Bibliothérapie jeunesse, une approche expressive et créative d’Aurélie Louvel

Fruit du rapprochement de la lecture et de l’idée de soin ou d’accompagnement, le mot « bibliothérapie » est un « grand “incompris” », selon Aurélie Louvel (p. 2) qui revient sur ce dernier pour mieux nous faire découvrir la bibliothérapie jeunesse créative® : développée notamment en milieu scolaire, elle suppose l’utilisation, non pas de livres de développement personnel ou de littérature pour adultes, mais d’ouvrages de fiction de littérature jeunesse, afin de procurer un bien-être aux enfants et aux adolescents1.

Professeure documentaliste et formatrice en bibliothérapie2, l’autrice s’adresse, au-delà des enseignants, « à tous les acteurs qui jouent un rôle dans la vie des enfants » (p. 5) et présente, après un premier point théorique sur la bibliothérapie jeunesse, les trois axes de sa pratique. Son ouvrage est composé de quatre chapitres : « Qu’est-ce que la bibliothérapie jeunesse ? » ; « Faire de son espace livre un lieu de rencontres bibliothérapeutiques » ; « La bibliothérapie relaxante ou bibliorelaxation » ; et « Les ateliers de bibliothérapie jeunesse créative ».

Dans une première partie, Aurélie Louvel aborde la question de la lecture chez les jeunes qui ne lisent pas moins, mais « différemment » (p. 11), et se penche sur la notion de « bien-être » et de « pédagogie » : « Si nous ne sommes pas thérapeutes, [rappelle-t-elle] le bien-être de nos élèves fait néanmoins partie de nos missions » (p. 15). Elle distingue la lecture, notamment les bienfaits curatifs de celle à haute voix, de la bibliothérapie dont elle retrace par ailleurs l’histoire et qui repose sur une sélection de textes effectuée par un bibliothérapeute. Utilisée en milieu scolaire et en bibliothèque, la bibliothérapie dite « développementale » entend apporter une détente, un apaisement et, en ce sens, se différencie de la lecture scolaire tournée vers l’analyse littéraire. L’autrice a été formée par Régine Detambel, personnalité phare en France d’une bibliothérapie d’approche affective, à savoir plus littéraire, appelée bibliocréativité® qui « prend la forme d’ateliers bibliocréatifs en groupe, visant à stimuler la créativité de chacun à partir de textes, et se rapprochant en ce sens de l’art-thérapie » (p. 28). S’inspirant de cette méthode, Aurélie Louvel définit ce qu’elle nomme la « bibliothérapie jeunesse créative » : il s’agit de « sélectionner des textes bibliothérapeutiquement intéressant, [de] les partager principalement par une lecture à haute voix, puis [de] recueillir les réactions, les réflexions… pour finaliser la séance par un moment de créativité dont le fil rouge est l’histoire qui vient d’être lue » (p. 41). Parce qu’elle permet de se relaxer, d’avoir une meilleure connaissance de soi, qu’elle informe, favorise la résilience et développe l’intelligence émotionnelle, cette pratique a toute sa place dans un CDI.

La deuxième partie de l’ouvrage traite de la mise en place d’un projet bibliothérapeutique, qui suppose, quels que soient les espaces livres, une adaptation de la politique documentaire à une démarche bibliothérapeutique : ainsi, les politiques d’acquisition, d’accès et de communication sont-elles successivement envisagées. L’autrice analyse tout d’abord un fonds documentaire jeunesse « classique » (p. 61) par genre et par registre, puis conseille le lecteur dans la sélection des ouvrages qui constitueront « la bibliothèque idéale du bibliothérapeute » (p. 85) ; pour aider à l’organisation, au classement et à la recherche de chaque usager, elle pointe ensuite l’importance du catalogage, de la détermination des mots-clés et du choix de la cote – un album ou un documentaire sur les émotions ? – Les ouvrages peuvent être classés en utilisant la classification décimale de Dewey ou par émotions. Des sélections thématiques temporaires, la création de pôles bibliothérapeutiques permanents permettront une valorisation du fonds. Finalement, après avoir souligné l’importance de la communication, elle fournit des outils pour la création d’un espace de détente ou encore la mise en place d’une « ambiance zen » (p. 127).

Une troisième partie est consacrée à la mise en place des séances qui, grâce à la présence du bibliothérapeute, vont permettre aux adolescents d’atteindre un état de « bibliorelaxation » : « la bibliorelaxation a pour objectif de détendre, d’apaiser à la fois le corps et l’esprit par le biais d’une lecture, qui est généralement effectuée à voix haute pour que le jeune puisse être en condition de réception optimale et être totalement ‘mobilisé’ pour cela » (p. 141). L’autrice revient sur les courants dont s’inspire la bibliorelaxation tel le slow reading (p. 146) ou encore la poésie-thérapie (p. 147). Elle s’arrête plus loin sur le déroulement d’une séance de bibliorelaxation jeunesse, citant des exemples de mise en pratique comme les siestes contées d’Armelle Cendo et de Nora Nagi-Amelin, porteuses du projet Lire délivre.

La dernière partie constitue un guide pour réaliser des séances de bibliothérapeutique jeunesse créative dont la particularité est d’être fondées sur une approche personnalisée. Il s’agit de « sélectionner des lectures pertinentes pour répondre à des besoins émotionnels précis, avec l’objectif d’aider les enfants à accéder à une meilleure connaissance d’eux-mêmes, de leurs émotions, et du monde » (p. 172). Deux espaces, outre l’espace bibliothèque et l’espace bien-être, entrent ici en jeu : celui du cabinet bibliothérapeutique, réservé au bibliothérapeute libéral et celui de l’atelier, lieu d’expression de la créativité dont le carnet bibliothérapeutique jeunesse constituera une trace. Aurélie Louvel explique comment les aménager, avant de détailler le déroulement d’une séance de bibliothérapie jeunesse créative. Des exemples d’atelier illustrent ses propos.

Nul doute que les professeurs documentalistes désireux de se lancer dans la bibliothérapie jeunesse créative trouveront dans ce livre les ressources nécessaires : les nombreuses références et exemples constituent notamment une aide précieuse à sa mise en pratique ; une bibliographie détaillée accompagne par ailleurs cet ouvrage ainsi que des ressources internet. Nous nous permettrons deux remarques, la première porte sur l’absence d’un lexique ou d’un index thématique qui aurait, nous semble-t-il, pu faciliter la lecture ; la seconde consiste en la mention d’un auteur, illustrateur et dessinateur d’album jeunesse, incontournable selon nous, à savoir Anthony Browne ; le citer c’est également introduire le terme d’« iconotexte » (théorisé par Mickael Nerlich en 1985) qui a ici toute sa place : texte et image s’interpénètrent pour faire émerger, au-delà de l’histoire écrite, une autre histoire…

 

LOUVEL, Aurélie. Bibliothérapie jeunesse, une approche expressive et créative. Paris : Dunod, 2021, 259 p. (Enfances). 22, 9 € ISBN : 9782100802197.

 

La bibliothérapie

Or, s’il n’est plus à démontrer que bien-être et réussite vont souvent de pair, pourquoi n’entend-t-on jamais parler du bien-être de l’élève au lieu de « performance » ? N’y a-t-il que l’infirmière, la conseillère principale d’éducation et l’assistante sociale de l’établissement qui doivent se soucier de ce point fondamental ? Du fait de ce lieu à part qu’est le CDI et de nos missions diverses en tant que professeurs documentalistes, n’avons-nous pas un rôle important à jouer dans cette notion de bien-être, dont le médiateur serait le livre ? Qu’est-ce la bibliothérapie et comment la mettre en pratique dans nos établissements ?

État des lieux : nos missions, nos élèves, notre environnement de travail

Quel public, quels profils d’élèves au CDI ?
Les élèves qui fréquentent le plus le CDI sont les élèves de 6e et de 5e (du fait que nous sommes peut-être amenés à les voir davantage dans le cadre de nos séances de recherches documentaires et / ou d’éducation aux médias et à l’information). On constate également que les filles ont davantage tendance à venir au CDI, mais ce n’est pas une règle et cela varie en fonction des besoins documentaires exprimés. On remarque que ce sont souvent les mêmes élèves qui viennent et que ces derniers développent des habitudes dans le CDI : même place, même rayonnage… ce qui prouve aussi qu’ils se sont approprié ce lieu. Enfin, je note que, dans mon CDI, les élèves présents ont souvent un profil plutôt solitaire, qu’ils ont parfois besoin de se confier, de trouver refuge et d’avoir des réponses à leurs interrogations par le biais des ressources proposées au CDI ou bien en discutant avec le professeur documentaliste.

Un lieu à part dans l’établissement
Le CDI constitue un lieu à part dans l’établissement, n’étant pas tout à fait une salle de classe à part entière, pas tout à fait une bibliothèque, c’est un lieu polymorphe qui offre diverses activités : pédagogie, lecture, travail personnel, orientation, recherches documentaires… Après un sondage réalisé de façon anonyme auprès de 66 élèves de 6e en 2013 et de 25 élèves en 2015, à la question « Pour toi, le CDI est un lieu qui est principalement : ennuyeux, agréable, apaisant ou angoissant ? », 62 % ont répondu que le CDI leur apparaissant « agréable » et « apaisant » pour 22 %. À la question ouverte « pour quelle(s) raison(s) viens-tu au CDI ? », les adjectifs qui reviennent le plus souvent sont « agréable », « calme » et « apaisant ». Le CDI apparaît donc comme un lieu propice à la mise en place et au développement de la bibliothérapie, tout comme l’est la place privilégiée qu’occupe le professeur documentaliste de par ses différentes missions. Mais avant de mettre en place un tel projet, il importe de bien connaître son sujet : qu’est-ce que la bibliothérapie ?

Présentation de la bibliothérapie

Étymologie et Définition
Comme son étymologie l’indique, la bibliothérapie est la thérapie par les livres. Au sens strict, la bibliothérapie est l’utilisation des livres pour aider les gens, elle peut être aussi définie comme un processus d’interaction dynamique entre la personnalité du lecteur et l’interaction littéraire2. Le concept de cette thérapie est basé sur l’inclination humaine à s’identifier aux autres à travers leurs expressions dans la littérature et dans les arts. On distingue trois étapes dans le processus bibliothérapeutique : l’identification, la catharsis et la mise en lumière. La bibliothérapie est définie pour la première fois en 1961 dans le Webster International : « La bibliothérapie est l’utilisation d’un ensemble de lectures sélectionnées en tant qu’outils thérapeutiques en médecine et en psychiatrie. Et un moyen de résoudre des problèmes personnels par l’intermédiaire d’une lecture dirigée. »3

Genèse de la bibliothérapie
La bibliothérapie est un ancien concept de la « bibliothéconomie » ou sciences des bibliothèques. Les Grecs anciens, déjà, soutenaient que la littérature avait des effets psychologiques et spirituels importants; certains allant jusqu’à décrire les bibliothèques comme étant des « lieux de curation pour l’âme ». Pierre-André Bonnet, médecin et unique auteur d’une thèse4 sur ce sujet nous rappelle qu’au temps d’Épictète, Platon ou Épicure, la pratique de la philosophie était associée à l’assurance d’une bonne santé mentale. Mais c’est surtout dans les pays anglosaxons, et notamment avec Sadie Peterson, une Américaine, que la bibliothérapie a émergé ; elle mena ainsi ses premières expériences cliniques en 1916 dans un hôpital de l’Alabama pour tenter de soulager les nombreux troubles psychologiques des militaires traumatisés par les horreurs de la Première Guerre mondiale. Sa pratique se démocratise encore davantage peu après la Seconde Guerre mondiale, des livres étant d’abord proposés pour divertir les soldats blessés, puis dans un but thérapeutique lorsqu’ils s’aperçurent que la lecture pouvait être bénéfique d’un point de vue médical. C’est à la même période que des groupes bibliothérapeutiques fleurissent dans les hôpitaux psychiatriques. Plus tard, Marcel Proust propose un texte édifiant dans son livre Sur la lecture, en faisant le constat que les esprits fragilisés sont dans une sorte d’inertie intérieure, s’enlisant dans un déni de soi, incapables de vouloir quoi que ce soit. Pour retrouver ce goût de la volonté, et notamment celle de guérir, l’écrivain estime que « ces individus doivent trouver de l’aide dans l’impulsion d’un esprit extérieur, qui leur permettrait d’opérer une inspection intérieure nécessairement solitaire »5.

L’usage de la bibliothérapie dans le milieu éducatif
Cette thérapie, méconnue en France, se développe néanmoins beaucoup dans les pays anglo-saxons. En Grande-Bretagne, les médecins sont même autorisés depuis quelques années à prescrire des livres sur ordonnance. Dans le milieu éducatif, la bibliothérapie est de plus en plus souvent utilisée pour accompagner les élèves et contribuer à leur bien-être. La pratique de la bibliothérapie dans le domaine de l’éducation peut seulement consister à lire, ou bien elle peut être aussi complétée par des discussions ou des activités. On recommande des livres dans lesquels l’identification avec les personnages est forte (même âge, mêmes difficultés). Dans les années 80 et 90, J. Pardeck publie des articles sur l’utilisation de la bibliothérapie chez l’adolescent face aux difficultés de la vie. Comme le relate Pierre André Bonnet dans sa thèse, la bibliothérapie a été testée chez 341 jeunes à risque de dépression grave, les résultats à 6 mois montrent un effet positif sur les symptômes dépressifs.

Comment agit la bibliothérapie ?
Tout comme l’art-thérapie, la bibliothérapie prend « comme matériaux la souffrance, la folie, les troubles, pour une création qui permet au sujet créateur de se recréer dans le même mouvement6 ». Ainsi, « l’homme, objet de souffrance » devient sujet de son inspiration, se réappropriant peu à peu ce à quoi il semblait condamné et le faisant évoluer jusqu’à l’intégrer dans un cheminement qui donne aux malédictions passées le sens rétrospectif de création de soi-même, d’abord symbolique dans l’œuvre, puis dans l’évolution de la personne.
Déjà, le célèbre Champollion, découvreur des hiéroglyphes, écrivait en 1826 que « Lorsque le monde réel pèse sur notre cœur, le monde idéal doit être notre refuge, et ce monde-là, c’est l’étude : elle nous fait oublier momentanément les dégoûts de la vie en nous transposant hors de nous-même, en élevant nos idées, elle double notre courage et nos jours se passent moins sombres et plus rapides.6 »

La bibliothérapie au CDI

Le professeur documentaliste : son rôle et ses actions
Le métier de professeur documentaliste, de par ses diverses facettes, peut accorder une place privilégiée au rôle bibliothérapeutique en offrant un cadre et un contexte propices à ce dernier. Les relations et les interactions entre les professeurs et les élèves sont différentes car multiples : relation classique professeur-élève lors des séances pédagogiques ; relation axée sur l’accueil et l’aide lors des permanences ; relation axée sur l’orientation ; relation axée sur la lecture, ateliers… Enfin, étant amené à voir souvent les mêmes élèves, le professeur documentaliste peut s’avérer être une personne disponible et à l’écoute des besoins des élèves. Le métier de professeur documentaliste offre une certaine liberté à tous les plans, ce qui peut permettre à chacun de s’investir dans différents domaines de l’établissement. Ainsi, le professeur documentaliste est souvent à l’initiative de projets interdisciplinaires et peut aussi aisément s’intégrer dans les divers conseils, tels que le CESC.
Être membre du Comité à l’éducation à la santé et à la citoyenneté peut être une bonne introduction à la mise en place d’actions en rapport avec les livres et la santé : permettre une collaboration plus importante avec les enseignants et notamment le professeurs principal, la Vie scolaire et l’infirmière de son établissement, instaurer des projets, connaître davantage les projets déjà instaurés, mais aussi avoir une meilleure connaissance des problématiques spécifiques liées à la santé dans l’établissement dont il est question.

Une politique d’incitation à la lecture « plaisir » et au bien-être
Il s’agit de proposer dans un premier temps un lieu où les élèves se sentiront bien en développant les espaces de bien-être avec la mise en place de plusieurs fauteuils et coussins… Selon le sondage réalisé en 2013, à la question « Dans quelle partie du CDI les élèves se sentent-ils le mieux, entre l’espace de travail, l’espace lecture (avec fauteuils) et l’espace de prêt ? », 74 % des élèves préfèrent l’espace lecture, 19 % apprécient l’espace travail et 7 % aiment l’espace de prêt. Le CDI se doit aussi d’être un lieu qui leur ressemble; nous pouvons ainsi exposer leurs travaux, affiches, dessins… Il faut aussi et bien sûr proposer un fonds documentaire varié qui aborde des thématiques spécifiques (comme la collection Max et Lili par exemple, qui plaît à tous les âges) et qui répond à leurs interrogations sur des sujets pouvant les préoccuper.
Suite au sondage réalisé auprès des élèves de 6e, on sait qu’après la lecture de certains livres, 65 % d’entre eux se sont déjà sentis mieux et que 63 % aiment les histoires dans lesquelles le personnage leur ressemble. La lecture de certains livres peut aussi servir parfois de « guides », d’apprentissage dans la vie des adolescents. Certains, cependant, semblent rester hermétiques aux livres ; les raisons principales sont l’absence d’identification aux personnages due à un manque de lectures, de mauvais choix de celles-ci aussi parfois, un refus d’identification par crainte de ne plus être « unique », et peut-être par un manque d’estime de soi qui ne facilite pas cette identification aux personnages.
L’importance de ce processus identificatoire est également relevée par Régine Detambel lorsqu’elle écrit que : « le livre permet de rendre le monde intelligible, il dénoue les conflits psychiques, m’identifiant au personnage, je comprends que je ne suis pas seul dans cette situation. » Régine Detambel, recommande le recours aux fictions, et notamment à la poésie, plutôt qu’aux livres d’auto-traitement, dits self help, sortes de manuels donnant des méthodes toutes faites. C’est avant tout par la métaphore que la thérapie opère, par le rythme et l’oralité. Cette bibliothérapeute, qui propose des formations à la fois théoriques et pratiques (ateliers bibliothérapeutiques), nous met en garde contre « le risque d’une lecture médicalisée, les livres (étant) prescrits comme des médicaments par les médecins anglosaxons ; or, il s’agit le plus souvent de lectures faciles, transposables au plus grand nombre », alors que la bibliothérapie n’est pas une chose aisée, il faut connaître la personne et trouver le livre qui lui conviendra.
Il est important aussi de poursuivre la lecture orale qui a tendance à se perdre en arrivant au collège : les élèves peuvent participer à des concours ou à des jurys de lecture ; des écrivains et des illustrateurs jeunesse peuvent intervenir au CDI. Le professeur documentaliste peut en outre proposer des activités qui favorisent la création, par exemple lors de projets inter-disciplinaires en français (ateliers d’écriture, concours de nouvelles …), en proposant des activités lors de concours et de prix, lors de dispositifs tels que l’école ouverte en proposant des ateliers d’écriture en plein air pouvant amener à des ateliers bibliothérapeutiques, par l’écriture de contes revisités durant lesquels l’imaginaire peut s’exprimer librement… et lors de projets artistiques en cours d’arts plastiques ou en Histoire des Arts. Les occasions ne manquent pas !

Le CDI comme espace bibliothérapeutique

Le CDI est un observatoire qui permet à tout documentaliste de mieux connaître ses élèves, leurs goûts, leurs émotions, leurs inquiétudes, leurs habitudes, voire parfois leurs problèmes. Ainsi, on peut facilement réaliser des enquêtes auprès des élèves, de façon anonyme, afin de mieux les connaître et d’orienter sa politique de lecture et de bien-être. Dès lors, étant perçu comme étant un lieu à part au sein de l’établissement, le CDI peut facilement être considéré comme étant un espace de bien-être, accueillant… comme le prouve par exemple le Manga café à Paris, un lieu entre librairie, bibliothèque et espace ludique dédié à la culture manga. Cette librairie peut être délimitée en plusieurs espaces, présentant chacun des atmosphères différentes, lesquelles se complètent pour présenter un lieu où le bien-être règne : un espace commercial qui offre des livres mais aussi des objets dédiés à la culture manga, un espace offrant des boissons gratuites, un espace détente avec des coussins et des espaces « refuges », comme on peut le voir dans les écoles, un espace ludique avec l’accès à des jeux vidéo et un espace de lecture avec la mangathèque qui offre également des canapés confortables. Chaque usager peut donc se déplacer à sa guise et au gré de ses envies et de ses besoins dans cet espace de bien-être aux multiples facettes.
En s’inspirant de ce lieu, nous pourrions aménager au mieux nos espaces au CDI et délimiter ainsi clairement les différents espaces du CDI en fonction des activités et des besoins : espace de travail avec une petite salle insonorisée, espace informatique, espace de lecture avec des fauteuils… Au niveau du choix du fonds documentaire, l’aspect bien-être peut être revisité en proposant un fonds plus important en ce qui concerne la santé par exemple, ou tout simplement en prenant en compte les envies des élèves en leur soumettant un cahier de suggestions.

Responsabiliser les élèves
Il est important de savoir rendre les élèves responsables de leur lieu de lecture en les faisant participer à la vie du CDI ; on peut ainsi imaginer leur faire concevoir des affiches illustrant la représentation mentale, et donc personnelle, qu’ils se font du CDI. Favoriser la lecture orale et le travail en groupe, développer les ateliers d’écriture, de dessins, les ateliers média…, voilà autant de pistes pour créer un lieu d’expression mais aussi d’échanges. Le professeur documentaliste doit les amener à ce qu’ils découvrent par eux-mêmes quelles sont les règles spécifiques à adopter au CDI, via l’élaboration de la Charte de l’élève au CDI par exemple, et en valorisant celle-ci bien entendu.

Dans les programmes !
Mais… pour aller plus loin encore, le professeur documentaliste, qui est souvent à l’initiative ou porteur du parcours culturel de son établissement, pourrait, pourquoi pas, envisager de créer un parcours novateur, tellement oublié dans notre pays et pourtant fondamental, qui serait à la croisée de la culture et du bien-être. À quand un programme : « Bien-être et culture », instauré dans tous les établissements avec la création d’un service consacré au bien-être des élèves dans chaque Académie et à la tête duquel les professeurs documentalistes seraient alors force de projets ? N’oublions pas que « La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout…7 ».