Veille éditoriale

Un CDI qui a du chien ?

Quelques bibliothèques de province et une bibliothèque universitaire d’Angers expérimentent l’accueil de nos amis à quatre pattes dans leurs locaux. Ainsi, la bibliothèque de Munster propose aux enfants une animation mensuelle : « Lire avec le chien ». L’enfant lit en tête-à-tête une histoire au chien, expérimentant ainsi la lecture à voix haute. En collège, on envisagera donc l’achat de Cabot-Caboche de Daniel Pennac et en lycée de Mon chien stupide  de John Fante. Si la présence d’un animal peut apaiser et détendre nos élèves, attention, cependant, à ceux qui sont allergiques aux poils d’animaux. Un pit-bull, chien à poil court donc moins allergisant, présentera également l’avantage de faire régner un certain calme dans nos CDI. À étudier.

Encore un chien !

Le Petit théâtre des opérations est une série de bande dessinée historique publiée chez Fluide Glacial dans laquelle Julien Hervieux, professeur d’histoire, rend hommage, sous une forme décapante, à des héros oubliés des deux guerres mondiales. Ces destins héroïques, retracés entre 4 et 6 planches, sont illustrés par Monsieur Chien, digne successeur de Marcel Gotlib. En parallèle de cette série désopi­lante, Fluide Glacial propose à la location une exposition de 21 panneaux. Panneaux sur lesquels on découvre, entre autres, les portraits de Douglas Bader, aviateur cul-de-jatte et de Simon Häyä, un Finlandais de 1,52 m, qui, en 1939, lors de l’invasion de la Finlande par l’Union soviétique va abattre au fusil 500 ennemis. On découvre également comment répondre, enfin, à ces questions existentielles : pourquoi monte-on dans les avions par la gauche ? et à quoi servaient les teckels communistes ? Pour connaître les conditions de location, vous pouvez contacter Valentine Veron (vveron@fluide glacial.com). Comme dirait Monsieur Chien : « Apprendre en se poilant, y a rien de mieux ! Ouaf, ouaf ! ».

Quand les magazines deviennent éditeurs de livres

Plusieurs revues se lancent sur le marché de l’édition de reportages au long cours espérant ainsi diver­sifier leurs revenus. La revue XXI propose ainsi, dans un format léger de 96 pages pour 9 euros, deux premiers titres : À la base c’était lui le gentil sur les rixes adolescentes et La part du chien sur les soldats en situation post-traumatique qui trouvent réconfort auprès de chien de la SPA (cette veille éditoriale est décidément canine). Médiapart s’associe aux éditions du Seuil pour lancer la collection « Enquête de sens ». Son premier titre La Haine ordinaire « racontera ce que le racisme, l’islamophobie et l’antisé­mitisme, alimentés par de plus en plus de médias et d’hommes politiques, font aux personnes vivant en France ». Quant à la revue Society voguant sur le goût pour les faits divers qui font le succès de certaines séries Netflix elle propose chez 10/18 la collection « True Crime ». Espérons que pour une fois le crime paiera…

Le Routard, 50 ampoules au pied

Cette année, le célèbre guide fête son 50e anniversaire. Au fil des années, le routard de la couverture a coupé ses cheveux et s’est embourgeoisé. Avec ses 55 millions de livres vendus, il pourra bientôt abandonner son sac à dos pour une valise à roulettes Samsonite ou Delsey (publicité gratuite). Pour se diversifier, l’éditeur a lancé, récemment, un magazine et une collection « Les beaux livres du routard », dont, à l’occasion de cet anniversaire, Les cinquante voyages à faire dans sa vie. On the road again…

Cap / Pas Cap / Handicap

C’est le titre de la revue Nouvelles du livre jeunesse parue à la fin de 2022, toujours disponible sur son site. Au sommaire de ce numéro, des articles sur les représentations du handicap dans la littérature jeunesse et une bibliographie de cent livres sur le sujet. Parmi ces livres parus entre 2000 et 2022, on peut retenir, entre autres, Les Étincelles invisibles d’Elle McNicoll à l’École des loisirs et Wonder de R. J. Palacio en Pocket jeunesse pour le collège et La vie commence aujourd’hui de Christophe Léon à La joie de lire pour le lycée. Un petit maillon dans l’inclusion.

Lucie au pays des Dys

Lucie Mrozec est une jeune femme multidys. Notre collègue, Isabelle Grout, l’a accompagnée pour écrire son témoignage, centré sur son parcours scolaire éprouvant. Elle a cherché à rendre le vécu parfois douloureux de Lucie en restant au plus près de ses mots (maux). Ce témoignage émouvant, autoédité en ligne, est disponible grâce à la plate-forme Librinova. Il apporte une réflexion sur le système scolaire et l’école inclusive et a donc toute sa place dans nos CDI pour nous éclairer, ainsi que les collègues de discipline, sur ces troubles cognitifs encore trop méconnus. Vous pouvez en acheter une version papier : Mrozec, Lucie, Grout, Isabelle. Lucie au pays des dys : j’aurais préféré m’appeler Alice. Librinova, 2022. 112 p. ISBN : 979-10-405-2821-0.13,90 €
– Fnac.com : https://www.fnac.com/a18114200/Lucie-Mrozek-Lucie-au-pays-des-Dys#omnsearchpos=1
– Amazon.fr : https://www.amazon.fr/dp/B0BLHFWJRZ/
– Et d’autres sites en ligne comme leslibraires.fr, cultura.com
et en librairies physiques.
Un livre à commander et à recommander.

Les Ateliers Henri Dougier

Sans doute ne connaissez-vous pas cette récente maison d’édition créée par Henri Dougier, fondateur des éditions Autrement, revendues depuis à Flammarion. Parmi les différentes collections qui la compo­sent on peut en retenir trois qui trouveront leur place dans les CDI de lycée. « Autobiographie d’un mythe », illustrée de nombreuses œuvres d’art, donne la parole à Œdipe, Vénus ou Icare… « Le roman d’un chef d’œuvre » retrace les circonstances de la naissance des tableaux de Bruegel, Goya, Frida Khalo et de bien d’autres. « Lignes de vie d’un peuple », avec ses 50 titres, combat les préjugés et les clichés en envoyant des auteurs autour du monde. Non les Mongols ne vivent pas tous dans une yourte, les Argentins ne dansent pas tous le tango et les Napolitains ne sont pas tous maffieux ! Des ouvrages édités avec soin pour un prix relativement modique.

Faisons des économies

Étant donné le budget de nos CDI, plus proche du PIB du Burundi que de celui des États-Unis, on ne peut que saluer l’initiative de certains éditeurs de proposer des bandes dessinées à petit prix. Panini comics offre les héros Marvel à 6,99 €. Dargaud édite une version intégrale des trois tomes de Pablo de Birmant et Oubrerie, en format de poche, à 9,50 € au lieu de 39 €. Urban Comics Nomad propose deux chefs d’œuvre dystopique à 9,90 € : V pour Vendetta de David Lloyd et Watchmen d’Alan Moore. Futuropolis met en vente des albums de son fonds, joliment édités, dans un plus petit format à 10,90 €, parmi lesquels on peut retenir Lulu femme nue de Davodeau et La Déconfiture de Rabaté. Casterman, enfin, dans le cadre de sa collection Angoulême 50e édition, offre des classiques du roman graphique à 12 €, parmi eux Ici-même de Forest et Tardi et Kiki de Montparnasse de Bocquet et Catel. Avec toutes les économies ainsi réalisées vous pourrez vous réabonner plus facilement à InterCDI. Merci qui ?

Simenon en bande dessinée

En 2020, le scénariste Jean-Luc Fromental s’était inspiré du séjour en Arizona de Georges Simenon pour écrire l’album De l’autre côté de la frontière publié chez Dargaud. Après sa lecture, John Simenon, son fils et ayant droit, lui propose d’adapter quelques-uns des romans « durs » de son père. José Bocquet, associé à ce projet, se lance en premier avec Le passager du Polaris (dont il dit : « c’est Mort sur le Nil au milieu des icebergs »). L’album est mis en image par Christian Cailleaux. Jean-Luc Fromental, quant à lui, s’associe à Bernard Yslaire pour La Neige était sale, un roman très noir sur la rédemption d’un jeune assassin. Les deux scénaristes s’associent ensuite pour raconter dans Simenon, l’ostrogoth l’arrivé du romancier et de sa compagne Tigy dans le Paris des Années folles. Jacques de Loustal en est le dessinateur. Un dessinateur fin connaisseur de l’écrivain liégeois puisqu’il a illustré les différents tomes de l’intégrale de cet auteur chez Omnibus. Au final, huit albums devraient être publiés chez Dargaud. Étant donné la qualité des scénaristes et des dessinateurs, cette série devrait rencontrer un grand succès.

Sylvain et Sylvette orphelins

Qui ne connaît pas ces deux enfants vivant dans une chaumière isolée où ils ont trouvé refuge après avoir perdu leur mère lors d’une cueillette de champignons ? Qui ne connaît pas les quatre compères, le renard, le loup, l’ours et le sanglier qui essaient vainement de voler leurs provisions. Leur père, le dessinateur, Jean-Louis Pesch est décédé à l’âge de 94 ans. En 2022, ne trouvant pas de successeur, il met un point final à leurs aventures dans l’album La Belle aventure dans lequel les enfants retrouvent leur mère. Jean-Louis Pesch s’est éteint après avoir dessiné, depuis 1957, 48 000 pages et vendus 20 millions d’albums. De quoi être dans le livre des records !

Heidi à l’UNESCO !

Eh oui, la petite orpheline suisse a quitté ses verts alpages pour trouver refuge dans cette vénérable institution dans le cadre du Registre international Mémoire du Monde. Les archives de l’écrivaine Johanna Spyri, conservées à Zurich, contenant plus de 1000 documents (manuscrits, illustrations, photos) sont inscrites à ce registre chargé de préserver le patrimoine documentaire mondial. Les documents sur cette fillette, âgée de 143 ans, y côtoieront ceux de Charles De Gaulle, des Frères Lumière et du Père Castor. Avec eux, elle ne va pas s’ennuyer…

Arcturus

Thomas Pesquet n’a peur de rien. Après avoir parcouru la galaxie, le prince de l’espace vient de créer Arcturus (nom d’une étoile de la constellation du Bouvier, à ne pas confondre avec le héros de Goldorak), une société qui va gérer ses droits. Il pourra ainsi facturer ses conférences, prodiguer son expertise à des entreprises audiovisuelles et éditer des ouvrages de fiction ou des documentaires. Jusqu’à présent, il était le héros d’une bande dessinée de Marion Montaigne vendue à 480 000 exemplaires, et avait offert ses photos vues du ciel pour un album de Reporters sans frontières et aux Resto du cœur (La Terre entre nos mains 200 000 exemplaires). Nul doute à avoir sur la viabilité de cette nouvelle maison d’édition. Attention cependant, le port du masque sera obligatoire chez Arcturus qui est également le nom du nouveau variant du Covid…

Et pour terminer : on tuera tous les affreux !

On se souvient que Boris Vian est mort d’une crise cardiaque dans un cinéma après la projection de l’adaptation de J’irai cracher sur vos tombes. Et bien, on peut supposer qu’il va succomber une seconde fois en apprenant que son roman Et on tuera tous les affreux a été adapté en jeu vidéo. Le joueur incarne Rocky, un jeune bellâtre qui refuse toutes les avances d’éventuelles prétendantes souhaitant préserver sa virginité pour le jour de ses vingt ans. Le soir de son anniversaire, il est kidnappé… Ce jeu, développé sous le nom (visant l’international) de To hell with the Ugly, est produit par Arte, gage quand même d’une certaine qualité.

 

 

 

 

Sources :

actualitte.com
actuabd.com
livrehebdo.fr

 

 

Création d’une maison d’édition par des lycéens Les Éditions Je Vous aime

« Partout où il n’y aura rien, lisez que je vous aime »
Denis Diderot, Lettres à Sophie Volland, lettre du 10 juillet 1759

Tout est parti d’une boutade.
Les conditions d’exercice dans mon lycée (deux sites distants de dix bonnes minutes de marche, deux CDI distincts, journée continue) m’ayant amenée à développer la pédagogie de projet, je monte souvent des concours littéraires. En 2018-2019, j’en avais lancé un sur le thème Horizons, ouvert aux élèves du lycée, et en 2019-2020, un autre sur le thème Ruptures, qui, le confinement venu, a abandonné son caractère sélectif pour s’ouvrir à tout texte et aux contributions adultes. Nous avions besoin en cette période d’isolement forcé de maintenir un lien qui ne soit pas purement utilitariste et atténue l’angoisse.
Deux élèves, lauréats du premier concours, garçons passionnés de littérature et écrivains en herbe, avaient pris l’habitude de me rencontrer hebdomadairement au CDI pour que je corrige et améliore leur manuscrit en cours d’écriture. C’était un album illustré pour enfants. À des fins d’édition. Nous l’avons envoyé à plusieurs éditeurs, en vain, mais nous persévérions. Ce texte était sentimental, comme il convient au genre, fleur bleue parfois, tellement qu’un jour, en riant, je leur lance : « Vous devriez fonder les Éditions Je Vous aime ! » et nous voilà plaisantant, imaginant les noms de nos collections et nos futurs slogans publicitaires (trash).
Quelques mois plus tard, ils reviennent au CDI et me lancent : « Madame, on le fait ! » … Comme quoi le professeur documentaliste peut être un détonateur.
De deux élèves, nous sommes passés à quatre, puis cinq (trois filles et deux garçons). Une association loi 1901 a été créée pour les Éditions Je Vous aime, j’ai appris à cette occasion, grâce à eux, que des mineurs pouvaient le faire – car ils étaient tous mineurs – à condition d’avoir au moins 16 ans. Au bureau de l’association ne figurent que les élèves, les professeures documentalistes ne sont qu’adhérentes. Les statuts ont pour objet de promouvoir les jeunes talents artistiques, dans des domaines autres que la littérature, ce qui nous permettait d’ouvrir le champ des éditions. Sur le site de l’administration française (service-public.fr) on peut faire toutes les démarches en ligne et tout est gratuit, même la publication au Journal Officiel des associations1. Rien n’a posé de réelles difficultés, si ce n’est qu’en attendant d’avoir un compte bancaire, les Éditions Je Vous aime ont utilisé celui du père du président.
Puis nous avons préparé notre première publication : un livre issu d’un concours d’écriture libre sur le thème choisi par les élèves Adolescence.

Raphaël, Rosa, Mme Rousselle

Très vite, Nathalie Rousselle, professeure documentaliste sur l’autre site du lycée, nous a rejoints et nous avons fait connaître le concours à l’intérieur de l’établissement par les canaux de communication habituels (ENT, affichage, professeurs principaux, équipe de lettres…) pendant que les élèves créaient un compte Instagram pour les éditions et une adresse mail. Nous avons reçu 29 textes, de tout genre littéraire et de moins de cinq pages (en théorie !).
Nous avons donc dû choisir parmi ces 29 textes ; le jury, composé des élèves-éditeurs, de Nathalie Rousselle et de moi-même, s’est réuni un mercredi après-midi au CDI pour en juger. Il serait difficile de relater cette première séance, où la précision de l’argumentaire rivalisait avec le sens de la formule et de la pique qui fait mouche ! Agrémentés de carambars et de boissons sucrées, les débats étaient âpres : tous les textes (dont chacun avait préalablement pris connaissance) étaient lus à haute voix et commentés. On les éliminait au fur et à mesure en les jetant au centre de la table, bref une séance avec la fougue d’un tripot !
Toute forme étant acceptée, nous n’avions pas de critères préétablis, il nous a fallu les inventer ensemble, au-delà des traditionnels « premier, deuxième et troisième » prix ou « Prix coup de cœur ». Et cela a été l’occasion de définir notre ligne éditoriale : obligation d’avoir un destinataire, le lecteur (donc élimination des textes écrits « pour soi », même quand ils avaient des qualités littéraires), priorité à l’originalité et au style, notion « subjectivo-objective » ! Le jury a retenu huit textes, en prose, parfois poétiques, parfois théâtraux ou narratifs, tous personnels.
Les huit lauréats étaient en grande majorité des élèves du lycée, plus un texte sous pseudonyme dont le mystère n’a été dévoilé que bien plus tard.
La question financière s’est très vite posée, dès qu’un imprimeur a été trouvé (par les élèves) pour éditer le premier titre Adolescences. Que toutes les mamies soient ici publiquement remerciées pour le coup de pouce qu’elles ont donné, elles ont constitué en grande partie notre trésorerie initiale !
Nous avons ainsi édité une centaine d’exemplaires de ce premier titre, vrai livre avec un vrai ISBN, illustré par une élève-éditrice et vendu 15 euros. Tous les exemplaires sont partis très vite, sur l’un ou l’autre site du CDI, ou lors des séances de signatures et les lectures organisées au lycée. C’est au CDI également que nous avons fait la cérémonie de remise des prix, pendant laquelle chaque auteur a reçu un exemplaire du livre et une lithographie personnalisée par notre illustratrice en souvenir.

Lili et Lukas

Nous avions pris un rythme de croisière, avec une réunion hebdomadaire au CDI : nous discutions avec les élèves de l’avancée des choses, des tâches à accomplir (correction des textes, relations avec l’imprimeur, avec les auteurs, mise en page, dates et organisation des lectures, publicité…) ainsi que de leurs projets littéraires personnels, car bien entendu cette aventure n’aurait jamais été possible si les élèves n’avaient pas été passionnés de littérature et d’art en général.
De mon côté, j’ai cherché à donner un maximum de rayonnement à nos éditions. Le journal Le Parisien qui avait été contacté a publié un bel article sur le projet, et un rendez-vous a été pris avec la maire de l’arrondissement qui nous a reçus, grandement encouragés et a versé une subvention annuelle de 3000 euros.
Cela nous a permis de sortir le second livre assez rapidement, Version infinie, un recueil de poésie illustré par l’autrice elle-même, Rosa Carrier, une élève membre fondatrice de l’association.
Il nous a été moins facile de le vendre, au prix de onze euros, car il n’avait qu’un auteur (donc moins de familles et mamies…) et aussi parce que la poésie est un genre plus difficile, même dans un lycée très versé dans les arts comme le nôtre, avec des classes à horaires aménagés en musique, en danse et la spécialité et l’option théâtre… il nous en reste encore quelques-uns. Avis aux amateurs ! Le journal municipal a interviewé l’autrice au sujet de sa passion de l’écriture et des Éditions Je Vous aime. Nous avons organisé à nouveau des lectures et des signatures, musicalisées par les élèves eux-mêmes, au lycée et à la petite librairie Le Guillemet avec laquelle nous travaillons.
Nathalie Rousselle a eu l’idée de nous mettre en contact avec le centre d’animation municipal Beaujon de notre secteur. De là est née une collaboration qui continue encore aujourd’hui, et l’idée de faire des Éditions Je Vous aime un laboratoire de création artistique pour la jeunesse. Le chargé de programmation du centre nous a aiguillés vers une autre subvention de la mairie de Paris qui soutient les projets des jeunes, Quartier libre, subvention que nous avons obtenue.
Parallèlement, nos jeunes éditeurs créaient le site internet des Éditions Je Vous aime et nous lancions le second concours d’écriture sur le thème Désir. Les élèves ont conçu affiches et flyers. Et cette fois les participations sont arrivées non seulement de Paris, mais de toute la France et même du Luxembourg.
Le nombre de textes reçu augmentant et le niveau littéraire également, il convenait d’envisager la réunion du jury sur un autre modèle que la première : une seule réunion ne permettait plus la lecture à haute voix in extenso de la quarantaine de textes reçus. Nous avons dû organiser deux réunions, une première « éliminatoire » et une seconde pendant laquelle nous avons imaginé le libellé des prix correspondants à chaque texte des treize auteurs retenus, avec humour et imagination, car nous commencions à nous sentir à l’étroit dans les formes habituelles du concours. Quelques exemples de libellés : Prix de la chute, Prix Chanel numéro 5, Prix Icare, Prix du mandat d’arrêt, Prix du casting, Prix de la chromo, etc. Les critères étaient les mêmes que pour la constitution du premier livre : hardiesse et originalité, sur le fond comme sur la forme, engagement personnel dans le texte, intentionnalité manifeste de s’adresser à un lecteur. Trois jeunes filles ont illustré le recueil de dessins en couleur.
La mairie du huitième arrondissement a mis à notre disposition la salle des mariages pour la remise des prix qui s’est donc déroulée dans la magnificence des ors de la République.
Le recueil Désir, sorti en avril 2022, est en vente sur le site des éditions2 et au lycée.
Cette année, notre troisième concours d’écriture a été lancé en septembre sur le thème Exploser le cadre ! Les textes pouvaient être envoyés, jusqu’à fin janvier, par mail à editionsjvm@gmail.com ou par lettre au lycée Racine en mentionnant le concours. Il fallait seulement avoir moins de 25 ans et écrire 5 pages maximum. Il donne lieu à notre quatrième livre.
Le jury s’est réuni fin janvier pour une après-midi de travail pendant laquelle nous avons sélectionné 8 textes sur les 33 reçus. C’est un bon cru, les textes étaient nombreux à être de qualité. Pour les départager, les débats ont porté, cette fois-ci, sur l’importance accordée à l’interprétation, plus ou moins serrée, du thème, sur l’originalité de la forme, et même sur les potentialités que le texte, même imparfait, laissait deviner de son auteur. Du vrai travail d’édition donc ! Trois des auteurs choisis ont été sollicités pour améliorer leur texte en fonction des propositions qui ont été faites. Le recueil est disponible au lycée et sur le site des éditions.

Sur le vif ! Paroles d’élèves

« Tout est parfaitement visible, comme au cinéma. Et quelle peinture économique et sociale. Il y a du Balzac ! On tient là un romancier, j’en suis sûr ! » (Balthazar à propos d’un texte qui ne faisait pas – encore – consensus.)

« Je ne sais pas si ce thème est rebattu, peut-être, mais le texte est intéressant du point de vue psychanalytique et la chute, moi, m’a surprise. Je ne m’y attendais pas du tout. » (Rosa, défendant un texte contre tous.)

« Les textes sont imparfaits, c’est normal. Mais il vaut mieux choisir un texte avec un rapport discret au thème qui demande moins de retravail, qu’un autre, en plein dans le thème, mais qui risque de ne rien donner après réécriture. » (Raphaël, sur le fait de savoir si être loin du thème est rédhibitoire ou pas.)

« Ce n’est pas grave si je suis éliminé ! Comme on peut envoyer des textes jusqu’à l’âge de 25 ans, j’ai encore quatre ans pour m’améliorer ! » (Lukas, qui n’a pas participé au jury car il a concouru.)

Balthazar et Raphaël

Les Éditions Je Vous aime ont fait également un appel à projet cette année, qui ne constitue pas un concours, pour une exposition collective sur le même thème, d’œuvres d’arts plastiques (photographie, dessin, peinture, collage…).

Les élèves à l’origine du projet éditorial ont toujours fait preuve d’un grand bouillonnement créatif. Et dès 2022, deux d’entre eux, Balthazar Pouilloux et Rosa Carrier, ont, pour le premier écrit, et pour la seconde co-mis en scène, un seul en scène, Fugue, joué à l’espace Beaujon par Balthazar, sur la question du viol dont sont victimes parfois… les hommes.

Depuis, la vocation d’incubateur artistique des Éditions Je Vous aime ne cesse de s’affirmer : le projet en cours est d’adapter Le Petit Prince de Saint-Exupéry en opéra. Deux élèves écrivent le livret et mettent en scène, des élèves ou anciens élèves du lycée, musiciens ou élèves au conservatoire régional de musique, composent, orchestrent, jouent ou chantent et un professeur de musique dirige le chœur. La représentation aura lieu à la salle Gaveau à Paris, le 11 juin à 16 h.
Les membres fondateurs des Éditions Je Vous aime qui ont vu le jour en 2020 sont maintenant étudiants et ont quitté le lycée. Le pari est désormais de faire vivre la maison d’édition en intégrant les nouveaux élèves qui ont rejoint l’aventure cette année, et de trouver un mode de fonctionnement démocratique permettant aux envies de chacun de s’exprimer et aux talents de tous de s’épanouir.
Souvent, les professeurs documentalistes pâtissent des nouvelles réformes au sens où les collègues de discipline, obsédés par l’idée de « tenir le rythme » et finir le programme, écrasés par les nouvelles tâches liées aux diverses procédures informatiques, n’ont plus le temps de collaborer avec eux : ce que les Éditions Je Vous aime démontrent, c’est qu’il suffit de réaliser à quel point nos élèves sont brillants, passionnés, entreprenants et ambitieux pour pouvoir, à leurs côtés, jouer notre rôle de catalyseur.

Veille éditoriale

Maus

Le conseil d’école du comté de Tennessee a demandé que la bande dessinée Maus d’Art Spiegelman soit retirée des programmes en raison de huit mots vulgaires et d’une souris nue dans une baignoire ! Le conseil a également dénoncé la « description de violences et de suicides » que l’on peut trouver dans cet album, prix Pulitzer 1992. Le tapage journalistique autour de cette censure a été tel que les Américains qui ne connaissaient pas encore ce chef-d’œuvre du neuvième art se sont précipités dans les librairies pour l’acheter. Heureusement, on n’a pas tous en nous quelque chose de Tennessee…

Livres suspendus

Vous connaissez le café suspendu, une tradition solidaire italienne de la région de Naples qui consiste à payer deux cafés, l’un pour soi et le second pour un éventuel autre client du bar qui n’aurait pas les moyens d’en consommer un. La maison d’édition Marotta & Cafiero applique ce principe dans la librairie qu’elle a ouverte à Scampia, dans la banlieue de Naples. Sa devise : là où on vendait de la drogue, aujourd’hui on vend des livres. Elle a récolté plus de 12 000 euros pour offrir des livres à des familles qui n’en avaient pas les moyens.
Qu’est-ce qu’on dit ?
Grazie mille !

Anne, ma sœur Anne

Suite de la publication chez Harper Collins de Qui a trahi Anne Frank ? On pensait enfin savoir qui avait dénoncé la jeune juive. Après cinq années d’enquêtes menées par un ancien du FBI, aidé d’une trentaine d’experts, le mystère de cette dénonciation était dévoilé par l’historienne canadienne, Rosemary Sullivan. Un notaire juif, Arnold van den Bergh, aurait protégé de la déportation sa propre famille en livrant les Frank et leurs amis. Dès sa parution, des historiens néerlandais contredisent cette thèse, démentant que le notaire ait pu avoir accès à une liste secrète des juifs cachés dans Amsterdam, le conseil juif instauré par les nazis dont faisait partie le notaire n’ayant jamais possédé une telle liste. Devant la polémique, l’éditeur néerlandais a suspendu son impression.
Anne, ma sœur Anne, il faudra encore attendre…

Big Mac Book

Depuis 2015, McDonald’s a distribué en France plus de 80 millions de livres pour enfants. Avec la disparition des jouets en plastique des boites de Happy Meal, la firme américaine privilégie le papier et le carton. Depuis l’an dernier, outre des livres distribués dans ses boites, McDonald’s instaure les Mercredis à lire. Le premier mercredi du mois, les enfants, en plus du livre ou du jouet choisi avec leur Happy Meal, reçoivent un album. Ces albums de littérature jeunesse, sélectionnés par un comité d’experts, proviennent d’éditeurs différents pour qui cela représente une manne bienvenue. Dommage que nos chers bambins soient obligés d’avaler un steak haché sanguinolent entre deux tranches de pains spongieuses pour avoir le plaisir de recevoir un livre. Après le green washing, le champion de la malbouffe invente le book washing !

Happy Birthday !

Les éditions Delachaux et Niestlé ont été fondées en 1882, à Neufchâtel, en Suisse, par l’imprimeur Adolphe Nietslé et les frères Eugène et Paul Delachaux. Rapidement, les trois hommes spécialisent leurs publications dans les sciences naturelles. Avec la collection Les guides du naturaliste, l’éditeur, depuis les années 50, propose des ouvrages de synthèse d’une grande rigueur scientifique permettant d’identifier la faune et la flore d’une région. Leur best-seller : Le guide des oiseaux d’Europe de Roger Tory Peterson. Vous retrouvez dans chaque cahier des livres d’InterCDI, sous la plume de notre collègue Danielle Boisson, la présentation de leurs nouveautés. Les éditions Delachaux et Niestlé devront prévoir un gros gâteau d’anniversaire si elles veulent y planter 140 bougies !

Queen Kong Théorie

Virginie Despentes associée à la photographe Axelle Le Dauphin lancent une nouvelle maison d’édition : La Légende éditions. Les deux femmes entendent ainsi : « promouvoir la représentation et la visibilité de la culture queer et féministe ». Dans ce but, elles souhaitent créer un collectif de recherche, de défense, d’archivage et de diffusion de cette culture. La maison d’édition devrait publier 9 livres par an.
Dans le même temps, au moment où Grasset, son éditeur historique, risque de tomber dans l’escarcelle du groupe Bolloré, l’autrice de King Kong théorie soutient activement le collectif « Stop Bolloré ». Ce collectif rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie.

Une enseigne pour les bibliothèques

L’Association des directrices et directeurs de bibliothèques municipales et de groupements intercommunaux des villes de France (ABDGV) a lancé un appel à candidatures pour concevoir une signalétique simple rendant les bibliothèques facilement identifiables sur tout le territoire. Dans le cahier des charges, il est précisé que l’enseigne doit être conçue comme un signe repérable depuis la rue comme le logo de La Poste, comme la croix verte d’une pharmacie ou encore la carotte des buralistes. L’enseigne sert avant tout à identifier dans l’espace public un lieu, un bâtiment pour dire : « Ici se trouve une bibliothèque ». Cette enseigne devra être contemporaine, lisible, mémorisable et son coût de fabrication ne devra pas dépasser 1000 euros HT, afin d’être à la portée de toutes les villes.

T’as le look Coco

La célèbre, géniale et talentueuse Coco Chanel fait l’objet d’un manga intitulé Miroirs, publié aux éditions Kazé. Les deux auteurs, Kaiu Shira au scénario et Posuka Demizu au dessin, ont choisi de mettre en images des moments clés de la vie de la couturière. Nul doute qu’ils ne vont pas présenter la créatrice de la petite robe noire comme une patronne despotique, un membre des services secrets allemands sous l’Occupation ou une antisémite notoire, ce qu’elle était également. Comme disait Jean Cocteau : « Les miroirs devraient réfléchir avant de renvoyer les images ».

Une nouvelle Gaffe !

À l’occasion du festival d’Angoulême, les éditions Dupuis ont annoncé le retour de Gaston Lagaffe. L’éditeur belge qui fête cette année ses 100 ans le confie à Delaf, dessinateur canadien des Nombrils. L’album doit sortir en octobre 2022 et sera tiré à 1,2 millions d’exemplaires. Franquin s’étant toujours opposé à une reprise de son personnage, l’intérêt de cette opération s’avère purement commercial. Isabelle Franquin qui ne possède pas les droits de ce personnage vendu par son père est opposée au projet et entend faire reconnaître son droit moral. La bataille juridique des avocats des deux camps promet d’être homérique. Après Astérix, Corto Maltese, Blake et Mortimer, arrêtons de déterrer les cadavres pour leur faire les poches. M’enfin !

Le P’tit Nobel

Marie-Aude Murail a reçu le prix Hans Christian Andersen, décerné par l’IBBY (International Board on Books for Young People). Ce prix, remis depuis 1956, est souvent surnommé « le petit Nobel ». L’autrice de Sauveur & Fils est la seconde française à recevoir ce prix prestigieux après René Guillot, auteur quelque peu oublié de Crin-Blanc. Une récompense hautement méritée pour la qualité d’écriture et la diversité des thèmes que l’on retrouve dans ses romans. Avec Oh boy ! (Indispensable en collège) elle a été une des premières à aborder l’homosexualité en littérature pour adolescents. En 2013, Marie-Aude Murail publiait, à l’École des loisirs, 3000 façons de dire je t’aime ; le jury, en la récompensant, vient d’en ajouter une autre !

Les dédicaces enfin rémunérées

Selon la Ligue des auteurs professionnels, 53 % des auteurs de BD vivent avec moins que le Smic. Les femmes sont encore plus mal loties : 50 % des autrices vivent sous le seuil de pauvreté. C’est pourquoi les auteur.e.s ont salué le protocole pour la rémunération des dédicaces qui a été signé par le ministère de la Culture, le Syndicat national de l’édition, la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit et par certains festivals de bandes dessinées. Déjà évoquée dans le rapport Racine, cette mesure instaure : « une rémunération des auteurs de bande dessinée pour les actes de création réalisés dans le cadre de leur participation à des salons et festivals ». Un forfait de 226 € brut par festival leur sera donc versé. C’est toujours ça de pris !

Bibliothèque Universitaire

La Bibliothèque Sorbonne Nouvelle a ouvert ses portes le 9 mai. Située au 8 avenue de Saint Mandé à Paris, elle est l’œuvre du célèbre architecte Christian de Portzampac. Elle propose plus de 1000 places dont certaines réparties dans une quarantaine de salles insonorisées. Le bâtiment évolutif et modulable peut s’adapter selon les besoins. Il abrite un fonds de 450 000 livres, 1 100 bd, 8800 films et séries, 22 000 ebooks. Cette nouvelle bibliothèque est dotée d’un budget de 1,5 million d’euros et emploie 80 agents. De quoi rendre jaloux nos CDI les mieux lotis !

Allumer le feu !

Si, selon Pierre Reverdy, « Le poète est un four à brûler le réel », les éditeurs de poésie, eux, renaissent de leurs cendres. Ainsi, la collection Points Poésie a connu une progression de plus de 60 % entre 2020 et 2021. Cette collection publie, sous la direction de l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, 8 à 9 titres par an. Vous y trouverez notamment The Flame de Leonard Cohen. Chez Actes Sud, Cyril Dion, militant écologiste essaie poétiquement d’éteindre le réchauffement climatique en publiant le recueil À l’orée du danger chez Actes Sud. Enfin, l’éditeur La ville brûle publie une anthologie féministe mise en images par l’artiste Diglee intitulée Je serai le feu ! Cette anthologie réunit 50 poétesses du XIXe, XXe et XXIe siècle. Certaines d’entre elles très connues, d’autres tombées dans l’oubli. Alors achetez de la poésie pour vos CDI, suivez les conseils d’Isabelle Grout dans le cahier des livres et vous pourrez, en regardant vos élèves, voir grandir la flamme dans leurs yeux.

 

Veille éditoriale

Récompenses

À l’occasion de la dernière Foire du livre de jeunesse de Bologne, les éditions la Joie de lire ont reçu Le Bologna Prize Best Children’s Publishers of the year. Cette maison d’édition suisse met en avant la créativité et la qualité du texte et de l’image. Si ses livres n’ont pas de fonction pédagogique, ils ont une grande valeur éducative. InterCDI, présente souvent les nouveautés de cet éditeur.

Jean-Claude Mourlevat a remporté le prix Alma (Astrid Lindgren Memorial Award), le Prix Nobel de la littérature jeunesse. Ce prix de 540 000 euros n’avait encore jamais récompensé un auteur français. Jean-Claude Mourlevat est un habitué des étagères de nos CDI depuis la parution de La Rivière à l’envers étudiée dans de nombreux collèges.

Joyeux anniversaires

La collection Tout en bd chez Casterman fête, cette année, ses 10 ans. Dès sa parution, L’Histoire de France en bd, écrite par Dominique Joly et dessinée par Bruno Heitz, connaît un grand succès. Au fil des années, cette collection s’ouvre sur des sujets de plus en plus diversifiés (mythologie, art, économie). 60 titres pour les collégiens.

Philip K. Dick est décédé, il y a 40 ans. À cette occasion, les éditions J’ai lu rééditent l’ensemble de ses romans dont Blade Runner, Le Bal des schizos et Ubik, son chef d’œuvre, proposé dans une nouvelle traduction. Quant aux nouvelles, elles sont parues dans la collection Quarto chez Gallimard.

Gallimard Jeunesse fête ses 50 ans. L’éditeur Pierre Marchand et l’illustrateur Jean-Ollivier Héron sont à l’initiative de la création de ce secteur de la célèbre maison d’édition. Les deux hommes vont révolutionner l’édition jeunesse en créant les collections : 1000 soleils, Folio junior et Découvertes Gallimard. Cet éditeur publie plus de 400 titres par an. Outre Harry Potter, Gallimard jeunesse peut compter sur d’autres long-sellers : À la croisée des mondes de Phillp Pullman (2,6 millions d’ex.), Le Clan des Otori de Lian Hearn (1,2 million d’ex.), Le Passe-Miroir de Christelle Dabos (1 million d’ex.).

Folio, toujours chez Gallimard, a également 50 ans. 3 000 auteurs de 81 nationalités différentes, parmi eux : 35 prix Nobel et 38 prix Goncourt. 9 400 titres publiés. 300 nouveautés par an. 468 millions d’exemplaires vendus depuis la création de la collection. Qui dit mieux ?

Féminisme et Documentaire jeunesse

Selon Livres hebdo, l’offre de documentaires jeunesse consacrés aux femmes a connu une forte progression : 50 titres ont été publiés en 2020 contre 28 en 2017, soit une hausse de 43 %. Entre 2017 et 2020, on note une augmentation totale de 44 %. Cet essor est très majoritairement porté par les biographies.

Bob Morane

Henri Vernes est décédé à 102 ans. Ancien résistant et membre du MI6 britannique, il publie en 1953, aux éditions Marabout, le premier tome des aventures de Bob Morane : La Vallée infernale. Durant quarante ans, il écrira 164 romans mettant en scène le célèbre aventurier et son compagnon Bill Ballantine, un Écossais amateur de whisky (un pléonasme ?). Bob Morane, lui n’est pas mort, les éditions Soleil publient, sur un scenario de Corbeyran et de Christophe Bec, une nouvelle aventure en bande dessinée : Les 100 démons de l’Ombre jaune. Tout un programme !

Mangas

Selon Les Echos, plus d’une bande dessinée sur deux vendues en France est un manga. On note une progression de ce marché de 120 %, sans doute boosté par le pass culture. Du coup, de nouvelles maisons d’édition ajoutent un secteur Manga à leur production. C’est le cas de Dupuis, avec Vega et de Michel Lafon avec Kazoku qui propose une adaptation de La Peste d’Albert Camus prévue en six tomes. Quant aux éditions Glénat, pionnières en ce secteur, elles ont fêté à Noël, le centième tome de One Piece. Banzaï !

Édition

Mauvaise nouvelle : après la mort de son fondateur en 2018 et le départ de son auteur vedette Joël Dicker, les éditions De Fallois ont mis la clef sous la porte en fin d’année dernière. Bonne nouvelle : les œuvres de Marcel Pagnol seront toujours éditées dans la collection « Fortunio » et vendues 6,50 euros. Les collègues de collège peuvent pousser un « ouf » de soulagement.

Dessin animé

Après une adaptation en roman jeunesse chez Rageot, la bande dessinée de Bruno Dequier Louca, éditée chez Dupuis, va connaître une version en dessin animé pour TFI. Cette série, très prisée des collégiens, raconte en neuf albums les aventures d’un lycéen paresseux et maladroit coaché par le fantôme d’un ancien élève, beau gosse, super doué au foot et très apprécié des filles. Chaque album se vend en moyenne à 500 000 exemplaires.

Librairies

Jeunes en librairie est un programme d’éducation culturelle en direction des collégiens, lycéens et apprentis, destiné à promouvoir l’accès au livre, à faire connaître le rôle du libraire dans la chaîne du livre et à encou­rager la fréquentation et l’achat de livres en librairie. Expérimenté en Nouvelle-Aquitaine et dans les Hauts-de-France, ce programme est étendu à d’autres régions. Un libraire se déplace dans la classe pour présenter aux élèves son métier et plus large­ment la chaîne du livre. Ensuite, les élèves se rendent dans la librairie partenaire pour une visite organisée avec le libraire. À cette occasion, les élèves ont la possibilité d’acquérir un ou plusieurs ouvrages à hauteur de 30 euros.

Pass culture

Selon Livre hebdo, les 3 livres les plus achetés avec le Pass Culture lycéen en 2021 sont 3 mangas : One Piece, Demon Slayer et L’Attaque des Titans. On trouve ensuite Burn after writing, entre le journal intime et les recettes de cuisine de développement personnel, 365 jours, sulfureux et assez nauséabond, adapté en série sur Netflix, La Chronique des Bridgerton, romans un peu « neuneu », en dentelles et crinolines, adaptés également en série. Netflix, la fabrique de lecteurs ! Heureusement le remarquable et remarqué Passe-Miroir de Christelle Dabos est également dans la liste. Ouf, l’honneur est sauf !

InterCDI à Amiens ?

La BnF a choisi la ville d’Amiens pour accueillir son pôle regroupant le Conservatoire national de la Presse et le centre de conservation pour ses collections. Ce conservatoire accueille plus de 3000 titres, allant de La Gazette (1641) de Théophraste Renaudot jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit de construire des magasins dotés d’un système de conservation robotisé, des ateliers de restauration et de numérisation et enfin un espace de consultation. Le nouveau pôle devrait, en principe, ouvrir ses portes à l’horizon 2027-2028.

BnF encore

Capture de votre site web par la BnF. Si ce message apparaît sur votre ordinateur, c’est parce que les robots de la BnF scannent le web français pour en garder une trace dans le cadre du dépôt légal de l’internet. C’est le robot Heritrix qui est chargé de cette tâche. Dans une des tours du site François Mitterrand, sept employés gèrent les 45 milliards de page web produites depuis 1996. Big Brother is watching you…

Big Sister is watching you!

Sandra Newman, une jeune autrice, a été choisie par les ayants droit de George Orwell pour réécrire 1984 à travers le regard du personnage féminin de Julia. Dans le roman initial, quand Winston rencontre Julia, membre du commissariat aux romans et de la « Ligue anti-sexe des juniors », il la prend pour une agente de la police de la Pensée. Quand la jeune femme lui déclare sa flemme, Winston tombe follement amoureux. Ce qui ne l’empêchera pas, après son arrestation, de la trahir et de la renier. Pour connaître la version de Julia, il faudra attendre juin 2022, date de sa publication aux éditions Granta.

© Larry D. Moore, CC BY-SA 4.0

États-Unis

Les bibliothèques américaines connaissent une vague de censure inédite jusqu’alors. Des groupes partisans demandent à leurs membres d’assister aux réunions des conseils d’administration scolaires pour pointer du doigt certains livres. Leurs cibles sont généralement des ouvrages aux thématiques LGBTQIA et des livres sur l’histoire du racisme et de l’esclavage. Parmi les dix titres les plus censurés, on trouve : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur d’Harper Lee ou Les raisins de la colère de John Steinbeck. God « blesse » America !

Vert

Après le CDI vert (InterCDI 292-293), c’est le monde de l’édition qui se met au vert. Le Syndicat National de l’Édition a publié une charte qui offre un guide des bonnes pratiques pour mettre en place des actions concrètes en faveur de l’environ­nement. Préférence à un imprimeur proche, papier certifié ou recyclé, choix des encres, tirage adapté pour éviter la mise au pilon, emballage optimisé, utilisation limitée des transports. Certains éditeurs anglo-saxons HarperCollins, Penguin Random House ou Bonnier Books veulent atteindre une neutralité carbone d’ici la fin de l’année en relocalisant leur production, en utilisant des énergies renouve­lables et en replantant des arbres. Le greenwashing est en marche.