L’équipe InterCDI 2022

La rédaction

Directeur de la rédaction : Gabriel Giacomotto
Rédactrice en chef (Fonction, Formation, Gestion) : Yolande Maury
Rédacteur en chef (Cahier des livres) : Jean-Marc David
Rédactrice en chef (Ouverture culturelle) : Claudine Chassaniol
Rédactrice en chef (Fiche pratique et Thèmalire) : Florie Delacroix
Coordonnateurs du Dossier 2022 : Jean-Marc David et Gabriel Giacomotto
Mise en page : Sylvia Pouradier Duteil, Gabriel Giacomotto
Couverture : Gabriel Giacomotto
Correction : Céline Millet
Réseaux sociaux : Claudine Chassaniol

Le comité de rédaction

Les rubriques :
Claudine Chassaniol, François Daveau, Jean-Marc David, Florie Delacroix, Agnès Deyzieux, Raribah Gatti, Gabriel Giacomotto, Sandrine Leturcq, Kaltoum Mahmoudi, Yolande Maury, Florence Michet, Timothée Mucchiutti, Corinne Paris.

Le cahier des livres :
Sophie Benastre, Danielle Boisson, Sophie Bouchard, Claudine Chassaniol, Julie Couffignal, Jean-Marc David, Mélanie Davos, Florie Delacroix, Agnès Deyzieux, Gabriel Giacomotto, Isabelle Grout, Barbara Guillemot, Manon Lefebvre, Sandrine Leturcq, Claire Martin, Céline Millet, Natacha Mouillé, Timothée Mucchiutti, Florence Sire, Lucile Sire.

Le CEDIS

Le Centre d’étude de la documentation et de l’information scolaires, association loi 1901, édite la revue InterCDI. Indépendante et participative par la mutualisation des expériences pédagogiques et le partage des ressources utiles au métier, elle veille sur l’actualité de la profession et accompagne l’évolution de la vie professionnelle des professeurs documentalistes.

Les présidents du CEDIS Centre d’étude de la documentation et de l’information scolaire
Roger Cuchin 1972-1989
Jean Ollier 1989-1995
Michel Mouillet 1995-1999
José Francès 1999-2010
Véronique Delarue 2010-2019
Gabriel Giacomotto 2019

François Daveau
François Daveau est l’un des premiers membres actifs de l’association CEDIS à laquelle il adhère dès 1974. Dès lors, il entame une collaboration fructueuse dans la revue InterCDI pour laquelle il rédige des articles engagés et incisifs sur la profession durant 5 décen­nies. Il est le créateur du tableau des 100 cases du savoir (classification Dewey). Il a également été secrétaire du CEDIS de 1980 à 2012.

Les 100 cases du savoir (classification Dewey)

La direction du CEDIS
Gabriel Giacomotto (président), Yolande Maury (secrétaire), Claudine Chassaniol (trésorière), Jean-Marc David, François Daveau

Abonnements
Stéfany Boulbin, Edwige Pybot

Comptabilité
Edwige Pybot

Publicité
Valérie Devay

Site internet
Marc Frèrebeau, Gabriel Giacomotto

Bibliothérapie jeunesse, une approche expressive et créative d’Aurélie Louvel

Fruit du rapprochement de la lecture et de l’idée de soin ou d’accompagnement, le mot « bibliothérapie » est un « grand “incompris” », selon Aurélie Louvel (p. 2) qui revient sur ce dernier pour mieux nous faire découvrir la bibliothérapie jeunesse créative® : développée notamment en milieu scolaire, elle suppose l’utilisation, non pas de livres de développement personnel ou de littérature pour adultes, mais d’ouvrages de fiction de littérature jeunesse, afin de procurer un bien-être aux enfants et aux adolescents1.

Professeure documentaliste et formatrice en bibliothérapie2, l’autrice s’adresse, au-delà des enseignants, « à tous les acteurs qui jouent un rôle dans la vie des enfants » (p. 5) et présente, après un premier point théorique sur la bibliothérapie jeunesse, les trois axes de sa pratique. Son ouvrage est composé de quatre chapitres : « Qu’est-ce que la bibliothérapie jeunesse ? » ; « Faire de son espace livre un lieu de rencontres bibliothérapeutiques » ; « La bibliothérapie relaxante ou bibliorelaxation » ; et « Les ateliers de bibliothérapie jeunesse créative ».

Dans une première partie, Aurélie Louvel aborde la question de la lecture chez les jeunes qui ne lisent pas moins, mais « différemment » (p. 11), et se penche sur la notion de « bien-être » et de « pédagogie » : « Si nous ne sommes pas thérapeutes, [rappelle-t-elle] le bien-être de nos élèves fait néanmoins partie de nos missions » (p. 15). Elle distingue la lecture, notamment les bienfaits curatifs de celle à haute voix, de la bibliothérapie dont elle retrace par ailleurs l’histoire et qui repose sur une sélection de textes effectuée par un bibliothérapeute. Utilisée en milieu scolaire et en bibliothèque, la bibliothérapie dite « développementale » entend apporter une détente, un apaisement et, en ce sens, se différencie de la lecture scolaire tournée vers l’analyse littéraire. L’autrice a été formée par Régine Detambel, personnalité phare en France d’une bibliothérapie d’approche affective, à savoir plus littéraire, appelée bibliocréativité® qui « prend la forme d’ateliers bibliocréatifs en groupe, visant à stimuler la créativité de chacun à partir de textes, et se rapprochant en ce sens de l’art-thérapie » (p. 28). S’inspirant de cette méthode, Aurélie Louvel définit ce qu’elle nomme la « bibliothérapie jeunesse créative » : il s’agit de « sélectionner des textes bibliothérapeutiquement intéressant, [de] les partager principalement par une lecture à haute voix, puis [de] recueillir les réactions, les réflexions… pour finaliser la séance par un moment de créativité dont le fil rouge est l’histoire qui vient d’être lue » (p. 41). Parce qu’elle permet de se relaxer, d’avoir une meilleure connaissance de soi, qu’elle informe, favorise la résilience et développe l’intelligence émotionnelle, cette pratique a toute sa place dans un CDI.

La deuxième partie de l’ouvrage traite de la mise en place d’un projet bibliothérapeutique, qui suppose, quels que soient les espaces livres, une adaptation de la politique documentaire à une démarche bibliothérapeutique : ainsi, les politiques d’acquisition, d’accès et de communication sont-elles successivement envisagées. L’autrice analyse tout d’abord un fonds documentaire jeunesse « classique » (p. 61) par genre et par registre, puis conseille le lecteur dans la sélection des ouvrages qui constitueront « la bibliothèque idéale du bibliothérapeute » (p. 85) ; pour aider à l’organisation, au classement et à la recherche de chaque usager, elle pointe ensuite l’importance du catalogage, de la détermination des mots-clés et du choix de la cote – un album ou un documentaire sur les émotions ? – Les ouvrages peuvent être classés en utilisant la classification décimale de Dewey ou par émotions. Des sélections thématiques temporaires, la création de pôles bibliothérapeutiques permanents permettront une valorisation du fonds. Finalement, après avoir souligné l’importance de la communication, elle fournit des outils pour la création d’un espace de détente ou encore la mise en place d’une « ambiance zen » (p. 127).

Une troisième partie est consacrée à la mise en place des séances qui, grâce à la présence du bibliothérapeute, vont permettre aux adolescents d’atteindre un état de « bibliorelaxation » : « la bibliorelaxation a pour objectif de détendre, d’apaiser à la fois le corps et l’esprit par le biais d’une lecture, qui est généralement effectuée à voix haute pour que le jeune puisse être en condition de réception optimale et être totalement ‘mobilisé’ pour cela » (p. 141). L’autrice revient sur les courants dont s’inspire la bibliorelaxation tel le slow reading (p. 146) ou encore la poésie-thérapie (p. 147). Elle s’arrête plus loin sur le déroulement d’une séance de bibliorelaxation jeunesse, citant des exemples de mise en pratique comme les siestes contées d’Armelle Cendo et de Nora Nagi-Amelin, porteuses du projet Lire délivre.

La dernière partie constitue un guide pour réaliser des séances de bibliothérapeutique jeunesse créative dont la particularité est d’être fondées sur une approche personnalisée. Il s’agit de « sélectionner des lectures pertinentes pour répondre à des besoins émotionnels précis, avec l’objectif d’aider les enfants à accéder à une meilleure connaissance d’eux-mêmes, de leurs émotions, et du monde » (p. 172). Deux espaces, outre l’espace bibliothèque et l’espace bien-être, entrent ici en jeu : celui du cabinet bibliothérapeutique, réservé au bibliothérapeute libéral et celui de l’atelier, lieu d’expression de la créativité dont le carnet bibliothérapeutique jeunesse constituera une trace. Aurélie Louvel explique comment les aménager, avant de détailler le déroulement d’une séance de bibliothérapie jeunesse créative. Des exemples d’atelier illustrent ses propos.

Nul doute que les professeurs documentalistes désireux de se lancer dans la bibliothérapie jeunesse créative trouveront dans ce livre les ressources nécessaires : les nombreuses références et exemples constituent notamment une aide précieuse à sa mise en pratique ; une bibliographie détaillée accompagne par ailleurs cet ouvrage ainsi que des ressources internet. Nous nous permettrons deux remarques, la première porte sur l’absence d’un lexique ou d’un index thématique qui aurait, nous semble-t-il, pu faciliter la lecture ; la seconde consiste en la mention d’un auteur, illustrateur et dessinateur d’album jeunesse, incontournable selon nous, à savoir Anthony Browne ; le citer c’est également introduire le terme d’« iconotexte » (théorisé par Mickael Nerlich en 1985) qui a ici toute sa place : texte et image s’interpénètrent pour faire émerger, au-delà de l’histoire écrite, une autre histoire…

 

LOUVEL, Aurélie. Bibliothérapie jeunesse, une approche expressive et créative. Paris : Dunod, 2021, 259 p. (Enfances). 22, 9 € ISBN : 9782100802197.

 

Veille numérique 2022 N°3

Éducation

Des salles d’évasion pour l’enseignement

Le site européen d’escape game Steamer vise les matières scientifiques du secondaire. Financé par Erasmus+, l’objectif est d’améliorer le niveau des élèves européens dans les disciplines scientifiques. Les ressources proposées sont : un guide pédagogique, un guide de création d’escape room, un module d’e-learning, des packs de scénarios et de leçons, un Générateur Steamer et un guide d’implémentation pratique.
https://steamerproject.eu/fr/

Création de BD pédagogiques pour l’anglais

Le projet Edcomix, cofinancé par Erasmus+ et l’Union européenne, a pour vocation de proposer des ressources, afin de créer des bandes dessinées pour l’enseignement de l’anglais. Les ressources comprennent un guide pédagogique sur l’utilisation des bandes dessinées dans l’enseignement, des cours en ligne de création de BD numériques pour les enseignants, un programme d’atelier avec des élèves et des exemples de créations et de cours.
https://edcomix.eu/fr/home/accueil/

Lecture numérique

Des bulles chez BDfugue

La plateforme internet du réseau de librairies indépendantes BDfugue fidélise ses clients d’une façon originale, avec des bulles ! Celles-ci s’obtiennent en rédigeant des critiques d’ouvrages à la suite d’achats sur le site. Une chronique de 40 mots minimum rapporte 30 bulles, la monnaie locale, utilisable uniquement sur BDfugue.com. Les bulles sont convertibles en bons d’achats pour l’utilisateur.
https://www.bdfugue.com/exclusivites/paf

Un livre sur une Game Boy

La Game Boy, appareil portable de jeux vidéo très populaire dans les années 90, renaît sous la forme d’une liseuse ! Afin de se démarquer dans les salons de livres, l’auteur américain, Peter Derk, a créé cette invention originale pour attirer les visiteurs sur son stand. Il explique la méthode utilisée pour convertir l’appareil en liseuse et intégrer un livre sur une cartouche de Game Boy (tuto for geek).
https://litreactor.com/columns/why-i-put-a-book-on-a-gameboy-cartridge

SONY DSC

Écologie

KARMA : le moteur de recherche qui protège les animaux

La mission de l’organisation à but non lucratif KARMA est de protéger la nature et le vivant en reversant 50 % des bénéfices (liens sponsorisés) aux associations partenaires (L214, ASPAS et Notre affaire à tous). KARMA s’engage également dans la protection des données des utilisateurs (ni vente ni conservation des données de recherche). Le fil d’actualité Learn & Act informe les internautes sur la biodiversité et le bien-être animal et donne aussi des pistes pour agir.
https://karmasearch.org/fr

Adonis : carte des pesticides par commune

L’association agroécologique Solagro met en ligne une carte interactive (Adonis) qui indique par commune l’indice d’utilisation des pesticides sur les surfaces agricoles. Cet indice de fréquence de traitement phytosanitaire prend en compte tous les produits de synthèse polluant les sols : herbicides, insecticides, fongicides, traitements de semences… Il ne reste plus qu’à zoomer sur votre commune…
https://solagro.org/nos-domaines-d-intervention/agroecologie/carte-pesticides-adonis

Abeilles et IA contre les pesticides

La start up BeeOdiversity et le programme Share AI de Microsoft collaborent pour lutter contre les sources de pollution dans la nature. BeeOdiversity collecte les pollens des abeilles dans une zone précise et les analyse pour détecter les pesticides et leur concentration. Le programme Share AI analyse les données en utilisant l’Intelligence Artificielle, afin de déterminer les sources de contamination dans l’écosystème.

Pesticides dans l’eau

Pour des raisons de santé publique, l’eau est analysée régulièrement dans toutes les communes de France. Les pesticides des cultures s’infiltrent dans les sols et contaminent plus ou moins les nappes phréatiques. Le ministère de la santé met en ligne les résultats des prélèvements sur une carte interactive, ce qui permet de savoir si votre commune est concernée par un dépassement des seuils de qualité de l’eau.
https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau
Franceinfo a compilé les prélèvements réalisés entre janvier 2021 et juillet 2022 dans un moteur de recherche. Voir l’article en ligne :
https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/votre-eau-du-robinet-comporte-t-elle-des-pesticides-au-dessus-des-limites-de-qualite-decouvrez-le-grace-a-notre-moteur-de-recherche_5364667.html

Éditeurs

Les éditions RMN-GP en vitrine virtuelle

Mis en ligne en 2022, le site des éditions Réunion des musées nationaux – Grand Palais offre aux professionnels et amateurs d’art une palette d’ouvrages édités lors d’expositions exceptionnelles. Le catalogue en ligne bénéficie de multiples entrées : catégorie, domaine, mouvement artistique, artiste, auteur, exposition, musée et collection. La présentation des ouvrages ne se limite pas à la 1re et 4e de couverture ; de nombreuses pages sont visibles en grand et une fiche très détaillée sur chaque ouvrage est disponible.
https://editions.rmngp.fr/fr

Géant du web

Windows 11 version 22H2 fin 2022

Le déploiement de la version 22H2 de Windows 11 a débuté cet automne. Pour cette mise à jour du système d’exploitation, les nouvelles fonctionnalités sont : les dossiers dans le menu démarrer, le glisser-déposer sur la barre des tâches, la connexion rapide au Bluetooth depuis le panneau des paramètres, un nouveau gestionnaire des tâches…

Horizon Worlds, le metaverse de Z.

La première ébauche du metaverse de Mark Zuckerberg, Horizon Worlds, est disponible en France depuis août 2022. A priori ce n’est qu’un ersatz du monde virtuel de demain. Le rendu visuel est très basique et le système est lent. Trois espaces cohabitent : jouer, regarder/assister et rencontrer ; un monde Création est aussi accessible. Actuellement, il faut obligatoirement avoir un compte Facebook et un casque Oculus, afin de se connecter à Horizon Worlds. L’interdiction au mineur est apparemment déjà contournée ! L’ouverture d’un compte est gratuite…
https://about.meta.com/metaverse/?utm_source=about.facebook.com&utm_medium=redirect

Réseaux sociaux

Digital Services Act

Le règlement européen (DSA) impose des devoirs concernant les contenus des réseaux sociaux, des sites de vente en ligne, des moteurs de recherche et des plateformes vidéo. Les sites ayant plus de 45 millions d’utilisateurs dans l’UE auront des obligations accrues. Le texte oblige les grandes sociétés du net à être plus transparentes et à mettre des moyens suffisants pour protéger les internautes des contenus mis en ligne (illicite, désinformation, surcensure, etc). Le Digital Services Act entrera en vigueur en 2023.

L’endométriose sur les réseaux sociaux : un combat de jeunes femmes

L’endométriose est une maladie fréquente qui concerne de nombreuses femmes (1 sur 10, chiffre du ministère de la Santé). Face aux préjugés qui ont la vie dure et une situation aggravante pour les adolescentes qui ne sont pas prises au sérieux, les jeunes femmes communiquent et s’entraident sur les réseaux sociaux. Parmi les conséquences de cette maladie : l’absentéisme, l’échec dans les études ou la perte d’emploi.
Sur Instagram : @balance_ton_endo.

Droit et données personnelles

Une base en ligne de contenus juridiques fiables et gratuits

Face au manque de fiabilité et à la dispersion des sources d’information juridique, la maison d’édition Lefebvre Dalloz a lancé un outil en ligne qui offre l’opportunité d’accéder à un premier niveau d’information juridique gratuitement. Pour pouvoir accéder librement et en illimité à la version bêta du droit social, il suffit de créer un compte. D’autres droits seront intégrés progressivement sur la plateforme Open Lefebvre Dalloz. Pour aller plus loin, des contenus payants sont accessibles sur le même site pour les experts.
https://open.lefebvre-dalloz.fr/

Les élus “rectifient” leur fiche Wikipédia

Les pages Wikipédia, très bien référencées sur les moteurs de recherche, représentent un enjeu important pour les élus de la Répu­blique. La tentation est grande pour leurs équipes de modifier les contenus et ce, en totale contradiction avec les règles de Wikipédia. Selon Le Monde (7 juin 2022), plus de 50 % des députés aux élections de 2022, la plupart du temps avec l’aide de leurs équipes, ont modifié leur page sur l’encyclopédie en ligne : suppression de condamnation, CV mirifique, etc.

Technologie

Un robot assistant de lecture

L’EMPRO (Externat médico-professionnel) Edelweiss au Raincy (93) expérimente la lecture jeunesse avec le petit robot NAO de la société Opixido. Il assiste les enfants atteints de handicaps physiques et/ou mentaux, afin qu’ils prennent du plaisir à la lecture. Ce robot, prénommé Looping, est déjà présent dans des bibliothèques, des hôpitaux et d’autres Instituts Médico-Éducatifs (IME). Looping est accompagné d’un comédien et d’un ingénieur.

CyberOne vs Optimus

Xiaomi et Tesla ont dévoilé en août et septembre 2022 leurs robots humanoïdes dotés d’une IA. Ces robots sont capables d’interagir avec les humains et les aideront dans leur quotidien. Selon Elon Musk, ce bond en avant technolo­gique « signifie un avenir d’abondance, un avenir où il n’y a pas de pauvreté, où les gens auront ce qu’ils veulent en termes de produits et de services ». L’objectif du patron de Tesla est de construire ces robots à des millions d’unités à un coût abordable. Pour aller plus loin : la série Real Humans : 100 % humain d’Arte.

No future

Metaverse : la guerre des mondes

Le patron de Méta a déclaré les hostilités en annonçant des moyens financiers faramineux pour imposer son metaverse sur toute la planète. Les autres géants du net ainsi que d’autres entreprises se lancent déjà dans des projets similaires avec des moyens et des approches très diverses. Pour le moment, les autres mondes virtuels sont principalement des univers ludiques : Microsoft (Minecraft), Epic Games (Fortnite) ; néanmoins des poids lourds du net tels que Nvidia, Google, Apple et Amazon se préparent à riposter.

Vie éternelle dans le metaverse

La start-up Somnium Space a créé un metaverse dans lequel l’avatar peut survivre après le décès de son créateur, grâce à une IA et à une base de données assez conséquente sur celui-ci. Pour cela, il faut activer le mode « Live forever » et enregistrer sa vie quotidienne, afin d’enrichir la base de données. Les internautes pourront rencontrer l’avatar et échanger virtuellement et indéfiniment avec la personne décédée.

Une IA PDG d’une entreprise

Ce n’est plus de la science-fiction mais une réalité. Une intelligence artificielle sous la forme d’une femme virtuelle dirige une entreprise de plusieurs milliers d’employés en Chine. Une filiale de NetDragon Websoft (une société de jeu vidéo) est désormais dirigée par Tang Yu, une humanoïde numérique. Comme tout PDG, elle gère des projets, prend des décisions, signe des documents, évalue le personnel, sanctionne…

PDG Tang Yu

 

 

 

Espèces inclassables : Blob et Tardigrade

Expositions, musées, zoos

Exposition : « Derrière le blob, la recherche » à partir du samedi 19 février 2022 au Quai des Savoirs à Toulouse : permet de suivre les étapes incontournables d’un protocole de recherche et de comprendre comment se déroule une expérience scientifique rigoureuse.
https://www.occitanie-ouest.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/evenement-derriere-le-blob-la-recherche-rendez-vous-le-19-fevrier-au-quai-des-savoirs
Exposition téléchargeable sur le site :
https://www.occitanie-ouest.cnrs.fr/sites/delegation_dr14/files/news/2022-0 3/Blob_Affiches_A3_Impression_Final_01_03.pdf

Depuis 2019, le parc zoologique de Paris dédie un de ses espaces au blob : vous pouvez le voir au vivarium européen du zoo du bois de Vincennes :
https://www.parczoologiquedeparis.fr/fr/les-animaux/le-blob-3035
Parc zoologique de Paris, 23 octobre au 7 novembre 2021, à l’occasion des Rendez-vous sauvages de l’automne, consacrés aux espèces fascinantes, blob et tardigrade.
https://www.zooactu.com/actualites/tardigrades-parc-zoologique-paris/

Muséum d’histoire naturelle, Paris : il possède l’une des plus grandes collections de tardigrades marins.
https://www.mnhn.fr/fr/actualites/minuscules-mignons-ils-font-penser-a-des-nounours-en-gelee-ce-sont-des-tardigrades

Tardigrade au microscope; Schokraie E, Warnken U, Hotz-Wagenblatt A, Grohme MA, Hengherr S, et al. (2012), CC BY 2.5, via Wikimedia Commons

Dans les programmes

Les sites du CNES, CNRS, en collaboration avec l’académie de Toulouse, détaillent les liens avec les programmes scolaires et les activités pédagogiques envisageables pour le blob, adaptables au tardigrade :
https://enseignants-mediateurs.cnes.fr/sites/default/files/drupal/202103/default/2021-097_activites_pedagogiques_alpha_24_03.pdf

Collège

BO spécial du 26 novembre 2015

Sciences et technologie. Cycle 3 et 4
Pratiquer des démarches scientifiques et technologiques.

SVT
Cycle 3. Le vivant et sa diversité.
Cycle 4. Le vivant et son évolution.

DNB, Cycle 4
S’exprimer à l’oral. Lors de l’épreuve l’élève présente un projet de son choix qu’il a mené au cours des enseignements pratiques interdisciplinaires du cycle 4, dans le cadre des programmes d’enseignement de l’histoire des arts ou dans le cadre d’un parcours éducatif (parcours avenir, parcours citoyen, parcours d’éducation artistique et culturelle).

Lycée

SVT, Seconde
La Terre, la vie et l’organisation du vivant. L’organisation fonctionnelle du vivant : « organismes unicellulaires », « organismes pluricellulaires », « Le métabolisme des cellules »
Bulletin officiel spécial n° 1 du 22 janvier 2019
https://www.education.gouv.fr/bo/19/Special1/MENE1901647A.htm

Enseignement scientifique, Première
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019 et BO spécial n° 6 du 31 juillet 2020
Identifier et mettre en œuvre des pratiques scientifiques
Identifier et comprendre les effets de la science sur les sociétés et sur l’environnement : « il s’agit de faire comprendre à chacun en quoi la culture scientifique est aujourd’hui indispensable pour saisir l’évolution des sociétés comme celle de l’environnement et de contrôler cette évolution. »
Une structure complexe : la cellule vivante
https://eduscol.education.fr/document/25336/download

Enseignement scientifique, Terminale
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019.
Thème 1 : Science, climat et société
Thème 3 : Une histoire du vivant. 3.1 La biodiversité et son évolution
https://eduscol.education.fr/document/25339/download

Philosophie, Terminale technologique
Notions : la nature, la technique

Philosophie, Terminale générale
Notions : la nature, la technique, la science
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019.

HLP, Première
Les représentations du monde – L’homme et l’animal : « La relation à l’animal constitue un révélateur de la place que l’homme s’attribue dans la nature et dans le monde, avec de fortes implications philosophiques, éthiques et pratiques. « Les questions de l’intelligence animale et de la communication entre animaux sont abondamment débattues. »
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019

HLP, Terminale
L’Humanité en question – L’humain et ses limites : « La question écologique n’est plus seulement celle de la préservation des espèces, mais elle laisse entrevoir le spectre d’un monde inhabitable. Une part de l’imaginaire contemporain (dystopies, mondes post-humains, univers parallèles) consone avec ces inquiétudes. »
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019

Pistes pédagogiques

Avec les professeurs de sciences, reproduire certaines expériences menées avec le CNRS et le CNES autour du blob et du tardigrade : élever un blob au CDI, par exemple.

Recherches documentaires sur les sites scientifiques : CRCA, Muséum d’histoire naturelle en vue de rédiger un article de presse dans le journal de l’établissement sur le blob et sur le tardigrade en insistant sur les points communs et les différences.

Veille documentaire à travers la lecture régulière d’articles scientifiques sur les applications possibles des découvertes liées à l’étude du blob et du tardigrade (médecine, informatique etc.).

Lecture et compréhension d’articles scientifiques en anglais, en vue de rédiger un article scientifique.

Comprendre la classification du vivant en manipulant une base de données scientifiques, celle de l’INPN par exemple (Inventaire National du Patrimoine Naturel) avec les professeurs de SVT. Réfléchir à la notion même de classification.
Visite guidée au parc zoologique (blob) ou / et au Muséum d’histoire naturelle (tardigrade) de Paris avec les professeurs de sciences.

Visiter ou emprunter / télécharger l’exposition toulousaine sur le blob.

Rencontrer des scientifiques, des astronautes, découvrir les métiers scientifiques et technologiques (biomimétisme), assister à une conférence scientifique lors de la fête de la science, par exemple.

Entraînement au Grand oral, en HLP, débat sur le vivant, sur la relation homme / Animal, Animal / végétal, sur l’humanité future après visionnage du film The blob : Danger planétaire, par exemple.

Blob (Physarum polycephalum), CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Organismes

Le blob. Magazine d’information scientifique d’actualité à destination du grand public réalisé en partenariat avec la Cité des sciences et le Palais de la découverte. Il propose de nombreux articles et vidéos sur le blob dont : « Blob, envoyé spatial ? » ; « Le blob, cet étrange immortel » ; « Tout savoir sur le blob », mais également sur le tardigrade : « Une nouvelle espèce de tardigrade résistante aux rayons UV » ; « Tardigrades : une protéine protectrice pour l’ADN ».
https://leblob.fr/
Barnéoud, Lise. Biodiversité : ces espèces inclassables. Le Blob, 2017
https://leblob.fr/enquetes/biodiversite-ces-especes-inclassables
(sur le blob et la tardigrade).

Ceebios : Centre d’études et d’expertise en biomimétisme, Senlis.
https://ceebios.com/
Cet organisme réunit scientifiques, ingénieurs, industriels et offre de nombreuses ressources sur le biomimétisme parmi lesquelles :
• La web série « Nature = Futur ! » :
https://www.youtube.com/watch?v=K5HRCM55hKY
qui propose de multiples exemples d’innovations inspirées de la nature.
• Le fil de l’innovation en partenariat avec la Cité des sciences et de l’industrie :
https://www.cite-sciences.fr/francais/au-programme/expos-temporaires/bio-inspiree/fil-innovation/
(onglet Information : Le Blob : décisions optimisées, anticipation et partage de connaissance).

CNES : Centre national d’études spatiales, Paris
En collaboration avec le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), en 2021-2022, le (CNES) a proposé aux élèves, du primaire à la terminale de conduire des expériences avec une créature nommée « blob ». Les mêmes expériences étant menées sur la station spatiale internationale par l’astronaute Thomas Pesquet durant la mission Alpha. Le site web dédié, à consulter impérativement avec le détail du contenu du kit, notamment :
https://missionalpha.cnes.fr/fr/mission-alpha/les-experiences-made-france/education
Le tutoriel d’élevage sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=iHoyFaE8FdY
La présentation de l’expérience sur le site du CNRS :
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-blob-dans-les-classes-et-dans-lespace

Adaptation de l’illustration d’une étude du professeur Toshiyuki Nakagaki sur la création et l’optimisation d’un réseau par P. polycephalum, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

CNRS : Centre National de Recherche Scientifique, Paris
Dans le cadre de l’année de la biologie 2021-2022, le CNRS a lancé un projet de science participative qui s’adressait à des volontaires, à partir de l’âge de 8 ans. Il s’agissait d’étudier les effets du changement climatique sur le blob avec la chercheuse Audrey Dussutour :
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/derriere-le-blob-la-recherche-une-experience-de-science-participative-du-cnrs
Audrey Dussutour. Le blob et la démarche scientifique. CNRS, 25 janvier 2022.
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-blob-et-la-demarche-scientifique
Page Facebook du CNRS recensant les actualités concernant ce projet : Derrière le blob, la recherche
https://www.facebook.com/groups/derriereleblob/

CRCA : Centre de Recherche sur la Cognition Animale, Toulouse : le premier centre à avoir étudié le blob. De nombreux articles scientifiques sur le blob (Ex. : « Le blob est capable de percevoir le stress de ses congénères »; « Diversité de la « prise de décision » chez le blob » ; « Le blob absorbe les substances pour les mémoriser »).
https://crca.cbi-toulouse.fr/

Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), Montpellier. Dictionnaires des sciences animales :
http://dico-sciences-animales.cirad.fr/index.php

Dossier pédagogique Éternité – Espace des sciences, Les champs libres, Rennes.
À la suite de l’exposition « Éternité, rêve humain et réalités de la science » (2019), un dossier autour du vieillissement avec, notamment, un article intitulé « Le tardigrade, un organisme super résistant ».
https://www.espace-sciences.org/sites/espace-sciences.org/files/documents/enseignants/2019/espace-des-sciences-rennes-dossier-pedagogique-exposition-eternite.pdf

Inventaire National du Patrimoine Naturel : projet d’inventaire biologique généralisé de la faune et la flore européenne, Parc du Mercantour et Parco Naturale Alpi Marittime, base gérée par le Muséum d’histoire naturelle de Paris :
https://inpn.mnhn.fr/accueil/index

Muséum d’histoire naturelle, Paris : description et histoire du blob et du tardigrade
https://www.mnhn.fr/fr/blob
https://www.mnhn.fr/fr/ours-d-eau

Conférences

Dussutour, Audrey. Derrière le blob, la recherche. Toulouse (Quai des savoirs), 19 février 2022. 1 h 19 mn. 53 s. :
https://www.youtube.com/watch?v=Lw1SZFrVjck

Audrey Dussutour lors d’une conférence sur le physarum polycephalum, organisée par TEDx Toulouse, CC BY 2.0, via Wikimedia

Dussutour, Audrey. Le blob : conférence, Les Mardis de l’Espace des sciences, Rennes, CNRS, 2018. 1 h 26 mn. 15 s.
https://www.espace-sciences.org/conferences/le-blob

Hubas, Cédric. Les tardigrades, des extrêmophiles quasi indestructibles (Session 1 : Les régions polaires, milieux extrêmes, adaptations extrêmes dans le cadre d’une série de conférences sur milieux polaires et biomimétisme), Cité des sciences et Palais de la découverte, 2018. 38 mn. 40 s.
https://www.cite-sciences.fr/fr/ressources/conferences-en-replay/en-plein-milieux/milieux-polaires-et-biomimetisme/les-tardigrades-des-extremophiles-quasi-indestructibles/

Hubas, Cédric. Tardigrades et autres créatures étranges : une plongée au cœur de la méiofaune. Océanopolis, Concarneau, 2018. 58 mn. 51 s.
https://www.youtube.com/watch?v=rPpcCCUnPn4

Lecointre, Guillaume. Les Rendez-vous d’Histoire Naturelle : Évolution et classification, une histoire de Science ! Muséum National d’Histoire naturelle de Paris, 20 octobre 2016. 1 h 57 mn. 07 s.
https://www.youtube.com/watch?v=6oYAX-eaSXI

Filmographie

Fictions

Irvin S. Yeaworth Jr. The blob : Danger planétaire. Paramount Pictures, 1958. 1 h 26 mn. Film de science-fiction / horreur avec Steve McQueen (a inspiré le nom du blob à Audrey Dussutour).

Russell, Chuck. Le Blob (remake). Columbia Pictures, 1988.

La série Star Trek : Discovery. CBS, 2017 (USA). (Les tardigrades y ont un rôle central.) Elle est inspirée du jeu Tardigrades sur le blog Anastronaut.

Documentaires – vidéos

Comment classe-t-on les animaux ? – Flash #8 – L’Esprit Sorcier, 2016. 3 mn. 08 s.
https://www.youtube.com/watch?v=0N3ize9CDwY

Gymnastique : Le blob, la science-fiction nous envahit. ARTE Cinéma, 2020. 4 mn. 59 s.
Histoire du blob depuis son apparition dans les films de science-fiction, en passant par l’informatique, les comics, le design et l’architecture, jusqu’à ce qu’il devienne un objet d’étude scientifique.
https://www.youtube.com/watch?v=UFjvG486erY

Le tardigrade est l’animal le plus indestructible au monde. Brut, 2018.1 min 50 s.
https://youtu.be/yerrtSj1fF4

Mitsch, Jacques. Le Blob, un génie sans cerveau. ARTE France / Hauteville Productions / CNRS Images, 2019. 52 min, sous-titrée, Couleur, 16/9, stéréo. En DVD ou accessible via l’abonnement à Educ’Arte.

Trouvé, Pierre. Visqueux, rampant et presque immortel : pourquoi le blob fascine les scientifiques. Le Monde, 2017. 3 min 23 s.
http://www.lemonde.fr/biologie/video/2017/06/21/visqueux-rampant-et-presque-immortel-pourquoi-le-blob-fascine-les-scientifiques_5148518_1650740.html

Radio/podcast

Agostini, Fanny. Le tardigrade fait rêver la communauté médicale et scientifique. Europe 1, 2020, 3. 04 mn.
https://www.europe1.fr/emissions/fanny-a-la-ferme/le-tardigrade-fait-rever-la-communaute-medicale-et-scientifique-3942213

Bourgeois, Aude ; Favre, Tao. Le blob, l’immortel. France Culture (Les Curieuses histoires du Muséum), 2021, 7 mn.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-curieuses-histoires-du-museum/blob-limmortel-8775202

Couté, Alain. Le tardigrade : un animal petit, mais costaud ! France culture (la méthode scientifique), 2017. 59 mn.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/tardigrade-petit-mais-costaud-3978182

Eryeh-Fort, Arthur. Tardigrade, un animal extraordinaire sur la Lune. France Culture, 2019, 3. 25 mn.
https://www.franceculture.fr/sciences/tardigrade-un-animal-extraordinaire-sur-la-lune

Pesquet, Thomas. Franceinfo : la série L’émission spatiale dans laquelle l’astronaute répond à des questions d’élèves sur la vie à bord de l’ISS.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-emission-spatiale/
«Quelles expériences vous allez faire sur les tardigrades ? Et les calamars ?», demandent Anthony et Evan à Thomas Pesquet. 5 juin 2021.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-emission-spatiale/l-emission-spatiale-quelles-experiences-vous-allez-faire-sur-les-tardigrades-et-les-calamars-demandent-anthony-et-evan-a-thomas-pesquet_4633373.html

«Comment décrire le blob à quelqu’un qui ne le connaît pas ?» demande Abdoul à Thomas Pesquet. 9 octobre 2021.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-emission-spatiale/comment-decrire-le-blob-a-quelqu-un-qui-ne-le-connait-pas-demande-abdoul-a-thomas-pesquet_4783613.html

Vasseur, Victor. Décollage imminent : SpaceX envoie des calamars luminescents et des tardigrades à bord de l’ISS. France Inter, 3 juin 2021.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/decollage-imminent-spacex-envoie-des-calamars-luminescents-et-des-tardigrades-a-bord-de-l-iss-7607125

Le blob, un amibozoaire qui vous veut du bien. France Culture (la méthode scientifique), 2019, 58 mn.
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-lundi-21-octobre-2019

ARTICLES DE PRESSE

Généralités

Blanchart, Jérôme. Toutes les inventions sont-elles dans la nature ? Science & vie junior n° 361, octobre 2019, p. 52-53. (Dans ce numéro, un dossier intitulé « Animaux : les superpouvoirs, c’est eux qui les ont ! ».)

Flavenot, Elodie ; Lardon, Julie ; Lowagie, Camille. Réparer les humains grâce aux animaux ? Albert n° 110, 05 février 2022, p. 3.

Mérat, Marie-Catherine. Les rebelles de l’évolution. Science & vie junior. Hors-série n° 133, janvier 2019, p. 38-47.

Ils défient la classification des espèces. Science & vie. Hors-série n° 279, juin 2017, p. 13-30.

Secrets d’animaux. Science & vie junior. Hors-série n° 148, juillet 2021, p. 66-77.

Sur le blob

Flanby surprise. Science & vie junior n° 388, janvier 2022, p. 30-31. Présentation photographique d’un myxomycète.

Toulouse. Audrey Dussutour a fait du blob une super star de la science. La Dépêche. 25 décembre 2018.
https://www.ladepeche.fr/article/2018/12/25/2930690-audrey-dussutour-fait-blob-super-star-science.html

Blancard, Laure. Le blob, slime des forêts. Okapi n° 1082, 15 janvier 2019, p. 8.

Dussutour, Audrey ; Vogel, David. Le blob, cellule géante et intelligente. Pour la science n° 483, janvier 2018, p. 52-57.

Giard, Mathilde. Là-haut, Thomas Pesquet sera… Le monde des ados n° 472, 14 avril 2021, p. 12-13.

Herzberg, Nathaniel. Les métamorphoses du blob. Le Monde n° 22530, 21 juin 2017, p.1, 4 et 5 du Cahier Science.

Launay, Julien. Réveille le blob. Geek junior n° 17, novembre 2021, p. 21-22.

Nouyrigat, Vincent. Le « Blob » : la créature qui affole les biologistes. Science & vie n° 1197, juin 2017, p. 74-78.

Palka, Laurent. Camille : « C’est quoi un blob ? ». The conversation, 18 janvier 2022.
https://theconversation.com/camille-cest-quoi-un-blob-175167

Pihen, Alexandra. Le blob : ni plante, ni animal, ni champignon… qu’est-ce donc ? Science & vie. Hors-série n° 279, juin 2017, p. 20-22.

Plutecki, Pauline. Le blob en 10 infos. Le monde des ados n° 460, 21 octobre 2020, p. 12-13.

Sur le tardigrade

Barnéoud, Lise. Virus contre bactéries : la battle du siècle. Science & vie junior. Hors-série n° 146, mars 2021, p. 16-25.

Colau, Hélène. Le tardigrade : comment fait-il pour résister à tout ? Science & vie. Hors-série n° 279, juin 2017, p. 114-116.

Galas, Simon. Gabin : « Je veux tout savoir sur les tardigrades et leurs super-pouvoirs ». The conversation, 2019.
https://theconversation.com/gabin-je-veux-tout-savoir-sur-les-tardigrades-et-leurs-super-pouvoirs-123302

Le Guyader, Hervé. The walking head. Pour la science n° 482, décembre 2017, p. 92-94.

Le Jannic, Nolwenn. La vie en mode extrême. Okapi n° 1106, 15 février 2020, p. 10-17.

Ratel, Hervé. Le tardigrade, cet as de la survie. Sciences et avenir n° 900, février 2022, p. 58-60.

 

 

Expérience sur le blob – Photo de C. Millet

Bibliothèques et bibliothécaires¹

Pour Michel Melot, dans La sagesse du bibliothécaire, à l’instar du marin qui aime se perdre dans l’immensité des océans, le bibliothécaire rechercherait l’ivresse de vivre parmi des milliers de livres, partagé entre l’orgueil de l’expertise de son conseil pour en avoir lu beaucoup et la modestie de savoir qu’il ne pourra jamais lire tous les livres. Pensez donc, on peut estimer que chaque année plus d’un million de nouveaux livres sont publiés !
Vous l’avez compris, pour ce numéro anniversaire, nous vous proposons la mise en abyme des bibliothèques dans les livres de nos bibliothèques. Or les bibliothèques ne se ressemblent pas à travers le monde : alors qu’en France elles se distinguent par leur politique d’animation culturelle, elles proposent dans les pays anglo-saxons de multiples services palliant l’insuffisance de nombreuses administrations, en particulier dans le social. Démocratiques, les bibliothèques sont tolérantes en se refusant au maximum à la censure, c’est pourquoi elles ne survivent pas aux dictatures… Aussi nous interrogerons-nous sur les multiples représentations du bibliothécaire et des bibliothèques qui sont données en littérature.

 

Une vision peu attrayante du métier

Hélas, au premier abord, force est de constater que la profession reste peu évoquée, car réputée peu sexy. Ainsi, dans les scènes se déroulant à la bibliothèque dans Les yeux de Leïla, avec le catalogue papier de l’époque, Tito campe un personnage cliché de la bibliothécaire à lunettes d’un certain âge. De même, notre collègue Pauline Delabroy-Allard, autrice du roman Ça s’appelle Sarah, choisit de ne pas mentionner le métier méconnu et embarrassant de sa protagoniste, pourtant à l’évidence le nôtre. Autre exemple en proie aux désordres amoureux, silhouette fragile mais d’une volonté à toute épreuve, vêtue de couleurs fades, la bibliothécaire est représentée, dans le roman Le mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti2, comme sortant d’études universitaires avec un salaire bas proportionnellement, dotée d’une vaste culture générale et débordant de projets pour ses usagers et la ville. Or ce n’est pas à la bibliothèque mais au cimetière que Désirée fait la connaissance de Benny, agriculteur célibataire, en se recueillant sur la tombe de son mari.
La gent masculine n’est pas en reste dans Le Grand amour du bibliothécaire… Drôle de bibliothécaire en effet que celui du village de Tire-la-Chevillette : Fulbert est tellement maniaque qu’il préfère épousseter des étagères vides, et garder enchaîné, pour être consulté sur place, le seul livre dont il a fait l’acquisition, pour ne pas avoir à en racheter un s’il venait à être volé ! Aussi entasse-t-il les billets que lui donne le maire, sans en dépenser un seul, ce qui ne laisse pas d’intéresser trois brigands. Seul l’amour pour une jolie lectrice va faire sauter les verrous de ce célibataire névrosé. Un court récit hilarant ! À l’opposé, dans son Etrange Bibliothèque, Haruki Murakami imagine un inquiétant bibliothécaire qui emprisonne un jeune lecteur dans une geôle située tout au fond d’un labyrinthe…
Enfin, choisir de devenir bibliothécaire, ne serait-ce pas embrasser une carrière par défaut, celle d’un écrivain qui n’a jamais su passer à l’acte ? C’est à cette vocation manquée que Gudule associe sa bibliothécaire dans son roman jeunesse éponyme : le narrateur y fait la connaissance d’une jeune voisine dont il tombe amoureux, qui n’est autre que le personnage autobiographique d’une bibliothécaire qui aura consacré sa vie à chercher le livre lui permettant de devenir écrivain. Il aide la jeune fille dans cette quête, et, ce faisant, ils entrent réellement dans les histoires des livres qu’ils consultent.

Des bibliothèques labyrinthes qui s’avèrent des refuges

Ce concept est plus ou moins repris dans La Bibliothèque de minuit de Matt Haig, où la narratrice entre dans la vie que lui offre chacun des livres qu’elle choisit. En effet, quand Norah Seeds se suicide, elle se retrouve à son grand étonnement dans une bibliothèque où elle se réfugiait plus jeune. La bibliothécaire, qui semble être l’alliée qu’elle avait eue au collège, lui apprend que chacun de ces livres, aux couvertures identiques, lui permet, dès qu’elle en entame la lecture, d’essayer l’une des vies qu’elle aurait eue si elle avait fait un choix différent à un moment donné de sa vie. Mais si les décisions peuvent sembler meilleures, elles entraînent aussi d’autres conséquences qui lui échappent complètement, comme la mort de sa meilleure amie, de sa mère, etc. Parmi toutes les vies possibles qui s’ouvrent ou se sont fermées suivant ses choix, quelle est celle qui la rendra la plus heureuse ?
Toute une carrière n’a pas suffi à la bibliothécaire de Gudule pour trouver le livre qui lui aurait ouvert la voie de l’écriture, toute une para-existence dans une bibliothèque-purgatoire ne suffirait pas non plus à Norah pour expérimenter chacune de ses vies possibles, et cela pour une bonne raison, selon Jorge Luis Borges, c’est que la littérature n’est autre qu’une forêt en perpétuelle croissance, ou mieux, une sorte de labyrinthe vivant. Labyrinthes donc, mais surtout refuges pour de nombreux lecteurs et lectrices qui viennent y trouver un peu de sérénité et de réconfort, loin du tumulte de la vie et des autres.
Dans Kafka sur le rivage de Haruki Murakami, le jeune Kafka Tamura fugue à cause de la terrible prédiction de son père, et trouve refuge dans une belle bibliothèque privée. Un roman hypnotique, absolument étrange et fabuleux, aux bibliothèques conçues comme des havres de paix, mais dont les bibliothécaires semblent n’avoir pour fonction que d’ouvrir et de fermer les portes…
Après avoir été dans un premier temps un refuge contre le harcèlement, la bibliothèque devient le théâtre de la transformation de Eliott qui parvient à affronter son bourreau dans le truculent roman jeunesse Eliott et la bibliothèque fabuleuse de Pascaline Nolot. Eliott, en effet, court à perdre haleine pour échapper à la terrible Charlie de l’école et à ses deux sbires jumeaux. Il s’endort dans une salle, à l’abri des regards, et, à son réveil, un chat donne l’alerte en parlant, des rats mécaniques le capturent et le bibliothécaire tatoué, musclé et rocker le plus cool de l’univers se révèle être le directeur de la Brigade des Rats de la Bibliothèque. Accusé d’espionnage, Eliott est alors condamné à remplir plusieurs missions spéciales extrêmement dangereuses. Et si l’accomplissement de ces missions donnait à Eliott suffisamment confiance en lui pour ne plus être victime de harcèlement ? Quelques bonnes trouvailles, comme l’armée des rats mécaniques poussant des chariots de livres abîmés, font de ce court roman un agréable moment de lecture, drôle et original.

Des bibliothécaires médiateurs du livre

Même si les bibliothèques sont souvent perçues comme des refuges éventuels par nos lecteurs et les auteurs, elles sont heureusement animées dans quelques livres par le professionnalisme de bibliothécaires ou des professeurs documentalistes passeurs de lecture.
Ainsi, même s’il n’est qu’un personnage secondaire dans le roman Scintillation de John Burnside, le bibliothécaire fou du nom de John, lecteur maladivement frénétique et fumeur de joints, joue un rôle de mentor auprès du narrateur Léonard.
Le Vampire du CDI de Susie Morgenstern, l’un des rares à nous mettre à l’honneur, reste incontournable. Jean-Charles Victor, jeune lauréat du CAPES de documentation, arrive à sa première affectation, dans un collège alsacien. C’est drôle et léger, et tellement réaliste malgré l’exagération de certains aspects que l’on s’y reconnaît sans peine : le principal qui ne connaît pas notre fonction, qu’il juge superflue – il y en a ! – versus le professeur documentaliste, cette personne un peu farfelue qui rivalise d’idées pour faire lire les élèves.
Le maître des livres d’Umiharu Shinohara séduira des lycéens fans de mangas et de littérature. Honteux de ne pas réussir aussi bien que son père, Myamoto s’abrutit au travail pour ne pas avoir à rendre visite à ses parents. Un soir, déjà passablement ivre après avoir fêté la fin d’année avec ses collègues, il découvre par hasard une bibliothèque pour enfants encore ouverte, « La rose trémière ». Le bibliothécaire, Mikoshiba, qui n’a pas la langue dans sa poche, l’accueille vertement avant de lui demander de l’aider à ranger les livres. Myamoto tombe alors sur le conte La montre musicale de Nankichi Niimi, qui le renvoie à la montre que son père lui a donnée et qu’il estime ne pas mériter. Étonné de la coïncidence avec sa propre vie, il interroge Mikoshiba qui lui répond : « Ce n’est pas toi qui choisis les livres mais les livres qui te choisissent ». Dès lors, Myamoto devient un habitué de la bibliothèque où il fait la connaissance des autres bibliothécaires et des usagers. Le Maître des livres invite à considérer la lecture comme vecteur de transformation d’autrui. Il permet de redécouvrir les classiques de la littérature internationale. Les débats entre les protagonistes nous offrent une belle vision des métiers du livre, qui fait chaud au cœur. On a parfois envie d’afficher ces passages en les agrandissant sur nos murs ! Une série très atypique, qui nous montre l’exemple d’une bibliothèque privée au Japon ouverte au public.

La bibliothèque, enjeu politique, et des bibliothécaires censeurs

La lecture comme vecteur d’émancipation, d’éveil au sens critique… Voilà qui n’est pas du goût des dictateurs, aussi les bibliothèques ont-elles longtemps été et sont-elles toujours des enjeux de pouvoir. Et la vision poussiéreuse d’un bibliothécaire gardien des livres va de pair avec une vision politique de l’accès aux livres, et donc au savoir. Les bibliothécaires s’érigent alors en censeurs et cherchent à maintenir les autres dans l’ignorance, en leur imposant de fausses vérités.
Umberto Eco en a fait le sujet du Nom de la rose, un roman policier médiéval se déroulant en 1327, dans une abbaye bénédictine : ancien inquisiteur, le franciscain Guillaume de Baskerville, secondé par le narrateur Adso de Melk, enquête sur les assassinats de moines en rapport avec une bibliothèque dont l’accès leur est interdit, et dont les salles octogonales, construites dans un véritable labyrinthe parsemé de leurres et de pièges, rappellent la Bibliothèque de Babel imaginée par Borgès. Sa méthode de classement qui correspond à l’ordre chronologique d’arrivée des manuscrits dans l’inventaire, est donc connue du seul bibliothécaire.
On retrouve l’idée de cette soif de connaissances des bibliothécaires, allant jusqu’à son contrôle, dans la série jeunesse en quatre tomes Alcatraz contre les effroyables bibliothécaires de Brandon Sanderson. Alcatraz Smedry ne cesse de changer de parents adoptifs. À ses treize ans, il reçoit un curieux colis à son nom contenant un sac de sable, et la visite de son grand-père jusqu’alors inconnu. Ce dernier lui apprend que le fait de casser tout ce qu’il touche depuis sa naissance est un talent propre à sa famille et qu’il doit sauver le monde des infâmes bibliothécaires aux lunettes en écaille ! Là encore, les bibliothécaires détiennent le pouvoir, car ils possèdent l’information, le savoir, et ce sont même eux qui créent des fake news !
Hélas, plus sérieusement, Didier Daeninckx, dans son polar Ethique en toc, évoque l’infiltration dans les bibliothèques universitaires de personnes d’extrême droite : « Celui qui dit l’histoire contrôle le présent et agit sur l’avenir » (p. 83). Il lie les spécialités scabreuses d’hommes de pouvoir avec la montée en puissance de thèses négationnistes. Ici deux volontés s’opposent : celle d’une marée humaine qui tente de sauver des flammes, puis de l’eau, les livres de la Bibliothèque et partant, tout un pan de l’Histoire, et d’autre part celle d’hommes de l’ombre qui cherchent, ce faisant, à gommer des faits historiques pour réécrire l’Histoire.
Les bibliothèques, un enjeu de pouvoir aussi vieux qu’elles… Dans Livres en feu, Lucien X. Polastron dresse l’historique des bibliothèques incendiées, dévastées parce que enjeux de pouvoir, à commencer par celle d’Alexandrie. Un incendie qui rappelle l’incipit de Fahrenheit 451, ce roman-phare de Ray Bradbury, datant de 1953, une dystopie qui nous projette dans une société qui a condamné la lecture et les livres. Les résistants forment à eux tous une bibliothèque, chacun ayant mémorisé un livre ou une partie de livre : un espoir demeure, faisant songer au proverbe africain « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. »

Une vision militante

Heureusement, les bibliothèques peuvent aussi renaître de leurs cendres par la seule volonté d’une poignée de personnes. On retrouve cette vision militante de livres rares à conserver coûte que coûte dans La Bibliomule de Cordoue, la dernière bande dessinée de Wilfrid Lupano, avec Léonard Chemineau au dessin. À Cordoue, le bibliothécaire Tarid et la copiste Lubna, tous les deux esclaves, risquent leur vie pour sauver de l’autodafé les livres de la deuxième plus importante bibliothèque du monde. Ils dérobent la mule d’un ancien disciple de Tarid, voleur d’un livre de valeur venu se racheter une conduite, qu’ils assomment. Le lendemain, Lubna sauve Marwann de la noyade infligée par les gardes du vizir et ils rattrapent Tarid parti avec la mule récalcitrante, croulant sous le poids des livres… Le scénariste imagine ici, à partir d’un probable autodafé des livres de la prestigieuse bibliothèque de Cordoue, au moment du retour à l’obscurantisme religieux, deux esclaves et un voleur risquant leur vie pour sauver des livres originaux des flammes. Un chouette coup de cœur.
Sauver les livres papier, non pas du feu, mais du tout numérique, c’est la mission d’Argus dans le roman jeunesse de science-fiction La guerre des livres d’Alain Grousset. Nommé maître-conservateur par l’Empereur, Argus a entrepris la conservation de milliards de documents, menacés par l’hypertechnologie, le tout numérique. Il accueille sur sa planète-livres, Libel, un réfugié ennemi, Shadi, jeune pilote de la Sécession, lequel comprend peu à peu la passion qui anime les bouquinistes, relieurs, traducteurs, imprimeurs à l’ancienne… Dans cet agréable récit d’aventures space opera, l’auteur rappelle combien le toucher, la matérialité physique des livres papier restent importants dans une civilisation technologique qui aurait tendance à vouloir les faire totalement disparaître au profit de « l’hyperéseau » et des seuls livres numériques.
Sauver les livres de la censure constitue le combat mené dans la série manga Library wars de Kiiro Yumi : dans un futur alternatif, le gouvernement japonais juge néfastes certaines lectures et décide de les censurer au moyen d’un comité d’amélioration des médias. Mais les bibliothécaires défendent parfois au prix de leur vie leurs livres, revues et journaux : ils finissent par faire voter la loi de sauvegarde des bibliothèques, et créent, pour assurer leur protection, un corps paramilitaire…
Sauver les livres, c’est aussi sauver notre part d’humanité sous la dictature, en pleine guerre ou dans un univers carcéral, nous élever à une meilleure conscience de soi, des autres et du monde. C’est la leçon que nous donnent des résistants syriens. Delphine Minoui nous en apporte le témoignage dans un essai captivant, Les passeurs de livres de Daraya : une bibliothèque secrète en Syrie. À l’âge de 21 ans, Ahmad, en ouvrant un ouvrage de psychologie en langue anglaise trouvé dans une maison, a le sentiment d’ouvrir la porte du savoir et de s’échapper de la routine du conflit. Il est parcouru du même frisson de liberté que lors de sa première manifestation contre Bachar-al-Assad. Commence alors une collecte dans les maisons abandonnées, une véritable chasse aux livres. Un projet de bibliothèque publique voit le jour, alors que sous Assad, Daraya n’en a jamais eue. Cet ouvrage passionnant retrace une foi inébranlable dans les livres, « ces armes d’instruction massive qui font trembler les tyrans ».
C’est également la leçon que nous donne Edita Adlerova dans La Bibliothécaire d’Auschwitz d’Antonio Iturbe, un roman tiré de la véritable histoire de cette tchèque courageuse âgée de 14 ans, recrutée par monsieur Fredy Hirsch pour une mission bien particulière au bloc 31 du camp d’Auschwitz : devenir la bibliothécaire clandestine attitrée du quartier des enfants.
Terminons par la série manga en cours Magus of the library de Izumi Mitsu, chez Ki-oon, qui dès l’incipit annonce : « Protéger les livres c’est tout simplement protéger le monde ! ». Foin du cliché de la vieille bibliothécaire au chignon et aux lunettes, tant au contraire ces belles filles intelligentes, les Kahunas, y sont admirées comme des super-héroïnes, en particulier par Shio. Grand lecteur et bibliophile, ce garçon métis aux « vilaines » oreilles pointues se réfugie dans la lecture clandestine face au harcèlement raciste des garçons de son âge et à l’interdiction du directeur faite aux « pauvres » de fréquenter la bibliothèque du village, par peur du vol. Quand des Kahunas sont envoyées par la bibliothèque centrale d’Afshak dans son village et lui laissent un livre, la vie de Shio Fumis bascule : il veut passer le très exigeant concours de bibliothécaire, souvent réservé à une élite intellectuelle féminine, pour, comme elle, avoir pour mission suprême de protéger et réparer les livres. Sept ans plus tard, Shio part pour la capitale des livres, rencontre d’autres postulants passionnés, et passe les épreuves. Les meilleurs pourront choisir leur affectation… Magus of the Library est un bel hommage rendu au métier de bibliothécaire vu comme une espèce de mage, tout en distillant dans ces aventures une histoire du patrimoine écrit, des réalités de terrain et des détails de conservation. Un manga coup de cœur, évoquant la vocation de bibliothécaire, l’amour des livres, et la volonté de démocratiser la lecture et la culture pour les ouvrir à tous.
Parions que, dans cette lancée, une meilleure représentation sera faite de notre belle profession. Et « comme la plupart des amours, l’amour des bibliothèques s’apprend » phrase de l’érudit Alberto Manguel, extraite de La Bibliothèque la nuit (Avant-propos, p.17.) dont on ne saurait que trop conseiller la lecture et qui explore de manière érudite, en partant de la sienne, les problématiques inhérentes aux bibliothèques.

 

 

 

 

Lecture, écriture : une correspondance créative

Lecture et écriture se complètent et se nourrissent l’une de l’autre : on écrit, on lit pour soi, pour donner à écrire ou à lire ou encore pour donner à voir. À ces mouvements se rattachent les idées d’appropriation, de transmission et de création artistique qui sont au cœur de ce numéro, envisagées tant du point de vue du professeur documentaliste que de celui de l’élève.
Pascale Gossin nous emmène tout d’abord à la découverte du carnet de lectures : « geste intellectuel à la portée de tous », à la fonction mémorielle, cet écrit intime facilite la rencontre avec les œuvres tant fictionnelles que documentaires, que ce soit dans le cadre d’une lecture personnelle ou collective. Il suit l’élève de la maternelle à la terminale et occupe le devant de la scène dans la seconde partie des épreuves anticipées de français : cette question de la restitution orale est approfondie avec la fiche élève de Sophie Dreneau Se préparer au Grand oral.
Fruit d’une réflexion sur la lecture des œuvres patrimoniales, l’ouvrage Comment lire de vieux textes avec de jeunes élèves ? de Sarah Alami, paru aux éditions Tsarines, témoigne plus loin d’une volonté de partage d’expérience avec ses pairs. Notre note de lecture est centrée sur les collaborations possibles entre professeurs de lettres et professeurs documentalistes. Elle s’accompagne de la présentation de l’auteure et de l’éditrice, Nina Blanchot, également professeure de lettres. Professeure, auteure, éditrice : trois fonctions qui jalonnent le parcours de Sandrine Leturcq, professeure documentaliste, et sur lesquelles elle revient dans un entretien avec Jean-Marc David : gros plan sur la maison d’édition associative Carnets de Sel, créée en 2018.
L’ouverture culturelle est consacrée au comédien et au dramaturge Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673) dont nous célébrons le double anniversaire en 2022-2023 : une occasion de (re)découvrir la vie et les œuvres de ce talentueux peintre de la nature humaine, s’il en est. Nous terminons par la rencontre, dans le cadre d’un projet sur la bande dessinée, Une Case en Plus, entre trois classes professionnelles du Lycée Touchard-Washington, au Mans, et Nadia Nakhlé, auteure de Les oiseaux ne se retournent pas. Un récit original, puisqu’il a été envisagé sous une forme triple : une bande dessinée, un spectacle et un film d’animation.

Au nom de toute l’équipe d’Intercdi, je vous souhaite une très bonne rentrée.

Le carnet de lectures : récit de vie et incitation à la lecture

Méthodologie de notre recherche, définition du concept

La revue de littérature réalisée pour rédiger cet article montre que cette pratique d’écriture n’est en rien novatrice. Les artistes et auteurs d’hier et d’aujourd’hui crayonnent ou retranscrivent leurs pensées, recopient des mots, des phrases glanées. Un chercheur a particulièrement travaillé ce type d’écrits. Il s’agit de Andrei Minzetanu, ancien élève de l’École normale supérieure, docteur en littérature comparée. Ses travaux portent principalement sur la théorie de la lecture. Il a publié en 2016 un ouvrage intitulé Carnets de lecture : Généalogie d’une pratique littéraire. Ce texte a été fondamental pour la rédaction de cet article tout comme la lecture des programmes d’enseignement et les documents d’accompagnement. Trois d’entre eux sont entièrement consacrés à ce sujet :

Le carnet de lecteur pour le cycle 3, disponible sur :
https://eduscol.education.fr/document/16438/download
Carnet d’écrivain au collège, disponible sur :
https://eduscol.education.fr/document/16570/download
Le carnet de lecture au lycée, disponible sur :
https://eduscol.education.fr/document/24406/download

Des blogs et sites, notamment académiques, montrent des exemples de pratiques, voire vendent des cahiers clés en main. Précédemment professeure documentaliste et actuellement maîtresse de conférences, j’ai invité mes élèves et aujourd’hui les étudiants à tenir un carnet de lectures. Cette pratique conforte ma réflexion.

Appellation

Pour définir l’objet de cette étude, il faut au préalable s’entendre sur son appellation. Cahier ou carnet ? Lecture ou littérature ? Carnet de lecteurs ? Journal du lecteur ? La revue de littérature effectuée en amont de la rédaction de cet article montre que chaque auteur choisit une de ces appellations, qui correspondent toutes à un même objet : un support écrit sous format papier ou numérique sur lequel le lecteur laisse des traces de ses lectures. Les vocables utilisés pour nommer cet objet ne sont pas dénués de sens. Un journal n’est pas un carnet. Un carnet n’est pas un cahier. Une trace de lecture n’est pas forcément la trace d’une lecture littéraire. Exclure de l’exercice les lecteurs d’écrits informatifs m’apparaît improductif. L’usage du singulier ou du pluriel des substantifs n’est pas anodin non plus. Dans les programmes officiels, l’appellation est « carnet de lecteur » pour le cycle 3, « carnet d’écrivain » pour le collège, « carnet de lecture » pour le lycée. Il serait judicieux de normaliser la façon de nommer l’objet, afin de souligner la continuité de son usage au fil de la scolarité. On notera par ailleurs, qu’une fois de plus, un terme générique masculin (le lecteur) est retenu. Afin de gagner en fluidité, l’appellation « carnet de lectures » sera retenue dans ce propos. J’ai fait le choix du vocable « lectures » au pluriel, parce que le mot « littérature » apporte une connotation trop fictionnelle. Je pense qu’il ne faut pas évincer les lectures documentaires ou issues de la presse. Le « s » invite à une variété de textes. Par ailleurs, le format cahier paraît plus approprié, surtout en début de scolarité.

Définitions

Lorsque l’on compare les définitions recueillies, l’on note évidemment l’influence de l’appropriation professionnelle de l’objet. Ainsi Catherine Floury et Laurence Gras-Davy (professeures et maîtresses formatrices des écoles) indiquent que, selon elles, il s’agit d’un
« espace ouvert et personnel (cahier, carnet, livre… peu importe le nom qu’on lui donne et le format qu’on lui prête) dans lequel sont consignées les traces de lecture de l’élève, ainsi que les traces de lecture de la classe. Il représentera une mémoire des œuvres lues. C’est également un support utile dans les situations d’échanges littéraires » (Floury & Gras-Davy, 2010).
Jean-Luc Despretz retient des éléments identiques, à savoir que le support a pour fonction de garder mémoire des traces de lectures personnelles ou collectives. Pour sa part, il insiste sur le caractère intime de cet écrit :
« Le carnet de lecture est une mémoire des œuvres lues. Le carnet de lecture est un support utile dans les situations d’échanges littéraires. Il relève plus de la prise de notes, de la création, de la réflexion, que de la fiche de synthèse. C’est un cahier personnel avec un caractère ‘intime’ » (Despretz, 2016).
Cet objet recueille des traces, révèle des pratiques et des postures issues d’un geste de lecture, d’une pensée, d’une idée, d’une émotion. On y note ce que l’on ne veut pas oublier, ce qui a raisonné en soi.

Historique

L’utilisation de carnets émaille l’histoire de l’écriture et de la lecture. Andrei Minzetanu retrace l’historique de cette pratique qu’il qualifie d’« intellectuelle un peu clandestine » (Minzetanu, 2016, p. 11). Il montre qu’elle est « attestée depuis l’Antiquité (Pline l’Ancien, Aulu-Gelle, Athénée de Naucratis), et très en vogue à la fin de la Renaissance (au point où l’on a pu parler de notebook culture) et à l’âge classique (Jeremias Drexel, Vincent Placcius, etc.) » (Minzetanu, 2016, p. 11). De nombreux auteurs témoignent du recours à ces carnets, supports de réflexion et d’écritures. Andrei Minzetanu dresse une liste foisonnante de pratiques dont je ne cite ici qu’un court extrait :
« les carnets d’aphorisme (Joubert), carnets de choses vues (Hugo), carnets de listes (Joyce, Perec), carnets d’autoanalyse (Henry James, Beckett), carnets de guerre (Sartre), carnets de poésie (Andre du Bouchet), carnets d’idées (Michelet, C. Noica), journal de pensée (H. Arendt), cahiers philosophiques (S. Weil), journal de travail (Brecht, L. Rebreanu), carnets de glossolalies (Artaud), carnets de captivité (Levinas, Gramsci), carnets de voyage (Gide, Barthes), carnets intimes (Jouhandeau), carnets à l’usage du grand public, le bloc-notes (Mauriac, le Dietario de Père Gimferrer), carnets de témoignage (F. Bon), carnets virtuels (L’Autofictif d’Eric Chevillard). » (Minzetanu, 2019, p. 13).
Nous avons dans cette liste, une belle perspective de séquence pour le second degré. En s’appuyant sur le texte de Andrei Minzetanu, l’on pourrait demander aux élèves de retrouver des fac-similés de ces écrits. Cela suppose une recherche dans le catalogue de la BnF. Ils découvriraient ainsi un de nos trésors nationaux et de ce fait la valeur que peut avoir un texte. La phase de mutualisation, où chacun présenterait les carnets d’un auteur, permettrait des échanges riches, une prise de conscience de l’échelle du temps et des immuables questions philosophiques de l’humanité.

Le format

Tout est possible ! Collages, graphies, photos, vidéos (sur le format booktubeur)… Les carnets « haut de gamme », de type Moleskine, les feuilles reliées par des anneaux ou cousues (comme le faisait Stendhal dans le cadre de ses carnets de voyages), le choix du support d’écriture et les techniques retenues pour l’expression. Cette liberté de modalités d’expression laisse place à la créativité, apporte une donnée plastique à l’exercice. Elle révèle le profil du lecteur, le temps qu’il a accordé à son carnet, son goût pour le scrapbooking. Le site pinterest propose toute une gamme de techniques (https://www.pinterest.fr/celrobin/cahier-de-litt%C3%A9rature/). La craie hâtive, blog d’une enseignante qui vise à mutualiser les pratiques, propose cette forme de production.

http://craiehative.eklablog.com/le-cahier-de-litterature-a117690360

Ce modèle, comme tous ceux que j’ai trouvés sur le net, apparaît trop réducteur. Remplir un formulaire, une carte d’identité du texte lu, n’a pas sa place dans un exercice qui a pour objectif de libérer la parole. Laissons l’élève identifier comme il le veut le livre qu’il évoque. Le carnet de lectures n’est pas une occasion d’apprendre les normes de citation. Évitons de brider l’expression : « Pour le dire plus directement, le carnet matériel ne doit pas nous empêcher de voir ce que l’on pourrait appeler le ‘carnet mental’, le carnet que l’écrivain ou le lecteur a dans la tête. » (Ferrer & Minzetanu, 2016, p. 220).
J’ai demandé à des étudiants de tenir un carnet de lectures, le résultat montre à quel point les supports rendus sont différents les uns des autres. Certains d’entre eux ont utilisé une écriture manuscrite, d’autres ont imprimé des textes dactylographiés, beaucoup se sont lancés dans le scrapbooking.

Exemples de la multiplicité des supports de carnets

La fonction

Les auteurs, philosophes, artistes qui utilisent ce type de support, lui attribuent une fonction mémorielle. Ils y laissent une trace de leurs pensées ou de celles glanées tant dans leurs lectures que dans leurs promenades, rencontres… c’est l’essence même des carnets comme le mentionne Andrei Minzetanu :
« La question qui m’a occupé était celle d’un geste particulier de lecture, celui du lecteur qui tombe sur une phrase qui le bouleverse, qui l’intrigue d’une manière ou d’une autre, et qu’il a envie de prélever et de garder dans un carnet spécialement conçu à cet effet » (Ferrer & Minzetanu, 2016, p. 221).

Ces textes ne sont donc pas aboutis. Ce sont des traces tant textuelles qu’imagées, de rencontres émotionnelles ou cognitives. L’auteur s’engage, y pose ses interrogations, son appréhension du monde. Un questionnaire initié par la plateforme Babelio, à ce sujet, conforte cette notion d’engagement. Les enquêtés mentionnent que : « Parler de soi n’est pas un obstacle, [dans un cahier de littérature] bien au contraire, pour 95 % des réponses » (Demougin, 2016, p. 2). Cette position reste à relativiser dans la mesure où les participants à cette enquête étaient des convaincus, ils fréquentent le site Babelio.
La rédaction d’un carnet de lectures résulte d’un geste intellectuel à la portée de tous. On y écrit à partir de soi, on se projette, on s’implique.

Une pratique pédagogique

Andrei Minzetanu affirme que cette pratique relève d’un héritage de la pédagogie jésuite d’une part, et d’autre part, d’une habitude sociale :
« Le carnet comme une pratique intériorisée dans l’univers scolaire et qui doit beaucoup, au moins en France, à la pédagogie jésuite ; ici, l’objectif est d’insérer le geste de lecture dans un ensemble plus vaste de pratiques et de comportements culturels, dans ce que l’on pourrait appeler un ‘habitus lettré’. » (Minzetanu, 2019, p. 17).
On comprend mieux pourquoi cette démarche didactique est reprise dans les instructions officielles de l’Éducation nationale. Quelles sont les consignes données dans les programmes d’enseignement ? Quelle place occupent les carnets de lectures dans les pratiques scolaires ?

Que disent les documents institutionnels ?

Au fil de l’évolution des programmes, le carnet de lectures ne cesse d’y figurer. Viviane Bouysse, inspectrice générale de l’Éducation nationale, donne des précisions, qui valorisent encore plus cet écrit, en incitant les enseignants à en faire un écrit qui fait le lien durant toute la scolarité :
« La construction du parcours de littérature de jeunesse à l’école maternelle, par exemple, doit figurer dans le projet d’école et laisser des traces dans les supports de travail des élèves. Cahier de comptines et de poésies et carnet de littérature, en particulier, suivent les élèves d’année en année, à l’école maternelle puis à l’école élémentaire. Il appartient aux enseignants de tenir compte de ce qui a été fait et de poursuivre le travail, en l’enrichissant et en l’infléchissant éventuellement. » (Bouysse, 2006, p. 4).
On notera cette idée de continuité, de fil rouge, à travers la scolarité. Le carnet trouve sa place à tous les niveaux d’enseignement : de la petite section de maternelle à la terminale :
« Le cahier de littérature [en maternelle] est un document individuel qui peut contenir des documents communs à la classe mais qui doit ménager une place importante à une approche personnelle de la littérature. Le cahier de littérature suit l’élève et s’enrichit au fur et à mesure de l’évolution de l’élève dans sa scolarité. » (CRDP, Strasbourg, 2011).
Plus tard, le document d’application publié sur Éduscol (2016) et intitulé « Carnet de lecteur », destiné au cycle 3 précise la fonction qui lui est donnée : « à la fois de donner envie de lire, de stimuler la lecture et de donner des repères dans l’avancée des lectures en invitant la subjectivité du lecteur à s’exprimer ». Au collège, les documents institutionnels l’assimilent à un exercice de lecture/écriture, sous la forme du carnet d’écrivain (MEN, 2016). Au lycée, le carnet reprend la force qu’on lui donnait à l’école primaire. « Ces écrits d’appropriation peuvent prendre des formes variées : restitution des impressions de lecture (préparatoire ou postérieure aux commentaires) ; jugement personnel sur un texte ou une œuvre. » (MEN, 2019). Ses fonctions sont précisées plus loin :
« Le carnet de lecture, et les activités qu’il engage, permet de donner sa place à une lecture personnelle et engagée de l’œuvre ; il peut à partir de là servir de point de départ pour construire en classe une culture littéraire nourrie par des notions précises. Les notes de lecture, les citations prélevées et commentées, les impressions des élèves amènent une réflexion sur le genre et l’écriture du texte donné à lire. » (Éduscol, 2019).
Il est présenté comme : « un espace de liberté qui vise à susciter le plaisir littéraire et à encourager les pratiques d’écriture. Un espace de création artistique » (Éduscol, 2019). Nous retiendrons donc qu’à travers les cycles, le carnet de lectures est considéré comme une modalité majeure de restitution de lectures.

La didactique

Il est aisé de trouver sur le net, des comptes-rendus d’expériences d’écritures de carnets de lectures, relevant de tous les niveaux scolaires. Je retiens celle de Magali Le Sénéchal. Elle invite ses élèves à y collecter des traces de toutes les activités culturelles vécues. Les lectures scolaires et personnelles y trouvent leur place.

Le Sénéchal, Magali (2019). Le journal de lecture. Récit d’une expérience en seconde. Angers, lycée Bergson. http://docplayer.fr/197354402-Le-journal-du-lecteur.html

Cet exercice relève du portfolio. Il permet à l’élève de prendre conscience de la dimension culturelle, intellectuelle qu’il donne à sa vie. Il bâtit ainsi son autoportrait. La distinction faite entre lectures personnelles et lectures scolaires interroge. Sur quoi repose-elle ? Cette nuance peut induire un jugement de valeur. Il y aurait les lectures prescrites, donc de qualité ou dans tous les cas, différentes des autres. Cette catégorisation apparaît contestable.
Catherine Floury et Laurence Gras-Davy relèvent un autre intérêt à l’utilisation de carnets : « Ces cahiers de lecture peuvent faire des aller et retour entre la maison et l’école […]. [Ils] deviendr[aient] ainsi la mémoire des rencontres littéraires de l’élève au cours de son parcours à l’école primaire. » (Floury & Gras-Davy, 2010). Elles soulèvent la question du lieu de stockage. Où l’élève range-t-il ce cahier ? À l’école ? À la maison ?
Cette question du lieu de dépôt soulève un aspect fondamental : celui du regard que s’autorise l’enseignant sur cet écrit intime. Si nous pensons comme Bruner que « Le récit est ainsi un ‘véhicule dans le processus d’éducation’ » (Bruner, 1996, p. 149), nous affirmons aussi qu’il faut savoir mettre des limites. Comment est-il possible qu’un élève puisse livrer ses ressentis sans sentir la présence, tel l’œil de Caïn, de son professeur ? Il va stratégiquement écrire ce qu’il pense que l’enseignant souhaite lire : soit un récit propre et académique. « La didactique ne peut donc faire l’impasse sur la question des conditions nécessaires pour que les carnets, écrits intermédiaires, soient pour tous des lieux d’expérimentation de la fonction réflexive de l’écriture. » (Bishop & Doquet-Lacoste, 2017, p. 190). Nous savons que l’émotion est une des quêtes du lecteur, alors de quel droit l’enseignant va-t-il sonder les écrits de ses élèves pour prendre connaissance de mots, phrases, informations… qui les ont fait vibrer ?

Quelle est la place du.de la professeur.e documentaliste ?
Enseignant.e à part, il.elle noue une relation particulière avec les élèves, dans tous les cas, différente de celle de ses collègues. Pourrait-il.elle être l’enseignant.e qui initie ou accompagne l’utilisation d’un carnet de lectures ? Et pourquoi pas ?
J’ai indiqué précédemment la volonté institutionnelle de faire de cet objet un lien inter-cycles. Pourquoi le.la professeur.e documentaliste, s’il.elle le souhaite, ne serait-il.elle pas ce professeur.e qui faciliterait la liaison, du cours moyen à la sixième, puis de la troisième à la seconde via cet écrit ? Il.elle pourrait se rendre dans les classes de CM2 et/ou de troisième ou accueillir ses futur.e.s élèves dans le centre du collège et/ou du lycée. Conduire une séance d’incitation à la lecture et à l’écriture et laisser du temps aux écoliers et/ou collégiens pour réagir dans leur carnet. La symbolique est forte. Le cahier de lectures serait ainsi un pont marquant la continuité de sa formation. Il occuperait une place majeure dans le curriculum. D’une part l’accès à la littératie que permettent les CDI en serait renforcé, d’autre part la figure du.de.la professeur.e documentaliste en sortirait enrichie. Il.elle accueillerait de façon privilégiée l’élève dans son nouvel établissement. J’ai conscience de l’immensité de la tâche, des contraintes matérielles, et sais qu’il est très souvent impossible de s’adresser à tous les élèves accueillis dans un établissement d’enseignement. Une autre piste de réflexion repose sur l’organisation d’un espace spécifique où les élèves pourraient trouver du matériel de qualité pour travailler la dimension plastique du carnet. Il s’agirait alors de mettre à leur disposition du matériel de papeterie (feuilles de couleurs, colles, ciseaux, tampons, encres, pinceaux, peintures…) ainsi que des livres sélectionnées judicieusement pour leur force, leur qualité plastique, leur originalité et leur brièveté. Régulièrement renouvelés, ils pourraient être des déclencheurs. Je pense à des albums sans textes, des romans graphiques, des nouvelles, des témoignages, des mangas, à la presse…. Pourquoi ne pas permettre aux élèves, le temps d’une heure, de feuilleter textes et/ou images et d’y sélectionner ce qu’ils considèrent comme étant leur perle puis d’en prélever une trace, qu’ils déposeront dans leur carnet. Le.la professeur.e documentaliste pourrait proposer de conserver ces carnets dans une armoire. Ils resteraient ainsi à l’abri des regards.
Le descriptif d’une des épreuves du baccalauréat est à l’opposé de ce que je défends, à savoir la valeur intime du cahier. Pourtant le candidat est invité à s’y référer pour indiquer au jury le livre qu’il a apprécié.
« Le carnet de lecture permet à l’élève de garder une trace personnelle du travail qu’il a conduit en classe et à la maison sur ses lectures. La seconde partie de l’entretien aux épreuves anticipées de français engage le candidat à présenter l’œuvre lue dans l’année qu’il a le plus appréciée. L’examinateur est amené à l’interroger sur sa présentation et sur les éléments d’appréciation qu’il aura exposés, il l’aide à nuancer son propos et à justifier son choix. L’élève pourra bien sûr, lors de son entretien, se souvenir de ce qui, dans le carnet qu’il aura tenu tout au long de l’année, témoigne de sa lecture de l’œuvre qu’il a choisi de présenter et de l’appropriation que son travail lui aura permis d’approfondir. » (MEN, juillet 2019, Les cercles ou rendez-vous de lecture, p. 5).

Conclusion

« Si le carnet continue à susciter un certain intérêt, c’est parce qu’il maintient une relation complexe avec le livre et l’œuvre à venir. » (Minzetanu, 2019, p. 15).  Je suis convaincue que cet exercice pluridisciplinaire de lecture/écriture/arts plastiques est à favoriser. Pour l’avoir pratiqué avec des étudiants de master, je peux témoigner de la force émotionnelle qu’il dégage. Ceux d’entre eux qui se déclaraient hermétiques à ce geste, se sont finalement pris au jeu et témoignent de leur surprise. « Je suis donc un lecteur ? » écrit l’un d’eux.

 

 

Molière (1622-1673)

Molière a droit en 2022-2023 à un double anniversaire : celui du quadri-centenaire de sa naissance (1622-2022) mais aussi celui des 350 ans de sa mort en 2023. Ces années Molière donnent lieu à de multiples événements et hommages pour célébrer celui qui a tant marqué l’histoire de la langue française qu’elle en est même dénommée « langue de Molière ». « L’Illustre Molière » comme le titre la NRP évoque dans ses pièces des thèmes et enjeux de société qui restent toujours d’actualité et font de ces comédies une satire transposable à nos travers contemporains. Face au panorama de ressources, spectacles, expositions et parutions qui accompagnent les célébrations autour de Molière 2022, gardons en tête le formidable pouvoir cathartique du théâtre qui, grâce aux procédés comiques utilisés, dénonce inégalités sociales et faiblesses humaines. Étudier l’œuvre de Molière permet de travailler avec les élèves de multiples compétences en lecture, écriture, mais aussi de développer l’oralité et d’affûter leur esprit critique. Les textes du dramaturge reflètent par ailleurs une période historique et artistique foisonnante qui peut faire l’objet de nombreux ponts interdisciplinaires notamment dans le cadre du parcours d’éducation artistique et culturelle. Si « Molière s’est donné le mot de la fin1 » en mourant quasiment sur scène, ces répliques n’ont certainement pas fini de résonner en nous.

Événements autour du 400e anniversaire de la naissance de Molière

Programme anniversaire

Ministère de la Culture : programme détaillé des événements partout en France autour du 400e anniversaire de la naissance de Molière.
https://www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Celebration-du-400e-anniversaire-de-la-naissance-de-Moliere

Et également sur France info :
https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/theatre/400-ans-de-moliere-des-celebrations-en-france-et-un-peu-partout-dans-le-monde_4917867.html

Plateforme Molière 2022

Ce site rassemble en particulier tous les colloques et congrès dédiés à Molière au cours de l’année 2022. On peut citer entre autres : le colloque Retours sur Molière à la Sorbonne qui s’est déroulé en janvier 2022 ; le programme universitaire Molière 2022 à Montpellier avec des conférences, des webinaires et des spectacles ; les 27-28 juin, et 11-12 juillet : Molière par la scène en partenariat avec la Maison Française d’Oxford et la ville d’Avignon ; les 17-19 novembre 2022, le colloque international Molière et les acteurs comiques : art et techniques de la création scénique à l’Université Rennes 2 ; le 29 novembre : « Les deux Baptistes », Molière et Lulli/Lully à l’Université de Florence.
https://moliere2022.org/

© Molière 2022 à Montpellier – Printemps des Comédiens

Sélections de spectacles en 2022

La Comédie Française (Paris) consacre toute la saison 2022 à Molière : au programme, un grand nombre de ses pièces (Le malade imaginaire, L’Avare, Monsieur de Pourceaugnac, Le médecin volant, Le misanthrope, Dom Juan etc.) mais aussi des pièces qui s’inspirent de la vie du dramaturge ou adaptent librement plusieurs de ses textes : Singulis, le silence de Molière ; On ne sera jamais Alceste ; Le crépuscule des singes ; Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et…
https://www.comedie-francaise.fr/fr/saison/moliere-2022

À noter : la pièce Le Tartuffe ou l’hypocrite (mise en scène par Ivo van Hove, avec Denis Podalydès) n’est pas le texte classique qui est habituellement joué (Le Tartuffe ou l’imposteur). Il s’agit ici de la première version de la pièce censurée en 1664. Cette pièce sera en tournée dans toute la France en 2022.
https://www.comedie-francaise.fr/fr/evenements/le-tartuffe-ou-lhypocrite

Retrouvez également le programme des pièces prévues dans le cadre du cycle Molière du Château de Versailles :
https://www.chateauversailles-spectacles.fr/tag/moliere_t218/1

Dehors Molière ! ou l’école de la rue, de la Compagnie Casus Délires. Spectacle qui a gagné l’appel à projet « Poquelin, pour aujourd’hui ou pour demain » dont le but est de diffuser l’œuvre de Molière dans l’espace public :
https://www.casusdelires.com/dehors-moliere/

Tartuffe, mise en scène par Macha Makeïeff, Théâtre de la Criée, Marseille. En tournée dans toute la France en 2022 :
https://www.theatre-lacriee.com/programmation/saison/tartuffe.html

La Ville de Pézénas dans l’Hérault met également à l’honneur Molière, en proposant un Festival Molière en juin 2022, des journées du Patrimoine centrées sur la figure de Molière à travers cette ville dans laquelle il a séjourné, et diverses animations tout au long de l’année :
https://www.ville-pezenas.fr/billetterie-culture/theatre-et-expos/

Les rencontres de l’Illustre Grenier – Comédie française. Un programme de rencontres, tables-rondes et débats autour de l’œuvre du « Patron » des lieux. À retrouver ensuite en ligne sur :
https://www.comedie-francaise.fr/fr/les-illustres-greniers

Les rencontres de l’Illustre Grenier : lecture du Roman de Monsieur de Molière de Mikhaïl Boulgakov par Sylvia Bergé.

Expositions

Trois expositions issues des collections de la Comédie Française se sont déroulées de janvier à juillet 2022 : Molière aux mille visages ; Molière sur scène ; Molière aux mille couleurs (costumes). Vous pouvez retrouver les pièces maîtresses de ces expositions en ligne sur le site de la Comédie Française.
https://www.comedie-francaise.fr/fr/exposition_en_cours

© Collections de la Comédie française. M. Jourdain, maquette de costume de Charles Bétout, mise en scène du Bourgeois Gentilhomme en 1938

Molière en costumes – Centre national du costume de scène, à Moulins, du 26 mai au 6 novembre 2022. Les œuvres du dramaturge sont vues au travers de 150 costumes qui dressent un panorama original de ses pièces.
https://www.cncs.fr/

Molière, le jeu du vrai et du faux – Bibliothèque nationale de France, site Richelieu du 27 septembre 2022 au 15 janvier 2023. Cette exposition regroupe documents d’archives, manuscrits originaux, œuvres d’art, costumes, pour retracer la vie et l’œuvre de Molière.
https://www.bnf.fr/sites/default/files/2022-01/CP_Moliere_BnF_2022.pdf

Molière en musiques – Bibliothèque-Musée de l’Opéra du 27 septembre 2022 au 15 janvier 2023. En partenariat avec l’Opéra National de Paris et la Comédie Française, cette exposition de la BnF se centre sur le rôle de la musique dans les œuvres de Molière, notamment avec la création de la comédie-ballet et les liens du dramaturge avec les compositeurs de son temps.
Galerie de la bibliothèque-musée de l’Opéra | BnF – Site institutionnel

Molière, la fabrique d’une gloire nationale (1622-2022) – Versailles (Espace Richaud) exposition qui s’est déroulée du 15 janvier au 17 avril 2022 : avec en prolongement l’inauguration d’une statue contemporaine de Molière dans la cour d’entrée du Château de Versailles réalisée par l’artiste Xavier Veillhan.
https://moliere2022.org/files/versaillesfabrique.pdf

Ressources numériques

Dossier Lumni sur Molière : des articles synthétiques sur sa biographie et son œuvre, ainsi que plusieurs courtes vidéos explorant certaines de ses plus célèbres pièces et les éléments marquants de son héritage sur l’histoire du théâtre.
https://www.lumni.fr/dossier/moliere

La Comédie Française : dossier très complet sur Molière, éléments biographiques détaillés, œuvres, critiques littéraires et personnages, Molière vu par ses contemporains, l’héritage et l’influence de Molière en Littérature.
https://www.comedie-francaise.fr/fr/moliere

Ressources Éduscol : « Molière à la croisée des Lettres et des Arts ». Une sélection de ressources pédagogiques, des pistes bibliographiques et filmographiques, les liens vers tous les événements de l’année Molière.
https://eduscol.education.fr/2558/moliere-la-croisee-des-lettres-et-des-arts

Opération Molière jusqu’en 2023 :
Des capsules vidéo, des dossiers issus du Réseau CANOPÉ, de Théâtre en acte, de la Comédie-Française, des ressources de la BnF et du site theatre-contemporain.net, mais aussi des séquences pédagogiques produites par l’ANRAT (Association Nationale de Recherche et d’Action Théâtrale).
http://operati.cluster030.hosting.ovh.net/

Théâtre en acte de Canopé : dossier sur Molière, composé d’interviews de comédiens et de metteurs en scène ainsi que des pistes pédagogiques en lien avec la base Éduthèque. 
https://www.reseau-canope.fr/edutheque-theatre-en-acte/auteur/moliere-1.html

Dans les programmes scolaires

Collège

BO spécial n° 11 du 26 novembre 2015. Annexe 2 Programme d’enseignement du cycle de consolidation (cycle 3).
https://www.education.gouv.fr/bo/15/Special11/MENE1526483Aannexe2.htm

Français : « En 6e, le corpus des œuvres à étudier est complété par des lectures cursives au choix du professeur, de genres, de formes et de modes d’expression variés, dont le théâtre. Outre la lecture de pièces, la mise en voix, voire la théâtralisation, est recommandée. »

BO spécial n° 11 du 26 novembre 2015, annexe 3 : programme d’enseignements du cycle des approfondissements (cycle 4).
https://www.education.gouv.fr/bo/15/Special11/MENE1526483Aannexe3.htm

Exemple d’EPI cité dans les programmes : thématique « Culture et création artistiques » – en lien avec l’histoire, la géographie, l’enseignement moral et civique, l’histoire des arts, les arts plastiques et l’éducation musicale.

5e, 4e : « La société sous Louis XIV, à travers Molière. » Projets autour par exemple des châteaux de Vaux-le-Vicomte et de Versailles : récits, saynètes, poésies, textes documentaires (lecture et écriture), recherches (éducation aux médias et à l’information).

Histoire-géographie – cycle 4. Thème 3 : Transformations de l’Europe et ouverture sur le monde aux XVIe et XVIIe siècles

« Du Prince de la Renaissance au roi absolu. (François Ier, Henri IV, Louis XIV) : À travers l’exemple français, on approfondit l’étude de l’évolution de la figure royale du XVIe au XVIIe siècle, déjà abordée au cycle 3. »

Lycée

BO n° 5 du 4 février 2021 :
https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo5/MENE2036974N.htm

1re Générale et technologique.
Objet d’études : « Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle ». Œuvre et parcours du programme limitatif de l’épreuve anticipée du bac de Français : 2021-2024. « Molière, Le Malade imaginaire / parcours : spectacle et comédie. »

BO n° 26 du 1er juillet 2021 :
https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo26/MENE2117455N.htm

Enseignement de spécialité Théâtre :
Le programme limitatif 2021-2022 de l’enseignement de théâtre mettait à l’étude les femmes, au travers de trois comédies de Molière : L’École des femmes (1662), Le Tartuffe (1664) et L’Amour médecin (1665).

Pistes pédagogiques

Utiliser la controverse sur la prétendue paternité des pièces de Molière écrites par Corneille comme exemple d’une théorie du complot littéraire. Ce travail permet d’allier EMI et lettres pour déconstruire les étapes de la désinformation et les corrélations erronées tout en s’interrogeant sur la notion de paternité des œuvres. On peut s’appuyer sur le site « Molière auteur des œuvres de Molière : Molière-Corneille » et, plus particulièrement, sur la partie consacrée aux anomalies inventées dans les biographies des deux dramaturges.
http://moliere-corneille.huma-num.fr/presentation/
et une vidéo sur Lumni :
https://www.lumni.fr/video/corneille-a-t-il-ecrit-les-pieces-de-moliere-un-algorithme-repond#containerType=folder&containerSlug=moliere

Reprendre l’idée du projet de l’association 10 sur 10 (centre théâtral francophone polonais) en l’adaptant au milieu scolaire. Lancer le défi aux élèves de trouver autour d’eux des traces de Molière (plaques de rue, statues, références à l’un des personnages, noms d’établissement ou de lieux culturels etc.) et se photographier devant de façon originale. Cela peut prendre la forme d’un concours ou simplement d’une animation ponctuelle pour valoriser l’héritage et l’influence de Molière.
https://www.10sur10.com.pl/concours-rendez-vous-moliere/

Réaliser une exposition sur Molière entièrement conçue par les élèves : recherches documentaires au CDI en petits groupes pour recueillir des informations, synthèse et mise en forme pour réaliser des panneaux documentaires illustrés portant sur la biographie du dramaturge, son œuvre, le contexte historique (Louis XIV et la Cour), les différents personnages, la filmographie et les adaptations des œuvres de Molière, les grands thèmes de société abordés dans ses pièces et leur écho dans l’actualité etc. On peut par ailleurs proposer aux élèves de sélectionner eux-mêmes les ouvrages (livres documentaires, adaptations en BD par exemple) qui constitueront une table thématique à côté de l’exposition.

En prolongement de cette exposition, pour ajouter de l’interactivité et travailler sur les compétences orales, on peut imaginer que les élèves lisent à voix haute certaines scènes et dialogues de Molière, s’enregistrent et proposent ainsi sous forme de QR codes des jalons audios qui illustrent leur exposition. De même, ces enregistrements peuvent être disposés un peu partout dans le CDI ou l’établissement, à l’occasion d’une semaine de temps fort autour de Molière.

Créer un événement culturel à l’échelle de l’établissement pour célébrer l’année Molière avec par exemple des brigades théâtrales de quelques élèves qui vont déclamer des passages célèbres de ses pièces dans les différentes classes de l’établissement, à l’instar de ce qui se fait déjà pendant le Printemps des Poètes avec les Brigades d’intervention poétique.

Écriture d’articles pour le journal de l’établissement autour de Molière, avec par exemple un questionnaire sur le modèle « Quel personnage de Molière seriez-vous ? » qui dresserait une typologie de caractères en fonction des personnages principaux choisis dans les pièces du dramaturge.

Filmographie

Biopics et films historiques

Belmont, Véra. Marquise. France. 1997. 2 h 16.

Corbiau, Gérard. Le Roi danse. Belgique. 2000. 1 h 55.

Guitry, Sacha. Si Versailles m’était conté. France. 1954. 2 h 45.

Le Guay, Philippe. Alceste à bicyclette. France. 2013. 1 h 44.

Mnouchkine, Ariane. Molière. France. 1978. 4 h 10.

Tirard, Laurent. Molière. France. 2007. 2 h.

Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres… Téléfilm d’après Molière mis en scène par Julie Deliquet. Diffusion France Télévisions. [Date de diffusion non communiquée à l’heure où nous écrivons ces lignes.]

Documentaires

Duguet, Claire. L’Heure de Molière. Viva productions, France 3. 2009. 52 minutes.

Fraudreau, Martin. Les enfants de Molière et de Lully. Alpha productions. 2005. 51 minutes.

Guirado, Eric. L’Autre Molière. Lato Sensu Productions et France tv Aura. 52 minutes. Diffusé sur France 3, disponible en replay jusqu’au 20 janvier 2023.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/documentaire-l-autre-moliere-la-lecon-de-theatre-en-52-minutes-2423326.html

Captations théâtrales

Captations filmées de la Comédie française en DVD :
https://boutique-comedie-francaise.fr/20-moliere

Retransmission de pièces de Molière à la télévision dans les archives de l’INA :
https://madelen.ina.fr/selection/6752/moliere-prince-de-laudace-et-du-rire

Captations filmées diffusées au cinéma dans le cadre de l’année Molière (Pathé/Comédie Française) :
L’Avare ; Le Tartuffe ou l’hypocrite ; Le Bourgeois Gentilhomme ; Le Malade imaginaire.
https://www.moliere400.film/

Le site Cyrano.éducation permet de visionner en streaming des captations de pièces de théâtre du répertoire classique, dont huit pièces de Molière (création gratuite de compte pour les enseignants, et accessible directement depuis l’ENT en Ile-de-France).
https://www.cyrano.education/content?categorie[]=1771

Vidéos en ligne

Théâtre à la table. Le principe : après quatre jours de répétitions à la table, c’est-à-dire en lecture simple, sans mise en scène, une captation en direct est diffusée dès le cinquième jour. Il s’agit de montrer au public les premiers moments de construction d’une pièce, des premières lectures à l’appropriation du texte et des personnages. Dans la cadre de la saison Molière 2022, retrouvez sur YouTube dans le courant de l’année huit pièces de Molière en captations filmées sous cette forme.
https://www.youtube.com/watch?v=abN7U5Yiy4Y

Film court du programme RePlay. Dom Juan de Molière – Acte 2 – Scène 5, 6, 7. 2020, 7 minutes.  Réalisateur : Matthias Castegnaro. La Blogothèque, Arte France.
https://www.arte.tv/fr/videos/089924-006-A/replay-dom-juan-7-8/
Cette scène marquante de Dom Juan présentée en un seul plan séquence permet de réinterpréter le texte dans un univers très contemporain.

Arte TV. Programme court : Gymnastique – Pourquoi l’église n’aimait pas Molière ? Épisode 22/30, 2020, 6 minutes. La Blogothèque, Arte.
https://www.arte.tv/fr/videos/093029-025-A/gymnastique/

Radio / Podcast

Molière, le chien et le loup. Philippe Collin – podcast en 10 épisodes sur France Inter, en association avec la Comédie-Française. Y sont détaillés la vie tumultueuse de Molière, de ses débuts à sa fin tragique, en passant par ses liens avec Louis XIV, les scandales qu’il a provoqués et les mystères qui restent associés à son nom.
https://www.franceinter.fr/emissions/moliere-le-chien-et-le-loup

Expodcast : les musiques de Molière. Réalisé par Suzanne Gervais, en partenariat avec le Centre de Musique Baroque de Versailles, France Musique, le Château de Versailles et la Comédie-Française, ce podcast allie vidéo, documents d’archives, audio, immersions numériques, pour développer un parcours interactif autour des musiques qui ont rythmé la vie de Molière. À noter la présence d’un parcours Junior pour les 9-14 ans. L’ensemble est fluide et attractif, une bonne façon d’aborder l’œuvre de Molière au travers de différentes pièces musicales.
expodcast.cmbv.fr/fr

France Culture : « L’auteur le plus joué au monde n’a pas besoin d’entrer au Panthéon », entretien avec Georges Forestier, par Benoît Grossin et récapitulatif des podcasts parlant du dramaturge.
https://www.franceculture.fr/theatre/400-ans-de-moliere-lauteur-de-theatre-francais-le-plus-joue-au-monde-na-pas-besoin-dentrer-au

RFI : Florian Riva et Patrice Martin. Depuis 400 ans, Molière sans frontières, 07/01/2022. Un article, des podcasts et vidéos qui éclairent l’influence de Molière sur les écrivains, les comédiens et les lecteurs du Maghreb et plus globalement de l’Afrique. Un angle un peu différent pour aborder l’œuvre du dramaturge.
https://www.rfi.fr/fr/connaissances/20220107-depuis-400-ans-moli%C3%A8re-sans-fronti%C3%A8res

 

Note de lecture : Comment lire de vieux textes avec de jeunes élèves ? De Sarah Alami

Pourquoi certaines œuvres littéraires classiques, dites « patrimoniales1 », traversent-elles les siècles ? Qu’ont-elles de si particulier, que d’autres textes, tombés dans l’oubli, ne possèdent pas ? Et comment amener des lycéens à se les approprier ? Peut-être en leur proposant de jouer un rôle actif dans l’étude de celles-ci, à savoir, notamment, en sollicitant leur avis et en les invitant à réfléchir sur des sujets toujours d’actualité.
C’est ce que propose Sarah Alami dans Comment lire de vieux textes avec de jeunes élèves ? (et autres questions piquantes pour profs de lettres)… uniquement pour les profs de lettres ? À y regarder de plus près, pas si sûr… d’où notre choix de nous arrêter sur cet ouvrage : destiné aux professeurs de lycée, il se révèle un outil précieux dans le cadre de la collaboration entre le professeur documentaliste et le professeur de français.

Ce livre se divise en cinq chapitres, lesquels correspondent aux séquences pédagogiques conçues par l’auteur à partir d’une œuvre ou d’un corpus de textes : « Comment étudier un classique sans s’ennuyer en classe ? (Jean Racine, Phèdre, 1677) » ; « Comment lire de vieux textes avec de jeunes élèves ? (Collectif de poètes, Blason anatomiques du corps féminin, 1543) ; « Comment lire de gros livres avec les élèves ? » (Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857) ; « Comment se mettre dans la peau d’un auteur ? (Montesquieu, Lettres persanes, 1721) et « Comment enseigner l’autonomie ? » (Regards sur l’école et corpus de texte). Chaque séquence est accompagnée d’une introduction et d’un plan détaillé ; logiquement divisée en plusieurs séances, elle comporte également des extraits des œuvres étudiées. Surtout, une rubrique intitulée « Penchons-nous sur… » aborde des points méthodologiques qui constituent autant de portes d’entrée pour le professeur documentaliste, tel « Susciter le désir de lire » (chapitre 3) ou encore « Mener un atelier d’écriture » (chapitre 4).
Voici quelques pistes pouvant mener, entre autres, à des séances de coanimation : la première séquence pose la question de la culpabilité du héros tragique et repose sur l’idée de faire le procès de Phèdre ; les objectifs des séances 3 et 5 (« Interroger la responsabilité du héros tragique » et « Réfléchir aux enjeux d’un procès et étudier les failles du personnage tragique ») conviennent à l’organisation d’un débat argumenté.
Par ailleurs, afin de permettre aux élèves d’entrer en littérature, on pourra leur proposer, parallèlement à la lecture de la pièce de Jean Racine, celle de la bande dessinée Phèdre (texte intégral de Jean Racine, éditions Petit à Petit ISBN 9791095670278) ; cette dernière offre, de plus, la possibilité de mettre en regard des planches de bande dessinée et des scènes théâtrales pour réfléchir sur les choix du dessinateur Armel et sur la question de l’adaptation.
La seconde séquence porte sur le blason : la séance 4 « Le concours de contreblasons, contraction de textes et écrits d’appropriation » peut conduire à la création de podcasts, lesquels permettent, en outre, de travailler la lecture à voix haute. Le procès dont le roman Madame Bovary a fait l’objet, abordé dans la troisième séquence, conviendrait particulièrement à la réalisation d’une émission de radio sur la question de la place de la femme.
L’étude des Lettres Persanes de Montesquieu dans la quatrième séquence et la séance 5 dont l’objectif est « Peut-on rire de sujets graves ? » nous invite à réfléchir sur le fanatisme religieux et à travailler sur la caricature. Outre les ressources de la Bnf, citées par l’auteure, la découverte de EENCRE, Édition Numérique Collaborative et CRitique de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot, D’Alembert et Jaucourt (1751-1772) – http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/ –, dans le cadre d’une recherche sur les Lumières, pourra être très enrichissante. Quant à la séance 6 « Être en avance sur son temps, initiation à la recherche documentaire », le titre parle de lui-même !
Les possibilités de collaboration, vous l’aurez compris, sont donc multiples, et il nous semble que s’il est à conseiller à nos collègues de lettres, cet ouvrage permet également aux professeurs documentalistes d’être force de proposition.

 

 

ALAMI, Sarah. Comment lire de vieux textes avec de jeunes élèves ? (Et autres questions piquantes pour profs de lettres). Paris : Tsarines, 2021, 233 p. (C’est comme ça qu’on s’en sort), 22 euros. ISBN : 9782957925605.