Dessin de presse et liberté d’expression

Expositions, Musées

Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’illustration – Strasbourg
Le dessin satirique en France, de 1960 à 2003 (19 mars – 4 juillet 2021)
140 œuvres et documents qui retracent le parcours du dessin satirique en France depuis 1960 et la création de Hara-Kiri en 1960 jusqu’en 2003 avec L’Imbécile de Paris.
https://www.musees.strasbourg.eu/le-dessin-de-presse-satirique-en-france-de-1960-%C3%A0-2003

Expositions Cartooning for Peace réalisées à partir d’une sélection de dessins de presse du monde entier sur différents sujets d’actualité. Elles constituent, à travers la pluralité des regards proposés, de véritables odes à la diversité, au dialogue et à la tolérance.
Le dessin de presse dans tous ses États. 2016 https://fr.calameo.com/read/002524839c8a723f39597
Les Droits de l’Homme, c’est pour quand ? 2018 https://fr.calameo.com/read/0025248399a3da056a4eb

Hôtel de Ville – Paris
Le rire de Cabu (janvier-février 2021). Plus de 350 dessins originaux sont visibles dans un parcours en huit thèmes, chers au dessinateur. Une occasion de redécouvrir la France de Cabu, mais aussi les people et les combats de Cabu. Visite virtuelle accessible https://cdn.paris.fr/cabu/index.html

CARICADOC
Le dessin de presse, entre liberté d’expression et censure – 2020
Exposition permettant d’explorer l’histoire de la caricature politique dans ses confrontations aux différents types de censures juridique, politique, administrative, économique et de poser la question de la liberté d’expression, de sa définition, de ses limites.
https://data.over-blog-kiwi.com/0/94/72/48/20200626/ob_4590a0_dessin-de-presse-censure-pdf-de-presen.pdf

BNF – Exposition virtuelle. La Presse à la Une – 2008
La partie Daumier et ses héritiers présente un rapide historique de la caricature, en définit les techniques et procédés puis souligne l’engagement commun de Daumier et de ses disciples. L’album L’histoire de la censure de la presse au XIXe siècle est également très instructif.
http://expositions.bnf.fr/daumier/index.htm
http://expositions.bnf.fr/presse/albums/02/index.htm

Centre international de la caricature, du dessin de presse et de l’humour à St Just Le Martel
Il accueille bien sûr le Salon annuel mais aussi, tout au long de l’année, des expositions temporaires consacrées aux grands noms du dessin de presse, des conférences et colloques, des spectacles et de multiples autres activités.
https://centredessinpresse-stjust.com/le-centre-international/

Maison du Dessin de Presse à Morges en Suisse
Met en valeur le dessin d’actualité, satirique et humoristique à travers plusieurs expositions et évènements. En tant que « Maison », l’objectif est de faire vivre le lieu par des rencontres, des discussions sur ce médium incitant à l’ouverture d’esprit et au regard critique.
http://mddp.ch/

Projet de musée du Dessin de presse
En janvier 2020, Franck Riester, qui était alors ministre de la culture, a annoncé la création d’une maison du dessin de presse quelque part en France, au moment de la commémoration des 5 ans de l’attentat de Charlie Hebdo. À suivre…

Organismes

Cartooning for peace
Réseau international de dessinateurs de presse engagés qui combattent, avec humour, pour le respect des cultures et des libertés. Cette association sensibilise aux grands problèmes de société en utilisant la forte valeur pédagogique du dessin de presse. C’est un éditeur de contenus reconnu, spécialiste de l’éducation aux médias et d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale.
https://www.cartooningforpeace.org/

Ça presse
L’association Ça presse s’appuie sur un collectif d’artistes, de chercheurs et de citoyens mobilisés autour des questions liées à la liberté d’expression à travers le médium du dessin de presse.
https://www.capresse.org/

CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information)
Il est chargé de l’éducation aux médias et à l’information (ÉMI) dans l’ensemble du système éducatif français et propose de nombreuses ressources pédagogiques.
https://www.clemi.fr/fr/ressources/nos-ressources-pedagogiques/ressources-pedagogiques/dessin-de-presse-et-liberte-dexpression.html

Dessinez Créez Liberté
L’association fondée par Charlie Hebdo et SOS Racisme au lendemain des attentats de janvier 2015, est née d’une nécessité : initier la jeunesse au dessin de presse et offrir aux plus grands des outils pédagogiques originaux pour ouvrir les débats et aborder les thématiques qui font l’actualité et agitent la société
https://dessinezcreezliberte.com/

Reporters sans frontières
Organisation non gouvernementale internationale fondée en 1985, reconnue d’utilité publique en France et présente en 2020 dans 14 pays. Elle se donne pour objectif la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes.
https://rsf.org/fr

Évènements

Semaine de la Presse et des Médias dans l’École
Organisée chaque année par le CLEMI, Centre pour l’éducation aux médias et à l’information. Elle forme les élèves à devenir les « cybercitoyens » actifs, éclairés et responsables de demain, dans une société de l’information et de la communication.

Salon international de la caricature, du dessin de presse et de l’humour
Tous les ans en septembre, ce salon mêle dessins contemporains et rétrospectives, expositions collectives et découvertes singulières. Près de 200 dessinateurs du monde entier, cartoonists confirmés et futures vedettes du crayon viennent s’y rencontrer, parler de leur métier, dessiner pour un public nombreux et toujours fidèle.

Journée de la laïcité à l’école : le 9 décembre
L’anniversaire de la loi du 9 décembre 1905 est inscrit au programme des actions éducatives et donne lieu, chaque année, à des projets instructifs, ambitieux, originaux, qui font vivre la laïcité au sein des établissements.

Journée mondiale de la liberté de la presse : le 3 mai
Elle a pour vocation de sensibiliser à l’importance de la liberté de la presse et de rappeler aux gouvernements leur obligation de respecter et faire respecter le droit de liberté d’expression consacré par l’article 19 de La Déclaration universelle des droits de l’homme.

Concours

Concours du dessin de presse Médiatiks Paris
En 2021, pour commémorer l’assassinat de Samuel Paty et les attentats au journal Charlie Hebdo, le CLEMI Paris propose son prix spécial académique Meilleur Dessin de presse. Les participants peuvent proposer un dessin, accompagné d’un titre ou une légende, une intention (3 à 5 lignes), une signature et une présentation du projet pédagogique dans lequel la production de ce dessin de presse s’est réalisée.
https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_1897358/concours-mediatiks

Concours académique de dessin de presse – CLEMI de l’académie de Nantes
Action à destination des collèges et des lycées, pour aborder la liberté d’expression et ses enjeux citoyens. Ce concours met les élèves en situation de porter un regard critique sur une actualité, en lien avec l’un des deux thèmes proposés (en 2021 : « Peut-on rire de tout ? » et « L’égalité filles-garçons »).
https://www.pedagogie.ac-nantes.fr/poles-et-actions-educatives/concours-de-dessin-de-presse-clemi-1320317.kjsp

Concours académique de dessins de presse – CLEMI de l’académie de Besançon
En partenariat avec les dessinateurs de presse Rodho, Berth et Bauer, L’Est Républicain et Cartooning for Peace, le concours de dessin de presse s’adresse aux élèves des établissements du second degré. Il s’agit de réaliser un dessin de presse en lien avec l’actualité.
https://www.ac-besancon.fr/spip.php?article9121

Prix Charlie
Prix du dessin satirique de Charlie Hebdo avec l’association Dessinez Créez Liberté dont le thème 2021 était : « Trouver l’amour de sa vie avec le Covid ». https://dessinezcreezliberte.com/

Concours international de dessin de presse
Créé par l’association Cartooning for peace, le thème 2020 : « Le journalisme sans crainte ni complaisance ».

Dans les programmes

Collège

Socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Cycles 3 et 4
Domaine 3 : la formation de la personne et du citoyen
Transmettre les valeurs fondamentales et les principes inscrits dans la Constitution
BO N° 17 du 23 avril 2015

Éducation aux médias et à l’information (EMI). Cycles 3 et 4
Permettre aux élèves d’exercer leur citoyenneté dans une société de l’information et de la communication, former les «cybercitoyens» actifs, éclairés et responsables de demain.
BO spécial N° 31 du 30 juillet 2020

EMC, cycle 3
Partager et réguler des émotions, des sentiments dans des situations et à propos d’objets diversifiés : textes littéraires, œuvres d’art, documents d’actualité, débats portant sur la vie de la classe.
BO N° 30 du 26 juillet 2018

EMC, cycle 4
Dans le cadre de l’objet d’étude « Respecter autrui », les élèves ont l’occasion de mettre en avant leurs convictions, leurs sentiments moraux ou religieux et de les confronter à celles et ceux des autres pour en saisir la pluralité.
Les libertés d’expression et de la presse sont au cœur de l’objet « Acquérir et partager les valeurs de la République ».
Enfin, ces libertés sont au cœur de la construction d’une culture civique, notamment par la capacité à « exprimer son opinion et respecter l’opinion des autres dans une discussion réglée ou un débat réglé ».
BO spécial N° 31 du 30 juillet 2020

Histoire, cycle 4 et seconde
Analyser comment et jusqu’où on s’oppose, réfléchir à la possibilité ou à la nécessité de limites à la liberté d’expression face à des discours radicaux ou haineux, c’est souligner que ces questions sont permanentes dans toute société qui se fonde sur des valeurs de liberté.
BO spécial N° 31 du 30 juillet 2020

Français, cycle 4
La question de la liberté d’expression peut trouver sa place dans deux des quatre entrées qui structurent le travail en français : « Vivre en société, participer à la société » et « Agir sur le monde ». Plus particulièrement, en classe de troisième avec le parcours « Dénoncer les travers de la société ». Il s’agit notamment de faire découvrir aux élèves des œuvres, des textes et des images à visée satirique, relevant de différents arts, genres et formes, et de leur faire comprendre les raisons, les visées et les modalités de la satire.
BO spécial N° 31 du 30 juillet 2020

Lycée

EMC, Seconde
La liberté est le thème central du programme, tout comme en seconde professionnelle. Les questions sur sa définition et les débats qui l’animent y sont enrichies, comme les modalités de discussion et de débat avec les élèves autour de ces questions.
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019

Histoire, 1re technologique
En première technologique, le thème 2 propose un sujet d’étude sur « Victor Hugo sous la Deuxième République et le Second Empire » qui peut permettre de souligner les combats pour la liberté d’expression autour de sa lutte de proscrit puis d’exilé contre le Second Empire.
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019

HGGSP, première
Le programme de la spécialité permet de questionner la liberté d’expression de façon plus fine. Le thème 1 « Comprendre un régime politique : la démocratie », avec notamment le jalon « L’inquiétude de Tocqueville : de la démocratie à la tyrannie ? Une analyse politique », permet de se confronter à la réflexion d’un penseur important sur ces questions.
Le thème 4 « S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication » a pour objet de faire saisir le rôle des progrès techniques ainsi que le rôle fondamental d’une information libre et les enjeux qui l’entourent.
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019

Français, seconde générale et techno­­logique
L’objet d’étude « La littérature d’idées et la presse du XIXe siècle au XXIe siècle » ouvre une perspective littéraire et historique sur les caractéristiques de la littérature d’idées et sur le développement des médias de masse. Il s’agit de poursuivre le travail de formation du jugement et de l’esprit critique.
BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019

Philosophie, terminale
La « liberté » est une des notions à étudier dans la voie générale comme dans la voie technologique
La philosophie propose une réflexion critique consacrée aux valeurs de la République.
BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019

Pistes pédagogiques

Réaliser avec les élèves (club, atelier etc.) un journal scolaire centré sur le dessin satirique.

Emprunter et exploiter les expositions de dessins de presse à destination des scolaires
Cartooning for Peace propose 7 kits pédagogiques (expositions itinérantes accompagnées de livrets pédagogiques à destination des professionnels de l’éducation) : Dessinons la paix, Dessine-moi la guerre, Dessine-moi la Méditerranée, Dessine-moi le droit, Tous migrants ! Dessine-moi l’écologie, Dessine-moi l’Afrique.
https://www.cartooningforpeace.org/wp-content/uploads/2020/12/2021-Catalogue-Expositions-CFP-BD.pdf

Découvrir et analyser un dessin de presse en classe
Cette séquence proposée par le CLEMI en 2019, a pour objectifs d’identifier et interpréter les formes et les codes d’un dessin de presse et de comprendre son rôle, son lien avec l’actualité et la liberté d’expression.  https://www.clemi.fr/fr/ressources/nos-ressources-pedagogiques/ressources-pedagogiques/dessin-de-presse-et-liberte-dexpression.html

Exploiter un dessin de presse sur une thématique en lien avec l’actualité
Grâce aux fiches «décryptage» de l’association Dessinez, créer, liberté. https://dessinezcreezliberte.com/fiches-decryptage/

Proposer des séances pédagogiques variées autour du dessin de presse, notamment dans le cadre de la Semaine de la Presse et des Médias à l’École
À retrouver sur le site Édubase :  https://edubase.eduscol.education.fr/recherche?q=dessin+de+presse

Organiser un bain de dessins de presse
Les élèves glanent des dessins de presse dans différents médias et veillent à noter la source. Ils les classent en vue de préparer une exposition ou une revue de presse.

Préparer un débat sur la liberté d’expression avec des professeurs de toute matière
Retrouvez un kit avec des conseils et des activités, réalisé par l’association Jets d’Encre : http://www.jetsdencre.asso.fr/wp-content/uploads/2019/09/Kit-debat-V2019.pdf

Faire intervenir des dessinateurs en classe
S’adresser aux associations, dont Cartooning for Peace ou directement aux médias.
– L’association Dessinez Créez Liberté assure des séances en classes sur plusieurs formules en abordant le dessin de presse, le journalisme, la caricature, la désinformation…
https://dessinezcreeliberte.com/nos-actions/le-dessin-de-presse-decrypter-et-debattre/
– L’association Ça presse donne la possibilité de mettre en œuvre un parcours qui permet la création d’un support et de son contenu avec un dessinateur de presse et un journaliste. https://www.capresse.org/emi

Participer à un concours : Médiatiks, Prix Charlie, etc.

Sitographie

#Je dessine
Dans le cadre de la grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République, ce projet est un exemple de mise en œuvre de l’enseignement moral et civique (EMC) et de l’éducation aux médias et à l’information (EMI), de l’école élémentaire au lycée. Des dossiers pédagogiques sont proposés avec des apports théoriques et des pistes d’exploitation :
– La caricature et le dessin de presse
https://www.reseau-canope.fr/je-dessine/la-caricature-et-le-dessin-de-presse.html
– La liberté d’expression
https://www.reseau-canope.fr/je-dessine/liberte-dexpression.html

Caricatures&caricature
Un site consacré à la caricature de presse et à l’image satirique, animé par des enseignants, universitaires, et passionnés.
http://www.caricaturesetcaricature.com/

La cartoonethèque dispose d’un fonds remarquable de dessins.
http://www.cartooningforpeace.org/cartoonotheque/

ClEMI Bordeaux
Recense, sous forme d’une veille Pearltrees, un nombre considérable de ressources sur le dessin de presse et la liberté d’expression.
https://www.pearltrees.com/clemibx/ressources-dessin-de-presse/id14652990

Courrier International
La revue hebdomadaire propose une banque de dessins en lien avec l’actualité.
https://www.courrierinternational.com/dessin

Géoconfluens de l’ENS Lyon
Site à caractère scientifique pour le partage du savoir et pour la formation en géographie qui met à disposition une compilation de ressources sur la liberté d’expression, le droit au blasphème et la représentation de Mahomet.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/revues-de-presse/liberte-d-expression

 

 

Découvrir l’Histoire en mangas

Les temps anciens : des titres remarquables

Même si des périodes plus récentes sont plus souvent abordées dans les mangas historiques, il existe tout de même quelques titres remarquables situant leurs intrigues au cœur de civilisations anciennes.
Pour commencer, le manga Reine d’Égypte de Chie Inudoh revisite en 8 volumes en français (le 9e et dernier est à paraître) l’un des épisodes de l’une des civilisations les plus anciennes. La reine d’Égypte du titre n’est pas celle que l’on attend, mais Hatchepsout, qui aurait vécu entre 1508 et 1457 avant notre ère. L’œuvre relate ainsi le parcours de cette reine et son combat pour s’affranchir des règles et devenir elle-même pharaon de la XVIIIe dynastie. Cette fresque historique, de son mariage avec son demi-frère Séthi à son règne mouvementé, s’avère très documentée et reproduit cette époque de façon particulièrement prenante.
De son côté, Kingdom de Yasuhisa Hara situe son action dans la Chine ancienne. Cette longue série encore en cours, composée pour le moment d’une soixantaine de volumes, raconte la rencontre d’un orphelin avec le futur empereur Shi Huangdi et l’amitié qui en découle. Au fil des tomes, le lecteur suit les deux personnages qui vont évoluer au cœur de l’État de Qin et affronter de nombreux combats pour faire revenir la paix.
Pour découvrir l’Empire romain au tout début de notre ère, il faut lire la série Bestiarius. Elle relate en 7 tomes le quotidien de gladiateurs, contraints d’affronter des animaux féroces pour distraire l’empereur et le peuple romain. Si l’ensemble de la série est axé sur la rébellion de ces forçats, chaque volume s’intéresse plus particulièrement à l’un d’eux et en dévoile le destin. Les libertés que prend ici l’auteur quant aux mythes et légendes relatés font tout l’intérêt de cette œuvre, tout comme sa capacité à mêler les genres historiques, fantastiques, et mythologiques.
Enfin, La Vie de Bouddha nous emmène en Inde, il y a 2 500 ans, sur les traces du prince Siddhârta, que l’on connait aujourd’hui sous le nom de Bouddha. Au cours des 8 volumes proposés par un mangaka de référence, Osamu Tezuka, les lecteurs suivent le parcours du personnage depuis sa naissance (et même avant celle-ci) jusqu’à son accession au statut de Bouddha, et comprennent ainsi de quelle manière il a pu devenir une quasi-divinité. Une série servie par une narration à la fois accessible et passionnante.

Les combattants japonais

Bien sûr, les mangas sont aussi l’occasion de s’intéresser à l’Histoire japonaise, et notamment aux samouraïs et autres combattants ou chefs de guerre qui participent à l’imaginaire collectif lié à ce pays.
Le Moyen-Âge japonais, qui s’étend du XIIe siècle au XVIe siècle, inspire particulièrement les mangakas. Hoîchi, la légende des samouraïs disparus, par exemple, suit Hoîchi, un musicien aveugle qui raconte en chanson l’une des plus grandes batailles qui eut lieu au XIIIe siècle et qui vit s’affronter dramatiquement deux clans de samouraïs. Inspiré des contes japonais, ce manga met en scène avec talent les Yôkai, des esprits vengeurs issus du folklore nippon qui viennent s’en prendre aux vivants.
Au XIIIe siècle également, Angolmois : Chroniques de l’invasion mongole s’intéresse, en 8 volumes traduits (10 en version originale), à un autre aspect de l’Histoire japonaise en axant son récit sur un groupe de prisonniers envoyés en première ligne pour affronter les envahisseurs mongols.
De son côté, Le Tigre des neiges, fresque historique d’Akiko Higashimura, relate la vie d’un grand chef de guerre japonais ayant vécu au XVIe siècle et au sujet duquel un doute, quant à son genre, subsiste dans les archives. Ici, la mangaka part donc du principe qu’il s’agissait d’une femme et raconte son histoire et son ascension comme telle, tout en détaillant régulièrement les éléments historiques qui semblent valider cette thèse. Une série remarquable dans sa manière de lier l’Histoire à des mises en scènes intelligentes, avec ses personnages particulièrement bien construits et ses touches d’humour.
La fin de la période médiévale est un passage important dans l’histoire des samouraïs et pour la place qu’ils occupent désormais dans la société japonaise. C’est le propos du manga Kenshin le vagabond, qui situe son action au milieu du XIXe siècle, dans l’Empire du Japon, alors que le Moyen-Âge s’achève et que débute l’ère de l’industrialisation. Dans cette série magistrale de 28 volumes, nous suivons Kenshin, un samouraï victime de ce changement de société, qui a désarmé ses combattants et qui privilégie le commerce à la guerre. Notre héros se transforme donc en vagabond, se déplaçant sans attache dans tout le pays et vivant de nombreuses aventures.

Histoire européenne

Comme le prouve la production éditoriale, les mangakas s’intéressent également à divers pans de l’Histoire européenne, dont voici quelques exemples.
Vinland Saga, notamment, place son récit autour de l’an 1000 et immerge le lecteur dans l’histoire scandinave. On y suit Thorfinn, dont le père a été tué par un chef de guerre, dans sa quête de vengeance. Enchaînant les combats et s’affirmant au fil des ans, le jeune viking devient un combattant redouté. Pour l’aspect historique, même si le récit prend certaines libertés avec la chronologie et la cohérence, on y croisera tout de même des personnages et des batailles vikings véridiques.
Si l’on avance dans le temps, nous pouvons évoquer la période de la Renaissance, avec Arte de Kei Ohkubo, série qui compte actuellement 12 tomes traduits et dont la publication est encore en cours. Ce manga s’intéresse à la place des femmes dans la société du début du XVIe siècle, en mettant en scène une jeune aristocrate rêvant de devenir artiste peintre, mais qui fait face aux injonctions de l’époque selon lesquelles une jeune femme de son rang ne peut pas travailler. Un manga enjoué et riche, qui permet de découvrir l’Italie – plus particulièrement Florence – de la Renaissance.
Un peu plus proche de notre époque, le XIXe siècle attire aussi les mangakas. La série Emma, en cinq volumes, nous emmène dans l’Angleterre de l’époque victorienne, sous prétexte d’une histoire d’amour impossible entre Emma, domestique, et William, fils de bonne famille. Même siècle, mais autre contexte, l’adaptation du Capital de Karl Marx nous plonge en deux volumes dans la fin du XIXe siècle et la révolution industrielle en Europe. Une manière de découvrir à la fois la vie ouvrière de l’époque et d’aborder plus facilement l’œuvre de Karl Marx et ses théories économiques.

Le XXe siècle : la violence des conflits

Dans les mangas, le XXe siècle se retrouve principalement à travers ses conflits et leurs conséquences, permettant de donner une autre perspective à l’Histoire récente de certaines régions du monde et plus particulièrement de l’Asie.
En 1937, une partie de la Chine est envahie par l’armée impériale du Japon, déclenchant la seconde guerre sino-japonaise qui dura huit ans. C’est dans ce contexte que se déroule La Balade de Yaya, lors d’un exode massif de la population fuyant les combats. La rencontre de deux enfants issus de milieux différents, qui dans un autre contexte n’auraient jamais dû être amis, constitue le point de départ de cette série en 9 volumes. Le récit suit leur périple à travers la guerre au prisme de leur amitié, avec innocence et intelligence.
À peu près à la même période, mais dans une autre région du monde, L’histoire des 3 Adolf d’Osamu Tezuka démarre en 1936 aux Jeux Olympiques de Berlin et court jusqu’au début du conflit israélo-palestinien, en passant par la Seconde Guerre mondiale. Mêlant faits historiques et fiction, ce manga fleuve se base sur une rumeur laissant entendre que Hitler aurait eu des origines juives. Cette fresque est aussi celle d’une amitié entre deux enfants, tous deux prénommés Adolf, l’un juif et l’autre fils d’un haut dignitaire nazi.
La Seconde Guerre mondiale est un sujet important dans le paysage éditorial des mangas, et particulièrement les événements liés à la bombe atomique. Ainsi plusieurs mangakas situent leurs œuvres dans Hiroshima, par exemple Gen d’Hiroshima, une série en 10 tomes qui dépeint le quotidien des Japonais pendant la guerre. À travers le regard d’un jeune garçon pauvre dont la famille est harcelée à cause des convictions pacifistes du père, le lecteur découvre cette époque où le soutien à l’effort de guerre semble primordial pour la plupart des Japonais. C’est à la fin du premier tome que le bombardement survient, dépeint dans un style naïf qui caractérise le point de vue de l’enfant mais qui n’efface pas l’horreur. Le Pays des cerisiers de Fumiyo Kouno de son côté se déroule plusieurs années après la catastrophe et s’intéresse aux conséquences psychologiques, physiques et familiales de l’événement sur les habitants rescapés. Grâce à trois courtes histoires, dans lesquelles on suit des enfants et des jeunes adultes ayant perdu des membres de leurs familles en même temps que leur innocence et leurs rêves, l’auteur dresse le portrait d’une jeunesse dévastée par cet épisode d’une violence inimaginable.
Enfin, Akira Fukaya met l’accent dans son manga Enfant-soldat sur les massacres perpétrés par les Khmers rouges dans les années 1970 au Cambodge. À travers le destin d’un orphelin de 10 ans contraint de rejoindre les rangs de l’armée de Pol Pot, l’auteur revient sur cette période marquée par la guerre civile puis par le conflit entre le Vietnam et le Cambodge.

Regard social sur l’Asie

Pour terminer, le manga historique est aussi l’occasion de porter un regard sur les évolutions sociales d’un pays. Une vie chinoise, par exemple, série en trois volumes, observe les mutations de la société chinoise depuis les années 1950 et la révolution culturelle de Mao Zedong jusqu’aux années 1980 et l’émergence de la Chine moderne. On suit en parallèle Xiao Li, né de l’union de deux camarades du parti communiste, et l’évolution politique et sociale du pays. Traversant ainsi le Grand Bond en avant et la grande famine, les injonctions du Petit Livre rouge, la mort de Mao, la politique d’ouverture et les réformes, c’est l’histoire de toute une génération qui est racontée.
Enfin, autre génération dans un autre pays, celle des mouvements étudiants de 1968 au Japon est au cœur du manga Unlucky Young Men. Ici les personnages se retrouvent dans un bar à l’ambiance révolutionnaire et évoquent les universités en grève, les affrontements avec la police et même les attentats terroristes. Grâce à un scénario proche du polar, l’auteur nous emmène au cœur de la jeunesse révoltée de Tokyo et parvient à ancrer son récit dans la chronique sociale de l’époque.

Comme le montre ce panorama non exhaustif du manga historique, ce genre regorge d’œuvres exigeantes et extrêmement riches. Permettant au lectorat occidental de s’intéresser à des époques et des contextes peu ou pas connus ou bien de découvrir un autre point de vue sur des pans historiques qui nous concerneraient plus, c’est un media particulièrement enthousiasmant pour allier divertissement et connaissance du monde.

 

Appel à contributions : 50 ans d’Intercdi, retour vers le futur

Dans le numéro spécial 299-300 nous fêterons le cinquantième anniversaire d’InterCDI.

À cette occasion, l’équipe de la rédaction tient tout d’abord à vous remercier de votre fidélité et revient vers vous pour solliciter vos témoignages sur le lien particulier qui vous unit à InterCDI. Faites-nous part de ce qui vous a marqué dans la vie de la revue, de votre participation à cette aventure associative, de ce qui vous a été utile dans le cadre de votre pratique professionnelle, mais également de vos souhaits pour les numéros à venir.

Ce numéro est tourné vers l’avenir. Penser l’avenir c’est s’appuyer sur le passé – « le passé est la lanterne du futur » selon les mots de Hacène Mazouz –, c’est s’ancrer dans le présent pour envisager des continuités et jeter des ponts vers ce qui n’est pas encore, ce qui peut advenir et qui est souhaitable.

Avec vous, demandons-nous ce que sera, demain, le métier de professeur documentaliste. Un enseignant à part entière, producteur de contenu pédagogique ? Un spécialiste des médias ? Un organisateur de projets ou de contenus culturels ? Le CDI du futur sera-t-il écologique ? numérique ? ludique ? en réseau ? hors les murs ?

Le CDI sera-t-il Black Mirror ou Wonderful World ?

À vos plumes et à vos claviers pour nous envoyer vos contributions avant le 30 avril 2022 !

Pour une préparation optimale du numéro, n’hésitez pas à contacter la Rédaction au plus tôt : intercdi.articles@gmail.com

Aller dans le sens du vert

A l’heure des multiples atermoiements et coupes sèches autour de la Loi Climat et Résilience, il est grand temps pour nous d’inventer, à notre échelle, de nouvelles manières d’apprendre, qui permettront d’éduquer aux choix environnementaux, et renouvelleront les modes d’actions pédagogiques pour donner un sens écologique global à nos démarches.
Pourquoi le professeur-documentaliste est-il appelé à avoir un rôle déterminant sur ce sujet ?
Parce que le thème des changements climatiques, qui s’apparente sur certains aspects aux questions socialement vives (QSV), interroge notre rapport à la vérité et à l’évolution des connaissances scientifiques sans lesquelles le savoir ne peut se construire. « Science sans confiance n’est que ruine médiatique » nous dit l’exposition Histoires de fausses nouvelles de la BnF. L’enjeu informationnel est posé : comprendre la complexité de la question et s’informer avec clairvoyance et esprit critique sont déjà des manières d’agir pour la préservation de la planète. Ainsi « l’être au monde informationnel » proposé ici par Anne Lehmans repose sur une culture de l’information qui modélise controverses et incertitudes tout en mettant en œuvre un CDI « soutenable », dans ses dimensions bibliothéconomique, documentaire et culturelle.
Parce que nous sommes à la croisée de toutes les disciplines, et que la « littératie climatique » s’appuie sur cette transversalité complexe, à l’image de la difficulté à classer les documents traitant du développement durable. Que ce soit dans l’article de Laure Pillot ou dans celui d’Alain Devalpo sur Globe Reporters Environnement, les CDI sont présentés avec force comme des lieux de convergence de l’EMI et de l’EDD. La lutte contre les idées climato-sceptiques y prend corps dans la pratique de l’enquête journalistique, de la revue de presse ou du débat argumenté, et l’on peut utiliser dans cette optique la compilation des ressources présentées dans l’Ouverture Culturelle. La fiction peut également être un vecteur de cette prise de conscience : le Thèmalire sur les dystopies climatiques de Sophie Dremeau en est un bon exemple.
Parce que nous sommes les moteurs d’une pédagogie de projet qui passe par une éducation en actions. Prendre conscience des enjeux de l’Anthropocène en adaptant les enseignements, voilà ce à quoi nous incite Valérie Schacher dans sa Tribune. En témoignent les initiatives présentées par Louise Daubigny, d’une pâte à tartiner « maison » à l’organisation d’un forum associatif autour du développement durable, les séances détaillées par France-Claire Brouillard autour de la valorisation des déchets et de l’empreinte écologique des vêtements, ou encore la séquence pédagogique sur la pollution numérique réalisée par Florence Michet. L’agrégation de petits gestes, certes insuffisante, peut néanmoins permettre à chacun de prendre sa part. C’est le sens aussi de la fiche pratique que nous vous proposons pour « verdir » la gestion et l’aménagement du CDI.
Parce que nous sommes responsables d’un lieu de vie, de culture et de savoirs, central dans l’établissement, que nous pouvons agencer et remodeler avec une relative liberté. Nous sommes au cœur des expérimentations pédagogiques et de l’engagement participatif, comme le montrent tout d’abord Raphaëlle Bats et Mathilde Gaffet, en ce qui concerne le monde des bibliothèques publiques dont les propositions sont inspirantes. Bénédicte Langlois décline ensuite les dimensions nature et culture d’une grainothèque originale. Enfin Nora Nagi-Amelin, grâce à son Jardin du rêve et du savoir, déplace le CDI hors les murs et nous donne la bouffée d’oxygène et d’espérance dont nous avons tant besoin.
« Marcher dans la Nature, c’est comme se trouver dans une immense bibliothèque où chaque livre ne contiendrait que des phrases essentielles » affirme Christian Bobin (La lumière du monde, 2001). Prenons-le au pied de la lettre et mettons-nous en action dans et pour la Nature. Cultivons nos jardins intérieurs et partagés en nous retroussant les manches et en innovant, comme nous savons si bien le faire !

Globe Reporters Environnement : EDD & EMI

« C’est votre avenir qui est en jeu. Les décisions doivent être prises maintenant pour s’assurer d’un avenir commun sur notre planète, qui est la plus belle des planètes que nous connaissons à ce jour. Mobilisez-vous, vous, vos parents, vos amis, etc. Faites passer le message pour créer cette dynamique vers une autre société qui nous assure un avenir à tous », interpelle l’eurodéputé Damien Carême en concluant une interview sur la transition énergétique réalisée dans le cadre de Globe Reporters Environnement. Un entretien mené par des élèves du collège François Rabelais à Hénin-Beaumont (62) et une éco-déléguée du lycée Jules Mousseron à Denain (59).

Globe Reporters, une synergie entre enseignants et journalistes

Depuis 2007 l’association Le retour de Zalumée développe le projet Globe Reporters qui propose à des enseignants, des élèves et des journalistes de coréaliser des reportages. C’est un écosystème collaboratif qui :
– mobilise les jeunes dans leurs apprentissages,
– accompagne les enseignants dans leur mission d’éducation aux médias et à l’information,
– implique des journalistes,
– contribue aux réflexions de la société dans son ensemble.

Sa philosophie singulière s’inspire des réalités du monde des médias et transforme les salles de classe en salles de rédaction dont les envoyés spéciaux sont des journalistes qui enquêtent et interviewent selon les demandes formulées par les élèves devenus pour l’occasion leurs rédacteurs en chef. À l’échelle locale ou à l’autre bout du monde, les professionnels des médias mettent au service de la curiosité des jeunes leurs compétences pour collecter les informations aux meilleures sources. Ces ressources numériques et multimédias transitent via le site internet www.globereporters.org, sont mutualisées, téléchargeables et facilement exploitables. Élèves et enseignants s’emparent de ces ressources brutes pour produire leurs propres réalisations médiatiques : journal, blog, émission de radio, etc.

Au fil des enquêtes, les élèves, non seulement appréhendent le travail des journalistes et décryptent la fabrique de l’information, mais sont aussi mobilisés dans leurs apprentissages. Plusieurs matières sont investies de manière transversale : histoire-géographie, français, SVT, éducation au développement durable, à la citoyenneté, etc. Les enseignants, de leur côté, disposent de contenus pédagogiques multimédias actualisés.

L’association porteuse du projet regroupe au sein de son conseil d’administration des journalistes, des enseignants et des acteurs du numérique. Sa mission est d’accélérer la coopération entre professionnels qui se connaissent mal et collaborent peu afin de relever le défi de former cette génération et les prochaines à notre monde fortement médiatisé. Enseignants, professeurs documentalistes, éducateurs, journalistes, bibliothécaires, spécialistes du numérique, etc., tous acteurs de l’EMI, sont encouragés à coconstruire des actions afin que chacun soit conscient de la malinformation qui nous entoure.

Nadia, éco-déléguée au lycée Jules Mousseron à Denain (59), interroge Davy, membre d’un groupe local des Jeunes Écologistes © Globe Reporters

La malinformation

Nous entendons par malinformation, non seulement ce qui relève des infox ou théories conspirationnistes, mais aussi toutes les informations incomplètes relayées sans souci de malveillance, mais avec un fort impact sur les consciences. Quand en juillet 2019, la rumeur court à Paris que l’eau du robinet est empoisonnée à la suite d’une contamination radioactive, le premier réflexe d’une personne lambda est de prévenir ses proches et de relayer l’information sur les réseaux sociaux. Alors qu’un internaute averti, en 30 secondes et 3 clics, débusque la désinformation et ne la partage pas.

Internet est un formidable espace de liberté et de diffusion de savoirs. Les jeunes (et moins jeunes) sont massivement sur le web et les réseaux sociaux, tant pour la consultation que pour la production d’information. Pour autant, la maîtrise de ces nouvelles pratiques informationnelles n’est pas innée. Nous sommes tous surinformés, mais à l’image de la malbouffe qui est un danger pour la santé publique, la malinformation dont abuse des personnages comme Donald Trump met en péril l’équilibre de nos démocraties.

Par ailleurs, les jeunes, notamment, sont confrontés à diverses problématiques : cyberharcèlement, e-réputation dégradée, violation du droit à l’image, usurpation d’identité, etc. Utiliser internet sereinement demande donc un apprentissage. Pour qu’ils deviennent des citoyens autonomes et responsables, il faut leur donner les moyens de relever les défis de notre environnement numérisé, qu’ils acquièrent les bons réflexes en ligne et puissent avoir un usage approprié des médias.

Pour attirer la jeunesse vers de l’information de qualité, il faut susciter le goût de l’Info. Former à s’informer et à informer, apprendre à analyser et à critiquer l’information, sans pour autant aboutir à une défiance généralisée vis-à-vis de la presse, passe en premier lieu par nos systèmes éducatifs. En lien étroit avec les enseignants, le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI) ne peut assumer seul cette mission. Les associations engagées dans des dispositifs EMI peuvent être des partenaires intéressants.

Globe Reporters Environnement

Dès sa fondation, Globe Reporters participe à une prise de conscience des enjeux écologiques. Le développement durable et équitable dans ses aspects environnementaux, économiques, sociaux et culturels constitue un axe principal des reportages coréalisés. La gestion de l’eau en zone aride comme dans le sud de la Tunisie, le retour d’espèces sauvages comme le loup en Belgique ou la crise des déchets au Liban passionnent nos journalistes en herbe. Au Vietnam, au Burkina Faso, au Québec, en Roumanie, etc., les globe-reporters enquêtent sur les problèmes de biodiversité, d’accès à l’eau, de gestion des environnements et des ressources, de pollution, d’évolution des paysages, etc.

En France, depuis 2019, nous accentuons cet engagement avec le programme Globe Reporters Environnement qui a pris racine dans les Hauts-de-France. Cette année-là, 130 élèves et 7 enseignants de 5 classes de collèges et lycées ont travaillé avec 3 journalistes et interviewé 37 spécialistes dans leur région. Guidés par des professionnels qui transmettent leur expérience du reportage, les élèves développent des aptitudes critiques et créatives. Ils apprennent à décrypter la fabrique de l’information, à interpréter et à former des jugements éclairés en tant que consommateur de médias, mais aussi à devenir eux-mêmes producteurs de messages médiatiques. Ils se préparent à devenir des « cyber citoyens » de demain, éclairés et responsables.

Globe Reporters Environnement sensibilise également au journalisme de solutions, ainsi qu’au journalisme scientifique. Cette démarche constructive encourage les élèves à s’intéresser aux initiatives locales et aux acteurs qui travaillent à résoudre les problèmes. Les élèves abordent l’actualité de manière plus positive qu’en se cantonnant aux constats. Constats qui, en termes d’environnement peuvent s’avérer angoissants. Le journalisme scientifique leur permet de découvrir le monde de la recherche, d’interviewer des chercheurs, et de se familiariser avec la méthodologie et les discours scientifiques.

En 2021, ce dispositif inclut des établissements de Paris, d’Île-de-France et de Bretagne. Les classes mènent leurs enquêtes sur leurs territoires respectifs en partenariat avec des journalistes locaux. La mutualisation des ressources journalistiques sur le site internet offre aux classes-rédactions des points de vue régionaux divers. Sur certaines thématiques comme la montée des océans, la disparition de la biodiversité ou encore les initiatives pour favoriser une consommation respectueuse de l’environnement, il est alors possible de comparer ce qui se passe dans différentes régions de France.

Marche pour le climat à Lille, le 29 novembre 2019 © Globe
Reporters

Le rôle central du CDI

Paraskevi Foulon est professeure documentaliste au collège Paul Verlaine, à Paris, un établissement qui participe depuis plusieurs années à Globe Reporters : « Le professeur-documentaliste est un enseignant à part, sans classe, sans programme officiel, exerçant dans un espace différent, le CDI, mais par son expertise dans le champ des Sciences de l’information et de la Communication, il est en charge des enseignements et dispositifs permettant l’acquisition d’une culture et d’une maîtrise de l’information par tous les élèves ».

C’est le plus souvent une équipe pédagogique qui travaille autour d’une « campagne » Globe Reporters dont la charnière est le CDI. Nous partons de l’idée que l’ÉMI est une éducation et non un enseignement. L’ÉMI est transversale et interdisciplinaire par essence, abordable dans des séquences disciplinaires intégrées à l’emploi du temps des élèves.

Paraskevi Foulon ajoute : « La collaboration avec un journaliste est bénéfique et enrichissante, car elle permet aux enseignants d’exploiter pédagogiquement la part concrète du travail sur le terrain par des professionnels de l’information et des médias. C’est une ouverture et une accroche sur la réalité complexe du monde médiatique, méconnue par une partie des enseignants des disciplines. »

Post Instagram lors d’un reportage par la journaliste envoyée spéciale des classes © Globe Reporters

Une philosophie, des déclinaisons

À l’ère numérique, développer des savoirs et des compétences, c’est faire participer les bénéficiaires à leur élaboration, apporter une dimension multimédia, accepter le dialogue et actualiser régulièrement les pratiques. Globe Reporters est pensé dès son origine pour être au service d’une éducation aux médias et à l’information adaptée au contexte numérique.

La démarche participative, la plateforme web, l’utilisation de ressources en ligne, l’accès à des professionnels et des experts, permettent aux enseignants et à leurs élèves de développer des compétences informationnelles. Quand, dans une classe de collège à Hénin-Beaumont, lors d’une conférence de rédaction, l’idée émerge de mieux comprendre la transition énergétique, la première décision à prendre est qui interroger ? Ceci fait, et le choix se portant sur une figure locale comme Damien Carême, récemment élu au Parlement européen, le travail se poursuit par l’élaboration d’un questionnaire construit après des recherches documentaires.

Le relais est ensuite pris par la journaliste, envoyée spéciale de la classe. Elle se démène pour parvenir à prendre contact avec l’eurodéputé, lui explique la démarche, le convainc d’accepter de la recevoir pour lui poser les questions des élèves. Les réponses sont enregistrées et publiées en version brute. Elles sont accompagnées de photos et de commentaires de la journaliste qui explicitent les coulisses du reportage. De la sorte, les classes découvrent le travail caché derrière chaque enquête et la valeur du travail journalistique. Élèves et enseignants construisent un processus pour se repérer dans la masse des sources informatives et pour trouver celles qui apportent une information de qualité, autant de réflexes indispensables pour se diriger vers et dans la vie active.

Paraskevi Foulon explique : « Pour donner un exemple concret, quand nos élèves adoptent la posture de rédacteurs en chef, dans leur collège à Paris avec un vrai journaliste grand reporter au Burkina Faso qui attend leurs sujets de reportage, ils sont obligés de se poser des questions : quelle information, pour quel public, sur quelle forme et de se partager le travail. Plus qu’un simple questionnement Quintilien, c’est une réflexion personnelle qui se met en place, car l’élève devient acteur de son projet. Il doit choisir son sujet et la manière dont il veut le traiter et en même temps c’est un projet d’équipe donc fédérateur où chaque élève peut trouver sa place ».

Les compétences des enseignants et celles des reporters sont complémentaires. Cette synergie permet des collaborations hybrides et l’émergence d’un modèle de coopération durable qui favorise également selon les objectifs :
– une éducation à la citoyenneté et aux enjeux sociétaux,
– une initiation à la solidarité internationale,
– une ouverture culturelle sur la Francophonie,
– un apprentissage de la construction européenne,
– la lutte contre la xénophobie, la fracture numérique, etc.

Hana, du lycée Cousteau à Wasquehal (59), accompagne la journaliste Sidonie HADOUX lors du reportage dans un Centre de Valorisation Énergétique © Globe Reporters

Une banque de ressources pédagogiques en libre accès

Au fil des années, des interventions plus ciblées ont vu le jour. Une équipe travaille sur la citoyenneté européenne et des campagnes se réalisent entre établissements de plusieurs pays.
En 2020, 4 « campagnes » Globe Reporters ont été réalisées et le projet a fédéré 150 enseignants, 100 classes, 31 journalistes, 2 800 élèves du secondaire et de l’élémentaire. Le nombre de classes pouvant participer à une correspondance à une campagne n’est pas illimité. Mais les ressources journalistiques collectées chaque année constituent une mine d’or accessible en libre accès. Se connecter sur le site et lancer une recherche permet de découvrir de multiples interviews brutes et originales, de les télécharger et de les exploiter pour des séquences ÉMI.

Pour Paraskevi Foulon, Globe Reporters se distingue d’autres projets ÉMI : « L’expérience Globe Reporters est très enrichissante pour les enseignants et les élèves. En tant que professeur-documentaliste cela nous permet d’affirmer notre posture pédagogique à travers un travail collaboratif, coconstruire et mettre en place des séquences pédagogiques interdisciplinaires et à la fin faire des productions diverses et ambitieuses (journal, blog, émission radio, webTV) avec le rayonnement de l’établissement que cela peut produire. Plus que cela, la rencontre avec le monde journalistique nous permet de se conforter aux représentations professionnelles du métier d’autrui : repérer les points de convergence (outils, démarches, objectifs) et les limites de chacun. »

 

Post Instagram d’une interview réalisée par des lycéennes accompagnées de la journaliste Sidonie HADOUX © Globe Reporters

 

Cultures de l’information et « CDI vert »

L’urgence écologique telle que perçue par les jeunes, illustrée avec éclat par le succès du mouvement initié par Greta Thunberg en 2018, reste plus que jamais d’actualité en période de pandémie, et concerne très directement le professeur documentaliste. Le contexte institutionnel est celui d’un « renforcement de l’éducation au développement durable » (circulaire du 24 septembre 2020 du Ministère de l’Education nationale), dans le cadre de l’agenda 2030 mis en place par l’ONU. La question des rapports entre environnement et plus largement développement durable et bibliothèques préoccupe depuis longtemps les professionnels de la documentation aussi bien en France qu’au niveau international des institutions, des ONG et des états. Le mouvement des « bibliothèques vertes » est apparu dès les années 1970 pour la valorisation de la responsabilité des bibliothèques en matière d’éducation à l’environnement et dans les années 1990 pour la réflexion sur l’impact environnemental des bibliothèques. Monika Antonelli (2008) rappelle que l’expression « bibliothèque verte » (green library) renvoie au soutien militant à l’environnementalisme tandis que celle de « bibliothèque durable (ou soutenable) » (sustainable library) renvoie à l’exigence de ne pas dégrader l’environnement naturel. Cette définition est restrictive, la soutenabilité faisant souvent référence à d’autres dimensions que l’environnement naturel, et notamment aux questions de justice sociale, d’accès à l’éducation et de littératie informationnelle partagée. Concernant les CDI, qui correspondent, si l’on veut comparer les situations internationales, aux bibliothèques scolaires, le souci de travailler leur « soutenabilité » environnementale s’est accéléré au milieu des années 2000, avec la multiplication de publications, déclarations et conférences internationales consacrées au thème (UNESCO, IFLA, IASL, ECIL…). La question du CDI vert doit donc être considérée dans un contexte global, tant du point de vue des politiques publiques que de celui des cultures et des apprentissages en jeu. Elle dépasse très largement les « petits gestes » et une approche purement comportementale (le tri du papier, le nettoyage, le compostage, l’attention à la consommation d’électricité, la nomination d’éco-délégués) dont l’importance n’est pas négligeable. Mais ces gestes, pour sortir du risque de « green washing » d’un côté, du sentiment très partagé d’une catastrophe imminente et inévitable de l’autre, méritent d’être situés dans la promotion d’un véritable changement dans les modes de penser le monde dans ses équilibres et sa globalité par l’éducation, dans un « être au monde informationnel »1 complexe et la création des conditions de possibilité d’« agir localement pour penser globalement » (J. Ellul). Il s’agit de ne pas se satisfaire de gestes symboliques et de déclarations de principes sans conséquences, mais d’inscrire le CDI réel dans une dimension écosystémique, d’en faire un outil de médiation environnementale, d’engagement réel et collectif et de cognition située.

La dimension écosystémique : un CDI « soutenable »

Le premier constat est celui de l’appartenance de tout dispositif à un écosystème global qui l’inclut dans un environnement naturel, social, économique, politique, industriel, individuel. Cette prise de conscience des interactions entre systèmes et de leur complexité commence par la réflexion sur l’empreinte matérielle de l’espace du CDI considérée dans la dimension temporelle des activités qui s’y déroulent, des parcours qui s’y suivent, des devenirs qui s’y inscrivent. Mais s’il est possible d’intervenir sur l’empreinte environnementale quand on construit une nouvelle bibliothèque par exemple, ou quand on la rénove, à la condition que les professionnels participent à l’élaboration du cahier des charges des projets, c’est plus compliqué quand on travaille dans un CDI dont l’agencement est figé. Celui-ci n’est qu’un espace scolaire parmi d’autres, même s’il est central en principe, dans un établissement existant, dont les qualités environnementales dépendent de choix politiques et économiques qui relèvent notamment de la collectivité territoriale qui en a financé la construction. Les professeurs documentalistes sont rarement associés aux choix architecturaux. Ils doivent souvent « faire avec » un espace construit qui répond plus ou moins efficacement aux exigences environnementales (traduites par la norme ISO 140001 ou le label HQE par exemple), tant du point de vue des matériaux et de leur mise en œuvre, rarement inspirés de l’écoconstruction, que de celui de la qualité sensible des espaces et de l’intégration dans le territoire. Mais ce « faire avec » vaut la peine d’un travail sur l’aménagement intérieur et l’agencement des espaces, les choix du mobilier et des matériaux2 (respectant les normes pour la qualité de l’air, prenant en compte le cycle de vie des matériaux), l’attention à la qualité de l’« ambiance » au CDI (la lumière, l’acoustique, l’ergonomie, la température, l’accessibilité aux personnes handicapées, les circulations, le confort…), la maîtrise de la consommation, de la qualité environnementale et du recyclage du matériel, des consommables, des produits d’entretien, etc.
La dimension écosystémique comprend également la diversité fonctionnelle des espaces mettant en relation le CDI avec son environnement quand il participe à la création et à l’entretien d’un jardin partagé ou d’une grainothèque, qui n’est pas seulement une collection de graines mais le point de départ d’une réflexion sur l’appropriation privée des semences, ou quand un FabLab ou autre makerspace permet de valoriser le « faire », le partage de connaissances et de compétences, la coopération, la documentarisation de projets et la sensibilisation aux communs3. Il ne s’agit pas là de valoriser des gadgets par l’acquisition de matériels spectaculaires comme les imprimantes 3D, de créer des îlots technologiques ou des produits de communication d’un établissement, mais de mener un véritable travail sur la place de l’information et de la communication dans la prise de conscience et la mise en œuvre de projets collectifs qui engagent la collaboration, le souci de l’autre, la diversité des modes d’apprentissage et des compétences notamment psycho-sociales. Il s’agit de mettre en espace et dans le temps des cadres de perception du rapport nature/culture comme le proposent les anthropologues Philippe Descola et Tim Ingold (2014), pour prendre conscience de ses propres schèmes et les modifier éventuellement, pour les faire exister dans le monde réel et la vraie vie et pas seulement dans des discours moralisateurs sans lien avec les pratiques réelles et quotidiennes. On n’est pas loin ici du projet de Célestin Freinet pour qui l’enseignement passait nécessairement par l’expérience de la nature et la fabrique de l’information.

La dimension documentaire : un CDI médiateur

La conscience de la complexité des écosystèmes nécessite un travail de médiation qui revient en partie au professeur documentaliste. Une médiation documentaire d’abord. On pourrait même considérer le projet documentaire tel qu’il a été défini par les pères fondateurs de la documentation, Paul Otlet en tête, comme intrinsèquement lié à une préoccupation de durabilité. La documentation est un moyen d’habiter son territoire, de l’occuper à l’aide d’outils intellectuels qui permettent de le penser dans la globalité et dans la sphère publique. Dans cette perspective, la documentation qui peut servir de support à l’éducation à l’environnement et/ou au développement durable traite de questions complexes qui traversent les territoires balisés de la connaissance partagés en zones disciplinaires. Elle dessine un territoire cognitif pluriel, réticulaire et complexe. La complexité vient du fait que dans l’éducation à l’environnement et au développement durable, on vise des objectifs cognitifs (construire des connaissances complexes sur l’écologie, l’environnement, les équilibres globaux), transversaux (des connaissances qui traversent plusieurs domaines scientifiques et plusieurs disciplines scolaires), axiologiques (ancrer des valeurs « environnementales » par la prise de conscience des enjeux) et pragmatiques (pour inciter à l’action tout au long de la vie et dans tous les domaines) ; la connaissance est intrinsèquement liée à un projet social et politique, à la représentation de l’avenir, à un projet global. La documentation est donc nécessairement prescriptive et pas seulement descriptive, elle identifie des enjeux et fonctionne sur des systèmes de valeurs, comme le montre Susan Kovacs (2012).
La complexité tient aux contenus scientifiques d’abord. Pour bien la comprendre, il suffit de considérer les systèmes de classification des connaissances. Les classifications documentaires reflètent les représentations sociales de la réalité, des savoirs et de leurs relations et les paradigmes dominants à un moment donné. Or le concept de développement durable résiste souvent à la logique du classement quand il n’intègre pas le principe des facettes, par ailleurs peu utilisable quand il s’agit d’attribuer des cotes aux documents pour les ranger. Le professionnel de la documentation choisit ainsi souvent de valoriser un élément dans son indexation (l’écologie par exemple, avec les sciences) pour permettre aux élèves et aux enseignants de trouver les documents, en abandonnant d’autres éléments (les dimensions sociales par exemple).
La complexité tient ensuite à la diversité des discours en circulation sur l’environnement et le développement durable sur les réseaux socio-numériques notamment, qui renvoient aux champs scientifiques, médiatiques, ainsi qu’aux communautés qui associent savoirs et pratiques (les Centres de Culture Scientifique Technique et Industrielle par exemple), et à bien d’autres qui ne révèlent aucune légitimité scientifique ni pratique mais des tentatives d’instrumentalisation plus ou moins lisibles ; on peut citer l’anthroposophie et les multiples théories « New Age », les millénarismes ou le négationnisme du réchauffement climatique. La constitution de corpus documentaires pour l’éducation à l’environnement conduit ainsi à mêler des niveaux de discours en tenant compte des contextes de production et d’usage qui vont de la généralité à la spécialisation (initiés, experts, scientifiques) à partir des critères des fonctions, du contenu, de la discipline, de l’autorité et de l’espace. La sélection ou le guidage sont nécessaires dans une documentation dont l’autorité et la légitimité ne sont pas aisément identifiables par les élèves, et parfois difficilement par les éducateurs qui ne sont pas eux-mêmes des experts. L’environnement constitue un territoire informationnel et discursif très étendu sur lequel se nouent des alliances complexes et éclatent des conflits, parce qu’il constitue une « question vive ». Pour de nombreux acteurs, l’information diffusée est une ressource stratégique qu’ils exploitent. Même dans le cas de l’information scientifique, produite et diffusée par des chercheurs, et qui peut être considérée comme fiable a priori, la commande et le financement restent déterminants dans les directions prises par la recherche et sa communication4. Il est essentiel de savoir qu’une ressource documentaire sur l’énergie est financée par le Commissariat à l’énergie atomique ou le réseau associatif Sortir du nucléaire, qu’un débat sur le glyphosate ou les algues vertes est proposé par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) ou la Confédération paysanne. Les industries financent une partie de la recherche et tentent d’influencer les politiques par l’intermédiaire des lobbies et des discours médiatiques en circulation. Autour des questions environnementales en particulier, toute information doit être précisément située pour en saisir la complexité et les enjeux. La médiation reste donc indispensable pour le développement d’une culture scientifique et critique qui peut passer par des actes de vulgarisation, tout au moins de simplification, et par la mise en relation d’acteurs divers, scientifiques, professionnels, médiateurs. C’est précisément la difficulté du repérage dans ces territoires informationnels complexes qui rend indispensable l’acte éducatif par, avec et sur le document.

« 
L’environnement constitue un territoire informationnel et discursif très étendu sur lequel se nouent des alliances complexes et éclatent des conflits, parce qu’il constitue une « question vive.
»

 

La dimension culturelle : un CDI apprenant et engageant

La culture de l’information est au cœur de la réflexion sur le « CDI vert », car au-delà de l’espace et du système d’organisation des connaissances, c’est la visée éducative qui importe de façon centrale, et le travail autonome d’élèves qui pourront, dans leur vie, se sentir capables de s’informer, d’apprendre et d’agir, de participer aux décisions qui concernent la collectivité, de critiquer les informations. Le développement de ce pouvoir d’apprendre passe par l’esprit d’enquête préconisé par John Dewey dans l’éducation, un esprit qui façonne, selon lui, la démocratie en imposant à chacun le devoir de s’informer, de critiquer et d’agir. On peut parler d’esprit critique associé à l’engagement, dans le souci de saisir la complexité des phénomènes sans craindre la nécessité de réponses politiques aux questions environnementales. L’engagement relève d’une dynamique qui repose sur le sentiment de pouvoir agir, d’avoir les capacités (le sentiment d’efficacité personnelle mis en relief par Alberto Bandura), la motivation et la légitimité pour le faire. Le soutenir est un objectif important, dans un contexte où le catastrophisme, le défaitisme et le renoncement peuvent avoir des conséquences sur la perception des questions environnementales et les représentations de leur avenir par les élèves, tiraillés entre un élan vers la mobilisation et le sentiment qu’il est trop tard ou que l’école n’est pas le lieu d’une action possible.
Les paradigmes de l’éducation à l’environnement ont évolué. Philippe Meirieu (2001), dans un article de réflexion sur l’éducation à l’environnement, en propose quatre : le paradigme encyclopédique (la nécessité de construire un objet de savoir nouveau), béhavioriste (la nécessité de faire acquérir aux élèves des comportements adéquats), systémique (la nécessité de penser le monde comme une totalité), critique (la nécessité de former des citoyens résistants). On peut ainsi distinguer une éducation sur l’environnement, centrée sur les savoirs, une éducation pour l’environnement, centrée sur le changement social et politique dans une perspective critique, et l’éducation par et dans l’environnement, centrée sur le rapport pragmatique des individus à leur environnement. L’éducation à l’environnement vise la construction d’une culture liée à l’action future de l’élève, l’action sur le monde et pas seulement sa compréhension, même si la démarche scientifique reste centrale. Elle met en jeu une multitude d’acteurs, au premier rang desquels se trouvent les enseignants et les intervenants extérieurs, l’écosystème informationnel et culturel de l’établissement. Pourtant, comme le souligne Anne Versailles (2002), la fragmentation du temps scolaire, le découpage disciplinaire et la formation des enseignants sont souvent des obstacles majeurs à la mise en place de projets d’éducation à l’environnement qui associent les enseignants et des intervenants extérieurs, qui dépassent l’opposition entre une perspective cognitive et une perspective béhavioriste et entre les disciplines. Les professeurs documentalistes jouent souvent un rôle intermédiaire d’animateurs de projets et de médiateurs en lien avec les enseignants de disciplines. André Giordan (2008), qui propose une approche systémique des concepts constitutifs de l’éducation à l’environnement, met la maîtrise de l’information au centre des démarches à mettre en œuvre. Pour les acteurs de l’éducation à l’environnement, l’enjeu informationnel et documentaire est donc essentiel. La culture de l’information suppose une approche spécifique de la documentation qui prend en compte la transversalité des concepts et la multiplicité des échelles de compréhension et d’action, d’une part, la nécessité d’une mise en projet d’autre part, dont l’objectif reste l’autonomie des élèves dans la mise en œuvre d’un agir citoyen responsable à partir de pratiques informationnelles existantes plus que l’accumulation de connaissances académiques. Elle permet de construire le lien entre le territoire local (qui suppose de sortir de l’établissement scolaire) et une réflexion globale, entre la complexité et le compréhensible, entre la sphère privée des connaissances individuelles et des pratiques d’information et la sphère publique du débat.
Un exemple intéressant dans cet apprentissage de la reliance et de la complexité est celui des cartographies de controverses, au sens proposé par Bruno Latour et Michel Callon. La controverse est « une situation où les incertitudes usuelles du social, de la politique, de la morale se trouvent compliquées par l’instabilité des connaissances scientifiques ou techniques et l’absence de « faits indiscutables ». Si ces controverses ne sont pas limitées au cercle étroit des spécialistes et qu’elles doivent trouver des échos dans l’espace public, elles supposent pourtant toujours des débats autour des connaissances d’ordre scientifique5. Travailler sur la controverse permet de rendre compréhensible et acceptable la complexité du réel, la diversité des points de vue possibles sur une question, même scientifique ou technique, la construction de la pensée en action, l’importance de connaître la source des informations et de les évaluer, la différence entre connaissance et opinion, la signification d’un positionnement et d’un argument dans une controverse, les fondements mêmes de la communication. La démarche d’investigation caractéristique de l’éducation aux médias et à l’information est particulièrement sollicitée dans ce type de proposition pédagogique, qui permet d’enquêter sur des questions réelles et réellement débattues, de déconstruire les débats et les arguments, d’en saisir les enjeux, les intérêts et les systèmes de valeurs sous-jacents, les jeux de langage et de rhétorique engagés dans les discours. De la même façon, la cartographie à partir de données ouvertes6 s’appuie sur une démarche de communs, le développement d’une culture de la donnée, qui inclut une dimension technique, et permet de travailler sur la création de connaissances situées sur le territoire.
Enfin, l’éducation à l’environnement vise la construction d’une raison pratique susceptible d’inclure le citoyen dans la sphère publique. Elle est liée à un usage anthropocentrique des sciences comme matière première d’une opinion raisonnée pour la participation au débat public. Cette dimension pragmatique et politique pose problème parce qu’elle questionne le rapport entre les questions scientifiques et les questions sociales et le statut épistémologique des savoirs. Même si elle dérange les territoires cognitifs par la complexité et la multi-dimensionnalité, les enseignants partagent l’idée qu’il faut tirer parti de l’appartenance au territoire local pour faire prendre conscience aux élèves des conséquences globales des actions individuelles, et considèrent comme des situations jugées formatrices, outre les études de cas, l’observation ou le cours magistral, la recherche d’information et la mise en débat. Cette dernière pose toujours le problème de l’expertise dans l’approche de l’environnement. Dans une proposition intéressante, Joëlle Zask suggère de refuser l’expertise et de la remplacer par la création d’un espace partagé entre les scientifiques et les citoyens, un espace de proximité instituant un environnement commun. De la même façon, Anne Versailles propose de renoncer à la culture de l’archivage basée sur l’accumulation linéaire de connaissances organisées pour évoluer vers une culture de « construction émergente » plus dynamique, axée sur les réseaux et la co-construction d’une intelligence collective. Ces propositions supposent que la démarche expérimentale privilégiée dans les projets d’éducation à l’environnement ne soit pas exclusive d’une démarche documentaire qui permette d’ouvrir le champ à la réflexion. C’est ce qui ressort de certains projets menés dans les lycées notamment, à travers des travaux basés sur des recherches documentaires et/ou la rencontre avec des chercheurs autour de questions complexes. La mise en débat et la valorisation de la complexité sont sources d’incertitude, voire d’anxiété, mais aussi de curiosité dans la création de conflits cognitifs qu’il revient aux enseignants d’accompagner. Et l’éducation à l’information vise notamment l’acceptation de l’incertitude caractéristique des connaissances sur l’environnement et le développement durable comme de la démarche scientifique.

Qu’il s’agisse de repenser les espaces-temps des apprentissages, les systèmes d’organisation des connaissances ou les modalités des apprentissages, le professeur documentaliste dans le CDI est appelé à jouer un rôle central dans la prise en compte des dimensions environnementales de l’éducation et dans l’impulsion de projets d’éducation critique au développement durable articulés aux cultures de l’information.

 

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Qu’il s’agisse de repenser les espace-temps des apprentissages, les systèmes d’organisation des connaissances ou les modalités des apprentissages, le professeur documentaliste dans le CDI est appelé à jouer un rôle central dans la prise en compte des dimensions environnementales de l’éducation.
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Infox et écologie : comment lutter contre le climato-scepticisme ?

Institutions / Centres de recherche

Au premier rang des sources institutionnelles, on peut citer bien sûr le site du ministère de la Transition Écologique ( https://www.ecologie.gouv.fr/) qui, dans l’onglet « Climat et biodiversité », propose une infographie claire sur les liens entre réchauffement climatique et impact sur la biodiversité.
On peut y retrouver également le suivi des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat et les mesures proposées dans la loi Climat.
https://www.ecologie.gouv.fr/suivi-convention-citoyenne-climat/

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), créé en 1988 pour effectuer régulièrement un état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques liées aux changements climatiques, met en ligne les rapports complets qui détaillent et évaluent les causes, les répercussions et les stratégies possibles pour prévenir ou réduire les effets du réchauffement climatique, ainsi que des données en open source sur le climat http://www.ipcc.ch/
Mémo : Le GIEC et l’ex-Vice-Président des États-Unis, Al Gore, ont reçu le prix Nobel de la paix en 2007 pour leur contribution dans le domaine des changements climatiques.

L’ONERC (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique) met en ligne ses rapports d’activité, les données chiffrées des différents indicateurs de réchauffement ainsi qu’une base de données qui recense tous les travaux de recherche sur le sujet https://www.ecologie.gouv.fr/observatoire-national-sur-effets-du-rechauffement-climatique-onerc

Météo-France donne accès à un grand nombre de statistiques sur le climat en France, une mine d’or pour travailler avec des lycéens sur les changements climatiques à partir des données brutes (en mathématiques ou en géographie par exemple), notamment avec le jeu de données MéteoNet https://donneespubliques.meteofrance.fr/
On peut également exploiter Climat HD, un ensemble d’animations et d’infographies sur l’évolution du climat qui permettent de comparer en un seul coup d’œil les données météo actuelles avec les tendances des prévisions climatiques au cours du XXIe siècle http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/climathd

L’Institut Pierre Simon Laplace est un institut de recherches en sciences de l’environnement qui regroupe plusieurs laboratoires scientifiques d’études et de modélisation du climat. Dans sa rubrique « Pour tous », on trouve des dossiers thématiques sur le climat, des exemples d’expériences pour étudier le cycle du carbone au collège et au lycée ( http://www.ipsl.fr/fr/Pour-tous/Espace-pedagogique), des références bibliographiques et des vidéos et animations documentaires sur les changements climatiques.

Temps forts

La Semaine du climat se déroule chaque année début octobre et est couplée avec la Fête de la Science. Les établissements scolaires sont invités à organiser des débats et des animations autour des enjeux scientifiques et sociétaux du changement climatique. Plus d’infos sur https://www.education.gouv.fr/la-semaine-du-climat-5390

Elle coïncide par ailleurs avec la Semaine Européenne du Développement Durable qui a lieu fin septembre. Retrouvez tout un catalogue d’actions réalisées à cette occasion sur le site de l’Agenda 2030, notamment en bibliothèques, ainsi que les visuels et les contenus des 17 objectifs du développement durable fixés par l’Unesco.
https://www.agenda-2030.fr/

Journée internationale de la Terre chaque année le 22 avril https://www.un.org/fr/observances/earth-day

Jour du dépassement de la Terre : estimée à début août en 2017 et 2018, au 29 juillet en 2019, au 22 août en 2020. Cette journée correspond à la durée annuelle (même si son mode de calcul est contesté par certains scientifiques) durant laquelle l’Humanité aurait consommé toutes les ressources que produit la planète par an, le surplus entamant les réserves sur le long terme. Un bon moyen d’éveiller les consciences en se faisant l’écho de cette date qui a tendance à arriver de plus en plus tôt dans l’année.

Expositions virtuelles et itinérantes

Cartooning for Peace : Dessine-moi l’écologie. Le dessin de presse mis au service de la prise de conscience écologique, une bonne manière d’allier EMI et Éducation au développement durable, grâce aux données chiffrées proposées par cette exposition qu’accompagnent des dessins de presse issus des quatre coins du monde. Prêt gratuit pour les établissements scolaires en partenariat avec chaque section départementale de la MGEN. https://www.cartooningforpeace.org/projetsfr/exposition-itinerante-dessine-moi-lecologie/

À acheter en complément de l’exposition : le livre qui regroupe tous les dessins de presse sur ce thème. Arthus-Bertrand, Yann, préfacier. Ça chauffe pour la planète ! : 60 dessins de presse. Gallimard Loisirs, 2018. Cartooning for Peace.

Deux expositions sont disponibles en versions PDF sur le site du ministère de la Transition Écologique et empruntables en expositions itinérantes (gratuit, frais de transport à la charge de l’emprunteur). Le climat change et Comprendre le changement climatique. https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/ONERC_plaquette_presentation_expositions.pdf

Plusieurs expositions téléchargeables en PDF sont proposées par l’Institut Pierre-Simon Laplace. Deux expositions pour les collégiens : Quel climat pour demain ? et Les glaces du Groenland : témoins et acteurs du changement climatique et une exposition pour les lycéens, Climat, eau, vie : la Terre, une exception dans l’Univers ?
https://www.ipsl.fr/Pour-tous/Les-expositions-telechargeables

L’ADEME en lien avec le Réseau Action Climat propose également des expositions itinérantes ou à télécharger en PDF.
https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/exposition-changement-climatique-2015-v2.pdf

Pistes pédagogiques

Dans le cadre de l’éducation aux médias et à l’information, on peut envisager une séquence pédagogique au CDI qui décrypte les différents discours sur le climat, notamment en comparant l’utilisation et le détournement des données statistiques dans les thèses climato-sceptiques. L’analyse de sites web et de discours de personnalités réfutant le réchauffement climatique peut donner lieu à une meilleure compréhension des notions de désinformation, de propagande et de manipulation médiatique. Un travail sur l’analyse critique des informations à faire en collaboration avec les enseignants de mathématiques, de SVT et d’histoire-géographie par exemple.

Utiliser les supports des Fresques du Climat (42 cartes) pour aborder sous la forme d’un atelier les liens de causes et de conséquences de l’impact humain sur le climat, et son aspect systémique. Ce travail peut être préparé en amont par des recherches factuelles sur l’un des aspects des changements climatiques et trouver comme finalisation la réalisation de la Fresque, ensuite exposée au CDI. https://fresqueduclimat.org/

La Semaine du climat début octobre peut être l’occasion de créer un temps fort dans l’établissement en faisant venir des expositions, des intervenants sur le thème du changement climatique, ainsi qu’en programmant des projections de films documentaires accompagnés de débats. On peut également penser à un forum associatif qui regrouperait des stands d’associations locales promouvant des initiatives d’engagement citoyen pour lutter contre le réchauffement climatique. La création d’un éco-club toute l’année et les réunions des éco-délégués peuvent permettre d’avoir un vivier d’ambassadeurs du climat dans l’établissement, qui relaient les informations et organisent des actions.

Il est possible de participer au Prix de l’Éducation pour le Climat qui récompense chaque année un projet pédagogique innovant en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce prix est organisé par le Forum International de la Météo et du Climat qui se tient chaque année à Paris début mai. Leur site propose par ailleurs des conférences en ligne sur ce thème.
https://forumeteoclimat.com/education/prix-education/

Autre possibilité : une participation au Concours Jeunes Reporters pour l’Environnement, ouvert aux jeunes de 11 à 25 ans. Il s’agit d’envoyer sur la plate-forme un reportage (article écrit, vidéo ou podcast au choix), qui traite d’un sujet lié aux objectifs du développement durable, et présente au moins deux acteurs de terrain apportant des solutions concrètes. Une façon de lier EMI et EDD. https://jeunesreporters.org/presentation/le-concours/

Dans les programmes

Synthèse sur l’éducation au développement durable dans les différentes disciplines du 2d degré https://www.education.gouv.fr/l-education-au-developpement-durable-7136

Texte de référence : Renforcement de l’éducation au développement durable – Agenda 2030. BO n° 36 du 24/09/2020. https://www.education.gouv.fr/bo/20/Hebdo36/MENE2025449C.htm

Collège

Les relations entre les humains et leur environnement sont traitées en :

Français et Arts : représentations de la Nature dans les domaines artistiques.

Histoire : les différentes phases des changements climatiques depuis l’industrialisation.

Technologie : les contraintes environnementales dans la conception d’un objet.

Géographie : la notion de développement durable abordée pour en mesurer l’impact sur l’organisation de la société.

SVT et EMC : la question de la responsabilité et de l’engagement pour défendre l’environnement.

Lycée

Seconde, SVT : impact des activités humaines sur leur milieu.

Seconde, Histoire-Géographie : thème « Sociétés et environnements : des équilibres fragiles ».

Première, Enseignement scientifique : rôle des activités humaines sur le climat.

Première, EMC : question des responsabilités individuelles et collectives dans les thématiques environnementales.

Terminale, Enseignement scientifique : les trois thèmes peuvent se rattacher aux enjeux climatiques thème 1 : «science, climat et société» ; thème 2 : «le futur des énergies» ; thème 3 : «une histoire du vivant».

Terminale, Spécialité Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques : thème consacré à « l’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire. »

Terminale, Sciences économiques et sociales : chapitre « Quelle action publique pour l’environnement ? »

Terminale, Langues vivantes : l’enseignement commun et de spécialité de 1re et de Tle comprend un axe d’étude intitulé «Innovations scientifiques et responsabilité».

Galerie des personnalités et essayistes climato-sceptiques

Les deux géophysiciens Vincent Courtillot et Jean-Louis Le Mouël.
Jean-Marc Bonamy, avec Réchauffement climatique : le pavé dans la mare. 2018
Christian Gerondeau. Climat, j’accuse. 2017 et Le CO2 est bon pour la planète : Climat, la grande manipulation, 2015.
Le physicien François Gervais : L’Innocence du Carbone, 2013 et L’urgence climatique est un leurre, 2018.
Du côté des hommes politiques : Donald Trump, Jair Bolsonaro (président du Brésil), Scott Morrison et Michael McCormack, respectivement Premier Ministre et Vice-Premier Ministre australiens.

À noter : lorsque l’on tape sur Google les mots-clés « livre réchauffement climatique », on trouve dans les premiers résultats une sélection proposée par « Apprendre par les livres » qui mélange essais fiables et un grand nombre de livres climato-sceptiques, notés « incontournable », « excellent », etc.

Sur la même problématique, à lire absolument :
Sénécat, Adrien. Comment la désinformation sur le climat se diffuse et se finance sur Youtube ? Le Monde. 17/01/2020
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/01/17/comment-la-desinformation-sur-le-climat-se-diffuse-et-se-finance-sur-youtube_6026186_4355770.html

Ressources numériques

Enquête de l’ADEME (= Agence de la Transition Ecologique) : 20e baromètre sur les représentations sociales de l’effet de serre et des changements climatiques. Octobre 2019. Cette étude permet de voir que la préoccupation environnementale augmente globalement dans l’opinion des Français, mais que la place du scepticisme sur l’opinion publique, notamment en ce qui concerne les causes du réchauffement climatique, reste présente pour un tiers d’entre eux.
https://www.ademe.fr/representations-sociales-changement-climatique-20-eme-vague

Sur le site Climate Chance.org, un portail de ressources, la Bibliothèque du Climat, renvoie à des rapports, ressources en open data, sites et infographies.
https://www.climate-chance.org/portail-action/bibliotheque-climat/
Le site donne également accès aux actes de la COP24 qui s’est déroulée en Pologne en 2018 : https://www.climate-chance.org/agenda/cop24/

Le portail de ressources pédagogiques et éducatives Eduscol comprend une rubrique complète et intéressante sur le changement climatique (dans Éducation au Développement durable)
https://eduscol.education.fr/1132/changement-climatique

Canopé propose un dossier en ligne, Sciences et Climat, qui regroupe plusieurs vidéos de chercheurs climatologues, dans un but de vulgarisation scientifique sur ce thème. https://www.reseau-canope.fr/cop-21/sciences-et-climat.html

Le site Réseau Action Climat propose des informations présentées sous forme de contre-argumentaires, en réfutant point par point des affirmations climatosceptiques erronées. https://reseauactionclimat.org/reponses-climatosceptiques/

Séminaire en ligne #BiblioCovid19 de l’ENSSIB : épisode 6 consacré au changement climatique. «J’ai vu un sanglier dans la rue : les bibliothèques et la transition écologique et solidaire». Réflexion sur les actions, médiations et projets à mener en bibliothèques et en centres de documentation autour de la littératie climatique. https://enssib.libguides.com/c.php?g=679447&p=4842911&preview=382ca0457ce71eff37010a7bda8e89ca Accès à la synthèse de cet épisode 6, via le blog de Raphaëlle Bats http://raphaellebats.blogspot.com/2020/10/synthese-episode7.html

Un site très intéressant à consulter : « Le climat en questions » propose des réponses de scientifiques et de chercheurs aux questions que l’on peut se poser sur les changements climatiques, l’évolution actuelle et future du climat, le fonctionnement du système climatique, l’observation des phénomènes climatiques. Chaque réponse renvoie à d’autres questions sur le même thème ou sur des thèmes connexes. On peut également tester ses connaissances à l’aide de quiz.
http://www.climat-en-questions.fr/

Sur Le blob, le portail de ressources scientifiques de la Cité des sciences et du Palais de la découverte, on retrouve un grand nombre de vidéos de scientifiques consacrées à la thématique du changement climatique avec les mots clés « réchauffement climatique » https://leblob.fr/recherche?keys=r%C3%A9chauffement+climatique&type=All&thematic=All&genre=All&public=All&accessibility=All

Documents audios

Podcasts

Gardette, Hervé. Les climatosceptiques, de Steve Bannon à Naomi Seibt, La Transition, France Culture, 27/02/2020. https://www.franceculture.fr/emissions/la-transition/les-climato-sceptiques-de-steve-bannon-a-naomi-seibt

Lagarde, Yann, A-t-il vraiment fait 20 degrés en Antarctique ? Les idées Claires, France Culture, 26/02/2020. https://www.franceculture.fr/environnement/a-t-il-vraiment-fait-20-degres-en-antarctique

Martin, Nicolas. Le réchauffement climatique est-il lié à l’activité humaine ? France Culture, 2018. https://www.franceculture.fr/ecologie-et-environnement/le-rechauffement-climatique-est-il-lie-a-lactivite-humaine

Réchauffement climatique : est-il déjà trop tard ? France Culture, 2019. https://www.franceculture.fr/ecologie-et-environnement/rechauffement-climatique-est-il-deja-trop-tard

Pour les 7-12 ans
Vidard, Mathieu, Sarfaty, Lucie, Weber, Romain. Olma, épisode 19 : Le climat et le réchauffement climatique. France Inter, 17/02/21. Durée : 13 minutes.

Filmographie

Documentaires

Borrel, Philippe. L’Urgence de ralentir, Arte éditions, 2014, 52 minutes.

Cuvelier, Franck. Vasselin, Pascal. La Fabrique de l’ignorance, Arte, 2020, 97 minutes. Sur l’agnotologie, la science qui étudie la « production d’ignorance » sous couvert de sciences instrumentalisée. https://www.arte.tv/fr/videos/091148-000-A/la-fabrique-de-l-ignorance/

Dion, Cyril. Demain. 2015. 2 h

Dion, Cyril. Après demain. 2018. 1 h 12

Gameau, Damon. 2040. 2019. 1 h 32

Gore, Al. Une suite qui dérange : le temps de l’action. 2017. 1 h 39

Medigue Hélène. On a 20 ans pour changer le monde. 2017. 1 h 26.

Noualhat, Laure. Guérin, Franck. Climato-sceptiques : la guerre du climat, 2014, 52 minutes.

Fictions

Devlin, Dean. Geostorm. 2017. 1 h 49

Emmerich, Robert. Le jour d’après. 2004. 2 h 04.

Zeitlin, Benh. Les bêtes du Sud sauvage. 2012. 1 h 32.

Série
L’Effondrement. (Canal +). Saison 1 en 8 épisodes. 2020.

Web-séries et vidéos en ligne

Data Science vs Fake : Le réchauffement climatique n’existe pas. 3 minutes. 2019.
https://www.arte.tv/fr/videos/089156-003-A/data-science-vs-fake/
Et aussi, Internet ne pollue pas ; Mesurer la perte de la biodiversité ; La fonte des glaciers fait monter les océans etc. Data Science vs Fake est une série de films d’animation conçue pour lutter contre les idées reçues et les fausses informations, en donnant les chiffres à voir grâce aux data visualisations. Une collection réalisée par Pascal Goblot, avec leblob.fr et France TV Éducation.

Reconnexion est une série Arte qui explique le lien entre deux choses qui n’ont à priori rien à voir : un papillon et un panneau solaire, une algue et l’œil, l’or et le changement climatique… Le lien, c’est bien évidemment les découvertes scientifiques. Dans chaque épisode, les chercheurs expliquent leurs travaux de façon très simple : un bon moyen d’éveiller la curiosité des élèves pour les métiers de la recherche, ainsi que pour la science en général. https://www.arte.tv/fr/videos/RC-017844/reconnexion/

Hugo Décrypte. La Théorie de l’effondrement. 2018, 1 vidéo : 4 min 32 s. https://www.youtube.com/watch?v=8gUhAq7SpZI

Ledit, Guillaume. Lanceurs d’alerte ou survivalistes sectaires : qui sont vraiment les collapsologues ? Usbek & Rica, 2019 https://usbeketrica.com/article/lanceurs-d-alerte-ou-survivalistes-sectaires-qui-sont-vraiment-les-collapsologues

 

Veille numérique 2021 N°2

écologie

Renaissance à la Cité des sciences

La Cité des sciences propose une exposition interactive à vivre en ligne chez soi ou au musée. L’expérience est plus collective à la Cité des sciences. L’exposition Renaissance fait participer le visiteur à trois scénarios d’aventure et d’anticipation écologiques. En 2023, vous intégrez un stage de survie dans la forêt. En 2029, il faut aider la population à la suite d’un effondrement écologique. En 2045, toujours à la suite d’un effondrement, vous participez à la reconstruction du monde d’après en préservant l’environnement. Les trois expériences sont accompagnées d’un décryptage scientifique. Un ouvrage prolonge cette expérience : Renaissances, 6 histoires qui réinventent le monde chez Syros.
https://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/expos-temporaires/renaissances/

Réchauffement climatique vu par Google Earth

La nouvelle extension Timelapse de Google Earth permet de visualiser les évolutions de la terre depuis 1984 tels que les effets du réchauffement climatique (recul des glaciers, avancée des déserts), les incendies, les déforestations (Amazonie), l’expansion urbaine… 290 vidéos de différents lieux ont été mises en ligne sur Youtube. L’extension a été développée en partenariat avec la NASA et l’agence spatiale européenne.
https://www.youtube.com/playlist?list=PLLW-qoCMKQsyf26po-pZ_EJzPqk9Oqqn9

Appli Seek pour la nature

L’application Seek identifie les animaux et les plantes par la simple prise d’une photo. Cela est possible grâce à la base de données iNaturalist alimentée par des bénévoles et fonctionnant à l’aide d’un algorithme d’apprentissage automatique. Il suffit de prendre une photo et l’appli reconnaît l’espèce. Quelques erreurs parfois mais, en cas de doute, l’outil propose l’option “Passer”. Connaître les espèces qui nous entourent, une étape essentielle pour respecter la nature.

Moteurs de recherche verts

Ces dernières années, les moteurs de recherche écologiques tels que Ecosia, Lilo ou Ecogine intéressent de plus en plus les internautes. L’objectif des organismes ayant créé ces outils est de réduire l’empreinte carbone des usagers par des actions en faveur de l’environnement. Néanmoins, dans les faits, ils fonctionnent avec Google, Bing ou Yahoo et donc polluent en utilisant des datacenters. Ces trois moteurs de recherche financent des projets pour la préservation de la nature grâce aux revenus de la publicité. Ecosia finance des programmes de plantations d’arbres. Lilo soutient des actions humanitaires ou environnementales en laissant la possibilité aux usagers de sélectionner les projets solidaires. Ecogine reverse ses bénéfices à des associations environnementales choisies selon un vote régulier des internautes
https://www.ecosia.org/
https://www.lilo.org/
https://ecogine.org/

Alba jeux écolo

Les périodes de confinement successives ont bénéficié au secteur du jeu vidéo. En cas de nouveau confinement, pour se détendre avant un retour possible dans la nature, le jeu Alba propose une aventure écologique pour tous les âges. L’objectif est d’aider la jeune Alba dans son combat pour sauvegarder la faune et la flore de son île espagnole. Disponible sur PC et consoles. Bonus : pour tout téléchargement du jeu, un arbre est planté !
https://www.albawildlife.com/

Les mardis verts

Afin de vous aider dans le quotidien, Greenpeace envoie des conseils pratiques tous les mardis dans votre boîte mail. Vous recevrez des informations utiles, des explications sur des sujets à priori complexes, des anecdotes intéressantes, des idées écoresponsables et des actions citoyennes pour l’environnement.
https://www.greenpeace.fr/newsletter-les-mardis-verts/

Reconditionnement par Back Market

La start-up française, Back Market, numéro un du reconditionnement en France, “veut devenir l’Apple du reconditionné” selon son co-fondateur, Vianney Vaute ! La société a pour ambition d’être le leader mondial du reconditionnement de tous les appareils électroniques (téléphones, ordinateurs, etc.). En raison d’un pouvoir d’achat en baisse, la crise sanitaire a favorisé l’acquisition par les usagers d’appareils reconditionnés et l’augmentation du nombre de points de collecte. Pour un réel impact écologique, la réparation est probablement plus efficace que le recyclage.

Transition numérique des monnaies locales

Les monnaies locales complémentaires présentes dans le paysage français depuis environ une dizaine d’années commencent à passer au numérique via des applications mobiles pour les paiements. Les MLC regroupent aujourd’hui près de 40 000 particuliers, 10 000 entreprises ou associations et 13 000 communes. Cela représente environ 5 millions d’euros. L’utilisation de ces monnaies favorise la consommation de produits locaux et/ou bios.

éducation

Opération Molière

Dans le cadre du 400e anniversaire de la naissance de Molière, l’Association Nationale de Recherche et d’Action Théâtrale propose l’Opération Molière. Cette action se traduit par la mise à disposition de ressources vidéo en ligne, de liens vers des dossiers pédagogiques ou de sites partenaires, de séquences produites par l’ANRAT et d’outils ludiques et pédagogiques. Des journées de formation pour les enseignants sont prévues. Cette initiative durera jusqu’en 2022.
http://operati.cluster030.hosting.ovh.net/

Cyrano

Cette nouvelle plateforme de captations vidéo d’œuvres théâtrales est en accès libre pour les enseignants. Ces œuvres intégrales sont accompagnées de ressources pédagogiques (interview, extrait, dossier…). Inscription au site avec son mail académique et un mot de passe. Ce catalogue très riche a été produit par Théâtral magazine en partenariat avec Théâtre en acte, Réseau Canopé, ANRAT et Theatre-contemporain.net.
https://www.cyrano.education/home

Lecture numérique

Ellipsa de Kobo : lecture et notes

Kobo lance un nouvel appareil hybride qui fait office de liseuse et de carnet de notes. Grâce à cette liseuse, prendre des notes pendant la lecture est désormais possible. Les plus, au niveau technique : formats EPUB et PDF acceptés, connexion Bluetooth possible, exports des notes en Word, TXT ou HTML, seize langues, stylet efficace, technologie ComfortLight (lecture de nuit). La taille de l’écran est de 10,3 pouces avec une résolution de 1872×1404 pour 227 ppi. D’autres marques ont déjà sorti des modèles sur le même principe : reMarkable 2 et Onyx Boox Note Air.

Wattpad WEBTOON Studios

Wattpad regroupe une communauté très importante d’auteurs et de lecteurs de fictions. WEBTOON est une plateforme de bande dessinée numérique coréenne très populaire, adaptée à la lecture sur smartphone. Ces deux géants de fictions numériques ont fusionné, afin de créer un studio multi-formats (émissions TV, films, ouvrages…) dans le but de satisfaire les fandoms (communautés de fans).

Droit et données personnelles

ARCOM : fusion du CSA et de HADOPI

La création de la nouvelle instance de régulation de la communication audiovisuelle et numérique consacre la fusion entre le CSA et la HADOPI depuis le 23 juin 2021. Cette nouvelle entité a pour prérogative la protection du droit d’auteur sur la toile, principalement des productions audiovisuelles et cinématographiques et, plus largement, des œuvres culturelles. L’ARCOM est chargée de lutter contre le piratage, la désinformation, la haine en ligne et d’assurer la protection des mineurs.

PimEyes – Reconnaissance faciale pour tous

Cet outil de reconnaissance faciale est ouvert gratuitement à toute personne désirant rechercher des images de soi sur internet. L’objectif affiché du site est de protéger le droit à l’image des personnes. Néanmoins, rien n’empêche l’utilisateur de traquer d’autres personnes en téléchargeant une photo. De plus, avec un abonnement payant, les résultats sont illimités, les images sont de meilleure qualité et d’autres fonctionnalités sont disponibles pour affiner les résultats. Selon la société, les images téléchargées par les usagers sont supprimées au bout de deux jours !
https://pimeyes.com/en

Espionnage informatique

L’affaire Pegasus (logiciel espion de la firme israélienne NSO), révélée par Forbidden stories (réseau de journalistes), n’est que la partie émergée des activités de l’industrie des logiciels espions. Ce marché florissant bénéficie d’une grande demande (états, autocrates, firmes…) et d’un vide juridique en droit international sur la légalité de l’espionnage en “temps de paix”. Pour ne rien arranger, la course à l’innovation à laquelle se livrent les GAFAM conduit à un moindre investissement dans la sécurité des logiciels.
https://forbiddenstories.org/fr/

Technologie

Extensions communes aux navigateurs

Les quatre géants des navigateurs Web (Apple, Google, Microsoft et Mozilla) s’associent au sein d’un groupe de travail dans l’organisme W3C, afin d’uniformiser leurs extensions. Il s’agit de créer une plateforme commune qui regroupera toutes les extensions. Celles-ci devront respecter des règles uniques relatives à la compatibilité, la sécurité, la portabilité, la performance et, étonnamment, à la protection des données personnelles. Cette initiative facilitera le quotidien des utilisateurs et des développeurs.

Windows 11

La nouvelle version du système d’exploitation de Microsoft va être déployée fin 2021. Les améliorations de Windows 11 : menu simplifié et centré, plus adapté aux écrans tactiles, fil d’informations sur la partie gauche de l’écran, possibilité de diviser son écran en deux ou trois zones, applications Android acceptées. Il sera possible de convertir gratuitement les ordinateurs équipés de Windows 10.
 https://www.microsoft.com/fr-fr/windows/windows-11

No future…

Clearview AI – Reconnaissance faciale pour la police

Spécialisée dans la reconnaissance faciale, cette société américaine a téléchargé des milliards de photos d’individus sur le net. Cette discrète petite entreprise vend ses services aux forces de l’ordre américaines et peut-être à d’autres… Plusieurs pays dans le monde enquêtent sur les pratiques de Clearview AI. Sans surprise, le RGPD de l’UE n’a pas l’air d’être respecté. De leur côté, Google, Facebook et Twitter ont mis en demeure la start-up de mettre un terme à l’aspiration des images sur leurs sites.

Chantage à la critique

De plus en plus d’auteurs se voient proposer de mettre en ligne sur divers sites des critiques positives de leurs ouvrages par des sociétés spécialisées. Aux USA et au Royaume-Uni, un pas a été franchi avec un chantage au retrait ou à la non publication d’une critique négative contre rémunération. En France, selon le réseau Babelio, pour le moment, seules les critiques promotionnelles ou exagérément positives sont modérées.

Vente de mèmes

Ces images ou vidéos virales sur le net (souvent drôles) prennent de la valeur à en croire les dernières ventes. Le célèbre « Charlie bit me ! » a été adjugé à 623 000 € en mai 2021. Ces mèmes sont vendus sous la forme de jetons non fongibles c’est-à-dire en NFT (technique utilisée par les cryptomonnaies). Posséder une version originale devient de plus en plus populaire à tel point que de nombreuses personnes figurant sur ces mèmes se mettent à les vendre en NFT. Attention à la bulle spéculative !
 https://www.charliebitme.com/#/auction/39

 

Agir pour la transition écologique depuis le CDI

« Affirmation du rôle fondamental et continu de l’éducation au développement durable, du primaire jusqu’au lycée », « Élargissement des missions du comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté au développement durable »1… Ainsi formulés, les titres des deux premiers articles du projet de loi climat et résilience confirment la centralité de l’éducation au développement durable (EDD) dans les préoccupations écologiques nationales. Plusieurs mois avant la remise des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, la circulaire de rentrée du 28 août 2019 réaffirmait déjà la volonté du ministère de l’Éducation nationale de renforcer la place de l’EDD, quinze ans après son apparition en 2004 dans les textes officiels. Soulignée dans les programmes et adossée aux Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, la place du développement durable s’y voit aussi renforcée dans les attendus liés aux compétences des élèves. La commande d’une élection d’éco-délégués dans chaque établissement par notre ministère de tutelle est la mesure phare de ces dispositifs.
En parallèle de ce cadre national, des initiatives locales fleurissent dans de nombreuses écoles, collèges et lycées depuis plusieurs années, même si les situations restent très inégales selon les territoires, les équipes et les spécificités de chaque établissement. Dans les projets de ces EPLE, il est fréquent qu’une dynamique plus horizontale s’instaure, entre équipes éducatives, associations et divers acteurs des collectivités territoriales. En quête d’une plus grande sobriété à l’échelle locale, plusieurs de ces initiatives s’inscrivent en cela dans une dynamique dite « de transition », en référence au concept des « transition towns » développé par Rob Hopkins2.
Attendue par l’institution, visible sur le terrain, le renforcement de l’EDD semble tout indiqué pour que l’écologie se taille une place de choix dans des CDI verts annoncés par ce numéro d’InterCDI, tant pour la pédagogie que la gestion du fonds. Nous n’aborderons que peu cette dernière mais il est important de souligner que depuis bientôt dix ans, l’« écolije » connaît une progression exponentielle3. Malgré ces conditions favorables, comme pour nos collègues de discipline, l’enchaînement des confinements et l’adaptation de nos pratiques pédagogiques au distanciel mais aussi plus spécifiquement la nécessité de repenser la gestion des CDI en termes sanitaires sont particulièrement sollicitants. En parallèle, l’importance de réaffirmer nos missions en ÉMI au sein des équipes, conjugué au manque de formation spécifique sur la question complexe du climat rend bien légitime le sentiment pour certains collègues de ne pouvoir s’emparer pleinement du sujet.
Face à ce constat et à l’urgence d’accompagner au mieux nos élèves sur le chemin de la transition, une position intermédiaire existe. Elle consiste à observer à quel point nos missions rejoignent les attendus de l’EDD et d’un accompagnement au changement climatique, et dans quelle mesure nos positionnements professionnels nous facilitent la tâche en tant qu’enseignants-documentalistes pour passer à l’action en termes de transition écologique dans les EPLE. Ce faisant, nous espérons montrer que la diversité de nos occupations comme la capacité d’adaptation requise par notre profession sont autant d’atouts face au défi que constitue la préparation de nos élèves aux changements de tous ordres qui se profilent.
Que ce soit – comme nous allons le voir – au sujet de l’ÉMI, de notre posture professionnelle ou de l’autonomie de nos élèves, nos missions sont traditionnellement à la croisée entre gestion, ouverture culturelle et pédagogie. C’est surtout ce dernier point que nous approfondirons ici. Les trois aspects de notre profession restant en constante corrélation, des liens vers ce que pourrait être un fonds « en transition » et des exemples de partenaires compétents sur la question seront régulièrement tissés.
Enfin, les lignes qui suivent émanent principalement d’expériences menées en partenariat avec mes collègues professeurs documentalistes. En premier lieu avec les élèves du lycée Paul Éluard de Saint-Denis (93) entre 2015 et 2019 et Jorge Pardo (SVT). Et, depuis, avec ceux du lycée Renaudeau de Cholet (49) et mes collègues de SVT et d’histoire-géographie. Ces remarques se fondent également sur des observations plus transversales réalisées lors de formations ou d’accompagnements d’établissements en démarche de développement durable (E3D) depuis 2016, avec le groupe académique « Jardins de Créteil » et le programme « lycée éco-responsable » de la région Île-de-France, ainsi qu’à l’INSPÉ de Nantes depuis 2017.

Éduquer aux médias et à l’information environnementale. EMI et EDD, partenaires dans la formation de l’esprit critique : le cas du climato-scepticisme

Agir pour le climat avec les collègues de sciences : l’opportunité des nouveaux programmes

Depuis l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo, une très forte attente sociétale porte sur l’ÉMI. Peu après, l’élection du Président Trump et le recours très médiatisé de son gouvernement aux fake news ont alerté sur l’importance de la formation de l’esprit critique des citoyens, notamment chez les adolescents. Dans ce contexte, la place du professeur documentaliste est en perpétuelle redéfinition. Poser la problématique climatique comme sujet d’ÉMI n’est pas totalement inédit4. Les opportunités qu’elle propose, comme nous allons le voir, lui permettre d’affirmer sa position de spécialiste de l’information et des médias et d’améliorer son traitement dans nos établissements.
Parmi les fausses nouvelles relayées par la Maison Blanche sous le mandat de Donald Trump, on compte plusieurs déclarations en lien avec l’enjeu climatique et la négation du changement en cours. De façon générale, les grands principes du climato-scepticisme sont parsemés de fausses nouvelles relativement accessibles pour nos élèves. Ils permettent d’aborder également la notion de complot avec laquelle ils partagent de nombreux aspects tels que l’angoisse et la déresponsabilisation de ceux qui y adhèrent, ainsi qu’une simplification extrême de sujets très complexes. Le traitement du climato-scepticisme comme objet d’ÉMI permet également de s’inscrire dans les nouveaux programmes. Après s’être longtemps cantonnée aux progressions de SVT et de géographie, la question climatique a vu sa place se renforcer lors de la réforme du lycée. Elle concerne dorénavant tous les élèves de terminale générale dans le cadre de l’Enseignement scientifique (ES). Le thème 1 « Science, climat et société » offre une porte d’entrée idéale pour participer à la formation à l’esprit critique de nos élèves. Parmi de nombreuses pistes d’exploitation, une progression mêlant recherche documentaire, argumentation et apports scientifiques. C’est le sens du projet « Climato-scepticisme » mené à quatre voix cette année au Lycée Renaudeau avec deux enseignantes de SVT et ma collègue professeur documentaliste. Pour concevoir la production attendue – une vidéo de trois minutes argumentée déconstruisant un argument climato-sceptique – une séquence de six cours nous a amenées à travailler les principes de fiabilité de l’information et de construction de l’argumentation en plus des apports scientifiques.

Éduquer aux QSV : outils et ressources pour une éducation à l’information environnementale

Lors de ces séances dédiées au climato-scepticisme, nous avons abordé le thème des « questions socialement vives » (QSV) à plusieurs reprises. Et pour cause, puisque cette catégorie regroupe les objets de débat ou d’incertitudes n’ayant pas de solution univoque et qui implique de nombreux acteurs (recherche, médias, société, éducation). Malgré les différents rapports du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les modalités du changement climatique sont fréquemment remises en cause et cette question compte donc bien parmi les QSV, comme les discussions autour du brevetage du vivant ou plus récemment de la nécessité des confinements par exemple. Pour aborder ces objets de débat très complexes, la Cartographie de controverses, développée par le sociologue Bruno Latour a fait ses preuves5. Elle consiste à dresser un état des lieux des différents avis des protagonistes à l’origine d’une controverse ainsi que de leurs relations. Cette méthode est très fructueuse pédagogiquement. L’élève peut grâce à elle se placer en observateur éclairé et exercer son esprit critique en questionnant l’idée d’expertise, sans toutefois avoir à trancher. Utilisée par plusieurs collègues à l’époque des TPE, présentée au PAF de l’académie de Créteil, la Cartographie des controverses est plus que jamais d’actualité pour traiter des nouveaux programmes du lycée. Elle est très efficace pour rendre compte de la complexité des questions environnementales dans les enseignements. Le travail documentaire particulièrement fin à réaliser par l’élève nécessite l’expertise du professeur documentaliste en ÉMI pendant toute la phase de recherche, ainsi qu’au moment de l’évaluation. Ainsi déroulée, la question des enjeux climatiques dans le programme d’Enseignement Scientifique constitue par ailleurs une belle entrée vers le Grand Oral (GO). Pour le choix du sujet tout d’abord, puisque la controverse donne à la question un angle particulièrement adapté à l’exercice du GO mais aussi pour la performance en elle-même. En effet, pour présenter leur cartographie, les élèves peuvent par exemple s’entraîner à rejouer les acteurs des controverses, chacun travaillant, par ce rôle, non pas sa propre opinion, mais les aspects rhétoriques de l’argumentation.
L’étude des QSV environnementales constitue donc un levier important de formation de l’esprit critique des élèves. Elle est aussi un parfait cas d’école d’ÉMI, où plusieurs de nos missions peuvent être exploitées en partenariat avec les collègues de sciences et d’histoire-géographie. Les sujets étudiés faisant, par définition, l’objet de controverses, les élèves peuvent être confrontés à des images choquantes ou à des sites affichant un prosélytisme avancé. Aussi une pré-sélection des sources représente une solution prudente engageant fortement le professeur documentaliste à tenir une activité de veille sur la question. Plus qu’aucun autre, le changement climatique et les processus de transition sont un sujet pluridisciplinaire. En parallèle, ceci induit qu’aucun enseignant de discipline n’est spécialiste de la totalité des questions environnementales et qu’elles mettent en lumière les bienfaits de la co-intervention, comme nous le reverrons plus loin. Ce chemin à accomplir vers la compréhension des mécanismes du changement climatique présente un autre avantage. Il nous remet peu ou prou dans la posture de l’apprenant, ce qui est toujours intéressant au sujet des QSV pour la relation pédagogique.
Plus concrètement, vers qui se diriger en premier lieu et quelles lectures conseiller à nos élèves et acquérir pour notre fonds ? Les rapports du GIEC restent, s’ils sont la somme absolue sur la question climatique, très difficiles d’accès pour le non-spécialiste. Il est toutefois très intéressant de faire survoler ces documents aux élèves pour attester de l’existence de ces études, dont le bien-fondé est décrié par les climato-sceptiques. Pour des lectures plus faciles d’abord, on se tournera vers les publications de Jean Jouzel (Le climat de la France au XXIes., Quel climat pour demain ?) et Valérie Masson-Delmotte, deux auteurs incontournables en termes de vulgarisation climatique. Sur les réseaux, certaines vidéos tournées par Jean-Marc Jancovici et son organe de diffusion, le Shift Project sont accessibles pour des lycéens, tout comme celle de l’excellent YouTubeur Léo Grasset, auteur de la chaîne DirtyBiology, qui pourra servir pour de très nombreuses études de QSV scientifiques. Nécessaire à l’étude de controverses, la recherche de sources désapprouvant la réalité climatique est plus ardue de prime abord. On trouvera assez vite de quoi alimenter la séquence en réalisant une recherche avec les termes « réchauffiste », « église de climatologie » ou malheureusement « Greta Thunberg » puisque la jeune femme continue de faire l’objet d’un « Greta-bashing » de la part de ses détracteurs. Enfin, les diverses publications de lobbys agricoles qui arrivent – parfois en plusieurs exemplaires – dans nos CDI peuvent être utilisées dans ce cadre. Elles sont des sources précieuses pour les études de QSV liées aux questions de transition écologique et de très beaux cas d’école rhétoriques à propos de l’alimentation biologique, de la question des semences libres ou de l’usage des pesticides.
Éduquer à la complexité, créer des séquences où la qualité des sources est au centre des apprentissages, accompagner les élèves dans la formation de leur esprit critique face à ces dernières sont autant de missions qui rejoignent celle de l’ÉMI, comme nous venons de le voir. Pour avancer efficacement en équipe sur ces sujets complexes, le pan « ouverture culturel » de nos missions peut aussi être sollicité. L’association « La Fresque du Climat », fondée par des proches de Jean-Marc Jancovici, spécialistes de ces questions, intervient dans les établissements scolaires. L’animation consiste en un vaste jeu de cartes à remettre en place pour dessiner les causes et les conséquences du changement climatique. Elle est assurée par des membres de l’association, qui peuvent expliquer le contenu des cartes et les phénomènes physiques et humains en cause. D’abord assez technique, la Fresque officielle s’adresse aux étudiants et aux lycéens mais une version simplifiée existe pour les élèves les plus jeunes, dès la primaire. Point important, chaque séance est clôturée par un moment de « météo intérieure », où les participants expliquent leur ressenti face à ce qu’ils viennent de comprendre. Un temps que nous n’avons souvent pas l’occasion de prendre lors des séances d’ÉMI sur des sujets plus classiques mais qui a un rôle-clef dans la vision d’un CDI comme point de repère pour les élèves souffrant de l’angoisse suscitée par ces questions, comme nous allons le détailler.

Accompagner le changement de posture : le CDI comme lieu d’action climatique

Après cette présentation de certains des contenus pédagogiques possibles pour un CDI « en transition » où l’ÉMI et l’EDD se rencontrent, nous souhaitons nous concentrer sur une seconde catégorie d’actions. Elles concernent la façon de contribuer à accompagner nos collègues et nos élèves vers le changement de posture que nécessite l’adaptation aux modifications du climat, en cultivant des compétences transversales bien connues de notre profession.

Accompagner l’EPLE : le CDI, lieu de convergence pour l’environnement

La première de ces actions vise à encourager la communication au sein des équipes. Parfois débordante ou au contraire complexe, voire inexistante pour des raisons propres à chaque établissement, la qualité des échanges entre les disciplines est un point-clef de toute action d’envergure dans un EPLE. La question de la transition n’y déroge pas et il est donc tout à fait possible de s’inscrire dans le cadre d’une politique de l’EDD à l’échelle de l’établissement comme nous avons l’habitude de le faire pour l’ÉMI, l’ouverture culturelle ou la prise en charge des élèves en difficulté. Ainsi, il est aisé de proposer des expositions dans le CDI grâce à de nombreuses structures ressources (AFD, LPO, ONF, agences régionales de la biodiversité, associations locales …) dont certaines mises à disposition par les ateliers Canopé. Les mêmes acteurs peuvent être de sérieuses ressources quant à l’enrichissement de nos fonds. L’entraide entre professeurs documentalistes est également à favoriser, la transition étant un cas d’école de pluridisciplinarité, et peut grandement bénéficier de la richesse de nos profils. Pour ce faire, l’usage d’outils collaboratifs et libres de droit semble une solution cohérente pour rester en phase avec le sujet (voir par exemple la « Bioblio » : https://framacalc.org/bioblioeedd).
Pour passer à l’échelle supérieure, l’organisation de journées ou de semaines liées aux problématiques dites « de transition » constitue un bon moyen de fédérer les équipes. Plusieurs rendez-vous annuels concernant le climat, les déchets, la biodiversité existent et sont répertoriés dans le précieux agenda de Docs pour docs (http://www.docpourdocs.fr/spip.php?article520). Sur une journée, une projection suivie d’un débat avec différents collègues de discipline peut s’avérer une solution intéressante. Nous sommes nombreux à avoir projeté le documentaire Demain en nous appuyant sur le riche dossier pédagogique conçu par l’équipe du film. Depuis, ce format de documentaire encourageant le changement a fait recette. Parmi les sorties récentes, on peut recommander le film Douce France dont l’équipe propose des projections et des débats avec les élèves. Si le choix d’une semaine complète est possible, une Semaine de la Transition telle qu’organisée au Lycée Renaudeau fournit un exemple, faisant intervenir des partenaires locaux (CPIE Loire Anjou, Association Zéro Waste Cholet, etc.) et des personnalités liées de près ou de loin au lycée et à sa région (dessinateur de bande-dessinée, naturaliste ou une intervenante de l’association Point de M.I.R – spécialisée en pollution numérique – originaire de la région.). Pour ce faire, les démarches sont les mêmes que pour n’importe quel événement récurrent dans les CDI. À la différence près que la question de la sécurité des élèves risque d’être plus régulièrement soulevée, lorsqu’il est question d’alimentation, de manipulation de végétaux ou de bricolage. Le recours à des acteurs agrémentés par le Ministère est un bon moyen de contourner cette difficulté. Avec l’appui non négligeable de grands acteurs de l’animation nature qu’il est possible de découvrir très facilement via le réseau FRENE (jusqu’à il y a peu REN) et celui des GRAINE régionaux qui regroupent les différents intervenants de chaque territoire, proposent des formations de terrain, etc.
La participation aux rendez-vous de l’établissement en termes d’EDD, importante pour faire du CDI un lieu ressource, peut par ailleurs permettre d’obtenir un label du Rectorat ou de la région (label « lycée éco-responsable » de la région Île-de-France par exemple). L’implication d’un grand nombre d’acteurs de l’établissement est l’un des critères d’évaluation dans les dossiers de labellisation et celle du CDI est attendue par les jurys. Sans octroyer plus de moyens matériels ou humains aux équipes pour le label académique (ceux des collectivités fonctionnent différemment), ces certifications permettent de valoriser le travail des équipes et des élèves. Ainsi que de monter des dossiers de financement pour des projets plus facilement auprès d’autres partenaires. La nouvelle labellisation de territoire, elle, implique que le lycée ou le collège travaille avec d’autres établissements de son secteur sur la thématique EDD. Elle encourage à travailler les liaisons inter-degrés. On connaît l’implication des professeurs documentalistes dans ce domaine, que ce soit du point de vue de l’accueil des CM2, des séances de préparation aux attentes de recherche du supérieur ou, et ce n’est pas le moins, de l’orientation. Dans ce cadre, les thématiques liées à la transition écologique peuvent aussi être un fil rouge – ou vert ! – pour accueillir les nouveaux élèves, sensibilisés dès le premier degré pour le collège, ou au collège pour le lycée, faisant du CDI un lieu repère et sécurisant sur cette question.

Grainothèque

Accompagner les élèves : de l’éco-anxiété aux éco-délégués

Car c’est ici sans doute l’enjeu le plus important de cette action du professeur documentaliste. Celui de contribuer à créer un espace refuge pour accueillir les questionnements et les angoisses de nos élèves sur ces sujets. En plus de mon expérience avec mes propres élèves, j’ai eu la chance de participer à plusieurs réunions, aux niveaux régional et académique, où des élèves étaient invités à parler de leur sentiment vis-à-vis du changement climatique. Si chaque expérience est unique, on peut tout de même classer ces témoignages en deux grandes catégories, indépendantes du niveau d’étude ou du contexte où ces opinions s’expriment. La première englobe les adolescents ressentant des sentiments allant de l’inquiétude à la terreur face à ces questions. La seconde, ceux qui vont du ras-le-bol face à ce qu’ils estiment être trop abordé dans leur cours au déni pur et simple, que l’on pourrait qualifier de climato-sceptique. Dans les deux cas, les discours de ces élèves sont le fruit d’une même émotion : la peur mêlée d’incompréhension. En effet, beaucoup d’élèves ne reçoivent pas d’accompagnement au changement climatique dans leur famille, par manque de ressources conceptuelles, leurs parents ayant peu étudié le sujet à l’école, ou craignant de trop les inquiéter. Sans surprise, la réaction des élèves témoigne du mouvement inverse et l’« éco-anxiété » s’installe.
Pour pallier cette situation très dommageable pour le développement psychique de nos élèves (ainsi, une étude américaine publiée dans le magazine américain Strife montre que des 10-12 ans souffraient déjà d’éco-anxiété en 2012), le recueil de la parole des jeunes est primordial et peut se faire de nombreuses façons au CDI. Comme sur d’autres sujets les impliquant émotionnellement – le harcèlement scolaire ou le deuil par exemple – on peut demander aux élèves de produire des avis sur des fictions ou des documentaires abordant ces questions. En parallèle, la réalisation de revues de presse à échéance plus ou moins régulière, qui permettent de découvrir des médias concernés (Reporterre pour la presse numérique, S!lence ou Les 4 saisons du jardin bio par exemple en presse papier) et d’exploiter notre fonds de périodiques sous l’angle écologique. En plus des revues naturalistes, les magazines Science et vie Junior, Okapi ou Causette, parmi de nombreux exemples, proposent des rubriques dédiées. La participation, voire l’accueil de certains clubs s’ils existent dans l’établissement (club nature, club climat, ateliers zéro-déchet) peut constituer un autre levier d’implication pour le professeur documentaliste. Là encore, la co-intervention, à laquelle nous sommes très certainement les personnels enseignants les plus habitués, est de mise pour offrir des interlocuteurs différents aux élèves qui souhaitent en discuter.
Intervenir à plusieurs auprès des élèves est très utile pour le chantier le plus récent sur ces questions : l’accueil des éco-délégués. Mis en place à la rentrée 2019, ce dispositif a fait l’objet d’une très forte incitation ministérielle et académique et des milliers d’éco-délégués ont été élus un peu partout en France. Le manque de directives explicites pour leur formation est, comme pour l’ÉMI à ses débuts, à la fois un facteur limitant et un moteur. Sans que des heures soient libérées pour cela, et que l’offre de formation des enseignants reste encore assez faible (à noter, un parcours Magistère existe depuis la rentrée 2020), ce dispositif est une opportunité pour fédérer autour de la question climatique et libérer la parole des élèves. Lors des premiers ateliers organisés en co-intervention avec un collègue d’histoire dans un établissement rural, les séances hebdomadaires commençaient toujours par un tour de table en réponse à la question « qu’ai-je entendu à propos du climat et des problèmes environnementaux cette semaine ? », puis un second tour consacré à « qu’ai-je ressenti face à ces nouvelles ?».
Livrer des émotions aussi difficiles à avouer que l’angoisse ou la peur ne peut se faire que dans un contexte et un lieu considéré comme bienveillant. Ceci nous a amenés en 2019-2020 à choisir le CDI où en anticipation dès la rentrée, une part de mon bureau était réservée aux dépôts d’objets ou de végétaux. Glanés dans les environs, ces éléments contribuaient à une « éducation à l’environnement par l’approche sensible », selon les mots d’Édith Planche, et étaient destinés à initier un dialogue léger et rassurant sur la nature. Dans un lieu apprécié, accompagnée par deux enseignants considérés comme bienveillants, la parole s’est libérée tout au long de l’année, jusqu’au confinement. Au retour des élèves, il a ensuite été bien plus aisé de remettre en place un espace de parole pour aborder les sentiments ressentis pendant ces huit semaines. Les liens entre la pandémie et la destruction des écosystèmes sont très rapidement arrivés dans ces conversations, à l’initiative des éco-délégués. Ils sont revenus dans le débat lors de séances de « déconfinement » conçues avec l’infirmière scolaire après le 11 mai, ancrant nos élèves dans le réel de ce qu’ils vivaient.

Agir au CDI en faveur de la reconnexion à la nature. Vers de nouvelles missions pour le professeur documentaliste ?

Les lignes qui précèdent se sont attachées à décrire deux actions à mener pour un CDI vert. La première concernait les contenus en ÉMI et il est ressorti que l’étude des controverses climatiques et celle des complots avaient beaucoup en commun et que nous détenions donc une expertise à mettre à disposition des élèves et des équipes. Nous aurions pu y ajouter la lutte contre le greenwashing qui rejoint celle que nous menons contre la désinformation, notamment sur les réseaux sociaux6. La seconde action coïncide avec le pan d’ouverture culturelle de nos missions en exploitant les représentations positives du CDI pour en faire un pôle d’écoute et d’échanges autour de la question climatique et de l’éco-anxiété. Elle rejoint plus généralement le concept du care, à savoir le soin que nous portons à tout ce qui nous entoure pour tenter de maintenir et de « réparer » notre monde7. Ces propositions sont loin d’être d’exhaustives mais présentent l’avantage de reposer sur des compétences professionnelles que nous déployons déjà dans notre profession.
Au titre de cette ouverture, il me reste une troisième catégorie d’action à présenter, en apparence plus éloignée de notre quotidien de professeur documentaliste. Elle entre dans le contexte de la « classe dehors ». Ce dispositif vise à enseigner en extérieur de façon régulière, ce qui le différencie des traditionnelles sorties scolaires. Très populaire dans de nombreux pays (Belgique, Écosse, Scandinavie, Québec etc.) depuis bien longtemps, elle a été popularisée en France par la pédagogie Freinet, avant d’être cantonnée aux écoles privées sous contrats. Elle est revenue sur le devant de la scène à l’occasion de la parution de plusieurs ouvrages sur la question8 et, surtout, à la lumière du premier déconfinement. Ainsi peut-on lire à la page 3 du protocole sanitaire du 14 juin 2020 « l’organisation de la classe à l’air libre est donc encouragée ». Si les collègues du primaire sont les premiers à s’être emparés du sujet, nous sommes de plus en plus nombreux dans le secondaire à faire classe dans la cour ou les espaces verts alentours. Véritable « pédagogie du détour » – au même titre que la ludification des apprentissages – l’enseignement en extérieur permet des situations de différenciation pédagogiques très intéressantes. Mais surtout, ces temps passés dehors contribuent à une reconnexion avec ce que les chercheurs nomment « expérience de nature » et que nos élèves – et nous-mêmes ! – avons si souvent perdue et qui nous empêche de prendre toute la mesure des dégâts que nous causons à notre environnement9.
En plus du contenu disciplinaire, on travaille dehors des compétences transversales telles que la prise de parole, l’autonomie ou encore l’attention. Quelle peut être la place du professeur documentaliste dans des dispositifs ? Précisons avant tout que nos collègues de lycée agricole, très habitués à ce type de situations pédagogiques, sont d’excellentes personnes ressources sur ces questions et mériteraient d’être plus souvent consultés, comme dans la récente tribune du média en ligne Reporterre10. Ensuite, proposer un CDI hors les murs, à partir d’une sélection du fonds est un premier pas, si l’on dispose d’un peu d’aide afin que l’opération ne requiert pas trop de manutention. Pour  donner raison à Cicéron qui écrivait dans sa correspondance « si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu’il vous faut », la participation à l’entretien d’un jardin pédagogique donnera lieu à de belles progressions en info-doc, du recueil de l’information scientifique sur le terrain à sa mise en forme. Notre contribution aux réflexions autour des usages de la cour d’école, très à la mode en ce moment, en tant qu’experts au sujet des lieux aux usages transversaux et des communs environnementaux peut aussi s’avérer très pertinente et mériterait un article à part entière. Enfin, l’enseignement en extérieur constitue autant de moments passés sans support numérique, une respiration essentielle à la suite des confinements successifs. Les retours des expériences de temps de déconnexion là où elles ont lieu sont très encourageants, notamment sur l’attention. Cette capacité à se projeter à l’extérieur est aussi un argument de plus pour que nos missions ne se confondent pas avec l’outil numérique.

Il n’y a pas de schéma tout tracé pour accompagner nos élèves sur le chemin, compliqué, de la transition. Tout au plus existe-t-il des sources d’inspiration pour cultiver le changement de nos modes de vie, nécessaire à une limitation du réchauffement planétaire et de l’extinction des espèces en cours. Cette capacité d’adaptation dont nous savons faire preuve tous les jours et qu’il est souhaitable de cultiver chez nos élèves permettra de nous atteler à relever les défis posés à l’école du XXIe siècle.

 

Le CDI sur l’herbe. Lectures et débats en extérieur avec des élèves de 6e au début du premier déconfinement. 18 mai 2020

Photographies : Laure Pillot

Projet interdisciplinaire « Développement durable et recyclage »

Le projet interdisciplinaire

Les objectifs communs de ce projet, qui réunit une grande partie des acteurs de l’établissement, sont de développer chez les élèves les compétences liées au domaine 3 du socle commun « La formation de la personne et du citoyen » : « Apprentissage de la vie en société, de l’action collective et de la citoyenneté ; formation morale et civique ; respect des choix personnels et des responsabilités individuelles1».
Les professeurs impliqués sont issus de disciplines différentes : français, histoire, physique, SVT, musique, documentation. Ce projet s’inscrit également dans le cadre du FSE2 et de ses clubs théâtre, cirque, jardinage et environnement. Toutes les classes du collège et les élèves des clubs cités participent à différents niveaux.
Ce travail s’inscrit pleinement dans le programme de français dans le cadre de l’argumentation sur le thème « Agir dans la société » ; en physique dans la thématique de la matière (cycle 4) ainsi que dans les parcours transversaux d’éducation au développement durable et le parcours citoyen (voir encadré) et de sa transformation organique en matière minérale ainsi que le devenir de la matière non transformée par la nature ; le recyclage et le développement durable dans le cadre de l’EMC3.

Éducation au Développement Durable
« L’EDD permet d’appréhender la complexité du monde dans ses dimensions scientifiques, éthiques et civique4 ». Quant au développement durable, c’est une « démarche de rétablissement d’équilibres dynamiques entre l’environnement, le monde social, l’économie et la culture5 ». Cette éducation transversale s’intègre pleinement dans ce projet.

Le parcours citoyen
Il « a pour double objectif de faire connaître aux élèves les valeurs de la République et de les amener à devenir des citoyens responsables et libres6 ». Dans ce parcours « les élèves sont engagés dès que possible dans la vie sociale de l’établissement et de son environnement, à prendre part à une association et à s’impliquer auprès de leurs pairs7 ». Ce projet participe aussi à ce parcours citoyen que l’élève peut choisir de présenter oralement à l’épreuve orale du Brevet.

La circulaire du 27 août 20198
Elle concerne une nouvelle phase de généralisation de l’EDD puisqu’elle prévoit une sensibilisation à la protection de l’environnement dans les écoles et ce projet y répond pleinement en mobilisant un maximum d’élèves au collège.

Les actions engagées par l’établissement

L’établissement devient un lieu d’action pour exercer les pratiques éco-responsables. Ainsi, les élèves étudient les notions de développement durable et de ville durable, préparent des slogans sur le recyclage avec des saynètes filmées, étudient les matériaux, réalisent des affiches. Des visites des centres de tri du de la région, la fabrication d’instruments de musique à partir de déchets, la rencontre avec une diététicienne et un apiculteur et la sensibilisation à la pollution numérique et aux comportements responsables font aussi partie des activités qui se sont déroulées tout au long de l’année. Les objectifs de ces activités sont de donner des habitudes aux élèves de réduction, réutilisation et recyclage des déchets, de lutter contre le gaspillage et de protéger l’environnement et la biodiversité. Une exposition des travaux réalisés tout au long de l’année est proposée en fin d’année avec un vernissage et l’invitation des parents d’élèves.

L’ensemble du projet vise aussi à obtenir la labellisation éco-collège (Programme international d’EDD développé en France par Teragir)9.

C’est donc dans ce vaste programme que j’ai choisi de m’intéresser plus précisément à la notion de pollution numérique avec les élèves de 5e et 4e à raison d’une séance d’une heure. Cela m’a demandé de me documenter fortement avant de me lancer dans cette séance pédagogique. Pour cela j’ai beaucoup utilisé le site de l’agence de la transition écologique, ADEME10, et le dépliant qu’ils diffusent « La face cachée du numérique ».

Une séance pour sensibiliser à la pollution numérique au CDI

Objectifs généraux de la séance :
– Définir ensemble ce qu’est la pollution numérique
– Donner des solutions écologiques applicables facilement même au collège
– Sensibiliser les élèves à ce type de pollution invisible à laquelle on ne pense pas toujours
– Enjeux informationnels, écologiques, éthiques et sanitaires.

Matériel nécessaire :
– Tableau blanc
– Ordinateur relié à internet avec du son
– Vidéoprojecteur

Organisation de la séance :
Chaque classe est scindée en 2, un groupe reste en classe et prend part avec l’enseignant à une autre activité du même projet et le 2nd groupe est au CDI. Cette séance demande la mobilisation de la réflexion des élèves et leur participation active donc un nombre limité.

La séance est organisée en 4 temps :
– 1re étape : Brainstorming
– 2ème étape : Quiz oral vrai ou faux
– 3ème étape : Visionnage de vidéos
– 4ème étape : Bilan : qu’avez-vous retenu ?

Description des activités :

1re étape (15 mn) : Le brainstorming11 ou remue-méninges

Il permet de produire collectivement un maximum d’idées sur un sujet donné en vue d’un objectif commun. Il permet aussi l’émergence des représentations d’un groupe, incite les plus timides à participer. Ils apprennent aussi à écouter les idées des autres dans le respect et améliore le relationnel au sein d’un groupe.
Les élèves apprécient beaucoup cette étape car leur parole est libre et ils se rendent compte que cette notion ne leur est pas complètement étrangère.
À l’issue de la réflexion, nous classons ensemble les mots ou expressions en 2 colonnes : pollution visible (matérielle) d’un côté et pollution invisible de l’autre.
Je leur donne une définition générale : La pollution numérique est liée à l’impact du numérique dans son ensemble, de la création des équipements (ordinateurs, smartphones…) à leur fin de vie en passant par les usages des utilisateurs.

1re étape : Brainstorming pour définir les deux faces de la pollution numérique
Question posée aux élèves pour lancer la réflexion : qu’est-ce que c’est pour vous la pollution numérique ?
Pollution matérielle : problème de la fabrication et du recyclage des outils informatiques
Pollution invisible : internet et son fonctionnement (stockage, consommation énergétique…)

2ème étape : Quiz oral (15 mn)

Lors de cette étape, je leur donne des affirmations (voir encadré) et je leur demande seulement s’ils pensent que c’est vrai ou faux. Je constitue des groupes de 3 à 4 élèves (par table) pour échanger avant de répondre et éviter qu’ils ne parlent tous en même temps. Ils réfléchissent, discutent entre eux. Cela permet de tester leurs connaissances et d’engager un débat.

Consignes :
– 3 à 4 groupes formés des élèves regroupés à une même table ;
– Je donne l’affirmation, je précise si ce n’est pas bien compris ;
– Je leur laisse une à 2 minutes pour réfléchir ;
– J’interroge chaque groupe successivement pour connaître leur réponse ;
– Nous comparons, je donne la réponse que j’argumente puis laisse venir les échanges rapides en illustrant avec une ou plusieurs photos que je projette ;
– Nous définissons ensemble les solutions à apporter pour y remédier ;
– Cette étape doit être assez rapide et dynamique pour ne pas lasser les élèves.

2ème étape : Quiz

*1re affirmation : Les téléphones portables et ordinateurs sont fabriqués à partir de matériaux recyclables.
FAUX, alors de quoi sont-ils faits ?
Ils sont faits de plastiques et métaux précieux (or, argent, platine et palladium, présents en petite quantité, l’or permet de conduire l’électricité très facilement tout en évitant au maximum l’oxydation) : 800 kg de matières premières pour un appareil de 2 kg.
Malheureusement les 3/4 ne sont pas recyclés et terminent dans des décharges numériques dans des pays comme le Ghana 40 millions de tonnes chaque année (projeter photo 1).
Quelles solutions peut-on apporter ? S’équiper léger, ne pas multiplier les outils, garder les mêmes outils comme les smartphones quand ils fonctionnent encore sans les changer en permanence…

Déchets – téléphones portables – ADEME

*2ème affirmation : Le stockage de données du web consomme beaucoup d’énergie.
VRAI, mais pourquoi ?
1/5 de la consommation mondiale est utilisée par les data centers. Ils consomment beaucoup d’électricité pour faire tourner et refroidir les serveurs et de l’eau aussi, l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires par an et cette consommation double tous les 4 ans (projeter photos 2, 3 et 4).
Qu’est-ce qu’un data center ou centre de données ?
Les moteurs de recherche y stockent des données sur les pages web du monde entier. Les sites web eux-mêmes sont souvent hébergés dans des data centers. Les entreprises stockent les données de leurs salariés sur des data centers pour les rendre disponibles partout dans le monde. Le cloud est lié à l’utilisation de data centers, qui vont stocker des informations et les rendre accessibles, au travers d’une connexion internet, aux utilisateurs. En une journée internet consomme autant que 30 000 foyers européens. Si internet était un pays il serait le 3ème plus gros consommateur d’électricité du monde (après la Chine et les États-Unis).
Quelles solutions peut-on envisager ? Faire fonctionner les data centers avec des énergies renouvelables ou utiliser la chaleur qu’ils produisent pour chauffer des immeubles, des piscines… Privilégier les stockages sur supports physiques (clé USB, disque dur externe) plutôt que les clouds.

Data center – Pixabay

*3ème affirmation : Regarder une vidéo sur internet ou faire une recherche sur Google génère de la pollution.
VRAI
Faire une recherche équivaut à laisser une ampoule allumée pendant 2 h.
Quelles solutions peut-on envisager ? Enregistrer des favoris pour les sites régulièrement consultés au lieu de les chercher sur Google.
L’usage du streaming vidéo est le plus gourmand en énergie (Netflix nécessite autant d’énergie que fabriquer un DVD et l’expédier), 1 heure de vidéo sur smartphone est l’équivalent d’un frigidaire allumé pendant 1 an.
Quelles solutions peut-on envisager ? Regarder une vidéo en basse résolution et pas en HD diminue la consommation d’énergie.

*4ème affirmation : Envoyer un mail avec une pièce jointe est énergivore*(consomme de l’énergie).
VRAI
Envoyer un mail avec une pièce jointe équivaut à une ampoule allumée pendant 24 h (chaque heure 10 milliards d’e-mail sont envoyés)
Quelles solutions peut-on envisager ? Vider sa corbeille régulièrement, ne pas envoyer un même mail à beaucoup de personnes.

3ème étape : Projection de vidéos courtes (10 à 15 mn)

Je projette des vidéos courtes trouvées sur internet et à la fin je fais un retour rapide pour voir ce qu’ils retiennent.

1 – Pollution numérique : comment réduire ses effets au quotidien ? (1 mn 50)
https://information.tv5monde.com/info/pollution-numerique-comment-reduire-ses-effets-au-quotidien-279020

2- Écologie : la pollution d’internet (3 mn)
https://www.youtube.com/watch?v=jvu2jJqB5LU

3 – Data center Facebook (3mn)
https://bfmbusiness.bfmtv.com/hightech/facebook-visite-de-son-nouveau-data-center-en-europe-1532033.html

4- Requête web (1 mn 35)
https://www.inc-conso.fr/content/comment-fonctionne-une-requete-web-et-quel-est-son-impact-avec-lademe

4ème étape : Bilan : Qu’avez-vous retenu ?

Il est important à la fin de la séance de prendre les quelques minutes restantes pour faire un bilan de ce qu’il faut retenir de cette séance.
Je leur distribue ensuite un document « Bilan et engagements à respecter » à coller dans le cahier de SVT où je reprends la définition de la pollution numérique donnée en début de séance, à la fin de la 1re étape, le bilan et quelques engagements à suivre en tant qu’élève du collège.

Bilan et engagements à respecter

Définition : La pollution numérique est liée à l’impact du numérique dans son ensemble, de la création des équipements (ordinateurs, smartphones…) à leur fin de vie en passant par les usages des utilisateurs.

Internet pollue de deux manières :
– Machines pour y accéder,
– Par son fonctionnement et le stockage des données.

Il existe des solutions simples à observer soi-même :
– Ne pas multiplier les équipements,
– Garder les outils plus longtemps (ne pas les changer tout le temps),
– Privilégier les stockages sur supports physiques au cloud,
– Enregistrer des favoris au lieu de lancer une recherche sur Google pour un site qu’on utilise régulièrement,
– Vider sa corbeille régulièrement,
– Ne pas multiplier les mails inutiles.

Après cette séance je m’engage à :
– Ne pas multiplier les outils numériques,
– Conserver ceux qui marchent le plus longtemps possible,
– Porter mes appareils en panne au recyclage,
– Privilégier le stockage de mes données sur des supports physiques (clé usb, disque dur externe) plutôt que les clouds,
– Regarder des vidéos sur internet en basse résolution,
– Vider ma corbeille de mails régulièrement,
– Ne pas envoyer des mails inutiles.

Adoptons ensemble ces éco-gestes pour un numérique responsable

Conclusion de la séance

Je leur distribue également le dépliant de l’ADEME « la face cachée du numérique12». Il est disponible en PDF téléchargeable sur leur site mais j’avais aussi fait une demande en amont et j’ai reçu un dépliant par élève.

Bilan des séances

Les élèves ont apprécié ce moment d’échanges et ont découvert les « ravages » de la pollution numérique sur l’environnement dont ils ne se doutaient pas réellement. Ils ont d’ailleurs posé beaucoup de questions en fin de séance. Grâce au brainstorming, ils ont pu définir les contours du sujet. Les vidéos explicatives courtes apportent un plus quand on sait le temps qu’ils passent chez eux à en regarder. Le bilan est très positif si l’on veut travailler rapidement ce thème, il faut d’ailleurs éviter de perdre du temps lors de la séance car elle est assez dense.
Ce projet interdisciplinaire n’est possible qu’avec un engagement général de l’établissement afin de toucher un maximum d’élèves, d’évoquer tous les sujets possibles, d’exister dans tous les lieux du collège pour que les élèves adoptent des comportements éco-responsables aussi chez eux.
Ils passent beaucoup de temps sur les ordinateurs au CDI et j’espérais, avec cette séance, qu’ils prennent conscience de ce problème. De plus, cela m’a permis de mettre au jour ce problème et de le mettre au premier plan. Je leur ai demandé, plus tard dans l’année, si leur comportement avec le numérique avait changé depuis. Ils me disent avoir vidé leur corbeille de mails, avoir donné leurs vieux appareils pour les recycler, avoir maintenant une clé USB (ce n’était pas souvent le cas en collège) et avoir conseillé leurs parents à ce sujet. C’est déjà un bon début mais il s’agit ensuite, pour eux, de ne pas relâcher leurs efforts et de continuer à appliquer les consignes de l’engagement initial.