Le PREAC BD d’Angoulême

Depuis l’année scolaire 2002-2003, Angoulême accueille un Pôle de Ressources en Éducation Artistique et Culturelle bande dessinée, ou PREAC BD. Chaque année, en prélude au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, se tient un séminaire qui propose d’explorer le potentiel pédagogique du 9e Art pris dans toute sa diversité. Co-organisée par l’Atelier Canopé 16 – La Couronne, la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image, le Festival international de la Bande Dessinée, et la DAAC du Rectorat de Poitiers, cette formation gratuite est ouverte à tous les enseignants – premier et second degrés –, de toutes les disciplines, ainsi qu’aux bibliothécaires et aux médiateurs culturels au sens large. Elle poursuit plusieurs objectifs :
– conforter la présence du 9e art et son usage dans la pédagogie au sein des établissements scolaires ;
– apporter des ressources documentaires aux enseignants ;
– accompagner les projets dans les établissements et réfléchir aux enjeux de la bande dessinée dans le parcours des élèves.

Céline Buyse, stagiaire, professeur d’Histoire Géographie de Lycée y trouve une grande richesse pour sa pratique professionnelle :
« Participer à ce séminaire, c’est d’abord venir me nourrir en venant écouter des spécialistes, sur des sujets pointus et qui nous présentent des tours d’horizon aussi exhaustifs que passionnants sur un thème donné. (…)
C’est aussi l’occasion de me pencher sur des genres vers lesquels je n’irai pas spontanément, comme le manga, qui m’était une culture totalement étrangère, ou presque. Cela nous permet à nous Occidentaux – et à nous, professeurs d’Histoire – de nous rappeler qu’il n’y a pas une seule lecture des événements, et que certaines planches d’auteurs japonais, coréens ou autres, peuvent offrir des points de vue et des grilles d’analyse très intéressants à présenter à nos élèves, lors de TD, ou même pour illustrer un cours. »
L’organisation et l’animation du séminaire sont assurées depuis 2009 par Laurent Lessous qui a succédé à Didier Quella-Guyot. En 18 éditions, ces deux critiques du 9e Art ont réussi, en s’appuyant sur des thématiques renouvelées chaque année, à proposer une large gamme d’approches d’un médium longtemps méprisé dans le monde de l’éducation. Pourtant, ils ont montré que tous les genres, des plus populaires – thriller, humour ou science-fiction – à ceux proposant une réflexion plus poussée à leurs lecteurs – récits historiques, de reportage ou à visée citoyenne – peuvent être abordés de manière pédagogique.
Les séminaires sont aussi l’occasion de rencontrer des auteurs reconnus lors de tables-rondes animées. Lewis Trondheim, Joann Sfar, Etienne Davodeau, Kris, Edmond Baudouin, Zeina Abirached, Emmanuel Guibert, Florence Cestac, Jean Dytar, Derf Backderf, Antonio Altarriba, Thierry Murat, Bruno Loth et beaucoup d’autres ont été invités à discuter avec les stagiaires pour expliciter leur travail d’auteur.
Céline Buyse se souvient notamment de « David Prudhomme et Jean Dytar qui (les) avaient régalé d’une présentation fleuve de leurs travaux respectifs avec des photos de planches en cours de travail, de techniques pour raconter une histoire dans un lieu finalement unique – la grande salle de La Vision de Bacchus, en maquette ! ou de leurs sources d’inspiration (tableaux, statuettes, etc.). Comprendre le cheminement de leur travail, le temps long de l’écriture du scénario, de la mise en page, les problèmes éthiques ou parfois liés au droit d’auteur dans le cas d’adaptation de romans en bande dessinée, permet d’avoir une vision beaucoup plus globale et d’appréhender aussi différemment les choses. »
Cette formation gratuite, ouverte à tous, connaît un succès grandissant. Claire Richet, professeur documentaliste en Lycée professionnel, est une fidèle de ce rendez-vous annuel qu’elle qualifie volontiers de « bonheur renouvelé », et même de « chance dans un contexte de formation continue peu varié ».
Pour que tous les stagiaires puissent participer efficacement aux ateliers de pratique, une sélection a été mise en place. Les organisateurs limitent ainsi à une centaine le nombre de stagiaires. Pour concourir au prochain séminaire en janvier 2020, sur le thème de la bande dessinée d’aventure, il faudra vous inscrire et envoyer une lettre de motivation à l’automne 2019. Un lien de préinscription devrait être mis en place à cette période sur le site Canopé 16.