Un Club-Lecture et ses coups de cœur

Ils les ont fait rire…

Face à un livre, nos jeunes lecteurs adorent les émotions fortes. Ils aiment frissonner, pleurer… ou éclater de rire. Parmi les livres fréquemment cités, Si par hasard c’était l’amour1, de Stéphane Daniel, est plébiscité. Les aventures de ce jeune garçon, parti pour passer des vacances glamour dans le sud de la France, et qu’une panne de voiture immobilise plusieurs jours dans un petit village perdu de l’Est de la France, ont le pouvoir de faire éclater de rire nos lecteurs. Situations cocasses, humour décalé et franchement bien vu, tout est réuni dans ce roman pour une franche rigolade.
Le Jour des poules2, de Florence Thinard, réussit à divertir les plus jeunes de nos lecteurs. Une famille se lance dans l’élevage de poules, et découvre que ce n’est pas si simple que cela… Et que les voisins ne sont pas forcément enchantés… Beaucoup d’humour pour une histoire à conseiller aux élèves de 6e.
Beaucoup d’humour également dans le roman Encore heureux qu’il ait fait beau3, de Florence Thinard également. Un jour, sans que personne ne comprenne vraiment ce qu’il se passe, une bibliothèque se retrouve en plein milieu de l’océan… Elle divague sur les eaux, et personne ne peut plus en sortir. Un huis clos dans lequel tous les usagers de cette bibliothèque vont devoir cohabiter, avec plus ou moins de facilité. De l’humour, de l’émotion, un cocktail gagnant, car ce roman est largement plébiscité par les lecteurs.

Ils les ont fait pleurer…

Si certains romans arrivent à nous tirer des larmes de rire, d’autres peuvent submerger le lecteur d’émotion. Nos jeunes lecteurs ont particulièrement apprécié le roman Reste avec moi4, de Christian Montella. Dans une plantation d’abricots, en plein été, Gabriel travaille avec ardeur. Mais lorsqu’il aperçoit une mystérieuse jeune fille au balcon de la propriété, son cœur s’emballe. Et celui du lecteur se déchire à la lecture… Un roman superbe et riche en émotion.
Une émotion que nos lecteurs ont également ressentie à la lecture du roman Le Chat aux yeux d’or5, de Silvana de Mari. On y suit l’histoire de Leila, jeune fille italienne très pauvre, qui vit difficilement son entrée au collège, elle qui vient d’une école d’un quartier très défavorisé. Mais lorsqu’elle voit un chat noir aux yeux d’or, sa vie va être bouleversée, et entraînera le lecteur au cœur de l’Histoire… Une ambiance envoûtante pour ce roman incontournable.
Et nos lecteurs ne peuvent pas parler de tristesse sans évoquer Sous une pluie d’étoiles6, de Camille Brissot. L’histoire d’une amitié, celle de Victor et Juliette. Ils sont amis. La vie de Juliette ne tient qu’à un fil… Et ils vont tout faire pour rendre plus belle la fin de ses jours. Tout en pudeur et en subtilité, un roman qui ne plonge pas dans le mélo, mais soulève une émotion intense, qui va crescendo jusqu’à la dernière ligne… Sublime.

Ils les ont fait réfléchir…

Lorsque l’on parle de livres, au Club-Lecture, force est de constater que les élèves réfléchissent beaucoup sur ce qu’ils lisent. Les romans abordant des sujets de société figurent en bonne place dans leurs choix. Parmi ceux-ci, on notera le roman Entre chiens et loups7, de Mallorie Blackman, ainsi que les trois volumes qui suivent. Une réflexion sur le racisme, la vie en société, les discriminations, que nos lecteurs dévorent.
Parmi leurs choix, le roman Qui va loin revient près8, de Christophe Léon, évoque l’esclavagisme moderne, et raconte l’histoire de Kimia, jeune fille originaire du Congo qui passera sept ans dans un appartement parisien comme bonne à tout faire. Quant au roman Gladys et Vova9, il narre l’histoire de jumeaux, orphelins originaires du Caucase, qui passeront de familles en orphelinats, tour à tour délaissés, maltraités, et parfois trop aimés. Deux romans, deux histoires d’enfants, qui ont touché nos jeunes lecteurs.
Ces derniers ont également été très impressionnés par le roman Les Fragmentés10 de Neal Shusterman. Ce dernier imagine une société dans laquelle les adolescents, s’ils ne « conviennent » plus à leurs parents, ou si ces derniers ne peuvent plus les supporter, seront « fragmentés ». Leurs organes seront alors redistribués à d’autres, qui en ont besoin pour vivre. Une anticipation qui fait froid dans le dos…

Ils les ont fait voyager dans le temps…

On pourrait penser que nos lecteurs sont allergiques aux romans historiques, il n’en est rien ! Bien au contraire ! Ces derniers sont plébiscités, et très souvent présentés lors des séances du Club-Lecture.
L’une de leurs périodes fétiches est le XVIIe siècle, les romans d’Annie Jay, d’Annie Pietri ou d’Anne-Marie Desplat-Duc font référence dans le domaine. L’un des coups de cœur de cette année est le roman de Tracy Chevalier, La Jeune Fille à la perle11. Embauchée comme servante dans la maison du peintre Vermeer, à Delft, la jeune Griet découvre peu à peu l’atelier du peintre. Cette situation va faire scandale… Un très beau roman, à l’héroïne attachante.
Mélangeant fantastique et histoire dans un cocktail parfaitement dosé, la Trilogie Nina Volkovitch12, de Carole Trébor, remporte tous les suffrages. Nina, jeune fille russe dans les années 1940, s’enfuit de son orphelinat pour retrouver sa mère, considérée comme « ennemie du peuple ». Mais Nina possède des dons particuliers, qu’elle va découvrir au fil de sa quête… Un roman à l’ambiance envoûtante, dans les paysages russes.
Nos lecteurs ont aussi choisi deux ouvrages évoquant la Seconde Guerre mondiale. Tout d’abord, La Valise d’Hana13, une histoire vraie. Celle d’Hana Brady, petite fille dont on découvre l’histoire à partir de sa valise, en provenance du camp d’Auschwitz. Très émouvant. Pour les lecteurs aguerris, le roman Quand elle sera reine14, de Rachel Hausfater, nous emmène sur les pas de Mira,jeune femme que la guerre rend étrangère dans son propre pays. Une histoire particulièrement forte, intense, servie par une écriture remarquable. Un grand moment de lecture.

Ils leur ont fait peur…

Bien entendu, nos lecteurs en herbe aiment frissonner. Mais dans ce domaine, l’exigence est de rigueur. Ils ont donc choisi deux romans particulièrement stressants. Tout d’abord, Les Chiens15, d’Allan Stratton. Un jeune homme, Cameron, et sa mère fuient un père violent et trouvent refuge dans une vieille ferme, dans un coin reculé des États-Unis. Mais très vite, Cameron pense voir un étrange garçon, qui le regarde depuis la ferme. Et l’endroit semble habité par la présence de chiens… Cameron plonge alors dans l’histoire de la maison, qui va lui révéler de terribles secrets… Stressant à souhait !
Le deuxième roman de cette section, L’Étrange Cas de Juliette M.16, nous entraîne au XIXe siècle, en nous racontant l’histoire de la fille du Docteur Moreau. Cette dernière part sur l’île de son père et y découvre ses activités. Un roman glaçant et captivant.

Et le doc, alors ?

Et si le documentaliste terminait par deux coups de cœur également ? Deux livres qui l’ont remué, déboussolé… Tout d’abord, Qui vive ? 17, de Jean Philippe Blondel. Dans cet ouvrage, composé d’un roman et d’une série de photographies de Florence Lebert, nous sommes plongés dans une station balnéaire de Géorgie, Soukhoumi. Un jeune garçon, grâce à des photos reçues, découvre un pan de l’histoire de son père. Tout en émotion et en retenue, un magnifique roman, qui répond à merveille aux photographies.
Et pour finir, le livre choc. La Voleuse de livres18, de Markus Zusak. Un pan de la Seconde Guerre mondiale raconté par la mort… Une écriture virtuose, un récit terrifiant et glaçant. Incontournable.

Voici donc pour les coups de cœur de notre Club-Lecture. Une sélection forcément subjective. Forcément incomplète. Mais tellement réelle ! Bonne lecture à tous!

 

L’addiction aux écrans et sa sous-estimation sociétale

Au mieux, parler d’addiction aux écrans de la jeunesse des pays développés crée la polémique, défraye les chroniques journalistiques, mais n’est pas réellement pris au sérieux par nombre de spécialistes. En France, Le Monde a consacré de nombreux articles aux usages et mésusages d’Internet par les adolescents. Souvent une forme d’angélisme technologique parant le numérique de grandes vertus est servie aux lecteurs comme en témoigne « Le Monde, Culture et Idées » de mai 2014 présentant un dossier « Les ados à découvert »4 avec des titres et contenus très rassurants :
• « L’utilisation d’Internet par les adolescents, c’est l’exercice d’un contre-pouvoir » ;
• « La capacité de ne montrer de soi que ce qu’ils ont envie d’exposer » ;
• « Les jeux vidéo apparaissent comme une autre façon de jouer et les risques restent cantonnés à une très petite minorité. »
La journaliste Katia Vilarasau dans le Fémina magazine du Figaro d’août 2008 déculpabilise les parents qui achètent des jeux vidéo à leurs enfants. En effet, citant divers spécialistes, elle précise que ces jeux favorisent la socialisation, subliment les pulsions agressives, développent l’intelligence5. Le quotidien gratuit 20 minutes, relatant des recherches menées par Lawrence Kutner et Cheryl K. Olson de la Harvard Medical School Center for Mental Health and Media, reprend cette hypothèse tout en mettant en garde les parents, non contre l’abus des jeux vidéo, mais contre les risques de non-socialisation des enfants qui n’y jouent pas6. En réalité, les journalistes ne font que reprendre les avis d’experts ayant leurs entrées médiatiques. Plus de trois ans après la parution de son ouvrage consacré aux jeux vidéo, Qui a peur des jeux vidéo ?7, Serge Tisseron, psychiatre et écrivain, affirmait que les parents ne devaient pas paniquer devant la violence des jeux en ligne et que l’addiction était un phénomène très rare8. De son côté, la sociologue Sylvie Octobre, commentant une étude du National Literacy Trust démontrant la chute de la lecture chez les jeunes Anglais, soutient que les adolescents ne lisent plus car ils utilisent abondamment Internet, mais elle limite le sérieux de la situation en expliquant qu’ils développeraient d’autres compétences9. Par ailleurs, Patricia Greenfield, dans la prestigieuse revue Réseau, affirmait que les jeux vidéo étaient un bon moyen de socialisation cognitive10.
Mais les inquiétudes des parents et des enseignants devant la multiplication d’effets collatéraux dus aux mésusages juvéniles d’Internet et les conséquences tant sur les résultats scolaires, dont la baisse spectaculaire apparaît sous la forme d’un terrible recul de notre pays dans les enquêtes internationales PISA11, que sur des comportements devenus peu sociaux, ont suscité la prise en charge médicale de la cyberaddiction juvénile. La multiplication de centres d’accueil spécialisés depuis 2006, date d’ouverture du premier centre de soin à Marmottan sous la responsabilité du docteur Véléa12 et d’un autre à l’hôpital Cochin, à la maison des adolescents, dite « Maison de Solenn », par le docteur Vachey, prouve que le concept de cyberdépendance ou de cyberaddiction, longtemps nié, devient une réalité médicale admise. Les écrans numériques dans leur ensemble dévorent en effet le temps de nos enfants. Toutefois, la sous-estimation constante de ces faits entraîne la paralysie des politiques publiques.

La cyberdépendance, une approche médicalisée

Effectivement, la question reste ouverte : la cyberaddiction est-elle une addiction au même titre que les addictions avec des substances comme l’alcool, le tabac, les drogues ? Dès le début, ce débat passionné a été généré par les craintes affichées des éducateurs (professeurs et parents) désemparés par une distanciation des liens familiaux et des résultats scolaires en chute libre. Comment admettre et prouver que la dépendance aux jeux vidéo mérite d’être reconnue au même titre que les autres addictions ? La dépendance ne s’arrête plus aux domaines avérés et facilement circonscrits de l’alcool, du tabac et des drogues. Si la vocation et le magnifique travail de Claude Olivenstein13 auprès des drogués ont connu la renommée, la reconnaissance d’une dépendance sans produits était bien plus délicate et difficile à faire admettre au sein du corps médical. Cependant, c’est parmi les médecins et les psychothérapeutes que cette reconnaissance a pris forme. L’évocation d’une addiction sans produit est reconnue à la suite de l’apparition de signes et de symptômes Toutefois, les travaux d’Aviel Goodman repris, en France, par Isabelle Varescon Professeur de psychologie à l’Université de Paris V et auteur de plusieurs ouvrages14, 15 permettent de mieux cerner les caractéristiques de cette maladie. Certes, il est question de jeux, mais de nos jours les jeunes joueurs agissent essentiellement dans le monde virtuel. En 1990, le célèbre psychiatre américain, Aviel Goodman est le premier à déceler, décrire et diagnostiquer de façon scientifique la cyberdépendance aux jeux vidéo selon les quatre critères suivants :
• le jeune cyberdépendant se trouve dans l’impossibilité de résister aux impulsions et à l’attrait du jeu ce qui entraîne la répétition du comportement addictif ;
• il ressent une sensation croissante de joie et de tension à l’approche du jeu ;
• son plaisir et son bien-être se renforcent durant la durée du jeu ;
• et enfin, il perd le contrôle de soi ce qui l’empêche de s’arrêter de jouer dans les limites du raisonnable.
Isabelle Varescon complète cet ensemble par des indices et symptômes supplémentaires. Le jeune addict reste constamment préoccupé par le jeu, de façon obsessionnelle, même en dehors des périodes consacrées aux jeux vidéo. Le jeune joueur, en dépit des meilleures résolutions, ne peut s’arrêter de jouer après un temps fixé. Il tente vainement de réduire, de contrôler et d’abandonner le jeu, mais le comportement devient compulsif. Le temps consacré aux jeux vidéo réduit sa vie sociale, familiale, scolaire et professionnelle. Tout en ayant conscience des enjeux et des perturbations sociales, financières, psychologiques ainsi que de la possible dégradation de son état de santé, le joueur est obligé de jouer plus intensivement pour obtenir un plaisir constant et son comportement s’altère gravement. Cette altération s’accompagne d’agitation ainsi que d’irritation rejaillissant sur son entourage immédiat. L’ensemble de ces symptômes dure plusieurs mois16.
Dans une enquête menée auprès d’adolescents, de préadolescents et de leurs parents, Pascal Lardellier et moi-même avons recueilli de précieux témoignages, parfois poignants, parfois amusants qui confirment tant l’étendue de la cyberaddiction que ses conséquences « déstructurantes » et déstabilisatrices sur le jeune impliqué et sur son propre entourage familial, amical, scolaire, voire sportif17. En effet, l’un des jeunes témoins interrogés expliquait que, non seulement il avait facilement accès à des jeux en ligne réservés aux adultes, mais qu’il avait été aussi sanctionné par ses parents et par l’équipe éducative de son collège à cause de son comportement de plus en plus agressif en classe, surtout à l’encontre des filles, y compris de sa sœur. Cet enfant (12/13 ans) connu auparavant pour son calme, sa pondération, son amour du sport reconnaissait que sous l’influence de jeux violents, il changeait d’attitude vis-à-vis de son environnement social, amical et familial. Abandonnant son sport favori, il admettait qu’il lui était impossible de se contrôler. Ses parents avouaient leur désarroi. Autre exemple plus amusant : à la suite d’une situation semblable qui durait depuis près de huit ans, un adolescent plus âgé (16 ans) a brutalement délaissé les jeux vidéo. Jusqu’alors, rien n’avait pu le convaincre, ni les discussions avec ses parents, avec ses grandes sœurs, avec les enseignants, mais l’arrivée d’une jeune fille bien réelle dans sa vie et un choix douloureux à faire « tu restes avec tes jeux ou tu es avec moi » l’ont finalement déterminé à agir, à s’amender et à en finir avec les écrans. Dernier point intéressant de notre enquête, les filles aussi naviguent et prennent part à cet univers virtuel et violent. Certes, elles sont moins nombreuses, mais elles sont bien présentes.

Des écrans « chronophages » face à la vraie vie

Ce n’est pas un hasard si les premiers à soulever et à identifier le problème de la cyberaddiction ont été les enseignants et les parents. Les premiers ont ressenti peu à peu une sorte de désintérêt de plus en plus grand de la part des élèves pour les activités scolaires. Le proviseur du lycée professionnel Léonard de Vinci à Nantes avoue que la confiscation d’un portable en classe, ne serait-ce que pour une heure, peut très vite dégénérer en confrontation violente entre professeurs et élèves18. Les parents voient leurs enfants s’enfermant de plus en plus souvent dans leur chambre, reliés au monde par l’intermédiaire des écrans (l’hikikomori au Japon). Jean-Luc Vénisse, Professeur de médecine et chef du service d’addictologie du Centre hospitalier de Nantes, considère que les parents ont bien du mal à imposer des limites aux usages constants des outils technologiques de communication et qu’ils se trouvent démunis face à un phénomène récent19. Enfin le Monde Magazine a consacré un dossier intitulé « Ados accros, parents à cran face aux écrans.20 » Toutes les observations concordent, une grande partie de la jeunesse se construit et s’identifie à travers les usages et les mésusages du numérique connecté comme l’affirme Nicolas Oliveri auteur d’un ouvrage comparant les comportements numériques respectifs du jeune Français et de son homologue Japonais, l’otaku21. Danièle Manesse et Danièle Cogis, chercheuses à l’Institut national de la recherche pédagogique, suggèrent que l’usage immodéré des textos (SMS) déconstruit l’orthographe et freine son apprentissage. Pour beaucoup la vraie vie est sur le Net, sur les réseaux sociaux et les jeux massivement collectifs avec l’emploi d’avatars comme dans le Grand Theft Auto ainsi que le soutient le chercheur québécois, Jean-Paul Lafrance, dans son dernier ouvrage La Civilisation du clic.22
Le sommeil fuit, le temps passé devant les écrans devient très inquiétant, car nous avons à faire à un phénomène de masse. Catherine Vincent reconnaît que, d’après une enquête réalisée en 2009 dans notre pays par TNS Sofres, 90 % des jeunes de 12 à 17 ans possèdent un téléphone portable muni d’un appareil photo numérique, 86 % d’entre eux envoient des photos avec leur téléphone, 74 % échangent également des vidéos23. Puis reprenant à son compte une autre étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) de 2012, la journaliste signale que 80 % des adolescents fréquentent un réseau social, 92 % d’entre eux naviguent sur Facebook et autres réseaux, déposant textes, photos intimes, vidéos, musiques pour 74 % d’entre eux24. Ces chiffres expliquent et corroborent les recherches de l’universitaire italienne Enrica Funini auprès d’adolescents italiens de 12 à 14 ans qui passent en moyenne 6 h 30 pour les garçons et 5 h 40 pour les filles devant leurs écrans, ordiphones25 (smartphones), ordinateurs et télévisions. L’utilisation constante de l’ordinateur, l’usage immodéré des messageries instantanées et des jeux en ligne sont des activités « chronophages ».
En 2005, les enseignants français s’inquiétaient en constatant que les adolescents « sont complètement absorbés [par le Net] comme on peut l’être par une drogue ». Didier Amran, professeur au lycée Rodin à Paris, consultant ses élèves sur leurs emplois du temps remarqua que ces derniers passaient plus de 24 heures hebdomadaires sur leurs écrans d’ordinateur26. En 2014, donc très récemment, d’après une enquête menée dans deux collèges de la région parisienne par le réseau « Morphée », 54 % des collégiens utilisent leur téléphone portable durant la nuit. Ils le cachent sous leur oreiller et le mettent sur alerte/vibreur, de façon à être réveillés par une alarme silencieuse, que les parents n’entendent pas, et pouvoir répondre instantanément à leurs amis. Les nuits sont plus courtes, deux heures de sommeil perdues en vingt ans27.
Les échanges massifs via Internet aujourd’hui quantifiés montrent combien la vie actuelle dépend du Réseau des réseaux. Chaque jour, 118 milliards de courriels28 sont transportés par le Net, soit 82 millions de mails par minute ; toujours par minute, 20700 blogs s’affichent, 13400 nouveaux sites apparaissent, 208000 photographies sont postées et 24030 téléchargées, 2,3 millions de requêtes transitent par Google, 1,7 million de contenus sont partagés sur Facebook et 278000 gazouillis sur Twitter. La très grande majorité des échanges sur les réseaux sociaux est l’œuvre de la jeunesse. Le poids des activités numériques des préadolescents et des adolescents est énorme.

Une sous-estimation constante et la paralysie des politiques publiques

Ce phénomène de masse touche aussi le plus jeune âge, les premières navigations sur le Net s’effectuent en effet vers six ans avec l’accompagnement des parents, les premiers pas en solitaire ont lieu vers huit ans. Cependant, le manque de réaction des pouvoirs publics face à une situation plus qu’alarmante ne s’explique que par une véritable paralysie gouvernementale et administrative. La question du « pourquoi » de cette situation mérite d’être posée.
En réalité, il existe au sein de l’élite politique, pédagogique et économique un ensemble de raisons qui entraîne une sous-évaluation des dangers liés aux usages et mésusages intensifs d’Internet par notre jeunesse. Le poids de l’imaginaire numérique, la facilité communicationnelle que permet la distribution d’outils numériques par les élus, et l’importance du secteur économique, autorisent un essai de réponse à l’interrogation posée ci-dessus. Le poids de l’imaginaire numérique issu de la science-fiction américaine (Isaac Asimov, David Bischoff) marque la naissance du « Digital Native » ou de « l’enfant de l’ère numérique » utilisant les outils numériques bien mieux que les adultes, parents ou enseignants.
Isaac Asimov, biochimiste américain, spécialiste des fonctions cérébrales dont l’ouvrage The Human Brain, its capacities and functions édité en 1963 a été traduit en France et publié en 1965 sous le titre Le Cerveau29 est devenu l’un des plus grands auteurs de science-fiction. Tout naturellement, il a conceptualisé, en 1950, « le cerveau positronique » que nous appellerions aujourd’hui « le cerveau électronique ». Tous ses romans de science-fiction ayant trait aux robots suivent un schéma bien précis lié aux trois lois fondamentales de la robotique :
• Première loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ;
• Deuxième loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi ;
• Troisième loi : Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’est pas en contradiction avec la première loi.
Dès lors l’humanité est protégée, les robots ne pouvant pas lui nuire. Bien au contraire, ils aident et éduquent les humains30. Un autre auteur américain d’anticipation permet de lier les concepts de cerveaux électroniques et de la grande supériorité des jeunes dans leur utilisation. En effet, David Bischoff, publie en 1983, War Games. Réussite littéraire, puis succès cinématographique et commercial avec la vente de jeux vidéo, ce livre met en scène le jeune David Lightman. Héros de dix-sept ans, ce jeune homme est un « hacker », un pirate de l’informatique qui domine si bien les ordinateurs et les réseaux qu’à partir d’un ordinateur de son collège, il pénètre dans le réseau de la défense nationale des États-Unis et croyant jouer avec un esprit électronique, déclenche les mécanismes de protection des USA. À la veille d’un affrontement nucléaire entre la Russie soviétique et les États-Unis, David, surdoué de l’informatique, bloque le conflit naissant en dépit de l’incapacité d’adultes, scientifiques ou militaires, ne comprenant pas les mécanismes de la pensée du réseau électronique de la défense des USA. Enfin reconnu par ses professeurs, il devient l’enseignant d’informatique et de jeux électroniques de son collège31 ; accessoirement, il entraîne dans cette aventure la jeune Jennifer et l’on devine la fin. Apparaît dans cet ouvrage un nouveau schéma, celui de l’enfant né à l’époque des ordinateurs. Cette coexistence depuis la tendre enfance avec les cerveaux électroniques lui permet de les dominer facilement là où les adultes se montrent incapables de compréhension. C’est donc à l’enfant d’expliquer aux adultes la manière d’agir et d’interagir avec les machines communicantes
Ce qui aurait pu se limiter à un grand succès de librairie va avoir un impact inattendu sur des scientifiques qui vont reprendre et développer le concept d’une supériorité innée des jeunes utilisateurs d’outils numériques connectés.
Les premières expériences réelles mettant en relation les écoliers, les enseignants et les ordinateurs ont eu lieu, ce n’est pas une surprise, aux États-Unis. L’un des premiers comptes rendus provient de Seymour Papert, mathématicien au laboratoire d’intelligence artificielle du Massachusetts Institue of Technology sous la forme d’un ouvrage dense et complexe Mindstorms children, computer and powerfull ideas édité en 1980. La version française, publiée un an plus tard, porte le titre de Jaillissement de l’esprit, ordinateurs et apprentissage32. La première de couverture de ce livre affiche une image destinée à frapper les esprits. Une petite fille en chemisier rouge travaille devant un ordinateur. Cependant, et c’est ce qui fait la force de cette illustration, l’écran de l’ordinateur est baigné d’une douce lueur bleutée et envoie vers le visage, les yeux et le cerveau de la jeune écolière des lettres, des chiffres et des schémas de couleur jaune nimbés dans une apaisante tache verte. Plusieurs messages restent liés à cette image :
• L’enfant est attentive ;
• Son visage reste serein ;
• Les couleurs émanant de l’ordinateur, le bleu pâle, le jaune pâle et le vert pâle légèrement fluorescents marquent la douceur.
L’enfant, grâce à l’ordinateur devient le bâtisseur de ses propres structures intellectuelles en accumulant un vaste savoir par une communication aisée et agréable avec la machine. Apprendre devient une source de plaisir à l’inverse de l’enseignement scolaire traditionnel qui s’appuie sur la contrainte33.
Un autre auteur anglo-saxon suscite notre attention, Marc Prensky, consultant en éducation proposa en 2001 un nouveau concept, celui de « l’ère numérique » et de ses composants humains.
L’humanité se répartit en deux groupes inégaux, les natifs de l’ère numérique (Digital natives) et les immigrés de l’ère numérique (Digital immigrants)34. Les natifs de l’ère numérique sont nés après 1990, avec l’Internet branché à leur domicile comme dans leurs écoles. En fait, Marc Prensky développe le schéma proposé 21 ans auparavant par David Bischoff, celui de ces enfants accompagnés depuis leur naissance par les technologies de l’information et de la communication. Ils les dominent complètement et se jouent des difficultés d’accès aux sites ou des problèmes posés par l’utilisation des outils numériques. Comprenant les bienfaits du travail en réseau, ils réagissent très rapidement aux informations reçues en passant d’un système à l’autre. Les immigrants de l’ère numérique sont essentiellement les enseignants qui sont nés bien avant l’avènement de l’ère numérique et qui doivent apprendre à travailler avec Internet et les outils informatiques qui leur sont peu familiers, d’où un retard vis-à-vis de leurs élèves qui peuvent ainsi se sentir très nettement supérieurs à leurs maîtres. Les natifs de l’ère numérique devenant les tuteurs des immigrants renversent les rapports entre professeurs et élèves.
Aussi incroyable que cela paraisse, ce concept de « digital natives ou natifs de l’ère numérique » a influencé durant une décennie entière l’ensemble des politiques éducatives du monde occidental. La France, en particulier ses élites, a cédé au mythe du jeune apprenant facilement grâce à l’informatique connectée et devenant le tuteur numérique de ses parents comme de ses enseignants. Dans un rapport parlementaire, le sénateur David Assouline, soutient que « les jeunes sont le fer de lance de la révolution numérique » et qu’ils se servent mieux des outils numériques que les adultes35. Les hauts fonctionnaires ne sont pas en reste, Guy Pouzard en 200036, Jean-Louis Durpaire et Guy Menant37, depuis, ont œuvré en tant qu’Inspecteurs généraux pour que le système scolaire s’empare du numérique.
Devant les bienfaits annoncés, les élus locaux ont massivement investi dans le numérique éducatif, les départements et les régions ont été à la pointe de ces investissements, équipant des salles entières d’ordinateurs en réseaux connectés à Internet, distribuant généreusement tableaux blancs numériques aux enseignants, ordinateurs portables, clefs USB et tablettes numériques aux élèves. À chacune de ces distributions, les élus posent devant le photographe avec l’enseignant devant des élèves attentivement penchés sur les écrans d’ordinateurs ou de tablettes. Ces images sont bien présentes sur les sites officiels des Conseils régionaux ou départementaux38. Le cadre scolaire se prête bien à cette communication autocélébrante analysée par Raphaël Drai39 qui conjugue la pédagogie, la sagacité des élus et les technologies de l’information et de la communication au service des enfants.
Cependant les résultats scolaires des élèves français entrent dans un cycle de baisse constante depuis 1987 (enquêtes PISA), année de l’introduction massive des ordinateurs et des consoles de jeux dans les chambres des enfants. Or la corrélation entre la cyberaddiction et la chute drastique des résultats scolaires n’est jamais abordée dans les discours publics des responsables politiques et pédagogiques. Voici un début de réponse : après avoir tant investi financièrement dans les technologies numériques, il reste bien difficile d’avouer que l’on a fait fausse route afin de revenir à des approches plus raisonnables et plus réalistes. Faire comprendre qu’Internet n’est pas neutre et que les enfants et adolescents peuvent en être victimes n’est pas simple. Catherine Blaya, explique dans un ouvrage récent que 40 % des élèves ont été victimes de cyberharcèlement40. Un exemple bien connu illustre ce propos : le happy slapping, qui consiste à filmer et à poster sur le Net la violente agression par gifles d’un élève choisi au hasard, mobilise les équipes de la vie scolaire dans nos collèges41.
Pourtant les Américains et les Anglais ont admis leurs erreurs taillant dans les dépenses du numérique éducatif. Ils mettent en œuvre une forte politique de prévention42. En France, nous ne sommes qu’au début d’une prise de conscience43.
La paralysie des pouvoirs publics transparaît au travers d’une sous-estimation systématique des dangers des usages juvéniles de l’Internet, par des annonces contradictoires comme les déclarations prévoyant une révolution pédagogique à l’apparition de chaque nouvel outil numérique et par l’éparpillement de mesures préventives diverses telle l’ouverture par le Ministère de l’Éducation nationale d’un site dédié au cyberharcèlement avec des numéros téléphoniques d’appels d’urgence44. Actuellement, vouloir vérifier ces usages numériques juvéniles et le temps passé par les adolescents devant les écrans en menant des enquêtes dans les collèges relève d’une mission très complexe rendue difficile par l’accumulation d’obstacles administratifs. Comment peut-on expliquer ce refus d’analyse, ce rejet des alertes et la stigmatisation des lanceurs d’alertes ? Au-delà des mythes, une autre réponse possible est à rechercher dans le développement du secteur de l’économie numérique.
En effet, Éric Besson, Secrétaire d’État au développement de la France numérique a lancé un ambitieux plan en 2008 : « La France numérique 2012 »45. Le secteur des jeux vidéo occupait une place de choix dans les prévisions, il s’avère sept ans plus tard que c’est l’une des rares réussites économiques françaises. La France est devenue le deuxième producteur au monde de jeux vidéo, le premier pays consommateur d’Europe. Il est hors de question pour les gouvernants et les élus de remettre en cause une industrie nationale qui génère 3 milliards d’€ de bénéfices, 60000 emplois et dont 80 % de la production part à l’exportation46. En fait, le couronnement du plan d’Éric Besson « la France numérique 2012 » a un coût sociétal, la cyberdépendance des jeunes et le désarroi des éducateurs, parents et enseignants, face à la réactivité minimum des pouvoirs publics.

William Shakespeare (1564-1616)

Événements

Programme anniversaire « Shakespeare Live 2016 » lancé par le British Council au niveau international. Expositions, projections, spectacles, colloques autour de la traduction des œuvres de Shakespeare, actions et ressources linguistiques auprès des scolaires anglais ou ceux apprenant l’anglais à l’étranger, un vaste ensemble d’activités partout dans le monde.
www.shakespearelives.org
www.britishcouncil.fr/apropos/presse/shakespeare-lives-2016-monde-entier-celebre (dossier de presse).

Programme culturel londonien. Des spectacles, des concerts (opéras adaptés des œuvres shakespeariennes mais aussi groupes de musique actuels se plaçant sous l’égide du dramaturge), des expositions, des projections et des conférences sont prévues durant l’année 2016 dans divers lieux culturels londoniens. www.shakespeare400.org

Aux États-Unis. « The wonder of will », organisé par la Folger Shakespeare Library, à Washington : trois expositions et de nombreuses manifestations culturelles en 2016.  www.folger.edu/the-wonder-of-will

Congrès/Colloques

21-23 janvier 2016, Paris : « Shakespeare après Shakespeare ». Colloque universitaire autour de l’héritage shakespearien organisé par la Société Française Shakespeare. www.shakespeare.revues.org/3266

Shakespeare 450. Actes du colloque qui a eu lieu en avril 2014 à Paris. www.shakespeare.revues.org/2910

« Shakespeare au risque de la philosophie ». Ce colloque est organisé par l’université de Poitiers, 17-18 mars 2016. philo.labo.univ-poitiers.fr/actualites/colloque-international-shakespeare-au-risque-de-la-philosophie-17-18-mars-2016-2/

Cycle de conférences et de manifestations culturelles organisées en 2016 par l’IRCL. L’Institut de Recherche sur la Renaissance, l’Âge classique et les Lumières (unité du CNRS affiliée à l’Université Paul-Valéry de Montpellier 3) organise de nombreuses manifestations avec notamment la création d’un blog « Shakespeare 2016 en Languedoc » et des rencontres entre enseignants-chercheurs et élèves du second degré. Le programme est en cours d’élaboration. www.ircl.cnrs.fr

World Shakespeare Congress. Du 31 juillet au 6 août 2016, à Stratford-upon-Avon (ville natale de Shakespeare, Royaume-Uni) : « Creating and recreating Shakespeare ». www.wsc2016.info

spectacles

À la Comédie. Roméo et Juliette (mise en scène par Eric Ruf) du 5 décembre 2015 au 30 mai 2016.

Au Théâtre de l’Odéon. Richard III (mise en scène par Thomas Jolly) du 6 janvier au 13 février 2016.

Au Théâtre de Chaillot. Kings of War (mise en scène par Ivo van Hove) du 22 au 31 janvier 2016. Cette pièce retrace les itinéraires d’Henri V, Henri VI et Richard III.

Au Théâtre National de Nice. Shakespeare free style ! Projet pédagogique avec des collèges et des lycées de Nice autour des réécritures de Shakespeare, présentation du spectacle créé par les élèves en clôture du festival en avril 2016.

En tournée en France et en Europe. Le Roi Lear (avec Michel Aumont, mise en scène par Jean-Luc Revol), en 2016.

Globe to Globe. La troupe du Shakespeare’s Globe, le théâtre de Shakespeare à Londres, fait une tournée mondiale pendant deux ans. C’est Hamlet qui est joué dans plus de deux cents pays (le passage en France s’est déroulé en novembre 2015). Le projet s’achèvera en 2016 au Danemark, au château de Kronborg, qui sert de cadre à la pièce de Shakespeare. globetoglobe.shakespearesglobe.com

Royal Shakespeare Company. Cette troupe de théâtre basée à Stratford-Upon-Avon monte chaque année plusieurs pièces de Shakespeare. www.rsc.org.uk

Associations et Lieux culturels

Shakespeare Birthplace Trust/International Shakespeare Association. Site anglais sur les maisons (devenues des musées ou des lieux touristiques) où Shakespeare a vécu, des informations sur le congrès organisé par l’International Shakespeare Association et les actions menées autour de la connaissance de l’œuvre de Shakespeare. www.shakespeare.org.uk/home.html

European Shakespeare Research Association. Groupe de recherche universitaire autour des œuvres de Shakespeare qui organise des séminaires et diffuse des publications sur le dramaturge. www.um.es/shakespeare/esra/index.php

Shakespeare’s Globe (Londres). Le théâtre du dramaturge a été reconstruit à l’identique et est devenu un célèbre lieu culturel londonien. Outre des pièces de théâtre, il accueille également des concerts, des visites scolaires, des événements. www.shakespearesglobe.com

Expositions

À la Bibliothèque Royale du Château de Windsor. Du 13 février 2016 au 1er janvier 2017, l’œuvre et la vie du dramaturge au travers des documents conservés par la famille royale et des créations artistiques inspirées par l’œuvre de Shakespeare. www.royalcollection.org.uk/exhibitions/shakespeare-in-the-royal-library

À la British Library (Londres). Shakespeare in Ten Acts, du 15 avril au 6 septembre 2016. Cette exposition d’éditions originales de Shakespeare, dont le fameux First Folio de 1623, et le seul manuscrit authentifié comme écrit de sa main, accompagnés de peintures, photographies, films et costumes, présentera l’œuvre du dramaturge à travers dix moments clés du théâtre en dix adaptations au fil des siècles de Hamlet. www.bl.uk/shakespeare/articles/coming-soon

En prolongement des événements anniversaires de 2016, la British Library est en train d’élaborer un site qui sera intitulé Discovering Literature (mise en ligne prévue pour le printemps 2016) et qui proposera de nombreux articles universitaires sur Shakespeare et son héritage, mais aussi la numérisation d’un certain nombre d’éditions anciennes de ses œuvres, accessibles en ligne gratuitement.

Colm Feore as King Lear and Sara Farb as Cordelia in King Lear. (Background: Victor Ertmanis) Photo by David Hou.

Dans les programmes

Classes de 5e/Histoire : étude de la Renaissance en Histoire.

Classes de 3e/Français : travail sur une pièce de Shakespeare possible dans le cadre de l’objet d’étude « Théâtre : continuité et renouvellement – De la tragédie antique au tragique contemporain »

Classes de 2de générale/Histoire : étude d’un artiste de la Renaissance dans la société de son temps dans le cadre de « Nouveaux horizons géographiques et culturels des Européens à l’époque moderne : les Hommes de la Renaissance, XVe-XVIe siècles ».

Classes de 2de professionnelle/Histoire : « Les Européens et le Monde, XVIe-XVIIIe siècles : Humanisme et Renaissance ».

Classes de 1re L/Littérature : les deux objets d’étude suivants peuvent être l’objet d’un travail sur des pièces shakespeariennes ou leurs adaptations. « Vers un espace culturel européen : Renaissance et Humanisme » et « Les Réécritures, du XVIIIe à nos jours ».

Classes de 1re et Terminale L/Littérature étrangère en Langue étrangère (LELE) : Plusieurs entrées possibles dans l’œuvre de Shakespeare selon les pistes évoquées par les programmes :
• Jeu de l’écrivain et jeu de l’écriture : l’écrivain dans sa langue, l’écriture comme jouissance esthétique, l’expression des sentiments, la mise en abyme.
• La rencontre avec l’autre, l’amour, l’amitié : les jeux de l’amour, le couple et le double.
• Le personnage, ses figures et ses avatars : héros mythiques ou légendaires, figures emblématiques ;
• L’écrivain dans son siècle : le débat d’idées, l’engagement et la résistance, la transgression, la dérision, l’humour.
• L’imaginaire : l’absurde, l’onirisme, la folie, la métamorphose.

Œuvres de Shakespeare

Liste exhaustive (source : Wikipédia, article sur William Shakespeare).

Tragédies
Antoine et Cléopâtre (Antony and Cleopatra)
Coriolan (Coriolanus)
Hamlet, prince de Danemark (Hamlet, Prince of Denmark)
Jules César (Julius Caesar)
Macbeth
Othello ou le Maure de Venise (Othello, the Moor of Venice)
Le Roi Lear (King Lear)
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet)
Timon d’Athènes (Timon of Athens)
Titus Andronicus
Troïlus et Cressida (Troilus and Cressida)

Comédies
Beaucoup de bruit pour rien (Much Ado About Nothing)
La Comédie des erreurs (The Comedy of Errors)
Comme il vous plaira (As You Like It)
Les Deux Gentilshommes de Vérone (The Two Gentlemen of Verona)
Les Joyeuses Commères de Windsor (The Merry Wives of Windsor)
Le Marchand de Venise (The Merchant of Venice)
La Mégère apprivoisée (The Taming of the Shrew)
Mesure pour mesure (Measure for Measure)
La Nuit des rois (Twelfth Night)
Peines d’amour perdues (Love’s Labour’s Lost)
Le Songe d’une nuit d’été (A Midsummer Night’s Dream)
Tout est bien qui finit bien (All’s Well that Ends Well)

Pièces historiques
Richard II
Richard III
Henri IV, 1re partie, 2e partie
Henri V
Henri VI, 1re partie, 2e partie, 3e partie
Henri VIII
Le Roi Jean (King John)
Sir Thomas More et Edward III : l’origine de ces deux pièces et leur paternité sont sujettes à polémique : ce sont peut-être des œuvres collectives.

Romances tardives
Le Conte d’hiver (The Winter’s Tale)
Cymbeline
Les Deux Nobles Cousins (The Two Noble Kinsmen)
Périclès, prince de Tyr (Pericles, Prince of Tyre)
La Tempête (The Tempest)

Poèmes
La Complainte d’un amoureux
Longs poèmes
Moi et toi jusqu’aux mortels
Le Phénix et la Colombe (The Phoenix and the Turtle)
Pilgrim le passionné
Les Sonnets (1609)
Vénus et Adonis (1593)
Le Viol de Lucrèce (1594)

Édition des œuvres complètes
Traduction et notes de Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet, Gallimard, La Pléiade, 6 tomes. La traduction complète des quarante pièces du dramaturge, en édition bilingue dans « La Pléiade », est presque terminée. La publication du dernier tome est attendue en 2016 pour l’anniversaire de sa mort. Les 6 volumes seront alors disponibles : deux pour les tragédies (publiés en 2002), deux pour les pièces historiques (publiés en 2008), et deux pour les comédies (tome I des Comédies paru en 2013).

Pistes pédagogiques

Organiser une journée Shakespeare. Le 23 avril (date de naissance supposée de Shakespeare mais aussi date de sa mort et fête nationale anglaise) peut être l’occasion d’organiser une journée avec par exemple des brigades théâtrales de quelques élèves qui vont déclamer des passages de Shakespeare en français ou en anglais dans les différentes classes de l’établissement, à l’instar de ce qui se fait déjà pendant le Printemps des Poètes avec les Brigades d’intervention poétique.

Proposer des actions pédagogiques tout au long de l’année en Lettres, en Anglais, en Histoire et en Arts. Alors que les professeurs de Lettres peuvent travailler sur les réécritures et les adaptations multiples des œuvres shakespeariennes dans la littérature ou le cinéma, les professeurs d’Anglais peuvent monter un spectacle théâtral autour des pièces de Shakespeare, les professeurs d’Histoire faire étudier plus spécifiquement la période élisabéthaine aux classes concernées et les professeurs d’Arts Plastiques travailler sur les représentations en peinture des personnages de Shakespeare, l’ensemble en collaboration avec les professeurs documentalistes pour la partie recherches documentaires.

Réaliser une exposition sur Shakespeare entièrement conçue par les élèves. Recherches documentaires au CDI en petits groupes pour recueillir des informations, synthèse et mise en forme pour réaliser des panneaux documentaires illustrés portant sur la biographie du dramaturge, son œuvre, le contexte historique (période élisabéthaine), les personnages, la filmographie et les adaptations des œuvres de Shakespeare, etc.

Écriture d’articles pour le journal de l’établissement. L’article pourrait par exemple proposer un questionnaire sur le modèle « Quel personnage de Shakespeare seriez-vous ? » qui dresserait une typologie de caractères en fonction de certains des personnages principaux choisis dans les pièces du dramaturge.

Iconographie

Les personnages shakespeariens ont beaucoup inspiré les peintres du mouvement romantique au xixe siècle en France et en Angleterre. Nous n’en citerons ici que quelques-uns :
– Les tableaux de Théodore Chasseriau représentant entre autres Macbeth, Othello et Desdémone, ou Roméo et Juliette (musée du Louvre).
– Plusieurs tableaux d’Eugène Delacroix : Roméo et Juliette au tombeau des Capulet, Hamlet et Horatio au cimetière, Hamlet et Ophélie, La Mort d’Ophélie… (musée du Louvre, musée Delacroix, musée des Beaux-Arts de Reims).
– Benjamin-Constant, Hamlet et le roi, 1869, musée d’Orsay.
– Gustave Moreau, Hamlet, 1850, musée Gustave Moreau.
– J.E. Millais, Ophélie, 1851-1852, Tate Britain, Londres.
– Heinrich Fussli, Lady Macbeth somnambule, musée du Louvre.
– Frank Bernard Dicksee, Roméo et Juliette, 1884.

Chronique d’une mort annoncée

Il suffit de lire les différents messages sur les réseaux sociaux pour comprendre notre malaise. Alors que certains souffrent de leurs conditions de travail, d’autres réclament du réconfort. Combien de temps allons-nous encore tenir ? Comment justifier notre existence pédagogique ? Aucun texte, aucune référence ; plus de trace, ni de notre existence pédagogique, ni de notre existence tout simplement. Professeur documentaliste espèce en voie de disparition ?
Comment peut-on exercer et répondre aux missions qui nous sont confiées dans un tel contexte ? Mais qu’avons-nous donc fait pour mériter un tel mépris ? Oui, je le pense vraiment, comment se fait-il que l’institution, le ministère nous ignorent à ce point ? Ignorer notre existence, notre expertise professionnelle à un tel niveau témoigne d’une volonté certaine de nous faire disparaître du paysage pédagogique et éducatif. Nous résisterons, certes, mais combien de temps ? Pour espérer quoi ? Toutefois, notons que la lutte sera longue et acharnée. En témoigne ce que nous pouvons lire de ci de là : invitation à boycotter l’inscription à la Semaine de la presse1, réunion syndicale suivie par plus de cent trente professeurs documentalistes, présence sur la Toile, dans l’édition… nous ne nous laisserons pas effacer du monde éducatif si facilement.
En ce qui concerne InterCDI, nous nous efforcerons de rester au fait des préoccupations professionnelles et de continuer à témoigner des activités nombreuses et variées qui font notre quotidien sur le terrain. Il faut mettre en valeur ce métier qui occupe une place unique et incontournable au sein du paysage éducatif du fait de ses nombreuses spécificités qui en font toute sa richesse.
Au sommaire de ce numéro, une Ouverture culturelle pour être au cœur des événements du quadri centenaire de l’anniversaire de la mort de William Shakespeare. Expositions, films, adaptations musicales, ouvrages, une mine ressources et d’idées. Alors pourquoi ne pas envisager une « journée Shakespeare le 23 avril » ? Un Thèmalire original : « Un Club-lecture et ses Coups de Cœur », cette fois-ci notre chroniqueur a fait « parler » ses lecteurs. C’est l’occasion de plonger au cœur d’un club-lecture pour découvrir les livres qui les ont marqués, impressionnés, émus, retournés, amusés… Des émotions partagées en direct. Belle expérience, merci. « L’addiction aux écrans », l’article de Daniel Moatti ne sera pas sans vous interroger, ni vous apporter quelques éclaircissements sur les nouveaux comportements de nos adolescents. Enfin, la présentation de l’ouvrage d’Anne Cordier, Grandir connectés : les adolescents et la recherche d’information; un ouvrage au cœur de nos préoccupations professionnelles dans lequel Anne Cordier propose une analyse fine de l’accès et de la relation des adolescents à la recherche d’information. Une analyse fondée sur l’observation et le suivi de collégiens et de lycéens pour rendre compte de leurs pratiques réelles. À lire sans faute et à mettre entre toutes les mains. Un numéro qui témoigne de nos multiples spécificités et de nos dynamismes professionnels bien visibles. À bientôt.

Veille numérique 2016 – N°1

Matériel informatique

Fin programmée de la carte SIM ?

Après des pourparlers entre certains géants du secteur de la téléphonie mobile et GSMA (L’association mon­diale des opérateurs de téléphonie mobile), une nouvelle génération de carte SIM embarquée devrait se répandre assez rapidement. Cette carte eSIM est directement intégrée au terminal (smartphone ou tablette) ce qui permet de changer d’opérateur, de forfait ou de téléphone sans changer de carte SIM grâce à un petit logiciel. Le premier à se lancer avec une carte SIM virtuelle est Apple avec son ipad air 2 et ipad mini 3.

Internet et publicité

Stop à la publicité

De plus en plus de municipalités s’engagent à suppri­mer la publicité dans les zones ur­baines en réponse à la pression très forte des citadins excédés. Il en va de même sur Internet, les internautes utilisent davantage de logiciels qui bloquent les publicités comme Adblock plus ou des navigateurs qui incluent la navigation sans publicité comme Firefox.

Firefox encore plus privé

Après avoir été le premier à bloquer les pop-up publicitaires très intrusifs, Mozilla continue de s’attaquer à la publicité. La nouvelle fonctionnalité Tracking protection offre un mode très « private browsing » comme l’affirme Mozilla. La navigation privée classique n’enregistre pas l’historique de navigation et les cookies (enre­gistrement d’identifiants et de mots de passe). Dans la version étendue, les publicités, les boutons des réseaux sociaux et les analyseurs de trafic sont bloqués.

YouTube red

Dès 2016, en France, il sera possible d’utiliser la plate-forme de vidéos Youtube sans aucune publicité. Déjà opérationnel aux USA depuis le 28 octobre 2015,
cet abonnement payant, lancé par la filiale de Google, comprend des contenus exclusifs et le visionnage de vidéos sans publicité. L’offre « premium » coûte 9,99 $ par mois.

Logiciels et applications

Google Drive pour Microsoft Office

Les documents de Google Drive peuvent être ouverts et modifiés dans la suite bureautique de Microsoft Office grâce au plug-in Google Drive pour Microsoft Office. Ceci est un avantage pour ceux qui préfèrent travailler sur Microsoft Office et utiliser Google Drive comme service de stockage.

PDF modifiable sur Word 2016

L’une des principales nouveautés de Microsoft Office 2016 est la possibilité d’ouvrir et de modifier facilement un document à l’extension PDF, ce qui était déjà faisable dans la version 2013 mais plus complexe.

Powerpoint sur les réseaux sociaux

Les diapositives de Power­point sont désormais visibles sur les réseaux sociaux. Grâce au plug-in Social share, partager les slides sur Facebook ou Twitter est un jeu d’enfants. Ce plug-in a été développé par Microsoft Garage, l’incubateur d’applications pour smartphones.

WordPress 100 % Javascript

L’éditeur américain Automattic a re­fondu l’interface d’administration du CMS de WordPress en remplaçant tout le PHP par du Javascript (en dehors du Core). Automattic entend concevoir un site actuel avec modifications en temps réel, sans avoir à recharger la page. Ce projet Calypso, sous licence open source, est disponible sur le site wordpress.org ou via la plateforme Github. WordPress est aujourd’hui le CMS le plus attractif du web surfacique.

Moteur de recherche

La BEI finance Qwant

Annoncé lors de la conférence numérique franco-allemande du 28 octobre 2015, la banque d’investissement européenne finance le moteur de recherche franco-allemand pour un montant de 25 millions d’€. La BEI espère favoriser l’émergence de leader européen sur le marché de l’Internet. En d’autres termes, l’UE veut offrir une alternative à Google aux internautes européens. Par ailleurs, contrairement à Google, Qwant ne conserve pas les données personnelles des utilisateurs. Pour combien de temps ?

Conversations publiques chez Facebook

Le moteur de recherche de Facebook affiche désormais dans ses résultats des conversations publiques issues de son réseau social. Sans nul doute, Facebook cherche à concurrencer Twitter afin que les internautes restent sur la plateforme. Mise en place aux États-Unis, cette mesure s’étendra probablement au reste du monde.

Google accélère avec AMP

En réponse à la lenteur d’affichage des contenus sur les smarphones, Google lance le format « Accelerated Mobile Pages » afin de contrer l’application « News » d’Apple et « Instant Articles » de Facebook. Ce format AMP accélère le web mobile en combinant l’allége­ment de la page et l’utilisation du cache de Google. Cette technologie Open source permettant d’afficher plus rapidement les contenus, s’adresse à l’ensemble du net sur smartphones et tablettes, contraire­ment à Apple et Facebook. WordPress et Les Échos sont parmi les premiers à avoir adopté cette technologie.

Rankbrain : l’IA de Google

Afin d’améliorer ses algorithmes, Google intègre depuis 2015 l’intelligence arti­ficielle dans son moteur de recherche avec Rankbrain. Ce système de Machine learning vise à comprendre le sens des phrases et des mots d’une requête que le moteur de recherche ne connaît pas. Selon la firme, 15 % des recherches sont nettement plus pertinentes grâce à cette IA.

Lecture numérique

Calibre 2.45

La version 2.0 du logiciel de gestion d’une bibliothèque d’ou­vrages numériques avait été rema­niée en profondeur (compati­bilité avec un plus grand nombre de fichiers et d’OS, nombreux bugs corrigés, ges­tion des métadonnées optimisée, plus de formats de conver­sion, interface plus performante avec du Javascript QT5). Principales nouveautés de la version 2.45 sortie le 27/11/2015 : le changement des icônes via une banque d’images, des options supplé­mentaires pour la copie de livres, la correction du bug de la conversion au format AZW3 (Amazon) pour Kindle.

Liseuse autorechargeable

Le fabricant de liseuse Bookeen, en association avec la société Sunpartner Technologies, spécialisée dans l’éner­gie photovoltaïque, offrira un modèle rechargeable à l’énergie solaire en 2016. Le partenariat entre ces deux sociétés françaises permettra de proposer une liseuse très autonome grâce à la technologie WYSIPS (What You See Is a Photovoltaïc Surface) dont la feuille photovoltaïque est invisible. L’appareil de lecture nomade pourra donc recharger sa batterie grâce à
la lumière. Pour le moment, ni prix ni nom ne sont annoncés.

100 000 ebooks dans les trains

Après une période de test en 2015, la SNCF lance une offre à 9,90 € qui donne accès à 100 000 livres numériques. Ce service, nommé SNCF e-LIVRE, est accessible sur ordinateur, tablette et mobile grâce à une application téléchargeable sur les mobiles sous Android ou iOS. Deux bémols : à ce tarif vous ne pouvez pas lire les dernières nouveautés et le risque de déconnexion due à une mauvaise couverture réseau internet est à prendre en compte.

Rémunération des auteurs d’ebooks

Depuis l’été 2015, suite à la grogne des auteurs autopu­bliés d’ebooks, Amazon les rému­nère à la page lue. Il ne serait pas étonnant qu’en 2016 Google Books et itunes d’Apple proposent un système similaire. Actuellement, cela n’est possible que pour l’auto­édition. À terme, le but est de concurrencer les éditeurs classi­ques. En outre, ce type de rému­nération risque de bouleverser toute la chaîne du livre. Après l’angoisse de la page blanche, les auteurs vont connaî­tre l’angoisse de la page 2.0 non lue.

« Instant Articles » sur Facebook 

Le nouveau service d’articles instan­tanés de Facebook pour smartphones s’est déployé dès octobre 2015, via une application sur l’iPhone. Selon Facebook, la vitesse de chargement est multipliée par 10. L’objectif est de conserver les lecteurs sur sa plateforme et de les empêcher de se rendre sur les sites des éditeurs par un lien externe. Cette rétention des internautes a toujours été la priorité de Facebook car plus l’engagement du membre est important, plus il rapporte ! Pas sûr que les éditeurs suivent à perte cette application.

Droit et données personnelles

Loi CISA aux USA

Le Sénat américain a adopté le 28/10/2015 le très contro­versé texte de loi CISA (Cybersecurity Information Sharing Act) sur la sécurité informatique. Cette loi autorisera les entreprises touchées par des cyberat­taques à demander l’aide technique de l’État fédéral, en échange du partage élargi d’informations. C’est bien entendu sur ce dernier point que des protestations ont été émises par une partie du camp démocrate qui a souligné le risque pour la vie privée. Par ailleurs, de nombreux groupes de médias se sont aussi fermement opposés à ce texte.

Loi sur la surveillance des communications internationales 

Après avoir été adopté par l’Assemblée Nationale le 1er octobre 2015 et le Sénat le 27/10/2015, le projet de loi « relative aux mesures de surveil­lance des communications électroniques internationales » a été promulgué le 30 novembre 2015. Le conseil constitutionnel a jugé que le texte ne portait pas gravement atteinte au droit au respect de la vie privée et au secret de la correspon­dance (26/11/2015). D’ailleurs, il ne s’agissait que de légaliser des pratiques courantes ! L’État français respecte la loi par anticipation…

L’état d’urgence

La prorogation de l’application de la loi relative à l’état d’urgence pendant 3 mois, à compter du 26 novembre 2015, donne la possibilité d’accéder à toutes les données numériques lors d’une perquisition et de créer des copies.

Loi numérique : Fusion de la CNIL et de la CADA

Présenté à l’Assemblée Nationale le 11/01/2016, le projet de loi numérique prévoit de rapprocher la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) et la CADA (Commission d’accès aux documents adminis­tratifs). Les deux entités pourront travailler au sein d’un même collège lorsque cela concernera l’utilisation des données numériques. En outre, la loi numé­rique instaure le maintien de la connexion internet pour les foyers modestes et le paiement de certains services ou dons par SMS.

Invalidation du Safe Harbor par la CJUE

L’accord Safe Harbor de 2001 qui légalise le transfert des données personnelles des européens vers les États-Unis a été invalidé par la Cour de Justice de l’Union européenne, laquelle estime qu’actuellement la loi américaine ne protège pas suffisam­ment les données privées. À l’origine de cette invalidation, le jeune Autrichien Max Schrems, qui traque sans relâche les géants du web qui conservent impunément les données personnelles du monde entier. Sous la pression des CNIL européennes, nous nous dirigeons vers un Safe Harbor 2.0. Par sûr que Facebook et Cie changent d’attitude et que la loi américaine soit modifiée !

Duck Duck Go indépendant 

Depuis l’affaire Snowden concernant la surveillance massive de la NSA, ce moteur de recherche a vu son utilisa­tion augmenter régulièrement jusqu’à atteindre actuellement les 10 millions de requêtes par jour. Cet engouement s’explique par le fait qu’il n’espionne pas les utilisateurs, contrairement à Google. Selon son fondateur, Gabriel Weinberg, le moteur de recherche Duck Duck Go n’a pas besoin de tracer les internautes pour vivre.

Une exposition sur la vie privée : « Secret »

La Galerie des sciences de Dublin a mis en place une exposition sur la surveillance, l’espionnage et la vie privée jusqu’en novembre 2015. Celle-ci se veut ludique et pédago­gique : elle souligne le caractère intrusif du monde numérique et les changements de comportement nécessaires pour s’en prémunir. En attendant que ce type d’exposition parvienne en France, il est possible de visionner un porfolio sur le site du journal Le Monde dans la rubrique « pixels ». De plus, en naviguant sur la présentation de l’exposition « Secret » de la Galerie des sciences de Dublin, vous pouvez accéder à des articles, des vidéos, des activités ludiques. Pour mémoire : « si vous voulez garder un secret, vous devez aussi vous le cacher à vous-même » dixit George Orwell.

Snowden sur Twitter

Depuis le 29/09/2015, Edward Snowden a ouvert un compte sur Twitter : @snowden. Son message de présentation, très court forcément, « Avant je travaillais pour le gouvernement. Maintenant je travaille pour les citoyens » donne le ton. Snowden poursuit donc sa mission de défense de la liberté de
la presse et de la vie privée. À l’heure actuelle, il n’est abonné qu’au compte de la NSA ! Affaire à suivre.

No future

L’ubérisation des profs

De plus en plus de métiers sont colonisés par les nouveaux modèles économiques qui investissent le Net. L’un d’eux est un système de type Uber, via une application sur smartphone pour l’obtention d’un service immédiat. Ce phénomène a commencé avec Uber pour le métier de taxi, AirBNB pour l’hôtellerie et Taskrabbit pour les taches quotidiennes. Désormais, « l’ubérisation » concerne les métiers de l’éducation avec l’application Chegg, une école 2.0 à domicile. Pour l’instant cantonnée aux USA, cette plateforme en ligne de tuteur 7/7 et 24/24 est utilisée par environ 50 % des collé­giens américains. Il est probable que ce service débarque en France dans peu de temps, au regard des nombreux sites internet sur le sujet. Le kit mains libres, cheval de Troie pour pirate Les écouteurs des smartphones ont plusieurs fonctions : discuter avec une tierce personne, écouter de la musique, dicter un SMS, faire office d’antenne radio, reconnaître la voix. Les cher­cheurs de l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informa­tion) ont démontré que l’on pouvait envoyer une onde radio par le cordon du téléphone de façon que le smart­phone l’interprète comme une com­mande vocale. Un pirate peut ainsi utiliser votre téléphone pour com­poser des appels surtaxés ou ouvrir des pages web contenant un virus.

iPhone avec des gants

Nokia (2012) et Samsung (2013) ont déjà tenté l’aventure de l’utilisation du mobile avec des gants par grand froid sans grand succès car la technologie n’est pas vraiment au point. Apple vient de breveter, fin 2015, un nouveau système « Glove Touch Detection » qui sera, en principe, intégré à l’iPhone 7 en 2016. Les utilisateurs d’iPhone auront peut-être la chance de ne pas se geler les doigts l’hiver prochain.

Arrivée du. wine ou. vin nouveau 

Après plus d’un an de conflit entre les viticulteurs français et l’Icann (coordi­nateur mondial du système d’identifi­cateurs uniques d’Internet), un accord a été conclu en novembre 2015 à propos de l’attribution de noms de domaine se terminant par wine ou vin. La crainte des viticulteurs était que n’importe qui puisse utiliser les noms des producteurs pour, entre autres, spéculer. Par conséquent, 2 jours avant l’arrivée du Beaujolais nouveau et jusqu’au 16 janvier 2016, les professionnels du secteur pour­ront réserver leur nom de domaine. À partir du 20 janvier, pour 50 $, toute personne le désirant, pourra s’offrir son vin. À consommer avec modération !

Drone vert pour la COP21 

À l’occasion de la COP21, Le réseau social de partage de photos et vidéos prises par drone, Dronestagram, a lancé le concours « Small drones, big changes » afin de montrer les effets de la pollution sur notre planète. Le gagnant a été récompensé par le dernier drone high-tech de chez Parrot. En décembre 2015, une exposi­tion des photos a été organisée par Nissan dans son pavillon de la COP21.