La métamorphose de genre
Les différences et les caractéristiques liées au genre sont de plus en plus exploitées en littérature de jeunesse, en particulier dans les romans. Pour aborder cette question, les auteurs usent bien souvent de subterfuges tels que le travestissement de leurs personnages ou encore leur métamorphose du masculin au féminin, et inversement.
Figure récurrente en littérature de jeunesse, le personnage du travesti revêt des formes et des fonctions multiples. Garçon ou fille de l’auteur britannique Terence Blacker, dans lequel le jeune Sam devient Samantha le temps d’une semaine suite à un défi lancé par son cousin, est sans doute le roman le plus souvent cité sur cette thématique. D’autres romans remettent en cause la binarité de genre des adolescents, notamment en ne révélant pas, ou tardivement, le genre de leur personnage principal, comme Raph dans Je suis qui je suis de Catherine Grive ou Camille dans Troubles de Claudine Desmarteau, ou en leur donnant une apparence physique prêtant à confusion, à l’image d’Alex dans A kiss in the dark de Cat Clarke qui laisse Kate tomber amoureuse d’elle sans lui révéler qu’elle s’est trompée sur son identité, ou de Charly dans le roman éponyme de Sarah Turoche-Dromery.
Ces œuvres situent leur action dans un cadre réaliste et contemporain, mais d’autres revêtent un caractère fantastique lorsque cette inversion des rôles va jusqu’à la métamorphose. Ainsi, des récits comme Dans la peau d’une fille d’Aline Méchan ou Cinq jours par mois dans la peau d’un garçon de Lauren McLaughlin, exprimeront, grâce à un système narratif différent, des enjeux similaires.
S’il s’agit avant tout ici de révéler, par un échange de rôles, les attributs sociaux masculins et féminins, d’autres genres de récits s’intéressent plus particulièrement à la condition féminine et au rapport de pouvoir existant entre les divers genres, à une autre époque ou dans un autre lieu. Bacha Posh, de Charlotte Erlih, expose la situation de ces filles afghanes élevées en garçons, tandis que parmi les romans d’aventures ou historiques, les auteurs montrent des personnages féminins dont le travestissement est nécessaire à l’accomplissement d’une mission ou simplement à leur survie, comme cela peut être le cas dans Eon et le douzième dragon d’Alison Goodman.
Cependant, ces exemples n’induisent qu’un questionnement des rapports de genre ancré dans une perspective exclusivement binaire, entre le féminin et le masculin. Cela revient ainsi, malgré tout, à perpétuer en partie les stéréotypes qui peuvent y être liés. Pourtant cette confusion des genres peut aller au-delà du simple déguisement, comme l’illustrent les romans proposant des personnages transgenres. Ces œuvres, peu nombreuses, revêtent toutefois un caractère indispensable dans le paysage éditorial pour adolescents, dans la mesure où les enjeux de la littérature de jeunesse sont fortement liés à la construction identitaire de ses lecteurs.
Symptôme de l’invisibilité transgenre
Le roman-miroir s’attache à interroger de nombreuses problématiques sociales. La définition du roman réaliste comme un « extraordinaire instrument d’exploration du réel, de figuration de l’Histoire, d’analyse de la société1 » semble pouvoir s’appliquer aux éditions pour la jeunesse, de même que l’idée de Milan Kundera que « le roman n’examine pas la réalité mais l’existence », considérant alors que « l’existence est le champ des possibilités humaines2 ». La littérature destinée aux adolescents reste donc fortement associée au traitement de questions personnelles fondamentales et de sujets de société sensibles.
Néanmoins, déjà mis à l’écart au sein même de la collectivité, certains types de personnages sont également mis à la marge de la littérature de jeunesse. Parmi eux, les personnages transgenres sont très peu présents dans les romans pour adolescents. Souvent associée aux combats et aux revendications des gays et des lesbiennes, ainsi qu’à toute personne ne respectant pas un certain conformisme sexuel et de genre, la transidentité demeure nettement moins visible, dans la réalité comme en littérature. Dans son étude3, Renaud Lagabrielle comptait en 2007 trente romans dans lesquels il est question d’homosexualité, tandis qu’à l’heure actuelle, les ouvrages pour adolescents s’intéressant à la transidentité se font très discrets. La Face cachée de Luna, de Julie Anne Peters, est le premier d’entre eux, paru en 2005, puis réédité en 2016 sous le titre (inadapté à mon sens) Cette fille c’était mon frère. Puis, après quelques années, sans que le sujet ne soit abordé, paraît en 2010 Le Garçon bientôt oublié de Jean-Noël Sciarini. Enfin, suite à une nouvelle période de disette, les années 2016 et 2017 voient sortir quatre romans proposant un ou plusieurs jeunes personnages transgenres. Le « caractère mineur et non représentatif » d’un tel corpus ne permet pas réellement la « constitution d’[un] canon à une époque et dans un contexte donnés4 », mais suggère au contraire la visibilité restreinte à laquelle sont confrontées les personnes transgenres au sein du paysage médiatique. Dans l’édition pour la jeunesse, le traitement de cette thématique apparaît comme négligeable, ni réellement acceptée ni banalisée.
Malgré la recrudescence observée ces dernières années, il semble ainsi prématuré d’évoquer la naissance d’une voix transgenre dans les romans destinés aux adolescents. Néanmoins, l’existence de ces personnages transgenres, soit comme sujet textuel, soit comme sujet d’énonciation, permet une certaine reconnaissance de son autorité discursive, d’autant que plusieurs auteurs et autrices tels Alex Gino et Meredith Russo sont eux-mêmes transgenres.
L’émergence de ces protagonistes souligne, à travers leurs parcours respectifs, le caractère minoritaire et excluant d’une telle identité de genre. Ces romans insistent sur l’isolement dans lequel vivent ces jeunes, même lorsque ceux-ci, à l’instar de Luna, George ou Amanda, reçoivent le soutien d’un proche. La première scène du roman de Julie Anne Peters se veut l’illustration de l’injonction au secret qui oppresse en permanence les personnes transgenres. C’est uniquement dans l’intimité de la chambre de sa sœur, la nuit, que Liam peut sereinement devenir Luna, en empruntant les vêtements et le maquillage de celle-ci. Hors de cet espace protégé, cette liberté lui est retirée et son quotidien est marqué par son adhésion forcée aux divers codes masculins en vigueur dans nos sociétés. Toni aussi, dans Le Garçon bientôt oublié, tente de camoufler son mal-être par un comportement de « petit gars exemplaire », tandis que Grayson, dans le roman d’Ami Polonsky, s’isole de ses pairs pour ne pas risquer la découverte de son secret. Les adolescents transgenres font face à cette obligation de dissimulation, au risque de subir un important rejet. La crainte d’être découvert contraint nos personnages à adopter un comportement excessivement prudent. Liam a ainsi installé une alarme silencieuse à l’entrée du sous-sol de la maison où elle a l’habitude de s’habiller en Luna. Amanda, dans Celle dont j’ai toujours rêvé, malgré la confiance qu’elle accorde à son petit ami, garde le silence sur son passé aussi longtemps que possible par peur de se voir rejeter. Par ailleurs, les contraintes discursives font elles aussi partie du secret. Toni, après s’être divulgué-e par erreur décide de « gommer de [s]on langage tous les mots féminins identifiables à l’oreille. »
Pourtant, il arrive que le rejet précède le dévoilement de l’identité de genre réelle. Luna est régulièrement l’objet d’une suspicion d’homosexualité. Elle subit plusieurs agressions verbales violentes et des insultes homophobes sont lancées à son encontre à cause de son comportement décalé et de ses goûts jugés trop féminins, tout comme David, le personnage de Normal(e) de Lisa Williamson, harcelé au collège.
Pourtant, la crise que traversent ces personnages dans certains de ces romans atteint son paroxysme lors de l’étape de la révélation. La transgression des normes en vigueur, faisant alors d’eux de véritables marginaux, éclate dès lors qu’ils et elles décident de se dévoiler. En apparaissant dans un lieu social sous leur figure réelle, nombreux sont immédiatement repoussé(e)s par ces autres qui jettent dans un premier temps un regard obtus, plein de haine et de dégoût, à leur égard. C’est notamment le cas de Grayson dans Le Secret de Grayson, et de Liv dans Opération pantalon, que leurs meilleures amies vont trahir après avoir découvert leurs véritables identités pour rejoindre le camp des harceleurs. Amanda, de son côté, est partie vivre chez son père, dans une autre ville, afin de fuir les agressions violentes dont elle fût victime dans son précédent lycée alors qu’elle réalisait sa transition.
Ces références de la littérature de jeunesse permettent de traduire le dilemme des adolescents transgenres, les forçant à choisir entre dissimulation et rejet, tout en étant confrontés à l’absence de références concernant leur situation.
De la déconstruction des normes socio-culturelles
Par ailleurs, le rôle des personnages opposants de ces romans est bien de refléter l’incapacité de nos sociétés à envisager une remise en question des genres et à penser le concept de différenciation sexuelle au-delà d’une vision binaire. Dans cette perspective, nos protagonistes transgenres constituent des modèles mettant à mal ce système de division sociale, et l’observation de leurs cheminements particuliers peut conduire le lecteur à revoir sa perception des habitus sexués et de leur différenciation.
La prise de conscience de la transidentité, depuis le plus jeune âge, ou plus tardivement, amène nécessairement les personnes à envisager leur apparence d’une autre manière, à construire leur corps en confrontation aux normes de genre. Certaines et certains expriment leur appartenance à leur genre en adhérent aux codes, vestimentaires et sociaux, qui leur sont généralement associés. Certains personnages féminins, par exemple, sont attirés enfants par les jeux domestiques et les poupées, tandis qu’à l’adolescence, elles rêvent du bal de fin d’année, de tenues et de maquillage. De son côté, Liv, dans Opération pantalon de Cat Clarke, mène dans son école un combat pour porter l’uniforme scolaire dédié aux filles, alors que, à l’inverse, un personnage comme Toni se situe hors de toute catégorisation et met du temps avant de ne plus employer de pronoms masculins à son égard et considérer son corps comme étranger.
Le rapport au genre de tous ces personnages ne semble ainsi pas cristalliser autour des mêmes représentations. Néanmoins, dans plusieurs cas, le rejet de l’identité visible passe nécessairement par celui du corps et des attributs sexuels. La sœur de Luna évoque notamment l’épisode symbolique au cours duquel son petit frère tente de sectionner son pénis avec un couteau, tandis que Toni a « commencé à perdre pied » au moment de l’apparition de ses poils. L’auteur du Garçon bientôt oublié présente ici l’adolescence comme une réelle étape de transition, succédant à une enfance neutre et asexuée, et aboutissant à la détermination de l’identité. Ce rejet du corps interroge les rapports sociaux, déterminés par ces « visions essentialistes de la différence des sexes5 ». La hiérarchisation des caractéristiques biologiques fait alors peser sur les jeunes personnages assignés à un genre qui ne leur correspond pas une forte injonction à la virilité ou à la féminité. Ces contraintes normatives, apparaissant dans les œuvres sous la forme d’un encouragement permanent à la pratique sportive ou l’obligation de porter une jupe, mettent en évidence les principes d’organisation de la vie sociale et de négation des altérités.
La revendication du corps et le désir de reconnaissance qui en découle ne peuvent alors s’établir sans un sentiment de transgression à l’encontre des attentes directives de la société. La construction de ces romans accompagne les protagonistes transgenres vers l’élaboration de leur image, conforme à leur identité de genre, et révèle en outre la nécessité d’une « déconstruction de normes culturelles6 ». L’un des enjeux majeurs de tels récits serait alors lié à la remise en question de la simple répartition féminin-masculin et de la relation, prétendue naturelle, entre sexe et genre.
Il ne s’agit donc pas seulement de fournir des modèles et de jouer un rôle de soutien auprès de jeunes confrontés aux mêmes problématiques et en quête de réponses sur le déroulement de leur vie future. Luna et Toni, en d’autres termes, ne font pas seulement fonction de figures identificatoires, dans la mesure où le lecteur, ici, est également encouragé à considérer la déconstruction des catégories dont il a l’expérience et à élaborer son propre système de valeurs.
Morts ou vifs : quel avenir pour les adolescents transgenres ?
Quels que soient le mode de récit et le ton choisis, l’ensemble de ces romans s’attarde, plus ou moins longuement, sur le mal-être et la souffrance des personnages transgenres, inhérents à la crise identitaire qu’ils traversent ainsi qu’à leur isolement et à leur stigmatisation. Leur mise à la marge par l’ordre social dominant et les discours normatifs dont ils sont la cible s’ajoutent en effet à l’inconfort extrême de posséder un corps dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Ainsi, Luna, Toni, George, Grayson, Kate, Léo et Liv se veulent l’expression des limites d’une telle situation, traduisant la vulnérabilité supérieure à laquelle sont soumis tous les adolescents transgenres.
Un roman comme Le Garçon bientôt oublié est entièrement construit autour de l’évocation de la douleur du personnage. La compréhension puis l’acceptation de sa situation ne permettent pas à Toni d’accéder à la résolution du conflit d’identité dont il est l’objet. D’une manière plus naïve et enfantine, George quant à elle, ne comprend pas pourquoi tout un chacun la perçoit comme un garçon, et passera ainsi l’ensemble de l’histoire à tâcher de montrer sa véritable identité à son entourage. Et tandis que Luna se voit comme une « erreur totale » et Leo comme un « monstre », nombre d’auteurs et autrices insistent sur les comportements à risques dont sont sujets les jeunes transgenres. Certains personnages semblent particulièrement ressentir le besoin de se blesser physiquement, soi-même ou en se battant avec d’autres, comme moyen d’éprouver ce corps détesté. Par ailleurs, la question de la prévalence des tentatives de suicide, bien plus élevée parmi les minorités sexuelles et de genre, occupe une part importante de ces romans.
La description de ces épisodes illustre les conséquences douloureusement néfastes que peuvent susciter l’assignation de genre imposée aux enfants et les contraintes normatives qui en découlent. Et pour ces personnages, il ne peut majoritairement y avoir de libération sans passage vers un réel statut social correspondant à leur identité réelle, afin de parvenir à la réappropriation de son corps et sortir de cette obligation de dissimulation.
L’idée d’une transition s’impose alors comme un besoin impérieux, un incontournable moyen de survie. Deux caractéristiques importantes liées au cheminement personnel des jeunes transgenres se détachent. D’une part, la nécessité de cette prise de décision semble dépasser les retentissements négatifs qui pourraient en découler tant la souffrance et les humiliations ressenties dans leur état actuel sont devenues lourdes à porter. D’autre part, cette transition doit passer par l’affirmation publique. Luna et Toni choisissent de commencer à porter des atours féminins dans leur vie quotidienne. De son côté, les revendications de Liv concernant son refus de porter des jupes sonnent comme la première étape de son parcours. Par ailleurs, deux personnages passent par le biais de la représentation théâtrale pour exprimer leur genre. George souhaite interpréter le personnage de Charlotte l’araignée dans la pièce de son école et y parvient grâce à sa meilleure amie avec qui elle va échanger son rôle au dernier moment. Grayson, quant à elle, obtient le rôle de Perséphone après avoir convaincu son professeur. Même Amanda, qui pouvait faire figure d’exception dans la mesure où elle arrive dans un nouvel environnement sous son identité définitive, parvient tout de même à affirmer son statut transgenre, bien que cela passe malheureusement par une révélation forcée.
Si souvent la divulgation auprès de leurs camarades est soldée par un rejet, nos personnages bénéficient tout de même de soutiens importants. La figure du ou de la meilleur.e ami.e notamment, qui fait dans un premier temps preuve de déni voire de violence, pour parvenir finalement à l’acceptation de leur situation, est importante. Ces alliés inattendus sont le symbole de l’exemple à suivre pour le jeune lecteur, qui est ainsi invité à accéder à un certain degré de compréhension. De même, le rôle des alliés transgenres est primordial dans le processus d’acceptation de soi et de survie de ces jeunes. Dans Celle dont j’ai toujours rêvé, Amanda reçoit l’appui et l’amitié de son groupe de soutien pour personnes transgenres, tandis que dans Normal(e), l’arrivée de Léo dans la classe de Kate va lui permettre de se sentir accompagnée et soutenue dans son parcours.
La révélation à la famille reste toutefois le palier le plus fondamental. « Malade » selon le père de Luna, et accusé de « tuer […] Dieu » par celui de Toni, ces enfants risquent constamment d’être exclus de l’environnement familial. Dans ces deux cas, la violence conduit les jeunes personnages transgenres au départ. Il est manifeste dans ces romans que les deux protagonistes n’envisagent pas leur avenir sans une transition totale, et donc une réassignation chirurgicale. Luna part ainsi à Seattle pour suivre le processus nécessaire, tandis que Toni quitte le domicile de ses parents en souhaitant pouvoir faire de même. Les étapes suivantes – la psychiatrisation, la médicalisation puis les transformations physiques et les méandres administratifs – ne sont que brièvement évoquées, malgré le soin pris par chaque auteur pour ne pas évacuer totalement cette problématique. Les autres romans, plus récents, se tournent moins vers ces deux thématiques, le rejet familial et la médicalisation, même si Celle dont j’ai toujours rêvé est le seul à proposer un personnage après une transition complète, tout en évacuant également les problématiques que cela implique (mais l’auteur s’en explique à la fin de l’ouvrage).
Nous distinguons ainsi deux courants quant aux propos tenus. Le premier concerne les deux romans parus jusqu’en 2010 qui, si leurs récits s’achèvent ainsi qu’il se doit en littérature pour la jeunesse sur une note d’espoir, en mettant leurs jeunes personnages sur le chemin de la réalisation de leur rêve, se caractérisent toutefois par la persévérance d’un discours craintif. Le deuxième courant englobe les romans parus ces trois dernières années, véhiculant un discours plus positif et des perspectives moins sombres.
Ces romans pour la jeunesse abordant la thématique de la transidentité sont insuffisants pour élaborer un véritable discours prescripteur, mais occasionnent néanmoins la définition de quelques caractéristiques liées au traitement du sujet. Néanmoins, il faut souligner que ces romans ne contestent pas les assignations identitaires normalisantes et binaires. La transidentité est ici conçue comme le passage d’un genre à un autre, sans laisser l’opportunité à une neutralité ou à une pluralité de subsister. Même Toni, qui commence par se considérer hors de toute catégorisation et emploie tant le masculin que le féminin pour se déterminer, opte finalement entièrement pour une identité féminine à la fin du roman. De même, la question de la sexualité n’est pensée que dans une optique hétérosexuelle.
En définitive, il faut constater que malgré une volonté indispensable de permettre enfin une visibilité, même mineure, de la question transgenre en littérature de jeunesse et malgré une apparence subversive, ces récits ne parviennent pas à remettre totalement en question la norme et la permanence des clichés. Cette limite se caractérise par l’association permanente des personnages à un genre fixe, ne permettant pas alors de réel dépassement de la binarité des genres. Ainsi, la littérature pour adolescent apparaît encore une fois comme le moyen de mettre en scène l’altérité sans outrepasser les frontières d’une certaine normalité.