« Réveillez les chouettes » : qu’est-ce que c’est ?
À la tête de ce joli projet, Dominique Jean, présidente de l’association, a à cœur d’ancrer une manifestation culturelle ambitieuse sur un territoire fortement rural dans la communauté de communes du Cœur Cotentin, dont Valognes fait partie. Le concept : inviter un artiste, auteur, compositeur et interprète, à être parrain de la manifestation et à passer une année avec le public autour d’un projet culturel et pluridisciplinaire original, l’année se terminant par « les concerts d’été », en août, dans la commune de Sauxemesnil.
En 2012-2013, le chanteur Adelbert a initié des écoliers de CM1-CM2 de Valognes, Tammerville-Montaigu et Sauxemesnil à l’écriture de chansons ; en 2013-2014, la chanteuse Liz Cherhal a aidé ceux de Saint Joseph à monter un spectacle inspiré du livre CD Ronchonchon et Compagnie, qu’elle a co-écrit avec Alexis HK. Le spectacle a été joué sur la scène des Pieux dans le cadre du festival « Les Arts zimutés ». Enfin, en 2014-2015, pour la 3e édition, c’est au tour du lycée de Valognes d’être l’heureux partenaire du musicien suédois Peter von Poehl, des réalisateur et chef-opérateur Thomas Aufort et Fabien Drugeon, pour la réalisation d’un clip.
Enjeux culturels et pédagogiques
Les objectifs poursuivis par Réveillez les chouettes à travers le partenariat avec les lycéens rejoignent presque en tous points ceux du lycée, et s’inscrivent parfaitement dans l’axe « ouverture culturelle » du projet d’établissement, mais aussi dans l’acquisition de l’autonomie et la formation citoyenne.
Selon Dominique Jean, le projet consistera en des rencontres avec un auteur, compositeur et interprète dans le champ des musiques actuelles (Peter von Poehl) et un réalisateur de films d’animation (Thomas Aufort) pour aboutir à l’analyse d’une chanson et la réalisation d’un clip vidéo. Ce travail permettra d’aller à la rencontre d’une œuvre musicale (appréhender les différentes facettes de l’écriture d’un texte, se confronter à la contrainte du format, de l’esthétique et de l’illustration du texte par l’image) et également d’aller à la rencontre des lieux environnants, en cohérence avec l’objet culturel créé (en trouvant les décors du clip, par exemple).
La démarche de création aura pour point de départ une chanson existante de l’artiste invité, sur une thématique choisie par les élèves. À partir de ce support, les objectifs sont les suivants :
- Adapter un texte narratif afin d’en faire une représentation imagée et sonore en utilisant les arts visuels et numériques (clip vidéo) ;
- Réaliser une performance vidéo animée et/ou selon le type de film choisi, une performance d’acteur ;
- Apporter un éclairage sur le travail proposé par les deux artistes en mettant les élèves en situation créative et participative ;
- Permettre aux élèves de découvrir différentes formes d’expression (l’écriture, la vidéo, la photo, le numérique…) et les métiers du cinéma ;
- Participer au développement de la pratique culturelle sur le territoire rural concerné par le projet.
J’ajouterai également que ce projet favorisera l’apprentissage ou le renforcement de l’autonomie de l’élève par la mise en situation, l’expérimentation de différents postes de travail et la responsabilisation au sein d’une équipe de tournage ; tout comme l’apprentissage de la citoyenneté par la découverte des contraintes et des implications qui sous-tendent la réalisation d’un film, aussi court soit-il : contraintes juridiques (droits à l’image, droit d’auteur) et financières, implication en termes de travail, investissement physique et affectif.
Déroulement du projet
Juin 2014
Une première présentation du projet au proviseur du lycée signe l’accord de partenariat entre le lycée Henri Cornat et l’association J’imagine Production, qui reçoit le soutien de la DRAC via l’appel à projets Jumelages, et en assume le financement.
Septembre 2014
Le projet est validé lors du CA présidé par le proviseur. L’équipe pédagogique et les parents d’élèves en prennent alors connaissance. Mme Carole Drouet, CPE, est la coordinatrice du projet pour le lycée.
Novembre 2014
Dominique Jean et Carole Drouet organisent une réunion de présentation au lycée. Une trentaine d’élèves et quelques adultes, équipe vie scolaire et documentaliste, sont présents. Initialement pressentie pour s’adresser aux élèves internes, la proposition s’élargit finalement aux élèves intéressés quel que soit leur statut. Réaliser un clip avec un artiste de renom et des professionnels du cinéma est en effet une proposition bien séduisante, même si, à ce stade, personne ne semble connaître les noms de Peter von Poehl et de Thomas Aufort. Mais apprendre que Peter von Poehl a collaboré avec, entre autres, Alain Chamfort, Dépèche Mode ou Vincent Delerm, avec l’artiste et écrivaine Marie Modiano, fille du prix nobel de littérature, que son titre The story of the impossible est repris dans le film L’Arnacœur de Pascal Chaumeil a déjà de quoi impressionner. Cela pose le caractère exceptionnel d’une telle rencontre, mais aussi le niveau d’exigence dans la constance et l’engagement que cela suppose, d’autant que tout se fera sur le temps extrascolaire – les mercredis après-midi voire les samedis matin aussi. S’inscrire est un choix qui impose de jouer le jeu jusqu’au bout.
À l’issue de la réunion, une vingtaine d’élèves s’inscrivent – quinze resteront présents et très investis jusqu’à la fin – trois AE et moi-même, professeur documentaliste.
Les séances de travail, jusqu’au tournage, auront toutes lieu le mercredi après-midi, de 14 heures à 18 heures, au CDI du lycée.
14 janvier 2015
La première rencontre avec Peter von Poehl et Thomas Aufort a lieu. C’est l’occasion pour eux de présenter leur métier – auteur, compositeur, interprète et réalisateur pour l’un, professeur de cinéma à l’université de Caen et réalisateur de clips pour l’autre – et leurs œuvres. Thomas Aufort avait déjà eu l’occasion de collaborer avec Peter von Poehl, notamment en introduisant le morceau Twelve Twenty One (extrait de l’album Big Issues Printed Small) dans l’un de ses clips.
28 janvier 2015
Le véritable travail commence en présence à nouveau des deux artistes. On découvre différents titres de Peter von Poehl : six chansons extraites de ses deuxième et troisième albums (respectivement May Day et Big Issues Printed Small) ainsi que des musiques de film (Ring Player et Side by side pour le film Ladygray d’Alain Choquart, Vanishing Waves pour le film du même nom de Kristina Buozite, Paradise pour le film Main dans la main de Valérie Donzelli). Après l’écoute de chaque chanson, chaque participant est invité à exprimer les émotions et les images que cela lui inspire : des ambiances, voire des embryons de scénarios naissent déjà. Puis Peter von Poehl raconte le contexte dans lequel la chanson est née, et ce qui l’a inspirée : une émotion, un souvenir, une autre musique. May Day, par exemple, premier titre écouté, a été écrit le 2 mai 2008 à Berlin, un jour très calme succédant à une manifestation monstre ayant laissé devant chez lui une voiture calcinée. Ce contraste saisissant l’a ramené au 1er mai en Suède, fête de la lumière qui donne également lieu à des débordements. Texte et musique lui sont alors venus en même temps, inspirés par la musique du chanteur compositeur Al Green.
Personne ne voit le temps passer. Peter von Poehl séduit par sa simplicité, sa douceur et sa générosité. À un journaliste de Ouest France, il expliquera que n’étant pas d’une famille de musiciens, c’est justement la rencontre avec un musicien dans son collège, en Suède, qui a décidé de sa vocation. Répondre présent aujourd’hui quand on lui demande la pareille lui apparaît comme une évidence.
Thomas Aufort est également très à l’écoute des idées qui émergent, bien qu’un peu en retrait. Mais dans les séances qui suivront, en l’absence de Peter retenu ailleurs, c’est bien lui qui encadrera et accompagnera les lycéens, à la fois amical, disponible, mais aussi très professionnel.
Le tout est organisé avec beaucoup de dynamisme et de bonne humeur par Dominique Jean et Carole Drouet, notre CPE. Un échange de mails se met alors en place entre les différentes personnes impliquées qu’elles centralisent et coordonnent. Échanges de plus en plus nourris au fil des semaines.
25 février 2015
Tout le monde est à nouveau réuni au CDI. Entre-temps, nous avions tous reçu les fichiers musicaux des trois albums de P. von Poehl et eu le loisir de les écouter. L’objectif premier est de choisir la chanson à illustrer dans le clip. Après quelques écoutes, le choix se porte très vite, à la quasi-unanimité, sur la chanson May Day. Puis Thomas Aufort évoque les différents postes de travail dans une équipe de tournage. Il les liste en deux catégories de compétences : techniques (image-photo, cadrage-son, script, maquillage, coiffure, costumes, intendance…) et artistiques (scénario, jeu, musique, chant), il énumère les professions qui s’y rattachent : réalisateur, 1er assistant-réalisateur (découpage, planning), 2e assistant-réalisateur (s’occupe des acteurs), chef-opérateur ou directeur de la photographie, 1er assistant chef-opérateur (cadre), 2e assistant chef-opérateur (caméra), script, régisseur, maquilleuse, coiffeuse, costumière ; et scénariste, acteur, danseur, musicien, chanteur… Est également posée la question des lieux de tournage. Amandine, élève de seconde qui se révèle être très douée pour la photo et attirée par les lieux déserts, en ruine ou à l’abandon, a apporté quelques clichés qu’elle projette au tableau. Certains, associés à la musique de P. von Poehl, accrochent déjà l’imaginaire. Chacun repart avec pour consigne de réfléchir à un scénario possible, et à des lieux proches qui pourraient servir de décor.
25 mars 2015
L’écriture du scénario commence. P. von Poehl, qui ne peut être présent, intervient via skype. En amont de l’écriture, il y a la musique de Peter et les lieux déjà repérés par Amandine, qui conditionnent le découpage du scénario en sept courtes séquences : une forêt, une maison abandonnée, un intérieur, des rails, un toit, les dunes et la mer, la forêt à nouveau et une rue. Des idées émergent, s’imposent, qui restent à développer : des personnages surpris dans leur rêverie ou leur occupation par une lumière qui les guide les uns vers les autres, les rassemble avant de disparaître et de les ramener brutalement à la réalité. Déambulations, rêverie, danse dans le sable, vélo sur des rails… des idées qui tiennent à cœur. Dans le même temps, les lycéens apprennent à concevoir et à visualiser l’histoire en termes cinématographiques : plan d’ensemble et plan rapproché, plongée et contre-plongée, travelling… Ils découvrent les différents métiers qui interviennent au cours d’un tournage, les tâches techniques et les outils. Des fiches méthodologiques, qu’ils sont amenés à utiliser, sont mises en ligne sur Pearltrees. Thomas et Dominique se chargent du repérage des lieux et des autorisations de tournage à demander aux propriétaires, communes et/ou préfecture ; aux lycéens de demander pour eux-mêmes l’autorisation parentale – une manière très concrète de se confronter au droit à l’image et au droit de propriété. Enfin, pour la séance suivante, chacun est invité à réfléchir à d’autres suggestions (chorégraphie, costumes, rue pour la scène finale) et à la fonction technique qu’il souhaite occuper, en plus d’être acteur du clip.
29 avril 2015
L’écriture du scénario est achevée et la fonction de chacun sur le tournage définie. Trois ateliers de travail sont mis en place : un groupe fait le plan de travail (planning très précis pour deux jours de tournage), un groupe s’occupe du découpage technique (écriture plan par plan du scénario) et le dernier groupe prend en charge l’esthétique du film (accessoires, costumes, maquillage…).
15 et 16 mai 2015
Enfin arrive le temps du tournage : deux jours seulement, vendredi 15 et samedi 16 mai. Tout est minuté. Il faut aussi prévoir le point presse : inviter les journalistes et, pour les lycéens volontaires, répondre en direct à une interview dans les locaux de la radio France Bleu Cotentin ou dans l’arrière-boutique d’un commerçant de Valognes pour Virgin Radio.
Quelques points noirs demeurent :
- Nous n’avons pas obtenu l’autorisation de tournage pour la vieille maison ; le propriétaire est introuvable. Il faut donc réfléchir rapidement à un lieu de remplacement.
- Il nous manque un lieu fonctionnel (camping-car ou petite fourgonnette) pour servir de loge où s’habiller et se maquiller.
- La météo est incertaine.
15 mai 2015
Un minibus, financé par la MDL du lycée, est affrété. Il servira aussi de loge. Le départ est donné à 8 h 15. Le premier lieu de tournage sera, à Cherbourg, l’ancienne voie de chemin de fer. Une élève joue, les autres – quand leur fonction sur le tournage le leur permet – vont tour à tour se faire maquiller par l’élève-maquilleur. Tous ont à cœur de tenir le rôle pour lequel ils se sont engagés, sérieux sans se prendre au sérieux. Et, comme ils le feront pour chaque scène, Thomas Aufort et Fabien Drugeon multiplient les prises, en panoramique et en gros plans, en variant l’angle de prise de vue.
Cette première séquence occupera une bonne partie de la matinée. Pour la seconde – initialement toit ou balcon d’une maison en ruine – le lieu reste à trouver. Plusieurs pistes sont tentées en vain – impossible d’obtenir une autorisation ou de prendre des contacts dans l’urgence. Au milieu de l’après-midi, le découragement se fait sentir et l’attention se relâche. Notre assistante d’éducation sauve alors la situation en proposant son grenier… Coup de chance : c’est le lieu idéal pour l’ambiance recherchée. Mais le temps file et on a pris du retard par rapport à la feuille de suivi. Pour pouvoir tourner une 3e scène ce jour, il faut donc aller au plus près. Un lieu s’impose alors, non prévu au départ : le magnifique parc du lycée. Rigueur, persévérance et adaptation auront été les maîtres mots de cette journée, mais toujours dans la bonne humeur et l’enthousiasme.
Samedi 16 mai 2015
Dès 8 h 15, tout le monde se retrouve rue Pelouze, à Valognes, à deux pas de chez moi… à défaut de camionnette-loge, ma maison fera cette fois l’affaire pour permettre habillage et maquillage dans de bonnes conditions. À cette heure-là un samedi matin, la ville dort encore. Dominique a l’autorisation d’interdire la circulation dans la rue jusqu’à 10 heures, mais faute d’avoir mis le panneau la veille, un 4×4 est garé dans le champ, il va falloir faire avec – encore une façon d’apprendre combien chaque détail compte, et que tout relâchement dans la vigilance peut compromettre le bon déroulement du tournage.
Ensuite, tout se passera comme prévu – même la météo est de notre côté – une scène tournée dans la forêt de l’Hermitage, à Sauxemesnil-Rufosses, un pique-nique dans la clairière, une danse dans les dunes de Biville, et la journée touche à sa fin. Journée au cours de laquelle on aura beaucoup joué, beaucoup rit, beaucoup appris les uns des autres, on en oublie la fatigue et les rares moments de tension.
Mercredi 3 et 4 juin 2015
Tandis qu’une petite équipe de 7 lycéens va avec Fabien Drugeon tourner la dernière séquence à l’usine, les autres assistent avec Thomas Aufort au visionnage des rushs (entre deux cours, ou en en manquant le moins possible) : chaque prise de chaque scène est projetée sur écran au vidéoprojecteur, et détaillée pour ne retenir parfois qu’un geste, une expression. On note précisément la référence de la prise retenue en vue du montage
Jeudi 4 juin 2015
Séance de montage avec Thomas, qui initie les lycéens au logiciel « Adobe première pro ». Chaque vue est renommée en notant les remarques faites au moment du premier visionnage des rushs. Et pour chaque plan, on sélectionne les meilleurs moments et on coupe. Puis on raccorde les images les unes aux autres par glissement. Un vrai puzzle, voire un travail de dentellière. Parfois, l’ordinateur bugge et l’on se félicite d’avoir fait une sauvegarde juste avant. Parfois, il est difficile de trouver les bons raccords, et l’on comprend alors toute l’importance du travail du scripte sur le tournage. Les lycéens se succèdent deux par deux aux commandes du logiciel, pendant que d’autres discutent de la façon dont « Réveillez les chouettes » est suivi sur Twitter, et de l’organisation de la soirée et des concerts en août.
Début juillet
Arthur Shelton réalise les effets spéciaux.
7 août 2015
La veille de l’ouverture des concerts de « Réveillez les chouettes », une soirée est organisée à Valognes pour présenter le clip, que personne n’a encore vu, et honorer ceux qui ont permis à cette belle aventure d’exister. Un cocktail est offert à la mairie, en présence de MM les maires de Valognes et de Sauxemesnil. Puis l’on découvre avec émotion le clip sur le grand écran du cinéma Le Trianon de Valognes, partenaire de cette soirée. Peter von Poehl, après avoir félicité et remercié les lycéens, offre alors un concert intimiste et magique : juste une guitare acoustique, un harmonica, des mélodies douces et sa voix, le moment est précieux et la salle est charmée. La soirée se termine par la projection du très beau film Ladygrey, d’Alain Choquart, dont il a composé la musique.
Bilan
L’expérience aura été exceptionnelle dans tous les sens du terme : hors du commun et d’une grande richesse éducative, culturelle, et humaine. Sans doute l’une des formes les plus abouties de la pédagogie de projet. Les lycéens étaient tous très impliqués, affectivement, scolairement, socialement, parce qu’ils étaient dès le départ au centre du dispositif et mis en situation de créateurs – et non récepteurs ou spectateurs, parce qu’on leur proposait pour cela de travailler avec des artistes talentueux, modèles d’exigence et de qualité, et que, libres de participer ou pas, ils se devaient d’être à la hauteur, parce qu’enfin on leur a fait confiance.
Mine de rien, ils auront travaillé à leur orientation : les métiers du cinéma n’ont plus de secret pour eux. Ce fut pour certains la confirmation d’une vocation, pour d’autres l’envie de continuer sur le temps des loisirs. Les élèves auront pu éduquer leur regard et deviendront des spectateurs avertis. « Dorénavant, nous verrons les clips avec un autre regard », confie l’un d’eux à un journaliste. Ils auront également pris la mesure des contraintes liées aux droits à l’image et aux droits d’auteur, mais aussi du bien-fondé de ces droits, et du respect qu’on leur doit ; ils n’auraient pas apprécié que le clip se retrouve sur Internet avant la projection officielle. Ils savent maintenant que derrière toute œuvre, si modeste soit-elle, il y a beaucoup de professionnels qui travaillent, beaucoup d’argent en jeu, beaucoup de temps et d’énergie dépensés, beaucoup d’émotions aussi. Les élèves auront aussi pu développer leur sens de l’initiative et des responsabilités en allant jusqu’au bout de leur engagement ; ils auront vécu une belle histoire faite de rencontres et d’amitié, dont ils garderont le souvenir toute leur vie
Et la documentaliste dans tout cela ?
Que vient faire la professeure documentaliste dans ce projet ? Il n’est pas question ici de recherche documentaire, mais par contre beaucoup d’ouverture culturelle. Mais il est vrai que, n’étant pas à l’initiative du projet, et les intervenants ainsi que les organisatrices jouant très bien leur rôle d’encadrement des lycéens qui, par ailleurs, étaient très volontaires et autonomes, j’ai eu du mal à trouver ma place. Mais j’ai toujours été associée à chaque étape du projet. J’ ai donc choisi la position d’observatrice, m’engageant à en rendre compte, et je dois dire que j’ai moi-même beaucoup appris, humainement et professionnellement. Humainement, parce que ce genre d’expérience fait forcément changer le regard que l’on porte sur certains adolescents qui ont révélé là des talents et des qualités insoupçonnés ; professionnellement, parce que la structure est transposable sur d’autres projets culturels – que je mène déjà depuis longtemps (manifestation littéraire, rencontres avec auteur, partenariats culturels, ateliers d’écriture) – et dans lesquels je tâche de me repositionner pour laisser aux élèves une plus grande part de création. Et cela vaut aussi pour des cours plus traditionnels. Je suis également convaincue que concernant l’ouverture culturelle et l’éducation citoyenne, nous avons tout à gagner à construire – ou renforcer – un véritable partenariat avec les CPE, dont les objectifs en la matière rejoignent souvent les nôtres, sans craindre pour autant de nous voir rattachés à la vie scolaire. La confusion des rôles naît souvent de l’ignorance que l’on a du travail de l’autre.
En cette nouvelle rentrée, dans la morosité ambiante, que risque-t-on à essayer ?