En cas d’attaque informatique et après avoir rempli un questionnaire précis pour déterminer le problème, vous serez orientés vers des solutions en ligne ou des prestataires locaux pour vous dépanner. Ce dispositif se déploie progressivement sur toute la France durant l’année 2017.

No future…

Le cerveau connecté à l’ordinateur
Alan Musk, à l’origine du train subsonique Hyperloop et du tourisme spatial avec SpaceX, vient de créer la société Neuralink dont l’objectif est de connecter le cerveau humain directement aux ordinateurs car, selon lui, le développement de l’intelligence artificielle présente de nombreux risques, dont, à terme, la perte de contrôle des ordinateurs par les humains.

Big brother en Chine
L’empire du milieu envisage de noter ses citoyens et ses entreprises dans le but de créer une société « harmonieuse » grâce aux données du big data. Ce projet
du gouvernement chinois et de l’organisme central de planification entraînera la collecte de toutes les informations en relation avec la justice, les impôts, les banques, la police, le comportement sur Internet… afin d’attribuer une note. Celle-ci aura un impact sur la vie quotidienne : recherche d’emploi, accession à des services administratifs, etc. 36 villes pilotes l’expérimentent déjà. Une véritable société Orwellienne qui deviendra réalité d’ici 2020 en Chine…

La danse contemporaine

Commençons par rappeler l’origine populaire, mais aussi mondaine de la danse, avec le ballet de cour, ses quatre siècles d’existence et ses liens étroits avec le milieu artistique et littéraire. Ainsi les poètes de la Pléiade avaient-ils déjà prôné une forme de théâtre total : chant, musique, danse, décors, illustrant le récit. On se souviendra également des comédies-ballets de Molière (Les Fâcheux, Le Bourgeois Gentilhomme…), d’ailleurs imitées avec La Dansomanie de Pierre Gardel (1800). Des techniques et des accessoires apparaissent qui marqueront à jamais la danse, comme la pointe de Mademoiselle Gosselin en 1813, afin de limiter au maximum le contact entre la danseuse et le sol, ou le tutu dans Giselle, qui souligne la légèreté de la danseuse. Toujours la danse classique s’attachera à ne plus se soumettre à la loi de la gravité. Enfin, Marius Petipa fait triompher l’académisme de la danse avec ses oeuvres-phare : La Belle au bois dormant (1890), Casse-noisette (1892) et Le Lac des cygnes (1895).
Mais le répertoire classique se trouve violemment remis en cause au XXe s. par la danse moderne, dont trois Américaines s’avèrent les précurseuses : Loïe Fuller, Isadora Duncan et Ruth Saint Denis. S’y intéressent aussitôt des artistes, danseurs ou pas, comme le charismatique Nijinski, Mallarmé, Wagner, Colette, le chorégraphe de ballets russes Fokine, Jean Cocteau, Serge Lifar, Roland Petit, Maurice Béjart, Tatsumi Hijikata, Nietzsche, Laban et sa kinesphère.
De nos jours, la danse contemporaine puise autant dans le répertoire traditionnel que dans d’autres sources d’inspiration artistique, de manière à exclure tout tabou et à réinventer une nouvelle façon de s’exprimer sur scène. Le succès de l’exposition-événement « danser sa vie » au centre Georges Pompidou, de novembre 2011 à avril 2012, a prouvé, s’il en était besoin, l’intérêt porté à l’un des piliers du sixième art, celui des arts du spectacle.

Dans les programmes

Cela peut être une épreuve obligatoire au Baccalauréat, série Littéraire, ou une épreuve faculative, pour toutes les séries générales et technologiques. La danse fait également partie des « arts du spectacle vivant » étudiés en Histoire des arts. Elle apparaît dans les cycles 3, 4 et 5 en EPS. La danse contemporaine permet de développer des compétences générales, c’est-à-dire de développer sa motricité et apprendre à s’exprimer en utilisant son corps, et de s’approprier une culture physique sportive et artistique. Elle permet ainsi de « s’exprimer devant les autres par une prestation artistique et/ou acrobatique », soit par des danses collectives, des activités gymniques, les arts du cirque, la danse de création. Les activités artistiques et acrobatiques peuvent être organisées sur chacune des 3 années du cycle en exploitant les ressources et les manifestations sportives locales. http://danseticelyoneps.free.fr/Danse_EPS_Lyon/Accueil.html

Pistes pédagogiques

Avec le collègue d’EPS, vous pouvez, une fois n’est pas coutume, recenser et visionner avec les élèves les différents films documentaires du CDI sur la danse, à partir desquels ils s’inspireront d’une chorégraphie pour la présenter individuellement ou collectivement.
Avec le collègue de français, un projet tel que Le Pas des mots (article de Sandrine Leturcq, in InterCDI, janvier-février 2013, no 241), peut se réaliser : il s’agit alors de faire lire aux élèves des romans sur la danse, tels que La Danse océane de Claude Pujade Renaud par exemple, dont certains passages sont déclinés en chorégraphies, en partenariat de préférence avec un intervenant du Centre Chorégraphique le plus proche.
Avec le collègue d’histoire des arts, lancer les élèves dans une recherche documentaire sur les différent(e)s chorégraphes qui ont marqué l’histoire de la danse. Art de l’espace et du temps, la danse permet d’articuler son enseignement entre les domaines des arts du spectacle vivant, du visuel, de l’espace, du son.
Avec le collègue de philosophie, se pencher sur la danse comme objet philosophique et sur les textes (Nietzsche, Valéry, Erwin Straus, Alain Badiou, Frédéric Pouillaude) permettant une meilleure compréhension de cet art : qu’est-ce que danser ? Que nous apprend la danse sur la relation entre le corps et l’esprit ? Sur la nature et sur la nature humaine ? Sur la projection de soi ?…

Les institutions culturelles

● La Maison de la danse.
www.maisondeladanse.com 
● Le Centre National de la Danse.
www.cnd.fr
● L’IRCAM du Centre Pompidou.
www.ircam.fr
● Les 19 Centres Chorégraphiques Nationaux, dédiés à la danse, créés en 1984 par Jack Lang, et dirigés par des artistes chorégraphiques.
www.accn.fr

Festivals

Voici quelques-uns des festivals de danse parmi tous ceux proposés en France.
Concordan(s)e est un festival qui a eu lieu du 25 février au 2 avril 2017. Il présente les particularités de se démultiplier sur 30 lieux différents (librairies, bibliothèques, espaces culturels, CCN – centre chorégraphique national–,…) et de proposer une rencontre inédite entre un chorégraphe et un écrivain. Il présentait cette année 7 duos : 4 créations et 3 reprises. www.concordanse.com
La Biennale de la danse de Lyon est un festival de danse contemporaine créé à Lyon en 1984 et se déroulant toutes les années paires en alternance avec la Biennale d’art contemporain. www.labiennaledelyon.com
Montpellier Danse. Direction et programmation : Jean-Paul Montanari. www.montpellierdanse.com
● Cannes propose son Festival international de la danse du 8 au 17 décembre 2017. www.festivaldedanse-cannes.com
Les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis ont lieu du 12 mai au 17 juin 2017. www.rencontres-choregraphiques.com

 Exposition temporaire

Corps en mouvement / La danse au musée
La Petite Galerie, espace dédié à l’éducation artistique et culturelle, propose au public jusqu’au 3 juillet 2017 de s’initier à la représentation du « Corps en mouvement », à travers notamment l’art vivant qu’est la danse. Ou comment représenter le mouvement alors même que les différents matériaux et techniques mis à disposition des artistes l’ont longtemps figé par nature, avant l’expansion des arts visuels ?

Expositions itinérantes

Le CND propose 7 expositions itinérantes, parmi lesquelles deux en particulier ont retenu notre attention.
L’exposition « À chaque danse ses histoires », au service des porteurs de projets en Éducation artistique et culturelle, met à jour la tension entre narration et abstraction qui a marqué l’histoire de la danse.
L’exposition « La danse contemporaine en questions » invite à la découverte des nombreux artistes chorégraphiques de la scène française contemporaine à travers textes, photos et vidéos.
www.cnd.fr/patrimoine_ressources/expositionsitinerantes

Associations

Association des chercheurs en danse
Créée par et pour les chercheurs en danse, elle s’est donnée pour objectifs de rassembler les chercheurs ayant la danse pour objet d’étude, de développer la recherche en danse dans des approches à la fois disciplinaires et transdisciplinaires, de promouvoir la reconnaissance de la recherche en danse dans le milieu universitaire ainsi que dans les milieux artistique, culturel et institutionnel, de dialoguer autour des recherches en danse et de permettre leur diffusion auprès d’un large public. Elle publie également, parmi ses outils, une revue scientifique et propose des événements publics. www.chercheurs-en-danse.com/fr

Fédération française de danse
Créée en 1969, agréée par le Ministère chargé des sports et reconnue comme établissement d’intérêt public, cette association et club de loisirs propose la pratique de toutes les danses : artistique, country & line, rock et disciplines associées, sportives, danses de loisirs et de société, historique, pole dance…. www.ffdanse.fr

Passeurs de danse
Cette association présidée par Marielle Brun, IA-IPR EPS, déléguée académique à l’Action Culturelle au Rectorat de Clermont-Ferrand, est ouverte à toute personne impliquée et/ou intéressée par la transmission de la danse dans sa diversité et sa spécificité dans une visée d’éducation physique artistique en milieu scolaire et universitaire, et souhaitant partager ses expériences et ses connaissances. Elle collecte sur son site tous les rendez-vous importants, des thèses universitaires sur la danse,… Elle propose aussi des dossiers thématiques et un stage de trois jours aux vacances de Toussaint, l’an dernier sur l’improvisation, de rencontres et d’échanges nourris par des intervenants experts de la thématique choisie. www.passeursdedanse.fr

Ressources numériques

● Numeridanse.tv est la première vidéothèque de danse gratuite qui rassemble des milliers d’heures de vidéos, des collections d’artistes nationaux et internationaux, des outils pédagogiques et des milliers de ressources éditorialisées pour comprendre la danse et son histoire. Gérée par une communauté de professionnels, elle est portée et coordonnée par la Maison de la Danse de Lyon. Plus précisément 165 vidéos de danse contemporaine y sont consultables. Un site incontournable. www.numeridanse.tv/fr

● DataDanse est une plate-forme numérique interactive créée pour guider le spectateur/trice de 8 à 99 ans, dans sa découverte intuitive et ludique. http://data-danse.numeridanse.tv/data/mode-demploi/
● Rosita Boisseau propose sur le site enscènes un parcours intitulé « La danse, laboratoire des autres arts », qui retrace en vidéos l’histoire de la danse.  http://fresques.ina.fr/en-scenes/parcours/0045/la-danse-laboratoire-des-autres-arts.html
● Sur le site Histoiredesarts, des ressources en ligne, présentant une œuvre ou un groupe d’œuvres, sont proposées par les services compétents des établissements culturels nationaux qui conservent, mettent en valeur, diffusent ces dernières. www.histoiredesarts.culture.fr/reperes/danse
● Depuis janvier 2000, Serge Laurent conduit la programmation des Spectacles vivants du Centre Pompidou, et notamment pour la danse. Il explique ici ses choix de programmateur. Le critique de danse Gérard Mayen donne des clés pour comprendre les spectacles proposés au Centre Georges Pompidou.
LAURENT, Serge ; Moyen, Gérard. La Danse contemporaine : pour une chorégraphie des regards. [en ligne], Centre Georges Pompidou, 05/2004, [consulté le 01/03/2017]. [env. 15p.]. Bibliographie, webographie. http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-spectacles-vivants/index.html
Politiques ministérielles et appels à projet. www.culturecommunication.gouv.fr/Disciplines-et-secteurs/Danse
● Des bases de données des spectacles qui ont été représentés à l’Opéra Garnier. http://chronopera.free.fr
● Des archives sonores, visuelles, audiovisuelles et documentaires de la Maison des Cultures du Monde. www.maisondesculturesdumonde.org/nos-ressources-en-ligne
● Et pour finir, le catalogue de toutes les publications sur la danse. http://editiondanse.com

Revues

● Funambule. C’est la revue annuelle des étudiants du département danse de Paris VIII, qui cherche à favoriser des espaces de travaux collectifs autour de la recherche en danse et de ses liens avec le secteur chorégraphique. https://anacrousedanse.wordpress.com/funambule/
● Nouvelles de danse. C’est le trimestriel gratuit d’information et de réflexion sur la danse, publié par l’association Contredanse, qui soutient la création chorégraphique.  www.contredanse.org/contredanseV4/templates/index.php?path=contredanse/ndd.php&menu=ndd
● Repères, cahier de la danse. Il s’agit d’un semestriel de 32 pages, qui paraît mi-avril et mi-novembre, édité depuis 2003 par le CDC du Val-de-Marne, à la suite de Adage, pour mettre en valeur la pensée de la danse en s’attachant aux questions relatives au travail des danseurs, abordé sous différents angles : entretiens, textes d’artistes et de chercheurs, analyses d’œuvres et d’ateliers, études historiques ou sociologiques… www.alabriqueterie.com/index.php/fr/reperes-cahier-de-danse

 

 

 

Le prix Nénuphar de l’album jeunesse

Objectifs

Très attaché au développement du goût de la lecture chez les jeunes, notre trio cherche inlassablement les moyens d’inciter les jeunes les plus éloignés du livre à se laisser séduire par une histoire, l’album offrant une alternative intéressante. Texte littéraire et illustrations intimement liés pour narrer une histoire apportent aux lecteurs un regard, une expérience, une interprétation du monde. Et chaque année, la production éditoriale s’enrichit d’albums novateurs, étonnants, poétiques et pleins d’humour. Cela nous permet d’offrir une sélection toujours plus surprenante.


Plusieurs volontés sont à l’origine de cette création. La première est de montrer que l’album n’est pas seulement réservé aux plus jeunes. Combien d’albums aujourd’hui sont intergénérationnels ! Nous voulons ainsi valoriser les albums à destination des enfants de 10 à 13 ans. La grande majorité des élèves inscrits couvre les classes allant du CM2 à la 5e. Une autre volonté est de proposer aux élèves des livres de qualité, tant d’un point de vue littéraire que graphique, afin de développer chez chacun le goût de la découverte et de la lecture. Ensuite, ce prix, en associant différents partenaires (professeurs des écoles, professeurs de collège, professeurs documentalistes, médiateurs du livre et libraires), doit faciliter un travail collaboratif, notamment dans le cadre de la liaison école-collège. Enfin, il veut aussi inscrire l’album en tant qu’objet-livre et œuvre de littérature auprès d’un public de jeunes.
Nous sommes trois professeures documentalistes de l’agglomération dunkerquoise et avions toutes les trois l’envie de travailler ensemble tout en sortant des sentiers battus. Nous exerçons dans des établissements publics et privés, donc loin des querelles institutionnelles, et nous sommes persuadées que le travail en équipe décuple les idées et la motivation. Si le sempiternel défi-lecture présente certes un intérêt non négligeable, c’est le fait de proposer de travailler autrement autour d’un support peu exploité en collège, en l’occurrence l’album, qui est notre moteur ! Sa dimension artistique induit des pratiques innovantes, entre autres autour de l’illustration.
Le prix Nénuphar a ainsi débuté doucement la première année avec 1 600 inscrits dans deux académies, puis 2 900 inscrits dans douze académies. Pour cette 3e année, 3 700 élèves participent, nous comptons treize académies et deux établissements français à l’étranger (Stockholm et Tokyo).

La sélection

Dès septembre, nous partons en repérage pour la sélection de l’année suivante et nous nous lançons dans la lecture d’albums fraîchement édités.
Huit mois plus tard et une cinquantaine d’albums lus, le comité de sélection, qui rassemble deux libraires, une étudiante en HSI (Humanités et Sciences de l’Information) et nous-mêmes, choisit six albums.
Nos critères de sélection sont les qualités littéraires et graphiques de l’album. Les coups de cœur partagés et la possibilité d’une éventuelle exploitation pédagogique nous permettent parfois de faire le choix entre deux albums.
Nous varions les plaisirs : styles, thèmes, techniques d’illustrations et tentons de privilégier des maisons d’édition moins connues. La sélection est dévoilée courant mai. Cela laisse ainsi du temps aux équipes éducatives d’en prendre connaissance, de s’en imprégner et d’avoir une réflexion autour des exploitations pédagogiques possibles (voir ci-contre Sélection du prix Nénuphar 2016-2017).
De notre côté, nous établissons toutes les trois les premières pistes de travail que nous mettons en ligne sur le site du prix. Nous envisageons de faire également ce travail avec des collègues documentalistes lors d’une prochaine réunion de district. L’apport de nos collègues de disciplines est très important, car ils nous ouvrent de nouvelles perspectives. Citons par exemple ce professeur d’éducation musicale qui, autour de l’album Os court !, a proposé aux élèves La Danse macabre de Saint-Saëns.

Le vote

En septembre, le prix est lancé. Chaque classe ou structure inscrite (SEGPA, classe ULIS, club lecture…) va lire et travailler autour des albums tout au long de l’année scolaire. Avant la fin du mois de mai, chaque élève vote pour son album préféré. L’album qui a obtenu le plus de voix est le lauréat du prix Nénuphar. Un trophée est remis à ou aux auteurs-illustrateurs.
La première édition a couronné Le Pompier de Lilliputia de Fred Bernard et François Roca (Éditions Albin Michel). L’année dernière, pour sa seconde édition, le trophée est revenu à l’auteur-illustrateur allemand Torben Kuhlmann, pour La Fabuleuse Aventure d’une souris volante (Éditions Nord-Sud).

La pédagogie

Le prix s’inscrit dans les missions définies dans la circulaire du 30 mars 2017. En effet, il est précisé que le professeur documentaliste développe une politique de lecture avec les autres professeurs, met en œuvre et participe à des projets qui stimulent la lecture.

C’est également le moyen d’aborder la recherche documentaire de façon différente : une lecture loisir peut, elle aussi, révéler un univers inconnu, des découvertes. Elle peut donner aux jeunes l’envie d’aller plus loin, de creuser un sujet, voire de résoudre une énigme.
Après une première année à tester le processus et motiver les collègues de disciplines afin qu’ils y trouvent matière à enseigner différemment, la deuxième édition a convaincu nombre d’entre eux. Un travail interdisciplinaire s’installe dans nos établissements respectifs. La mise en place des EPI a permis parfois de développer et formaliser ces expériences. Ainsi un EPI en 5e « prix Nénuphar » a été mis en place au collège Arthur Van Hecke de Dunkerque.
Alors que Le Héros et Le Corbeau et le fromage ont fait l’objet d’une lecture en cours de Français et d’ateliers d’écriture, Toc Toc Toc. Papa où es-tu ? a été travaillé avec le professeur d’Éducation musicale. Cet album, d’abord publié aux États-Unis, a été écrit après la rédaction d’un slam dans lequel l’auteur, Daniel Beaty, raconte un moment de son enfance. Après une diffusion en classe de la vidéo sur YouTube, les élèves ont écrit leur propre refrain et enregistré leur composition en salle pupitre grâce au logiciel Audacity.
En SVT, l’alimentation des végétaux, les coupes des feuilles et des tiges microscopiques ont permis l’approche de Moabi, tandis que le professeur de Technologie exploitait, grâce à l’album, la technique de la construction d’habitats en bois.
Os court ! et Attends Miyuki ont permis un travail en EMC autour de la pensée critique et l’apprentissage des élèves à penser par eux-mêmes et avec les autres.
Concernant la sélection de cette année, le collège Guilleminot de Dunkerque s’est notamment attaché à travailler avec tous les élèves de 6e, la lecture collective à haute voix impliquant ainsi des travaux de groupe sur l’expression orale et l’articulation. Cet entraînement sur le long terme suscite beaucoup d’engouement auprès des élèves. Dominique Descamps, auteure-illustratrice du Corbeau et le fromage, a qualifié leurs prestations de cadeau lors de sa venue au collège. Elle a présenté l’original, véritable livre d’artiste, expliqué son travail et proposé un atelier gravure sur plaque de linoléum, technique utilisée dans son album.
Au collège Notre Dame de Wormhout, l’album Os court ! a été exploité pendant la Semaine de la Presse avec un travail de réalisation de Une de journal inspiré par une illustration du livre. De son côté, la professeure de SVT s’est emparée des deux albums Moabi et Attends Miyuki pour travailler d’un côté sur l’homme et le bois et de l’autre sur l’éclosion de la fleur, la consigne étant pour chaque élève d’élaborer une page « encyclopédique » sur le sujet.
Des compétences inhérentes à l’EMI trouvent ainsi leur place dans les activités proposées aux élèves : maîtrise d’un logiciel de recherche documentaire, des différentes étapes de la recherche, développement d’un esprit critique, de l’argumentation, de l’écriture créative…

Partenariats

Le prix Nénuphar ne peut exister sans les nombreux partenariats établis, car ce prix ne se vit pas qu’à l’intérieur des établissements scolaires. Pour chaque titre, un atelier est proposé hors temps scolaire et à un public volontaire.
Depuis sa création, la ville de Dunkerque a soutenu le projet en apportant une aide financière. Nous avons répondu à des appels à projets qui ont fait écho aux orientations de la politique culturelle de la ville. Ces financements ont permis une communication plus professionnelle : affiches, site internet, marque-pages. C’est aussi la possibilité d’organiser la venue d’auteurs dans des établissements scolaires et des bibliothèques. Antoine Guilloppé fut ainsi le premier d’entre eux venu à la rencontre des jeunes Dunkerquois qui avaient lu l’album Little man.


Un programme européen intitulé Global Schools, des classes ouvertes sur le monde, porté par la ville de Dunkerque, a permis d’inviter Mickaël El Fathi et Pierre Cornuel, respectivement auteurs-illustrateurs des albums Moabi et Le Héros. Ces derniers ont animé des ateliers en classes d’école élémentaire et en bibliothèques. Autre partenaire également et pas des moindres, le réseau des bibliothèques nous accompagne dans la construction d’ateliers en prêtant des espaces, en accueillant et en finançant partiellement ces rencontres : atelier d’origami autour de l’album Attends Miyuki, atelier Slam autour de Toc Toc Toc. Papa où es-tu ?
Le cinéma d’art et essai Studio 43 a participé au projet en offrant la possibilité de créer un mini-film d’animation exploitant ainsi l’album Os court ! La librairie La Mare aux diables de Dunkerque fait également complètement partie de l’aventure en nous faisant des propositions et en mettant à disposition les albums. Les auteurs sont aussi allés à la rencontre des lecteurs en librairie grâce à des séances de dédicaces dans cette librairie partenaire, cette dernière assurant le financement du transport. Des lieux culturels comme La Halle aux sucres et son Learning Center ont été le cadre d’ateliers gravure animés par l’artiste-graveur Benjamin Bassimon (album Le Corbeau et le fromage). En variant les lieux d’accueil dans différentes structures (citons aussi le théâtre Le Bateau Feu) nous amenons les jeunes à connaître le territoire dunkerquois et son offre culturelle.

Difficultés rencontrées

Bien que nous ayons reçu des subventions et des aides, celles-ci sont restées insuffisantes et ne sont pas pérennes dans le temps. La communication a un coût que les seules adhésions à l’association ne peuvent couvrir : l’hébergement du site internet implique un paiement annuel, les affiches nécessitent les services d’un graphiste et d’un imprimeur. Pour la quatrième édition du prix (2017-2018), nous encouragerons fortement les établissements qui s’inscrivent à adhérer à notre association. La question de l’inscription payante au prix Nénuphar se pose encore sans qu’aucune décision n’ait été prise à ce jour.
Un autre problème rencontré est celui du coût des albums (limité certes à 100 € environ la série) qui peut poser problème à certains établissements qui voient leur budget pédagogique réduit. Il nécessite de répondre à des appels à projets émanant notamment des collectivités territoriales. Des accords peuvent cependant être trouvés avec des bibliothèques qui mettent les livres à disposition des écoles ou des collèges.

Le site, la page Facebook et l’association

Dès la première édition, il nous a paru évident de partager cette idée de prix avec d’autres établissements que les nôtres. Il fallait donc en parler, se faire connaître et mettre en place une vraie communication digne de ce nom… ce prix auquel nous sommes attachées se devait de dépasser les frontières de l’agglomération dunkerquoise. En faire profiter le plus grand nombre a été rapidement notre premier objectif. Sophie, professeure documentaliste devenue webmaster, a conçu et réalisé le site (www.prixnenuphar.fr) qui présente le prix et notre équipe, définit les modalités de participation, donne un éclairage sur la sélection, les auteurs et illustrateurs de l’année (des interviews réalisées par nos soins sont mises en ligne). Le site établit également le calendrier et offre des documents à télécharger (bulletins de vote, macarons, plaquette de présentation). À nos yeux, son point fort est de proposer de nombreuses ressources et pistes de travail ; c’est un outil que l’on veut collaboratif et qui relie des passeurs de livres pour mieux mutualiser travaux et expériences. C’est pourquoi nous encourageons les professionnels qui inscrivent leurs classes à partager avec nous documents de travail et expériences.
La page Facebook est un deuxième vecteur d’informations. C’est le lieu des partages de ce qui a été fait autour des albums dans les classes, les structures ou les clubs inscrits. Un peu timide au départ, car il n’est pas toujours aisé de montrer ce que l’on a fait, les échanges se multiplient lors de cette troisième édition.
Nous avions également besoin d’un cadre administratif et c’est ainsi que l’association a vu le jour en décembre 2014 afin de pérenniser ce prix littéraire.

Les vacances

L’amour, toujours l’amour…

Allez, on commence par le gros cliché des vacances : la rencontre amoureuse ! Combien d’idylles, mais aussi de cœurs brisés sur la plage, au camping ou dans un refuge de montagne ? Car l’amour se cache souvent là où on ne l’attend pas. C’est ce que va découvrir Théo dans le roman La Fille aux yeux de jade1, de Charlotte Gindras. À la mort de sa tante, le jeune homme hérite d’une maison dans une île aux Eiders. Et c’est là, dans un endroit qui lui semble très inhospitalier au premier abord, qu’il fera la rencontre de Jade ; une rencontre qui va bouleverser sa vie. Une idylle magnifique, sur fond de paysages de rêve, de couchers de soleil, dans une sorte de bulle hors du temps.

De belles vacances en perspective également pour Marion, lors d’une sortie découverte dans les forêts jurassiennes. Là-bas, au cœur des paysages romantiques bordant les lacs, la jeune fille n’a qu’une seule pensée en tête : le beau Clément… Mais l’amour n’est pas toujours simple, et le jeune homme semble plutôt s’intéresser à une autre jeune fille. Le romantisme des montagnes comtoises va-t-il agir ? Vous le saurez en lisant Rendez-vous sur le lac2, de Cathy Ytak !
Marie-Liesse, quant à elle, passe ses vacances bien loin des forêts jurassiennes, à Berlin, dans le roman Trois baisers3 de Maïté Bernard. La jeune fille participe à un échange entre orchestres de lycéens. Loin de chez elle et de ses repères, la jeune fille est déboussolée, d’autant qu’elle rencontre un mode de vie éloigné du sien. Aussi, lorsqu’elle reçoit un baiser amoureux d’une jeune fille, elle ne sait plus quoi faire… Une magnifique histoire sur l’amour, l’adolescence, la découverte de l’autre et de ses différences.
Magnifique histoire également que celle de Sandro, dans Le Secret4 d’Anita Van Belle. Au bord d’un lac italien, le jeune garçon est en proie au doute et au tourment. Son meilleur ami, Giuliano, est amoureux d’une jeune fille. Sandro se sent trahi et abandonné, et ne comprend pas vraiment pourquoi. Ses sentiments semblent lui échapper. L’amour est-il en train de naître pour son ami ? Un roman d’une grande puissance sur une relation amoureuse et homosexuelle qui chamboule le jeune homme. Une ambiance de vacances envoûtante sous un soleil italien écrasant. Tout simplement magnifique.

Improbables rencontres

Car oui, en vacances, loin de la routine et du train-train quotidien, la vie nous réserve souvent des rencontres inhabituelles, un peu folles, mais qui peuvent se révéler très enrichissantes. Dans L’Été en tente double5 de Jean-Luc Luciani, deux jeunes gens que tout semble opposer vont lier connaissance dans le milieu très fermé… d’une tente ! Elle, elle est exubérante, se gave de bonbons, et rien ne semble pouvoir l’arrêter de parler. Lui, au contraire, ne parle pas… Un roman pour nos plus jeunes lecteurs.
Rencontre étonnante également que celle de Sofiane et Régine, dans Perdus de vue6 de Yaël Hassan et Rachel Hausfater. Quand une vieille dame niçoise, riche, exigeante, rencontre un jeune homme des cités, la rencontre pourrait être explosive. Mais les deux vont apprendre à se connaître, à s’enrichir de leurs différences, et c’est finalement une magnifique histoire d’amitié qui naît. Un roman indispensable que l’on pourra conseiller aux professeurs de lettres pour une étude en classe.
Si les vacances sont une occasion parfaite pour rencontrer d’autres personnes, elles le sont également pour se rencontrer soi-même.

Dans le roman Kilomètre zéro7, Vincent Cuvellier nous raconte l’histoire de Benjamin, qui part en vacances avec son père. Quoi de mieux que la randonnée pour se découvrir soi-même et apprendre à mieux connaître les autres ? Ce séjour permet ainsi au père et au fils de se retrouver, au-delà de leurs différences.
Un voyage introspectif que nous propose également le puissant roman de Sharon Creech, Le Voyage à rebours8. Une jeune fille part pour un long road-movie sur les routes américaines en compagnie de ses grands-parents. Ce voyage la fera réfléchir sur son passé, sa vie, son avenir. Une histoire magnifique qui marque le lecteur pour longtemps.
Quant à Belly, les vacances seront pour elle l’occasion de découvrir les changements de l’adolescence, les amitiés enfantines qui se défont, l’amour qui s’en mêle et complique tout. Car ce n’est pas simple de devenir adulte. Les vacances des enfants semblent tellement simples… L’Été où je suis devenue jolie9 de Jenny Han est un très beau roman qui remporte un large succès dans nos rayonnages.

Il est vrai qu’en vacances on rencontre l’amitié, parfois l’âme sœur, mais aussi bien souvent son passé. Revenir sur les traces des vacances de son enfance… réservoirs inépuisables de madeleines de Proust ! Dans le photo-roman Qui vive ? 10, de Jean-Philippe Blondel et Florence Lebert, Léo découvre une série de photographies qui le plongent dans le passé de son père et l’entraînent à Soukhoumi, une ville côtière de Georgie, au bord de la mer Noire. Peu à peu, il reconstitue une magnifique histoire vécue par son père. Un formidable roman, nostalgique, dans lequel photographies et textes cohabitent à merveille.
Le passé est également au cœur de Rendez-vous à la Datcha11, de Marie Bertherat. Mouchka est la fille d’un restaurateur du quartier de Montparnasse ; deux rencontres vont faire basculer ses vacances : celle du journal secret de sa mère et celle de Gabriel, qui travaille dans une boutique d’antiquités. Les deux jeunes gens se découvrent de bien nombreux points communs en explorant leur passé…

À l’aventure !

Souvent synonymes d’introspection et d’amour, les vacances riment également très souvent avec aventure ! Chez Thierry Magnier, la série Les Cousins Karlsson12 de Katarina Mazetti nous fait partager les aventures d’un groupe de cousins passant leurs vacances sur une île suédoise où, entre enquêtes et fantômes, espions et voleurs, tout est réuni pour combler leur soif d’aventures ! Une série qui plaît à nos jeunes lecteurs.
Ces derniers aimeront également le roman Et si on allait à la mer ? 13 de Cécile Couprie et Gérard Magro. Un matin en partant à l’école, un grand-père décide finalement de ne pas prendre la route habituelle et d’emmener sa petite troupe à la mer ! Une petite parenthèse de vacances dans la routine quotidienne.

Une routine que ne vont pas connaître les élèves dans La Classe de mer de Monsieur Ganèche14, de Jérôme Bourgine. Quand une petite troupe d’enfants et de pré-ados bien turbulents se retrouve sur un ilôt breton, on pourrait craindre le pire. Mais Monsieur Ganèche le sait, il pourra tirer d’eux le meilleur. Et le meilleur, il en aura bien besoin pour affronter les trafiquants d’animaux qui sévissent sur l’île.
Parfois, l’aventure peut vite virer au drame. Dans la série Brigades Sud, de Jean-Luc Luciani, Inès rejoint à chaque vacances son père, policier à Marseille. Et à chaque fois c’est la même chose : au lieu de gentiment bronzer sur la plage et se promener dans les calanques en compagnie d’un charmant jeune homme, la jeune fille se retrouve au cœur d’affaires compliquées et périlleuses. Dans l’opus Clic mortel15, Inès découvre ainsi que son père est enfermé dans un aquarium qui se remplit d’eau à chaque clic sur un site internet… Pas franchement des vacances de rêve.
Beaucoup de suspens également dans le roman de Carole Martinez, L’Œil du témoin16. Au plus profond des forêts vosgiennes, deux jeunes ados sont témoins d’un meurtre et vont enquêter dans le village ; un loisir peu habituel pour des vacances, et surtout pas sans danger !

Pour Maxime, l’aventure prend une tournure bien plus angoissante dans le roman de Roland Godel, Prisonniers du chaos17. Envoyé quelque part dans une île du Sud, le jeune garçon est hébergé dans une famille au pied des montagnes. Lors d’une randonnée, les éléments se déchaînent et tous trois se retrouvent prisonniers de la montagne… Un huis clos angoissant et stressant.
Angoisse également pour cinq adolescents en « décrochage » partis en randonnée avec Jeff, leur éducateur, dans le roman La Randonnée18 de Christophe Léon. Peu après le départ, ce dernier disparaît… Commence alors une interminable recherche dans une forêt de plus en plus hostile. Glaçant.

Les incontournables

Pour terminer, voici nos deux incontournables de cette sélection. Tout d’abord, un recueil de nouvelles : Sauve qui peut les vacances !19, publié chez Thierry Magnier. Quand les vacances dérapent, que rien ne se passe comme prévu, quand elles nous réservent le pire… mais aussi le meilleur ! Les auteurs de ce recueil nous plongent dans leurs souvenirs de vacances, et on adore !
Enfin, mon vacancier préféré, Gaspard. Alors lui, il gagne la médaille d’or du vacancier le plus drôle. Dans Si par hasard c’était l’amour20, de Stéphane Daniel, le jeune homme part en vacances dans le Sud. À lui le glamour, les plages, les belles filles ! Mais le destin en décide autrement : la voiture tombe en panne à Fonlindrey, un village bien paumé quelque part dans l’Est de la France. L’horreur, la cambrousse et les vacances virent au cauchemar ; mais très vite, Gaspard découvre que les filles du coin sont plutôt pas mal ! Un roman plein d’humour. Finalement, c’est pas si mal, la rase campagne !

Allez, les prochaines vacances ne sont plus si loin !

Les contenus pédagogiques de l’information-documentation

Ce changement nécessaire vers une dénomination nouvelle souligne notre héritage commun sans remettre en question les différents axes de mission des professeurs documentalistes. Les orientations de l’association professionnelle pour 2016 sont d’ailleurs claires dans la prise en charge de dossiers qui couvrent l’ensemble de nos axes de mission3. Mais c’est aussi rappeler, avec conviction, que le professeur documentaliste est professeur certifié en Documentation, avec des apprentissages dont il a la responsabilité, pour les savoirs de l’information-documentation notamment lorsqu’ils se réfèrent à la « culture de l’information et des médias ».
Cet intérêt pour la réflexion sur les savoirs de l’information-documentation a motivé une activité importante pour l’association professionnelle dans le contexte spécifique de la réforme du collège, depuis 2013. Au-delà des difficultés rencontrées dans le positionnement peu explicite de l’institution pour aider à la mise en œuvre de ces apprentissages, nous proposons ici de faire le point sur les propositions de l’A.P.D.E.N., en nous appuyant sur les conclusions tirées du Congrès 2015 de Limoges qui portait sur « enseigner-apprendre l’information-documentation ». Cela nous permettra de présenter nos perspectives pour 2016, en relation avec la diversité du métier.

2013-2015 : des pistes concrètes pour l’École de demain

Après le Congrès 2012, un nouveau chantier majeur s’est présenté à l’association professionnelle : la refondation de l’école de la République, pour laquelle la loi d’orientation et de programmation du 8 juillet 2013 a donné de grandes lignes, dont l’intégration d’une éducation aux médias et à l’information au collège4. Dans le respect de l’histoire et de l’évolution de la profession, l’A.P.D.E.N. a poursuivi ses réflexions dans ce contexte particulier en vue d’apporter des propositions concrètes auprès des interlocuteurs institutionnels, notamment la DGESCO et l’IGEN-EVS, mais aussi auprès du Conseil supérieur des programmes (CSP).
Amorcée en 2003, à la faveur de l’évolution des pratiques pédagogiques des professeurs documentalistes et de l’intérêt de la recherche en Sciences de l’information et de la communication et en Sciences de l’éducation, l’idée du curriculum, défendue devant le CSP, bénéficie aujourd’hui d’une assise théorique forte, doublée d’une attente réelle des praticiens. Approfondie entre 2007 et 2010 par le GRCDI, groupe de recherche sur la culture et la didactique de l’information, cette idée de curriculum appliqué à l’information-documentation s’est vue enrichie d’une publication essentielle, le rapport « Culture informationnelle et didactique de l’information », comprenant douze propositions pour l’élaboration d’un curriculum en information-documentation5. Dès 2007, ce travail s’est accompagné d’une plateforme, le Wikinotions Info-Doc, permettant de formaliser la didactisation de notions considérées comme spécifiques à l’information-documentation. En 2013, après un changement de plateforme, le travail a été poursuivi avec l’outil MediaWiki. Dans un premier temps, nous avons augmenté le nombre de notions essentielles, passant de 64 jusqu’à 100 en 2015, considérant en particulier les enjeux nouveaux relatifs au développement de l’information numérique, de la documentation sur Internet, avec l’apparition de la documentation de soi qui se fait jour à travers les notions d’identité numérique ou de trace numérique par exemple. Ainsi, au-delà de ce qui faisait le corpus info-documentaire, inscrit dans le Web à la fin des années 2000, plusieurs notions sont venues, à notre sens, augmenter cet ensemble, et en conséquence notre travail didactique et pédagogique, au sujet de la présence de l’individu en ligne, des nouvelles formes de publication, des techniques numériques de documentation. Afin d’accompagner cette évolution, le Wikinotions Info-Doc s’est vu agrémenté de liens vers des séquences pédagogiques en ligne ainsi que d’une sélection de références bibliographiques et webographiques, dont le but est de soutenir la formation des collègues.
Selon cette même logique, dans la continuité des travaux antérieurs, l’A.P.D.E.N. a entrepris en 2013 la conception d’un curriculum en information-documentation, pour lequel la réflexion et la conception se sont appuyées sur les publications du GRCDI en 20106. Ce sont onze chapitres répartis dans trois parties. La première intéresse le cadre théorique selon lequel a été pensée la construction du curriculum. Elle s’appuie sur l’apport croisé des contextes politique et scientifique, des ressources disponibles, en supposant une inscription nécessaire dans les travaux relatifs à la translittératie et dans ceux liés à l’évolution psychologique de l’enfant, en regard des notions info-documentaires à leur transmettre. La deuxième partie consiste en l’analyse de l’existant dans les programmes scolaires, encore applicables en 2015, à savoir les programmes de 2008, non seulement pour améliorer les contenus des textes, mais aussi pour envisager les possibilités de collaborations, essentielles pour les professeurs documentalistes. La troisième partie présente des perspectives concrètes, réalistes, avec des propositions de programmes, en collège et en lycée, ainsi que des réflexions sur l’évaluation des apprentissages info-documentaires et sur l’organisation de cet enseignement.
Publiée en mai 2015, l’enquête diagnostique des connaissances en information-documentation des élèves du secondaire en France est venue conforter le principe d’apprentissages systématiques en information-documentation, pour les élèves7. À partir d’une mesure fine des connaissances des élèves à différentes étapes de leur scolarité, les auteurs proposent des pistes pédagogiques intéressantes et enrichissantes pour la profession. Ces pistes, ainsi que les propositions de programmes, mises à jour, dans le cadre du curriculum, ont été publiées en décembre 2015 dans le no 15 de Médiadoc8, revue professionnelle éditée par l’A.P.D.E.N.

Octobre 2015 : le 10e Congrès des professeurs documentalistes et ses leçons

Le 10e congrès des professeurs documentalistes, qui s’est tenu en octobre 2015 à Limoges, fut l’occasion de prolonger, dans un esprit de partage, les réflexions sur les contenus de l’information-documentation en lien avec l’éducation aux médias et à l’information. Organisé par l’A.P.D.E.N., ce congrès, qui donnait voix aux chercheurs et aux professionnels, dans les CDI, a été riche d’enseignements et nous conforte dans la poursuite d’une prospective didactique et pédagogique9.
Les communications ont rappelé, une nouvelle fois, les nombreuses possibilités de créer des liens entre théorie et pratique, entre chercheurs en Sciences de l’information et de la communication, formateurs en ESPE, formateurs auprès des instances académiques et professeurs documentalistes. Le congrès fut l’occasion de rencontres multiples, sans autre événement de ce type au niveau national. Dans les amphithéâtres et dans les grands espaces de la faculté de Droit de Limoges, auprès de nombreux partenaires qui ont permis la tenue de ce congrès, l’association professionnelle du Limousin et le Bureau national ne peuvent être qu’heureux de ces remarquables échanges.
Le congrès doit être, avec des apports aussi riches, une assise pour continuer de formuler des propositions, pour les collègues et nos interlocuteurs institutionnels. Au cours de ces trois jours, plusieurs pistes de réflexion et d’action sont ressorties :
• Mieux considérer la spécificité des notions de l’information-documentation et les liens avec les autres domaines d’enseignement.
• Garder de la distance avec des expressions nouvelles dont la définition n’est pas claire et les contenus non fermement établis, ainsi autour de l’éducation aux médias et à l’information (EMI), afin de pérenniser les apports théoriques et pratiques en information-documentation.
• Questionner les liens entre l’information-documentation et l’éducation aux médias et à l’information (EMI).
• Insister sur les modes pédagogiques variés, pour la transmission de savoirs en information-documentation, et sur l’intérêt de pédagogies actives, d’investigation, etc.
• Ne pas perdre de vue, dans la société contemporaine, l’intérêt de la notion de documentation autour de la documentation de soi en particulier.
• Donner un élan supplémentaire pour que l’ensemble des notions associées au numérique, autour de l’information et de la documentation, soient effectivement considérées comme des notions relevant de l’information-documentation à travers des formations initiales et continues spécifiques.
• Prendre la mesure d’un intérêt, dans les apprentissages, de la culture informationnelle des élèves en tant qu’enfants à travers leurs pratiques et leur développement personnel.
• Insister sur la nécessité d’une progression des apprentissages info-documentaires et de leur évolution : ne pas maintenir le principe d’apprentissages seulement présentés à l’entrée du collège ou du lycée, ne pas s’en tenir à la recherche documentaire.

La suite : un curriculum à conforter, à mettre en pratique

La mise en valeur du rôle pédagogique des professeurs documentalistes – apprentissages menés de manière autonome, collaborations pluridisciplinaires, progression proposée selon des modalités et des méthodes pédagogiques variées et mises en pratique accompagnées au CDI dans des projets construits ensemble avec les autres enseignants – se nourrit de ces réflexions sur les contenus pédagogiques, bien entendu. Face à la mise en place par le Ministère de l’Éducation Nationale d’un référentiel en éducation aux médias et à l’information (EMI) qui s’avère non opératoire tant il suppose la dispersion, l’absence d’identification de notions et l’absence de progression, nous sommes amenés à développer une voie parallèle, afin d’œuvrer pour l’acquisition de ces savoirs par nos élèves. Déjà, certains collègues ont développé leur propre curriculum, parfois inspiré des travaux de l’A.P.D.E.N., comme on l’observe dans l’enquête de 2016 relative aux obligations réglementaires de service, enquête dans laquelle plusieurs items portaient sur la question essentielle de l’évaluation10.
C’est dans ce sens que la publication Vers un curriculum en information-documentation, a été mise à jour dans le cadre d’une deuxième édition en décembre 2015. Cette édition permet de prendre en considération l’évolution du contexte politique, mais aussi scientifique. Un travail de correction, pour une meilleure lisibilité, a été effectué autour des chapitres 8 et 9, à la fois au niveau des savoirs, mais aussi et surtout au niveau des observations et propositions relatives à l’application pédagogique. Cette nouvelle édition prend ainsi en considération les propositions de l’enquête diagnostique sur les connaissances des élèves en information-documentation, les propos développés lors du Congrès de Limoges, mais aussi les travaux développés en 2015, en particulier dans l’académie de Toulouse avec le développement d’une matrice EMI qui comprend une partie spécifique à l’information-documentation11. En 2016, le travail porte autour de la mise en valeur des modalités et pistes pédagogiques, mais aussi de l’évaluation. Dans cette optique, le curriculum et le Wikinotions Info-Doc sont à exploiter en tant qu’ outils tutoriels dont la finalité est d’aider les collègues à prendre en main ces publications dans l’optique de construire des séquences pédagogiques originales12.
Par ailleurs, la plateforme collaborative Wikinotions Info-Doc continue d’être alimentée et corrigée13. Elle compte 102 articles qui traitent de 102 notions essentielles en information-documentation. Pour chaque notion, on en présente les caractéristiques, des formulations de définitions réfléchies selon le niveau de l’élève, pour l’élève, puis des exemples et contre-exemples afin d’aider à la construction de la notion. Enfin, des pistes pédagogiques et références sont présentées en fin d’article. Ce sont, en tout, plus de 70 séquences pédagogiques qui ont été sélectionnées et rendues disponibles sur différents sites web, accessibles par niveau et par notion. Un recensement de près de 280 références, de plus de 160 auteurs différents autour de l’information-documentation a également été mis à disposition, références classées par auteur (avec une notice biographique) et par thème, puis distribuées dans chaque notion correspondante. Le travail en 2016 porte autour de l’organisation des notions, de la recension continuelle de séquences pédagogiques en ligne, selon les propositions publiées sur les blogs de professionnels ou sur les sites institutionnels comme Eduscol.

Conscients que les temps d’intervention pédagogique du professeur documentaliste peuvent être remis en question, en collège, par certains des textes qui encadrent la mise en œuvre des enseignements, nous restons convaincus de la nécessité de développer les réflexions et propositions concrètes qui soutiennent notre légitimité et notre action quotidienne pour les élèves. Il ne s’agit pas de limiter l’activité du professeur documentaliste à des séances pédagogiques, mais de préciser ses qualifications et de faire en sorte qu’il puisse les développer tout au long de sa carrière en bénéficiant de formations continues évolutives et plurielles. L’enjeu est ici de garantir une progression en information-documentation pour l’ensemble des élèves, fondée sur une responsabilité collective alors que 85 à 90 % des professeurs documentalistes qui exercent en collège ou en lycée général et technologique proposent au moins quatre heures de séances par semaine14.