Mettre en place une bibliothèque de l’apprenant dans un CDI

La Bibliothèque de l’apprenant, dispositif de bibliothéconomie conçu par Nathalie Lelong, bibliothécaire d’État, et Alain Durant, coordinateur pédagogique, à l’institut français de Madrid en 2005, favorise l’accès aux documents culturels en langue française des publics non francophones. Il a donc toute sa place dans les CDI de France au service des élèves allophones. Professeure documentaliste, de retour en France après une expérience de six années dans un lycée français d’Istanbul en Turquie, je vous propose un tour d’horizon de ce dispositif et des conseils pour sa mise en place dans les CDI. Cet article se base sur mon travail de mémoire de Master MEEF documentation, soutenu en 2021.

Introduction

Ce fonds spécialisé, présent désormais dans 91,3 % des médiathèques des Alliances et Instituts français à l’étranger selon une enquête d’Alice Laforêt1 (2017), est une sélection de documents basée sur deux types de ressources : des ressources pédagogiques et des ressources culturelles telles que des livres de fiction ou documentaires, des films, des chansons… Ces documents sont présentés aux usagers par niveau d’apprentissage du français, en s’appuyant sur le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Ce dispositif revendique la nécessité d’une dimension culturelle en renfort d’une démarche purement pédagogique d’apprentissage du français.

Mise en œuvre d’une Bibliothèque de l’apprenant au service de la promotion de la lecture et de l’apprentissage du français dans un CDI

Développer le goût de la lecture est l’un des objectifs de travail prioritaires des professeurs documentalistes. Tous les enseignants sont concernés par la maîtrise de la lecture mais c’est une des missions fondatrices du métier de professeur documentaliste que de permettre à l’élève de s’approprier le livre. Le dispositif de la Bibliothèque de l’apprenant peut être un levier important pour amener les élèves allophones nouvellement arrivés, présents dans la majorité des établissements scolaires, à se familiariser avec la lecture en langue française, qui est leur langue seconde en France.

Pour relever ce défi, le professeur documentaliste doit permettre le plus possible la rencontre des élèves avec le livre. Cela peut passer par la mise en place d’activités diversifiées, notamment en collaboration avec le professeur de français langue seconde chargé de l’UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants) dans laquelle sont scolarisés les EANA pendant un an après leur arrivée en France ; mais aussi en créant les conditions de cette rencontre. Le CDI représente un lieu d’accueil et d’écoute pour ces élèves et son attractivité sera d’autant plus importante que le fonds documentaire saura répondre à leurs besoins. La Bibliothèque de l’apprenant est une de ces réponses.

Description du dispositif de la Bibliothèque de l’apprenant

Les médiathèques et les CDI permettent aux apprenants de s’immerger dans le français par la lecture et le visionnage de documents en langue française. Cette méthode d’apprentissage, par immersion, est complémentaire de l’enseignement du français dispensé lors des cours. Mais cela implique que l’apprenant puisse trouver des documents adaptés à son niveau. Pour ce faire, l’apprenant a le choix entre différentes ressources culturelles.

Lire des « lectures simplifiées »

Il peut tout d’abord consulter des ouvrages d’éditions spécifiques, qui allient un texte littéraire et des mots de vocabulaire ou des règles de grammaire expliquées à chaque page. Les collections « Lectures CLE en français facile » chez Clé International ou « Lire en français facile » chez Hachette Français Langue Étrangère par exemple proposent ce type de ressources.

Piocher parmi les collections courantes

Outre ces « lectures simplifiées », il existe dans les médiathèques et les CDI un certain nombre de documents illustrés, alliant le texte et l’image, qui peuvent être des sources certaines d’apprentissage : par exemple, les bandes dessinées adulte ou jeunesse, ou les livres documentaires jeunesse.

Enfin, parmi les collections habituelles d’une médiathèque et d’un CDI, il est intéressant d’utiliser les supports audiovisuels. En effet, les menus des DVD proposent généralement plusieurs langues. Par conséquent, les apprenants peuvent regarder des films en français sous-titré (à l’origine pour les malentendants), qui est une version simplifiée du dialogue. Nous pouvons également recommander un support audio, complété par le texte en français : chansons françaises avec paroles ou livres audio avec texte original. Voir le texte écrit et l’entendre en même temps permet en général une meilleure compréhension.

Qu’il s’agisse d’un fonds dédié à l’apprentissage du français ou du fonds habituel du CDI, se pose la question de la médiation. Comment utiliser ces fonds et les mettre à disposition des élèves, tout en distinguant bien le niveau d’expression en français et le niveau de compréhension de la personne ? En effet, la visibilité de ces fonds et leur signalétique adaptée sont primordiales.

Élaboration de la bibliothèque de l’apprenant

C’est pour répondre à cette problématique que la Bibliothèque de l’apprenant a été conçue et réalisée à l’Institut français de Madrid par Alain Durand et Nathalie Lelong en 2005.

Les apprenants : des sous-utilisateurs de médiathèques françaises à l’étranger très fréquentées

En analysant les statistiques de prêt de la médiathèque de l’Institut français de Madrid, Alain Durand et Nathalie Lelong ont constaté qu’une grande partie des élèves apprenant le français n’empruntaient pas de documents autres que pédagogiques ou audiovisuels et donc ne considéraient pas cette médiathèque comme un outil culturel accessible. En effet, jusqu’à avoir atteint un certain niveau d’acquisition de la langue, les apprenants ont le sentiment de ne pas avoir les capacités nécessaires pour accéder au fonds général. Ils se sont inscrits volontairement à la médiathèque, mais faute d’autonomie, ils ont toujours le statut de sous-utilisateurs.

Forts de ce constat, Nathalie Lelong et Alain Durant ont donc réfléchi à la manière d’identifier les documents du fonds général et de les présenter par niveau d’apprentissage et ont créé la Bibliothèque de l’apprenant.

Spécificité de cette bibliothèque : un accompagnement à l’apprentissage

Cette Bibliothèque de l’apprenant propose donc une sélection de documents basée sur deux types de ressources :
– des ressources pédagogiques : livres de grammaires, livres d’exercices, CD-ROM d’apprentissage, etc.
– des ressources culturelles : livres de fiction ou documentaires, chansons, films, etc.

Tous ces documents sont présentés par niveau d’apprentissage, globalement à partir d’un niveau de débutant complet jusqu’à un niveau dit « indépendant ».

Objectifs et limites de cette bibliothèque

D’une part, les ressources culturelles sont au cœur de la problématique de la bibliothèque de l’apprenant, qui revendique la nécessité d’une dimension culturelle pour renforcer une approche purement pédagogique. Ces documents ont pour but d’accompagner et de soutenir la progression des apprenants. Ils sont aussi un vecteur important de motivation. Enfin, ils mettent en contact l’apprenant avec certains aspects de la culture française ou francophone. Sortant d’une vision purement pragmatique de la langue, ils permettent d’accéder à une sensibilité différente, culturelle, qui échappe généralement aux outils pédagogiques. Il y a aussi à travers cet accès à la culture, une notion de partage.
D’autre part, la difficulté essentielle pour la sélection de ces documents réside dans l’appréciation du niveau d’apprentissage qui peut leur être attribué. Les deux auteurs partent alors du postulat que : « tous les documents détiennent un niveau de difficulté évaluable, et qu’il est possible de les analyser au filtre d’un ensemble de critères qu’il convient de déterminer. » (Lelong et Durand, s. d., p. 6).

Plus généralement, cette bibliothèque ne suffit pas en elle-même pour un apprentissage du français : ce n’est ni une bibliothèque pédagogique, ni un outil d’auto-apprentissage. Elle n’est utile qu’au côté d’une structure enseignant les langues, dans notre cas le français langue de scolarisation.

De plus, en ce qui concerne la sélection des ressources culturelles, elle ne doit en aucun cas apparaître comme un vade-mecum culturel, de type ce qu’il faut avoir lu, vu ou écouté, ce qu’il faut savoir de la culture française ; les sélections de documents doivent rester vivantes.

Enfin, il s’agit d’une bibliothèque « tournante » : les documents ne font pas nécessairement l’objet d’acquisitions spécifiques, mais sont extraits du fonds. De la même manière, ils sont amenés à repartir dans le fonds général et à être remplacés par des nouveaux. Cette rotation doit affiner la pertinence des sélections, permettant progressivement aux professeurs documentalistes de s’approprier la grille de critères, tout en garantissant le renouvellement de l’offre documentaire.

Critères de classement des documents pour la Bibliothèque de l’Apprenant : des critères qui vont du pédagogique au culturel

Comme nous l’avons vu plus haut, le postulat de Nathalie Lelong et Alain Durant s’appuie sur l’idée que tout document possède un niveau de difficulté possible à évaluer à l’aide d’un ensemble de critères. Pour élaborer ces derniers, ils se sont appuyés sur la didactique des langues et sur les caractéristiques éditoriales et les pratiques culturelles.

Un outil incontournable à l’élaboration de ces critères : le Cadre européen commun de référence pour les langues

Cette bibliothèque de l’apprenant étant pensée comme une somme des ressources utilisées pour accompagner l’apprentissage du français, elle doit bien évidemment s’adapter à la connaissance actuelle de la pédagogie des langues. Or, depuis l’année 2000, un outil essentiel à la didactique des langues étrangères a été publié : le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Les propositions du Cadre sont le résultat de recherches faites depuis la fin des années 80 par des linguistes appartenant aux 41 pays membres du Conseil de l’Europe. C’est une réflexion sur les différents niveaux d’acquisition d’une langue étrangère qui conduit à une description échelonnée des différentes utilisations de la langue. Il est devenu un outil incontournable sur lequel s’appuie la Bibliothèque de l’apprenant.

Au niveau de la progression, le Cadre dégage six niveaux qu’il désigne de la façon suivante : A1, A2, B1, B2, C1, C2. En simplifiant, le A1 correspond à un niveau de découverte de la langue et à l’autre bout le C2 correspond à une maîtrise absolument aisée de la langue.

Éléments culturels pouvant influencer la notion de niveau

Si nous venons de voir que la Bibliothèque de l’apprenant s’appuie sur la progression du Cadre, elle est également basée sur une approche culturelle. C’est l’une des grandes originalités de ce dispositif. Elle permet en particulier de proposer des documents à des niveaux se plaçant au-dessous du B2, grâce à la prise en compte d’éléments échappant strictement aux descripteurs du Cadre, mais ayant une valeur indéniable dans ce qui constitue l’approche d’un document non pédagogique de la part de tout utilisateur d’un CDI.

Cette approche culturelle s’appuie sur deux principes :
Il existe des éléments culturels facilitant la réception : dans la réception d’un document en langue étrangère, certains éléments culturels peuvent faciliter la compréhension (les contes et légendes, les classiques français connus à l’étranger…).
Il y a des éléments culturels motivants : certains documents vont susciter la curiosité de l’apprenant (classique littéraire, succès récent, actualité littéraire ou sociale…).

Pour les créateurs de la Bibliothèque de l’apprenant, ces éléments, qui échappent totalement aux descripteurs du Cadre, sont importants au moment de classer les ouvrages qui rentreront dans celle-ci. Par le fait qu’ils facilitent la réception ou motivent l’apprenant, ils sont pris en compte parmi les critères de classification. Ils ne sont peut-être pas déterminants, mais ont leur poids dans l’attribution finale d’un document à un niveau ou à un autre.

Éléments éditoriaux pouvant influencer le classement d’un document

En plus des critères d’ordre culturel, d’autres critères sont pris en compte : ceux qui relèvent de la présentation éditoriale d’un document non pédagogique.

Tout d’abord concernant les ouvrages imprimés, pour un lecteur novice, dans une langue étrangère, la présentation d’un livre n’est pas indifférente. La longueur générale de l’ouvrage, la longueur des chapitres et même la longueur du texte par page sont des éléments motivants ou décourageants. L’impression générale d’avancer dans le texte est un élément déterminant pour encourager la lecture. De même, un certain confort visuel joue un rôle indéniable au moment d’aborder une lecture a priori problématique, puisque proposée dans une langue peu ou mal connue. Par conséquent, au moment du classement, il est nécessaire d’intégrer à son évaluation des documents écrits des critères relevant de la présentation typographique et de la longueur du document à traiter.

Un autre critère, au moment de juger de la difficulté d’un document écrit, est la présence ou non d’illustrations. En effet, plus les textes sont accompagnés d’images redondantes (c’est-à-dire des images qui ne sont pas qu’un agrément, mais qui illustrent de façon assez précise les actions du texte), plus ils sont faciles à aborder pour le lecteur.

Dans le cas de documents sonores, en plus des critères relevant de la langue et des pratiques culturelles comme pour les documents imprimés, il faut être particulièrement attentif à la qualité technique des enregistrements. De plus, des éléments de diction sont évalués (prononciation, rythme…). Enfin, il est déterminant pour sa classification que le document soit accompagné ou non d’un livret transcrivant les paroles.

Enfin, en ce qui concerne les documents audiovisuels (DVD et vidéos), la qualité du son est à nouveau un critère de sélection essentiel. De même, la présence ou non de sous-titres est importante.

Constitution et usages des grilles de critères

Les grilles de critères qu’ils ont constituées ne concernent pas les ouvrages pédagogiques, seulement les ressources culturelles.
Ils ont établi deux grilles, selon les supports concernés :
– les documents imprimés (textes lus compris)
– les documents audiovisuels (vidéos et DVD)

Chacune des grilles fonctionne sur un principe d’attribution de points, dont le total détermine le niveau auquel sera placé le document traité :
– moins de 80 points : niveau A1 («introduction», découverte de la langue)
– de 85 à 110 points : niveau A2 («niveau de survie», permet de se débrouiller dans la vie quotidienne)
– de 115 à 160 points : niveau B1 («niveau seuil», aisance dans les situations pratiques de la vie courante)
– de 165 à 200 points : niveau B1+

Nous sommes souvent surpris par les ouvrages qui peuvent intégrer cette bibliothèque. C’est pourquoi il ne faut pas se laisser guider par notre seule intuition et ne pas porter de jugement hâtif sur les documents. En effet, on constate que les critères peuvent se compenser, par exemple un ouvrage sans illustration peut être écrit avec des phrases courtes et syntaxiquement simples.

Page 1 de la grille de critères de classement des documents imprimés.
Crédits : N. Lelong et A. Durand

Constitution d’un tel fonds spécialisé au sein d’un CDI

Un accès libre et égal au savoir et à la culture pour tous les élèves est une des missions spécifiques des CDI, formulée dans la « Charte professionnelle des acquisitions dans les établissements scolaires » de l’APDEN (Association des Professeurs Documentalistes de l’Éducation Nationale) (2000).
Dans ce cadre, l’APDEN recommande certaines procédures d’acquisitions, qui s’appliquent parfaitement à la constitution d’une Bibliothèque de l’apprenant.

Pour évaluer l’état du fonds, elle préconise :
– d’organiser régulièrement l’analyse du fonds.
– de requalifier les collections.

Pour élucider les critères de choix, l’APDEN recommande de :
– Rappeler les principes qui président aux choix ; établir les règles de sélection et utiliser les outils de sélection.
– Déterminer les priorités en fonction des besoins recensés et des projets de l’établissement et fixer les objectifs compatibles avec le budget et les besoins des usagers.

Valorisation de ce fonds spécialisé au sein de l’établissement scolaire

Le fonds de la Bibliothèque de l’apprenant ne se suffit pas à lui-même, d’autant plus que ses usagers cibles en sont aux prémices de la langue française et n’ont peut-être jamais fréquenté de bibliothèque par le passé. Il est donc primordial de mettre en place des actions en collaboration avec l’enseignant de français langue seconde (FLS) afin de favoriser l’accès à ce fonds aux EANA.
Il peut s’agir au minimum de la visite du CDI par ce public et de la présentation approfondie de ce fonds mais beaucoup d’autres actions pédagogiques sont possibles pour l’exploiter : lecture à voix haute de ces documents, travail artistique autour d’un ou plusieurs de ces titres, recherches documentaires autour d’un auteur, suite de l’histoire à imaginer…

La Bibliothèque de l’apprenant peut également être présentée aux parents de ces élèves et une collaboration avec les médiathèques municipales environnantes peut être envisagée. En résumé, ce fonds spécialisé doit vivre et montrer son importance au sein de l’établissement mais aussi de l’environnement des élèves.

La mise en œuvre d’une Bibliothèque de l’apprenant au sein d’un CDI de collège ou de lycée répond donc parfaitement à deux des trois missions des professeurs documentalistes énoncées dans la circulaire du 28 mars 2017, à savoir premièrement la mise en œuvre de l’organisation des ressources documentaires de l’établissement et de leur mise à disposition et deuxièmement l’ouverture de l’établissement sur son environnement éducatif, culturel et professionnel : « L’expertise du professeur documentaliste fait du CDI un lieu privilégié d’ouverture de l’établissement sur son environnement ainsi qu’un espace de culture, de documentation et d’information, véritable lieu d’apprentissage et d’accès aux ressources pour tous. » (ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports, 2017.)

Exemple de la création d’une Bibliothèque de l’apprenant au CDI du collège Arthur Rimbaud

Afin d’analyser la mise en œuvre de ce fonds spécialisé au CDI, je vais suivre les différentes étapes de la chaîne documentaire en commençant par la collecte des documents, puis par leur traitement et enfin par leur mise à disposition.

Création d’un fonds spécialisé, alimentation et renouvellement

Avant toute chose, je souhaite rappeler que ce fonds spécialisé peut être considéré comme un système d’information. Et comme l’expliquent Josiane Senié-Demeurisse et Isabelle Fabre2, un système d’information met en présence trois pôles :

un émetteur (l’auteur) qui détient une connaissance et, pour la diffuser, produit un document ; un récepteur (l’usager) qui a besoin d’une information et, pour trouver cette information, recherche un document pour en consulter le contenu ; un médiateur (le gestionnaire du système d’information) qui détient les langages et techniques qui lui permettent de collecter, traiter, organiser et diffuser de l’information. (Gardiès, 2011, p. 212)

Bertrand Calenge3, quant à lui, précise

qu’un fonds spécialisé dispose généralement de quatre caractéristiques : il concerne un contenu parfaitement identifié soutenu par une antériorité historique, il connaît des conditions de communication particulières, il dispose d’un budget et d’un personnel spécifiques… et il bénéficie d’un classement spécifique ! (Calenge, 2009, p. 71)

C’est dans ce cadre que j’ai créé un rayon spécifique «Petits lus» pour la Bibliothèque de l’apprenant avec une signalétique particulière. Chaque niveau du CECR a une couleur attribuée.

À mon arrivée au collège en septembre 2022, j’ai créé ce fonds spécialisé à partir du fonds existant du CDI et de nouvelles acquisitions.
Pour cela, je me suis basée sur mon expérience professionnelle dans un des lycées français d’Istanbul en Turquie et sur le fonds de la Bibliothèque de l’apprenant que nous avions créé là-bas.

Mon souhait n’est pas, pour l’instant, d’augmenter l’espace de ce fonds. En effet, il reste encore suffisamment de place pour l’alimenter et de plus je préfère renouveler la sélection d’ouvrages, plutôt que de les accumuler. Je suis donc contrainte de développer une réflexion sur l’intérêt des documents proposés afin de pratiquer un renouvellement de la collection. C’est pourquoi les documents sélectionnés conservent leur cote selon la classification Dewey. Ils sont en effet susceptibles de retourner dans le fonds général par la suite. Ce renouvellement implique donc une politique de désherbage raisonnée.

Fonds «Petits lus» mis en place au collège Arthur Rimbaud
Bibliothèque de l’apprenant de la médiathèque du Lycée français de Notre-Dame de Sion à Istanbul (Turquie)
Fonds «Petits lus» mis en place au collège Arthur Rimbaud

Traitement des documents : classement, cotation et catalogage

Les quatre niveaux du CECR, A1, A2, B1 et B2, constituent donc le plan de classement de cette Bibliothèque de l’apprenant.
Le plan de classement de la Bibliothèque de l’apprenant est basé sur les grilles de critères des documents imprimés et audiovisuels, conçus par l’Institut français de Madrid. Ce sont ces grilles qui vont déterminer le classement d’un ouvrage au sein de ce fonds.
Voici, par exemple, l’analyse du livre documentaire Un petit dessin vaut mieux qu’une grande leçon de Sandrine Campese, classé niveau A1 selon la grille de critères des documents imprimés :

En plus de la cote de la classification Dewey, je choisis d’attribuer à ces documents des cotes transitoires, pendant le temps de leur classement dans la Bibliothèque de l’apprenant. Cette cote n’abolit pas la cote Dewey mais est ajoutée sur le dos du document par une étiquette repositionnable.

Chaque document sélectionné a donc une double cote : premièrement la cote correspondant à sa classification dans le fonds général du CDI et deuxièmement la cote précisant son niveau de CECR. J’ai également ajouté le logo du fonds spécialisé «Petits lus».

Livres issus du fonds «Petits lus»

En créant ce fonds spécialisé, j’ai ajouté un emplacement « Petits lus » au niveau des exemplaires dans BCDI et j’ai indiqué le niveau de lecture dans le champs « Niveau » de la notice. Ainsi l’adresse des documents peut être facilement identifiée par les élèves lors de leur recherche documentaire.

Mise à disposition des documents

Le fonds «Petits lus» est présenté à chaque rentrée scolaire aux élèves de 6e et une rubrique du portail documentaire esidoc y est consacrée.

Conclusion

La découverte de la Bibliothèque de l’apprenant dans les médiathèques des lycées français d’Istanbul a été une vraie révélation professionnelle pour moi. Désormais de retour en France, j’ai envie de partager et de diffuser ce dispositif favorisant l’inclusion. J’aurais aimé le connaître dans les précédents collèges où j’ai travaillé et dans lesquels il y avait des UPE2A. Un tel dispositif donne une place aux EANA, leur signifie qu’ils existent à nos yeux et que le CDI est aussi là pour eux. Ce fonds leur permet d’être autonomes. Les élèves savent où trouver les ressources adaptées à leur niveau de compréhension et n’ont pas tout le temps besoin de notre aide. J’espère que ce dispositif trouvera sa place dans de plus en plus de CDI et de médiathèques en France, pour une meilleure inclusion et égalité entre tous nos élèves.