Des livres et vous

Il suffit de relire sa collection d’Intercdi pour mesurer combien la richesse du métier de professeur documentaliste réside dans sa diversité, sa pratique protéiforme, en perpétuelle adaptation. C’est, pour chaque lieu, une terre à modeler de son empreinte et l’on observe, selon chacun, la pousse de fleurs extrêmement variées ! Si l’on devait pourtant relever un point commun qui nous relie, tous, sans exception, rien ne serait plus aisé : l’amour du livre et l’envie, impérieuse, de sa transmission. Il suffit pour s’en rendre compte de suivre vos publications, que ce soit dans nos articles, sur vos blogs, les listes de modération, les réseaux sociaux… Votre créativité au service de l’accès à la lecture, aux documents, au fonds, est inépuisable ! Cet accès passe bien entendu avant tout, d’un point de vue pratique et tangible, par la gestion du lieu CDI.
C’est pourquoi, dans ce numéro, Intercdi a souhaité (ré)interroger ce qui pourrait apparaître comme la base immuable de notre pratique du métier : les notions de classement et de classification. Parce que si des règles largement admises existent pour structurer cette partie « gestionnaire », il semble toujours intéressant de se repencher sur leur motivation, voire de questionner leur pertinence à l’égard de l’évolution du métier, de la société. Dans son article « La retraite de Melvil », Nora Nagi-Amelin se fait ainsi la porte-parole de celles et ceux d’entre vous qui ont fait le choix de s’affranchir de la classique alternative « CDU ou Dewey », en expliquant sa décision d’opter pour un « classement par centre d’intérêt », plus communément connu sous l’expression anglaise Bookstore model puisqu’il s’inspire des techniques plus intuitives des libraires. Une prise de position forte, issue d’une réflexion aboutie qui permet à chacun, en accord ou en désaccord, peu importe, de se ressaisir de ses propres choix en pleine conscience !
Les diverses contributions de ce numéro vous permettront d’alimenter cette réflexion. Florie Delacroix nous propose à la fois sa note de lecture sur le livre d’Alberto Manguel, La Bibliothèque, la nuit, une Fiche Intercdi comparant les différents modes de classements et de classifications, et enfin une Ouverture culturelle sur les bibliothèques, réelles ou imaginaires. De quoi vous donner des clés pour affiner, en toute conscience, votre pratique professionnelle !
Les autres articles se chargeront de lui ouvrir des perspectives : le Thèmalire d’Hélène Zaremba invite ainsi à repenser la place des documentaires à l’ère d’Internet, le « Voyage en allophonie » de Corinne Paris nous montre comment la lecture se fait naturellement levier d’intégration, et « le cas Sikoryak » exploré par Agnès Deyzieux révèle comment le procédé littéraire, ici en bande dessinée, permet une plus grande compréhension du monde.

En un mot comme en mille :
lisez et faites lire ! Lire c’est vivre !

¡ ADELANTE !

En cette fin 2018, c’est avec un profond chagrin que la rédaction d’Intercdi a accueilli la nouvelle du décès de José Francés.
Si quelques lignes ne suffiront jamais à rendre compte de ce que José a apporté à la revue, et encore moins à chacun d’entre nous, lui dédier cet édito qu’il a rédigé à votre attention de nombreuses années durant était une évidence. Les témoignages d’affection qui lui ont été adressés esquissent tous cette même présence au monde et à l’autre, attentive, généreuse, sensible. Avec son sourire si chaleureux, sa prévenance constante, son humanisme, sa bienveillance et sa grande humilité, José était un homme exceptionnellement attachant, qui nous manquera terriblement.
C’est en 1986, sur l’invitation de Roger Cuchin, fondateur du CEDIS, que José rejoint votre revue. Depuis, s’impliquant toujours davantage dans la vie de l’association, il a travaillé sans relâche à faire exister InterCDI à l’aune de son engagement professionnel, sur un chemin de partage, d’ouverture, et de curiosité. Lors de son mandat de président (2000-2010) mais déjà avant, et encore longtemps après, jusqu’à cet automne. Il nous a consacré une grande partie de sa vie, nous offrant, avec discrétion mais sans réserve, son regard précis, sa tempérance, son enthousiasme.
Ce numéro que vous tenez entre vos mains est le premier que nous aurons préparé sans lui. Et pourtant. Mon bureau recèle de mille et une de ses précieuses attentions qui rappellent toutes combien l’efficacité technique offerte par la modernité ne doit jamais faire passer un moyen pour une fin : pas un document de travail sans un petit mot personnel, pas un courrier sans une jolie carte choisie avec soin, pas un BAT sans un coup de fil enthousiaste se terminant invariablement par la même exclamation : ¡ Adelante ! Injonction joyeuse et résolument tournée vers l’avenir dont nous avions fait notre mot d’ordre, une sorte de cri de guerre même, qui scande chaque page de ce nouveau numéro dont le hasard du calendrier a fait qu’il soit le premier de l’année.
Le premier édito rédigé par José en tant que président (Intercdi n°167, sept-oct. 2000) s’intitulait « Continuité », et c’est sans aucun doute le plus bel hommage que nous pourrons lui rendre : continuer. Continuer de faire vivre la revue et le lien avec nos lecteurs en gardant pour cap ses principes, que Julie Mallon, sa compagne, décrit avec tant de justesse : « un partage harmonieux et complet des expériences, une curiosité critique mais sans jugement abrupt, disons une curiosité bienveillante pour ce qui se passe dans les CDI et une vigilance critique (pas forcément hostile…) vis-à-vis de l’Institution, le rappel à la mission d’éducation, c’est-à-dire d’ouverture des jeunes esprits et vers eux, en partant d’eux et du concret, de la vie, mais en les « élevant », pour leur donner des chances de comprendre leur vie personnelle et sociale. » C’est ainsi forts de ces lignes qu’il a défendues tant d’années, accompagnées d’un carré de chocolat (selon sa prescription annuelle) et de son injonction favorite, que nous vous proposons ce numéro pour bien débuter cette nouvelle année, que nous vous souhaitons douce, riche en projets et heureuse.
¡ Adelante !

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C’est à la suite de mon premier article paru en 2005 que j’ai été convié à participer à un comité de rédaction par Chantal Nicolas, la rédactrice en chef de l’époque. Impressionné d’être invité par cette revue que je lisais depuis vingt ans et qui était, à mes débuts, le seul lien entre documentalistes, j’étais arrivé très en avance et dans mes petits souliers (ce qui est à la fois un zeugma et une litote car je chausse du 47). José, sans doute en raison de l’horaire matinal de son train, était déjà là. Il m’a aussitôt accueilli avec une grande chaleur, enveloppante, qui chassa le trac de me retrouver devant une vingtaine de personnes que je ne connaissais pas. Il me donna immédiatement l’impression que je faisais partie de « la famille », que j’étais adopté. Au fil des réunions, au fil des ans, j’appris à le connaître, à l’aimer.
José était un homme bienveillant. Toujours prêt à monter au créneau pour défendre notre profession, toujours prêt à soutenir un collègue, José était toujours confraternel.
José, grand lecteur de journaux, avait trouvé sa juste place à la tête de notre revue. Sans lui, elle ne serait pas ce qu’elle est.
José avait une autorité apaisante. Lors des échanges parfois vifs entre les membres du Comité de rédaction, il intervenait et tranchait, c’était son rôle, mais en prenant à chaque fois en considération les opinions des uns et des autres pour que personne ne se sente oublié ou blessé.
José était d’une grande rigueur intellectuelle et morale. Pas d’étroitesse, pas de bassesse d’esprit chez cet homme-là.
José était respectueux des autres. Il avait ainsi un respect quasi filial pour Roger Cuchin, le fondateur de notre revue.
José n’a jamais cessé de nous accompagner, et lorsque, parfois, le vent mauvais nous traversait, il était toujours là pour nous conseiller ou annoncer des jours meilleurs.
José donnait l’impression d’être un homme solide, un pied ancré dans sa terre ardéchoise, l’autre en Espagne, du côté de Valence. Même s’il n’a pas gagné son dernier combat, il s’est toujours battu vaillamment.
José était rieur. Je revois son grand sourire, ses yeux qui pétillaient et ses épaules qui se secouaient lorsque je sortais une mauvaise blague (je n’en connais que des mauvaises !).
Comme qui aime bien, châtie bien, je l’avais gentiment chambré dans le début de mon billet « Pour en finir une bonne fois pour tout avec la culture », qui, je sais, l’avait amusé :
« Lorsque le mercredi 14 octobre 2009, au cours du Comité de Rédaction de votre revue préférée José Francés, notre vénéré directeur de la publication, pointa son doigt sur moi en m’interpellant : « Pour le numéro spécial Culture, Jean-Marc, tu nous feras bien un truc rigolo ? », je me suis retrouvé comme le taureau dans l’arène qui, tête baissée alors qu’il admire tranquillement l’élégance des espadrilles du toréador, sent brutalement l’acier glacé de l’épée pénétrer son cou et briser une à une ses vertèbres cervicales.
La métaphore taurine m’est tout de suite venue à l’esprit car je soupçonne José d’avoir des origines hispaniques. D’autant plus qu’il vient aux réunions d’InterCDI habillé de lumière et que quand on lui demande s’il veut un café, il répond toujours : « Olé ! »
Je ne pouvais me défiler devant une commande aussi pressante de celui dont la photo orne chacun des éditos de la revue et qui, tel le Grand Timonier, guide nos pas dans la purée de pois d’un métier injustement méconnu… »

Salut et Fraternité Grand Timonier
Hasta la vista, compa ñero !

Jean-Marc David
Secrétaire général du CEDIS

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Immense peine.
J’ai eu la chance de connaître José, professeur documentaliste infatigable, exerçant en collège dans le Nord, et militant pour la profession et l’éducation à l’information et aux médias pour tou.te.s.
Je me souviens de ce jour de l’année 2003 où il est venu s’attabler dans le salon de mon domicile parental, à Lens, pour travailler avec moi sur un article qu’on me demandait d’écrire à propos de mon travail de recherche effectué dans le cadre de mon mémoire de Maîtrise en Info-Comm. À propos des « travaux croisés », et de leur perception par les élèves. Un échange d’une grande richesse pour l’aspirante professeure documentaliste que j’étais alors.
Je me souviens de ce numéro de la Revue Intercdi, envoyé par José à mon domicile, et reçu juste avant de prendre le TGV pour aller passer les oraux du CAPES Documentation à Marseille. Sur la première page de cette revue, José avait rédigé un petit mot, plein d’encouragements et de confiance à mon égard. J’ai emporté ce numéro avec moi, et l’ai lu dans le train, le mot de José posé bien en évidence, comme un mantra.
Depuis l’obtention du concours, les années ont passé, mais je n’ai jamais oublié José, sa modestie, sa franche sympathie, sa bienveillance, et sa vision du métier et du monde, sa force de conviction. Je n’ai jamais oublié ce que ce regard profondément confiant avait provoqué en moi, en tant que (future) professionnelle mais aussi tout simplement en tant qu’être humain.
De façon régulière, et toujours discrète, José m’adressait, depuis cette première et forte rencontre, des petits signes, des mots, toujours empreints de cette gentillesse. Aujourd’hui, je garde précieusement au fond de moi chaque mot, chaque regard, chaque expression de ce visage si chaleureux. Et regrette de n’avoir pas dit tout cela à José de son vivant. Même si, je le sais déjà, il aurait balayé ce remerciement d’un revers de la main, baissant les yeux modestement, et disant « Je n’y suis pour pas grand-chose, je fais de mon mieux ».
Mais ce mieux était tant, José.

Anne Cordier
Ex-professeure documentaliste (62)
Maîtresse de Conférences en SIC, Espé de Rouen

Tous pareils, tous différents

À l’heure où nous écrivons cet édito se profile la Journée nationale de lutte contre toutes les formes de harcèlement – une problématique dont l’écho scolaire est malheureusement retentissant. Nous avons bien entendu tous, chacun à notre échelle, un rôle essentiel à jouer dans la prévention, la vigilance, l’action. Mais l’École a également un rôle primordial à tenir dans cette lutte par l’éducation au respect, à la diversité, à la tolérance, et le CDI apparaît comme un des espaces privilégiés de la construction de cette action au sein des établissements. 
Dans son article « Les bibliothèques, lieux ressources pour les publics LGBT+ », c’est bien ces rôles d’accueil et de représentation que Violaine Beyron nous enjoint à valoriser au cœur des établissements. Information, visibilité, inclusion, représentation, autant d’enjeux qui doivent conjuguer notre attention et nos efforts de manière à favoriser un climat d’ouverture et de respect mutuel. Car il n’y a pire ennemi que l’ignorance et les préjugés. Le Thèmalire, également proposé par Violaine Beyron, sur les figures d’adolescents transgenres dans la littérature jeunesse sera un outil précieux dans ce combat. Tout comme un travail élaboré autour de l’exposition Hugo Pratt du Musée des Confluences, qu’Hélène Zaremba nous présente avec un vif intérêt, et qui donne à voir, dans une scénographie inédite, le dialogue entre le monde « réel » et l’art d’une part, et l’enrichissement de la vie par le voyage, la découverte de l’autre, la rencontre des cultures d’autre part. Car lutter contre la stigmatisation c’est sans doute avant tout favoriser l’ouverture, la curiosité, l’enthousiasme au monde qui nous entoure dans toute sa richesse et sa diversité.
Des différences nous en trouverons encore dans notre position face à l’usage du téléphone. Kaltoum Mahmoudi, dans son article, a exploré la question en impliquant les élèves au moyen d’une consultation citoyenne, et nous livre le fruit de sa réflexion. Quant à Éric Garnier, il nous propose même d’utiliser cet objet devenu quasi organique de nos élèves dans une fonction ressource et pédagogique : « une cdibox dans votre CDI, et pourquoi pas ? » !
Enfin, l’ouverture culturelle consacrée à la condition animale, nous rappelle que le respect ne doit pas s’appliquer seulement aux êtres humains.
Un numéro qui démontre, s’il en était besoin, que le CDI doit se faire le sanctuaire de nos différences.

L’important, c’est de participer !

Consultation, citoyenneté, démocratie, financement, habitat, art, culture, chantier… ces dernières années, le « participatif » se conjugue à tous les modes ! Conséquence plus ou moins directe de la révolution numérique qui bouleverse notre capacité d’information en nous y offrant un accès illimité, cette dynamique participative est le témoin d’une volonté diffuse mais manifeste de renversement des processus de décision concernant l’intérêt général, pensé comme une construction collective, par la réappropriation des outils du vivre-ensemble. L’ambition de participer n’est pas une utopie dans le monde de la belle idée : elle s’applique dans des fonctionnements très concrets, qui peuvent, comme les expériences le montrent, s’installer à toutes les échelles, y compris celle de l’école !
Comme nous le rappelle la philosophe Joëlle Zask dans son article, « Apprendre à participer, participer pour apprendre » (p. 51), John Dewey avait déjà souligné l’importance cruciale de l’expérience, de la participation dans les apprentissages en ce qu’ils mobilisent la conscience et placent l’apprenant dans une posture active. Et, si « une approche sociale des intelligences collectives et participatives est devenue prioritaire chez les acteurs de l’école, des apprentissages » comme le soulignent Anne Cordier et Vincent Liquète (p. 12), le lien ténu entre participation et information semble naturellement faire du professeur documentaliste la pierre angulaire de cette articulation au sein des établissements.
Relisons la circulaire de missions à cette lumière, qui replace le professeur documentaliste au cœur de « l’équipe pédagogique » dont il partage les « missions communes » et anime les « co-enseignements ». Ses missions spécifiques en font par ailleurs un « acteur de l’ouverture de l’établissement sur son environnement éducatif, culturel et professionnel (…) en lien avec les dispositifs pédagogiques et éducatifs mis en place dans l’établissement, dans et hors du CDI ». Le professeur documentaliste se trouve ainsi posé en véritable maître d’œuvre d’une « pédagogie favorisant l’autonomie, l’initiative et le travail collaboratif des élèves, autant que la personnalisation des apprentissages, l’interdisciplinarité et l’usage des technologies de l’information et de la communication » dont le but est de « rendre l’élève acteur de ses apprentissages ».
Les nombreuses réponses que nous avons reçues suite à notre appel à contributions prouvent bien à quel point vous êtes, nous sommes engagés dans ces dynamiques. À la fois en tant qu’acteur à l’initiative de projets plus riches les uns que les autres – CDI-
remix (p. 21), juniors associations (p. 24), élève médiateur (p. 41) – mais aussi dans une réflexion plus globale sur le rôle d’enseignant qu’elles tendent à redéfinir, et qu’il ne s’agit pas pour autant de bazarder aux sirènes de la démagogie ! (p. 29 et 46)
C’est toute cette complexité que ce dossier explore afin de partager avec vous les idées, les enthousiasmes, les réussites, mais aussi les doutes et les limites qui bordent la mise en œuvre de ces pratiques participatives favorisant l’horizontalité des interactions. Nous remercions vivement l’ensemble des contributeurs qui nous ont généreusement livré le fruit de leur travail, y compris des outils clés en main comme la fiche Intercdi « mettre en place une give-box » ou le Sketchnote « développer les pratiques participatives des élèves » pour vous les proposer.
Bien entendu, nous comptons sur votre participation à un prochain numéro de votre revue. Bonne lecture !

Une graine au vent

Dans cet édito, je souhaite avant tout rendre hommage à notre amie Odile Bonneel, dont nous venons tout juste d’apprendre la disparition. Documentaliste au collège Renaud-Barrault d’Avesnelles (59), elle était une plume présente dans les pages d’InterCDI depuis de nombreuses années, et un soutien toujours optimiste et bienveillant. Fidèle à la revue, Odile nous livrait sa passion pour la poésie au fil de ses chroniques régulières du Cahier des livres et ne manquait jamais de nous faire partager de belles découvertes rares et curieuses. Je pense notamment à l’une de ses analyses, parue dans le numéro 241, qu’elle avait intitulée de l’injonction de Flaubert : « Lire pour vivre ». De texte en texte, elle nous embarquait dans un monde où les mots et les émotions ne font qu’un, et nous rendait compte, généreusement, des nombreux et riches projets menés avec ses élèves, comme dans « Et Bonjour Monsieur Pierre ! » paru dans le numéro spécial Culture et médiations (InterCDI n° 226) : le récit d’un projet éducatif et artistique en classes de 6e et 5e SEGPA autour de l’œuvre de Pierre Coran. « Alice au pays des livres », publié dans le n° 260, nous entraîne dans les dédales du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, une édition 2015 baignée par une actualité forte : le contexte douloureux de l’après 13 novembre 2015, sinistre écho de l’après Charlie. Cet article, l’un de ses derniers, dévoile toute la passion d’Odile pour les livres, la création, et la transmission… Au revoir Odile, ta plume et ton enthousiasme poétique nous manqueront. À nous, à nos lecteurs, à tous tes amis, dont certains ont tenu à te dire ici quelques mots, que vous trouverez dans le Cahier des livres, page 63.
Pour débuter cette année, petit clin d’œil à l’article de Yannick Denoix, « Un salon de thé vintage au CDI ». Un compte rendu que j’affectionne particulièrement tant il fait écho à la diversité et à l’ingéniosité dont nous devons faire preuve à chaque instant. Que faire ? Comment transformer le CDI en un lieu où donner le goût de la découverte, le goût de la création et de l’inventivité ? Un lieu où les souvenirs sont dans tous les coins, où un petit goût de vintage, de rétro qui fleure bon la nostalgie invite à la convivialité. Qui d’entre nous n’a pas rêvé exercer dans un lieu suscitant toutes ces émotions ? Merci Yannick pour ce moment de vie et de bonheur, merci pour cet enthousiasme qui réchauffe le cœur ! À lire, du courage pour toutes celles et ceux qui souhaiteraient redonner un coup de « jeune » à leurs espaces !
Toutefois, après avoir réinvesti l’espace, il va tout de même falloir s’attacher à retrouver une note plus sérieuse. Pas de problème ! L’Ouverture culturelle sur l’Histoire des mathématiques et le compte rendu d’expérience « Aborder la migration par la bande dessinée » apporteront de quoi constituer un fonds de références solide pour appréhender l’apprentissage des mathématiques en se bâtissant une véritable culture scientifique (n’oubliez pas la semaine des mathématiques du 12 au 18 mars 2018 !) ou aborder la question, complexe, sensible, mais essentielle, d’un point d’actualité…
Un numéro riche en idées qui seront autant d’occasions d’innover dans nos pratiques, de collaborer ou d’être à l’initiative de projets. Un numéro qui aurait certainement plu à l’œil aiguisé d’Odile Bonneel, notre chère auteure.

45 printemps!

1972, Roger Cuchin, fondateur du CEDIS, conclut le premier édito de la revue qui s’appelait alors Inter-SDI :
« Nous sommes tous, à des degrés divers, des exécutants et des compositeurs, des techniciens et des artistes, des utilisateurs et des inventeurs. Ne gardons pas jalousement nos trouvailles, nos recettes pratiques… ni même ces grains de saine philosophie que certains savent introduire dans leurs travaux. Demain, peut-être, un projet intéressant, un matériel nouveau… une autre manière de voir, exposée par un(e) collègue, nous aideront à modifier nos conditions de travail. Dans notre propre intérêt, dans l’intérêt de nos services et celui de l’Enseignement, apportons notre pierre – si petite soit-elle – à l’entreprise d’aide permanente que se propose d’être notre “Centre d’étude”. »
Comment ne pas deviner dans ces mots le lecteur assidu d’InterCDI que fut sans nul doute possible le jeune Mark Zuckerberg ! Fondée autour des valeurs essentielles d’échange et de lien, InterCDI est une revue ouverte, indépendante et participative qui, par la mutualisation de vos expériences pédagogiques et le partage d’outils et ressources utiles au métier, veille sur l’actualité de la profession. Cela fait aujourd’hui 45 ans qu’InterCDI accompagne l’évolution de votre vie professionnelle depuis les premiers services de documentation, en passant par la création du CAPES de documentation en 1989, jusqu’aux réformes actuelles et à venir des missions des professeurs documentalistes. InterCDI, c’est un réseau social professionnel qui a besoin de vous pour vivre. Alors si à votre tour vous souhaitez « apporter votre pierre, si petite soit-elle », n’hésitez plus ! Deux possibilités s’offrent à vous : le chemin de l’écriture, par la proposition d’articles, ou celui de la rencontre, en intégrant la vie de l’association et de son Comité de rédaction, réuni autour de ses fameuses madeleines…
Et que serait un anniversaire sans cadeau ? À l’aune de la nature qui, à la douceur des premiers rayons de soleil printaniers et aux jours qui rallongent enfin, nous révèle ses délicats bourgeons, le CEDIS, pour ses 45 ans, vous offre au terme d’un hiver de travail acharné, une superbe boîte à outils : la mise en ligne d’un nouveau site internet (intercdi.org) dès le mois d’avril, conçu pour devenir un véritable prolongement numérique de la revue. En plus de l’accès public proposant toujours un article en lecture libre et le sommaire, le site disposera désormais d’un espace réservé aux abonnés. Pour chaque numéro, ces derniers bénéficieront de l’accès à tous les articles de la revue, y compris les pdf téléchargeables des Fiches InterCDI que vous êtes nombreux à solliciter régulièrement à la Rédaction, mais également de la publication exclusive d’articles en ligne pour nous permettre de rester au plus près de votre actualité. Plongé dans les affres du code informatique, le Cahier des livres nécessite quelques mois supplémentaires de gestation, et ne sera donc pas accessible immédiatement, ceci afin de créer une véritable plateforme outil au plus près de vos besoins pour la recherche et l’extraction de notices… Patience ! Avec du temps, les feuilles de mûrier se transforment en robes de soie, dit un proverbe chinois. Fort heureusement, ce numéro, par sa richesse, saura apaiser votre ardent empressement !

Édito n°265

Bonne année, bonne santé, et des projets plein la tête ! Je profite de ce numéro de janvier-février pour vous souhaiter à tous une excellente nouvelle année. Petits et grands bonheurs, rires, sourires, fous rires, découvertes, étonnements : que cette  année 2017 soit celle de professeurs documentalistes heureux, joyeux et confiants ! Ce numéro débute avec un article d’Emmanuelle Mucignat, synthèse des 11e rencontres professionelles de l’ANDEP qui se sont tenues en novembre dernier à Angers autour d’une problématique, « À la convergence des cultures informationnelles, médiatiques et numérique : vers la translittérâtes », qui nous plonge au cœur de notre mission pédagogique : la formation à l’information. Une formation que nous pensons être indispensable, incontournable, essentielle à la culture de tout citoyen. Aujourd’hui, il n’est plus question de ne pas prendre en considération l’analyse de l’évolution des pratiques culturelles, technologiques et sociétales nouvelles. C’est la convergence de ces trois pratiques, qui articulent les apprentissages, qui est au coeur même de cette formation à la culture informationnelle. Nouveaux outils, nouveaux usages : toujours prêts à susciter la créativité. « Numook : la création d’un livre numérique par des adolescents » ou comment « lifter » ce bon vieux projet qui marche toujours : écrire un livre en classe ! Merci à Sonia de Leusse-Le Guillou pour ce compte rendu d’expérience ; les pratiques évoluent et l’enthousiasme est toujours là. N’est-ce pas le plus important ? N’oublions pas les outils pratiques de la revue qu’il est fortement conseillé de diffuser sans modération ! Toujours très claires et complètes, les fiches InterCDI de Sandrine Leturcq sont devenues un élément indissociable de chaque numéro ; tout comme le Thèmalire autour du thème de l’immigration cette fois, rédigé par le réseau des enseignants documentalistes de Haute-Saône, et l’Ouverture culturelle sur la mer Méditerranée, par Florie Delacroix. De quoi susciter des idées de projets. Comme ce bel article sur « La figure de l’adolescente dans la bande dessinée contemporaine », de Claire Richet, qui ne manquera pas d’alimenter notre curiosité littéraire. Enfin, la rubrique Gros plan propose une présentation de la revue trimestrielle L’éléphant, revue de culture générale à mettre entre toutes les mains ! À travers ses articles, InterCDI veillera à vous accompagner tout au long de cette année 2017 dans vos projets que nous espérons nombreux… Sachez que nous accueillerons avec intérêt toutes vos propositions d’articles, qu’ils portent sur le métier ou sur vos actions pédagogiques. InterCDI est votre revue!